Peut-être que cette année m’a semblé aussi difficile parce que je crois avoir rarement eu à ce point le sentiment d’être spectateur de ce qui m’arrivait. Je suis en train de perdre la capacité de croire que mes actes seuls amélioreront ma vie ou me dirigeront vers ce qui peut donner du sens à la fin. J’ai été dépossédé de mon métier, de mes outils artistiques, de ma vie de famille mais aussi de mon lieu de vie. Tout me semble inaccessible sans héritage. Ma seule force de travail ne m’a rien offert ; elle m’a presque desservi.
Je veux retrouver cette faculté perdue. Je veux arrêter d’attendre de pouvoir entrer dans un modèle trop loin de moi pour découvrir un autre modèle auquel je n’avais jamais pensé, ou vers lequel j’ai sans doute peur de me diriger. Peut-être que ce ne seront ni le métier ni la maison ni la famille dont je rêvais, mais peut-être que ce seront quand même un métier une maison et une famille de rêve.
Je ne me reconnais plus dans cette passivité qui entame la confiance qui m’a permis de tenir tout ce temps. J’ai toujours cru en moi, pourquoi j’arrêterais aujourd’hui ?
Il y a deux semaines Lucie a parlé de son envie d’ouvrir une sorte de mercerie, et comme elle sait que je vais chercher à mettre mes compétences administratives au service d’une entreprise, elle a sous-entendu que ce pourrait être la sienne.
Pourquoi j’ai peur de dire oui ? C’est forcément plus proche du rêve que n’importe quelle autre piste.
Voici quelques questions qui me donnent envie de vivre heureux : qui a envie de faire quelque chose ? on s’installe quelque part ? on commence quand ?
Thinkin’ Things Collection 2
Hier j’ai fêté mes 34 ans. Je ne peux pas dire que ma 33ème année ait été une bonne année. J’ai vu les conditions de mon emploi salarié se dégrader gravement en quelques mois sans que je ne puisse rien y faire, jusqu’à finalement me résigner à le perdre dans deux mois. J’ai été dégoûté de l’édition parce que je devais régulièrement réclamer contrat et argent à mon éditeur (la situation n’est toujours pas réglée), en plus de faire face à l’échec commercial et artistique de mes livres. Je me suis confronté à l’entité parents pour essayer de leur faire comprendre qui je suis, et je me suis heurté à un mur, au point que mon père me dise : je pensais que tu avançais, mais finalement j’ai l’impression que tu reviens en arrière. Cécile a perdu son propre père en 4 jours.
Je marche sur un sentier commun. Toute cette année j’ai cherché à me libérer des douleurs en parlant et en soulageant mon corps, en acceptant que toutes les personnes qui m’entourent n’ont pas forcément vocation à m’entourer pour toujours, et que rien ne m’empêche d’être libre de mes relations et de mes choix. J’ai compris aussi que tout le monde n’était pas prêt à voir cette douleur, mais que ce n’était pas la faute de ma douleur, mais la faute de leur déni. Maintenant je sens à quel point j’ai la mâchoire serrée, la cage thoracique écrasée et les cervicales bloquées parce que j’ai conscience de tout ce qui me reste à évacuer. Ce mal qui me pèse depuis l’enfance, je ne m’en séparerai pas si vite.
Je me souhaite d’aller mieux pour l’année à venir non parce que je le mérite mais parce que je cherche à le mériter. Si j’arrête de croire qu’une vie bonne est possible, j’arrête de vivre.
Je me rends compte que je deviens un peu réac dans ma vision de la littérature contemporaine non par regret du passé, mais par ennui du présent. Je ne veux pas qu’on publie des livres comme avant, je veux qu’on en publie comme après. J’ai déjà lu tous les livres des siècles passés, alors j’attends avec impatience ceux des siècles à venir.
The reason why you feel the web is slowly dying is because we’re collectively allowing this to happen.
Lecture réalisée dans le cadre d’une Masse Critique sous embargo jusqu’au 1er août.
Un fou rire dans mon rêve m’a réveillé au milieu de la nuit parce qu’un mec que je rencontrais avait comme prénom Puceau. Quand je l’ai dit à Cécile avant de me rendormir, j’avais des larmes pleins les yeux.
Je publierai ma critique complète le 1er août, comme il m’a été demandé.
Lu les premières pages du roman à paraître de Grégory Le Floch : cringe à tous les étages. La narratrice dit ça fait pitié, cheum, daron, de ouf et bahut parce qu’elle a 16 ans, c’est le résumé de mon expérience de lecture. C’est vraiment difficile d’imaginer plus adolescente vue par les yeux d’un prof de français que ça. C’est un livre qui va beaucoup plaire à tous les profs de français, et de manière générale à tous les adultes qui aiment penser comme des profs de français, c’est-à-dire un plutôt large lectorat.
Oh, parfois, j’ai l’impression qu’il est inutile de se faire des amis. Il y a toujours un moment où ils finissent par disparaître de votre existence, et le chagrin qu’on ressent alors est pire que la solitude dans laquelle on vivait avant leur arrivée. – Lucy Maud Montgomery, Anne d’Avonlea (trad. I. Gadoin).
Les personnes qui me parlent des Relevés dans la vie me mettent mal à l’aise parce que j’ai l’impression qu’elles ne remarquent pas l’évidence : si c’est écrit, c’est justement pour ne pas en parler.
J’abandonne progressivement l’idée orgueilleuse d’être reconnu, c’est-à-dire que j’aspire à sortir de la logique du commerce, des lauriers et de la postérité. Je n’ai pas vendu mes livres, ils ne s’inscriront pas dans le temps. Je ne vais pas chercher à forcer mon destin alors que je n’y trouve plus aucun plaisir.
J’aurai sans doute l’occasion de faire un bilan de mes 9 années de publication bientôt. Il y a eu du bon, mais finalement pas tant que ça. Il faut avoir essayé pour s’en rendre compte. La littérature contemporaine est dans une situation catastrophique. Il n’y a plus que quelques forces qui s’opposent à sa lente dégradation. Quand j’ai commencé à publier en 2016, il y avait de nouvelles maisons d’édition indépendantes qui arrivaient, qui ont depuis disparu, ou ont été rachetées, ou ont recopié les modèles des grandes maisons avec plus ou moins de succès (plutôt moins). Les nouvelles maisons d’édition indépendantes qui émergent ne publient quasiment plus que du patrimonial oublié. Je comprends le créneau, dénicher les pépites. Ce n’est plus un domaine qui m’intéresse parce qu’il n’est pas intéressant, et pourtant j’ai fouillé dans tous les coins. Prévenez-moi quand on pourra enfin lire un peu du futur.
People would either find and like the book, or they wouldn’t. Did I even need to be there?
J’ai repris un album photo tout à l’heure pour réaliser une évidence : cette maison me rendait heureux parce qu’il y avait toujours du monde dedans. Aujourd’hui ma grand-mère est seule à l’occuper, mon grand-père est mort depuis 15 ans, et plus aucune de mes cousines n’y vient passer plus d’un jour. J’ai toujours l’impression d’être entouré, mais si je veux être honnête, je vais devoir finir par admettre que je suis seul ici. Il n’y a plus de jeux, ni de confidences, il n’y a plus de repas, ni de promenades. Il n’y a plus vraiment de famille.
J’avais ma vie avec mes parents, où j’étais seul parce qu’ils ne faisaient pas attention à moi, et puis j’avais ma vie en dehors, avec les autres personnes qui m’entouraient et qui me donnaient une place. Maintenant cette vie aussi a pour ainsi dire disparu, parce que tout le monde est loin. J’ai toujours eu besoin de liens parce que je souffrais d’être ignoré dans ma maison. J’aime être avec les autres, mais j’ai complètement désappri les rituels qui maintiennent ces liens. J’ai oublié comment prêter attention, quels messages envoyer, l’empathie, les nouveaux lieux de retrouvailles, les projets, les secrets.
Est-ce qu’on pense à moi quand on entre dans une pièce, quand on passe dans une rue, quand on ouvre un livre, quand on retrouve un objet, quand on évoque un souvenir, quand on parle à un voisin, quand on joue avec une figurine, comme moi je pense aux autres ?
Est-ce que je manque à quelqu’un ?
J’avais oublié la vibe d’une console de salon.
Le chapitre 3 de Miami est en ligne.
Le matin j’essaie d’aller marcher longtemps pour me changer les idées et réfléchir à ma vie. Je fais une boucle qui passe par Les Mares, La Baie de la Fresnaye, Corbusson, Le Grand Frêche et La Ville Nizan. Je pourrais prendre un raccourci par Launay Mottais mais les propriétaires ont privatisé tout le bois et on ne peut plus passer. Après Le Grand Frêche on a une vue sur Pléboulle qui est plutôt sympa.
J’essaie d’imaginer une vie qui me plairait, ce qui n’est pas facile. Je ne sais pas si le plus important c’est l’endroit où j’habite, le travail que je fais, ou les personnes à côté de qui je suis. Jeudi prochain j’ai rendez-vous avec un recruteur et je crois que j’angoisse un peu du genre de travail que je pourrais trouver par ce biais, et du genre de vie que ce travail implique. J’y vais par curiosité.
En fait comme pour tout j’aimerais trouver la bonne idée, mais une vie ce n’est pas juste une bonne idée.
C’est triste à quel point les livres sont figés dans le temps, et à quel point personne ne semble trouver utile de les tirer de là. Durée depuis la date de parution : un an et demi. Ressenti : un siècle et demi.
J’ai acheté ma PS5 à un type dans un nouveau quartier avec une Tesla en train de charger dans l’allée. J’ai mieux compris le prix plus bas qu’ailleurs de la console : il n’avait pas besoin d’argent, et elle était quasiment neuve. L’accès au quartier m’a intrigué parce qu’il était caché derrière une zone commerciale, par des rues qui n’avaient l’air de mener nulle part. C’était comme un quartier construit dans le désert.
Ce matin j’ai acheté Death Stranding à un mec sur le parking d’un petit supermarché en bordure de champ.
L’intro du jeu est incroyable, et dans l’ensemble l’idée c’est de transporter des colis dans un mélange de campagne écossaise et bretonne. On traverse des cours d’eau, on gravit des campagnes, on court dans la mousse et entre les arbres. Des fois il y a des spectres qu’on peut éviter en retenant son souffle, et des voleurs de colis qu’on peut attacher par surprise ou tabasser.
Il y a pire façon de passer son été.
Je vais de temps en temps voir si quelqu’un m’a ajouté sur IRC, mais non, les gens préfèrent toujours Whatsapp, Instagram, Telegram, Signal et Messenger. Tant pis pour moi si personne ne veut rejoindre mon délire.
Le 12 septembre, je serai officiellement sans emploi.
Si je pars pour Miami sur un nombre de chapitres à peu près équivalent à Casca, à raison d’un chapitre par semaine, le projet devrait durer jusque fin 2026.
D’ailleurs le chapitre 2 vient de paraître !
J’ai déposé ma voiture pour son entretien annuel, et j’avais repéré un coin où me poser le temps que dure la révision. Quand je suis arrivé j’ai eu la joie de voir que le coin était déjà occupé par une trentaine de canards, la plupart en train de dormir. Le coin était une berge en bord d’étang à l’écart de la route, avec des chênes et des saules. Moi je me suis assis sous un chêne sans les déranger, et eux dormaient sous un saule.
Un peu plus tard d’autres canards ont amerri pour se laver. Des fois ils couraient sur l’eau, des fois ils essayaient de pêcher. Dans l’ensemble ils étaient tous là à glander et dormir, au soleil ou à l’ombre.
J’ai pensé : vous avez tout compris les gars. Il n’y a rien de plus à attendre de la vie.
Je me suis aussi demandé pourquoi les autres espèces animales avaient aussi peur de nous, alors qu’un merle a fait sa vie parmi le groupe sans qu’ils s’inquiètent. Peut-être qu’elles ont dans les gênes tous les massacres, peut-être qu’elles se transmettent l’info qu’on est une espèce de tueurs. Peut-être qu’elles sentent que nos intentions ne sont pas nobles, et qu’il n’y a rien à attendre de nous comme amour et comme tendresse.
Après le dîner, Anne s’assit devant le feu, entre Matthew et Marilla, et leur fit un récit complet de sa visite.
« J’ai passé un séjour merveilleux, conclut-elle avec bonheur, et je sens qu’il marque le début d’une nouvelle ère. Mais ce que j’ai préféré, c’est rentrer à la maison. » – Lucy Maud Montgomery, Anne de Green Gables (trad. H. Charrier).
Le même qui vend sa PS5 parce qu’il part vivre à l’étranger vend aussi son chat dans une autre annonce. J’ai pensé que je ne pouvais pas donner mon argent à quelqu’un qui vend son chat comme sa PS5.
Les gens surestiment toujours leur capacité à s’engager dans le temps. L’urgence est devenu le seul mode d’existence. C’est un soulagement quand on finit par comprendre que tout ne disparaît aussitôt. C’est parce qu’on peut revenir plus tard qu’on est heureux. C’est parce qu’il y a toujours quelqu’un. Prenez le temps de revenir, ne partez pas tout de suite.
Des fois je préfère juste qu’on ne vienne pas me parler.
Je vous conseille de regarder le clip de Never Enough.
Les mecs qui se font tondre la barbe comme une pelouse.
Je n’éprouve pas encore de regrets, mais je pourrais finir par en avoir.
Do I wish we would create simpler pages again? Yes.
Inoxtag dit à LeBouseuh que les sites vont disparaître.
Il faut quand même reconnaître qu’il y a des auteurices à qui on donne plus leur chance qu’à d’autres. Des fois j’avoue avoir un peu les boules du peu d’opportunités dont j’ai bénéficié suite à la publication de mes livres. Je dois compter les invitations sur les doigts de deux mains, les rencontres, discussions, ateliers, résidences, le choix est vaste. S’il n’y a pas d’encouragement, c’est beaucoup plus difficile de continuer. J’ai sorti Rivage de ma bibliothèque pour commencer sa version web et je me suis demandé ce qui avait manqué pour que je passe un cap à ce moment-là. Je suis triste des fois d’y penser. Je me dis que c’était un livre qui méritait sans doute mieux, peut-être que moi aussi à ce moment-là j’ai pensé que je méritais mieux. S’il avait marché la suite aurait sans doute été différente. Même si je suis content de Casca, il faut réaliser qu’il s’est écrit dans l’ombre d’un premier tome qui n’a rencontré aucun public. On parle d’environ 500 ventes. C’est dérisoire dans ce marché. On développe forcément une rancoeur de dingue à force, de la jalousie. Je regarde les autres livres et je me demande : pourquoi eux. C’est difficile d’écrire ensuite, de trouver le courage, alors qu’on ne comprend pas. A un moment j’aurais aimé avoir un signe, un truc, qui m’aurait permis de croire que j’aurai ma part, que j’aurai le droit à un bout du gâteau. Je pense que j’attendais ce signe au moment de Rivage et qu’il n’est pas venu. Depuis je force le destin mais en vrai je n’y crois plus. Je ne pense pas être le pire auteur de ma génération mais j’ai manqué d’un coup de pouce, et maintenant j’ai peur qu’il soit trop tard. Et s’il n’est pas trop tard dans le temps, il est trop tard dans mon coeur.
Buster’s Notes / Life in Weeks
My life, where each week I’ve been alive is a little box
Ces derniers temps je regrette les rituels de mon enfance. Les heures symboliques, comme le départ pour chez les amis à 14h30, le goûter à 16h30, le film de 20h30, le lever à 7h, etc. Comme on approche des vacances je me souviens de la joie que j’avais d’imaginer les deux mois à venir chez mes grand-parents. Je remarque que cette joie existe encore dans l’imaginaire des personnes qui m’entourent, mais plus dans le mien. Je n’ai pas hâte de partir, pour aller où, avec qui ? Qui j’espère retrouver, pour me soulager de quelle vie quotidienne ? Maintenant tout est confondu dans le même espace-temps, je ne sens plus de seuils. J’étais un enfant impatient mais j’ai perdu mon impatience faute de savoir vers quoi la diriger. J’avais hâte de pouvoir jouer à la console, de retrouver mes cousins, de manger mon Kinder Delice. J’avais hâte d’aller à la plage, puis de rentrer pour regarder la télé. J’avais hâte de me coucher autant que de la journée à venir. J’étais tellement tout entier tourné vers le futur, et maintenant je suis une créature de l’ombre. J’ai les yeux ouverts mais le visage dans les mains. Il ne reste qu’un peu de lumière entre mes doigts.
Est-ce qu’il vaut mieux acheter la PS5 avant ou après être tombé malade ?
hobbies and online recognition
but it seems like the culture on these platforms (and even things like Substack) convinces you that you deserve to be reimbursed for time spent on a hobby and makes people think about their own freetime as having monetary value
Building my childhood dream PC
Some loved their machine so much they even kept the original, thirty-years-old receipt.
Le premier chapitre de Miami = Paradis paraît dans moins de 24 heures.
Je réalise qu’après tout ce chemin j’en reviens au point de départ : raconter des histoires sur internet.
C’est une forme de responsabilité de s’engager à proposer chaque semaine non seulement un chapitre, mais surtout un chapitre qui donne envie de lire le suivant. C’est un exercice auquel on n’est plus vraiment habitué en France. J’espère être à la hauteur du défi que je me lance pour toutes les personnes qui prendront le temps de me lire. Je sais à quel point ce temps est précieux aujourd’hui.
J’ai prévu des chapitres un peu plus courts que pour Casca, qui prendront entre 2 et 5 minutes à lire, parce que l’idée c’est d’être comme un petit dessin-animé dans la journée, pas comme un film qu’on a parfois un peu la flemme de regarder.
Vous vous en doutez, il n’y a aucun compteur de visites sur le site, donc mes seuls repères seront mon enthousiasme, et vos retours. Je ferai des FAQ/courriers des lecteurices de temps en temps, qui seront aussi postés sur le site, pour répondre en public aux questions que vous me poserez par email sur l’histoire en cours. Ce sera l’occasion de discuter des personnages, des intrigues, de vos hypothèses, ou de façon plus générale de mes méthodes de travail.
L’idée c’est de montrer que même un site statique peut être un espace interactif.
L’idée c’est de montrer qu’on est sur internet pour vivre de belles choses.
Je ne sais pas vraiment au fond comment ce geste vous atteint, mais je sais que moi je vous parle avec un autre langage. Je vous donne un dessin sur une feuille, vous prête ma cartouche de Pokémon Saphir, vous montre un chemin où j’aime marcher. Je dors dans le lit voisin au vôtre et je vous parle d’une théorie que j’ai lue sur Dofus.
Il n’y a pas toujours besoin de mêler l’argent à nos rêves. Je trouverai d’autres façons d’en gagner.
Je veux vivre, et avancer dans cette vie avec fierté, et joie.
La publication de Miami = Paradis en feuilleton commence le 2 juillet à 20h, avec un nouveau chapitre par semaine !
Le site est disponible en cliquant sur ce lien.
Vous pouvez déjà l’enregistrer dans vos favoris, et il y a un flux RSS pour recevoir chaque nouveau chapitre directement sur votre agrégateur.
Prévenez les gens autour de vous qui ont lu et aimé Rivage au rapport et Casca la couronnée ! Même si ce n’est pas un livre, c’est la vraie suite telle que j’ai envie qu’elle soit publiée.
C’est un feuilleton maison, comme on n’en trouve plus que sur Wattpad. Je ne sais pas si ça peut exister, mais j’ai envie d’y croire. Je suis heureux de vous proposer cette histoire. Le texte va s’écrire comme il vient. C’est une expédition commune.
On se retrouve mercredi prochain, je vous préviendrai le jour-même ici au cas où vous auriez oublié (vous aurez oublié).
I don’t want to feel like I’ve wasted my life not doing what I love the most and just doing what everybody else is.
La version web de Casca la couronnée est enfin terminée.
Le roman est publié en CC 4.0 donc il n’y a aucun souci à ce que je le partage gratuitement par mes propres moyens.
C’était un peu laborieux et en même temps cool. Je suis content de la forme finale et de la vibe entre rétro et accessible. Je préviens qu’il manque plein d’espaces insécables donc ne vous étonnez pas si de la ponctuation double flotte parfois en début de phrase.
Quand je vois le sommaire dans son ensemble avec les imaginaires que chaque chapitre appelle, je me dis qu’il y a quand même pas beaucoup de livres comme les miens et que c’est vraiment dommage que je ne trouve pas mon lectorat.
La prochaine étape c’est de faire la même chose pour Rivage au rapport, même si je m’interroge sur le sommaire car il n’y a pas de titres aux chapitres dans ce roman (en créer ?). Et puis commencer Miami = Paradis pendant l’été, ou à la rentrée. Je vais décliner le code couleur pour chaque roman, mais la forme ne changera pas.
Forcément une fois son roman bien propre en ligne on se prend à rêver à des façons de l’enrichir avec des liens, des images ou des sons, et puis en fait je me dis que je l’ai écrit comme ça donc je ne vais pas le refaire. Ce qui compte, c’est ce qui vient.
J’ai bien avancé sur la mise en ligne de Casca. J’ai un fichier markdown propre (si ce n’est les espaces insécables), et j’ai trouvé la structure html pour le site. Pour le contenu, je n’ai plus qu’à faire de chaque chapitre un post, et ce sera fini.
Mais le plus casse-tête, c’est le css. Je veux des chapitres lisibles mais j’aimerais éviter le site trop utilitaire et pratique, qui vire souvent un peu fade. Comme pour mes autres sites, je cherche une esthétique des années 90 pour prolonger l’état d’esprit de mes fictions.
Je ne trouve pas beaucoup d’archives de sites de l’époque qui proposaient des histoires sur plusieurs pages html, mais si vous en avez, je suis preneur.
J’imaginais aussi pourquoi pas avoir une illustration par livre, de Chariospirale par exemple, car j’adore son boulot sur Sol Cesto. En fonction de mon budget, comme un bonus.
J’ai perdu tout ce que j’avais dans les jambes.
Assez marrant d’entendre l’équipe du Tripode faire la promotion de leur premier roman de la rentrée d’automne quand j’ai dit l’année dernière à Frédéric Martin qui me demandait mon avis (?) que je le trouvais nul. L’équipe force un peu sur les aspects misérabilistes du texte (grandir avec un père alcoolique pour finir sauvé par Mallarmé) pour être tout à fait intègres, mais je les comprends : pour eux comme pour les libraires dans la salle, le plus important, c’est de vendre.
Je me demande si pour le chapitrage il vaut mieux utiliser un système d’ancres dans la même page, ou d’une page par chapitre avec des liens chapitre suivant et chapitre précédent, vraiment comme à l’ancienne.
Le plus important est dans tous les cas d’avoir un fichier html à peu près propre plus facile à travailler ensuite. Je ne peux pas dire que ce soit le boulot le plus excitant à faire (j’en suis au chapitre 32 sur 71 de Casca), mais j’y trouve quand même une forme de satisfaction que je ne saurais expliquer.
En fait je crois que j’ai envie de publier Miami = Paradis de façon hebdomadaire sur mon site, avec un nouveau chapitre à chaque fois, le mercredi soir par exemple. Moi je pense que ça peut me motiver à écrire de façon plus détendue, en assumant qu’une forme en cours est forcément imprévisible. Et puis c’est a priori une aventure tellement ringarde, de publier une histoire sur un site, que j’ai envie de la tenter.
Je pourrai commencer une fois que j’aurai trouvé la forme pour Casca, c’est-à-dire potentiellement dans pas si longtemps, si ma motivation persiste.
Anyway, none of this seems to exist anymore.
You have to let your digital tribe find you.
Probably the funniest thing people write me every now and again is “I know you’re not on social media. I wish I could do the same”.
Shadow: There are people in this world who have chosen to kill their own emotions. Remember that.
Il y a quelque chose d’un peu étrange à voir son roman sur une seule page. Je me demande si c’est une forme adaptée, et si je l’aurais écrit de la même manière s’il n’était pas prévu que ce soit un livre. Est-ce qu’un ordinateur est vraiment fait pour lire des histoires aussi longues ? On retrouve une logique de parchemin, qui n’est pas celle de la page. Comment on écrit sur un parchemin, quel genre d’histoire, pour quel lectorat ?
Je transforme mes livres pour les archiver, et le plus important est sans doute d’avoir un objet dont je pourrai faire ce que je veux ensuite, quand le temps, les idées et les compétences seront réunis.
Dès le troisième chapitre j’ai repéré une incohérence pas corrigée.
Est-ce que Miami = Paradis pourrait être un roman écrit ici à ciel ouvert ?
Je me demande ce que donnerait une librairie qui ne vend que des best-sellers, grand format et poche. Elle n’aurait aucune fonction prescriptive, se contenterait juste de suivre ce qui s’est vendu ailleurs à plus de 10 000 exemplaires tous genres confondus, et n’aurait pour ainsi dire aucun fonds et un local minuscule. En gros le rayon livres d’un supermarché sans le supermarché.
Il nous manque des milliardaires d’extrême-gauche.
La méthode la plus anticapitaliste d’être libraire, c’est de devenir bibliothécaire.
Le projet de faire de chacun de mes romans une page html est finalement bien plus casse-tête que prévu. En ce moment la plupart des réflexions d’édition portent sur le web to print, mais moi ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est plutôt le print to web, et il faut bien admettre qu’on ne trouve à peu près rien sur le sujet.
C’est peut-être le plus frustrant pour moi, qui écrit dans des formats libres ici depuis 2012, de voir mes romans enfermés dans les balises horribles des logiciels de traitement de texte, ou dans des PDF, qui n’ont même pas l’excuse de la praticité puisqu’ils sont indigents à utiliser pour les étapes de révision.
J’ai vraiment l’impression d’être coincé à tous les niveaux, et de devoir fournir un effort énorme pour me dégager.
On avait un rendez-vous avec la Ville de Rennes hier pour savoir ce qu’il en serait de la suite de la Maison de la Poésie. C’est notre plus gros subventionneur, donc toute la structure dépend de son orientation. On sait maintenant que mon poste ne sera pas renouvelé faute d’augmentation financière. Je partirai donc à la rentrée sans remplacement égal. Tout l’organigramme est à revoir, le projet associatif aussi. La longevité dans les prochaines années devient particulièrement incertaine, notre trésorerie étant à zéro.
Je ne vais pas entrer dans le détail de la réunion, mais ce qui m’interpelle le plus dans ces rendez-vous désormais, c’est le cynisme affiché. Le manque de moyens des collectivités est l’occasion d’un vrai abandon, assumé comme tel. Le discours : les associations ont fait leur temps et c’est très bien qu’elles arrêtent pour laisser la place à d’autres projets (qui demanderont moins d’argent, ou n’en auront tout simplement pas). C’est le discours de la Ville, mais aussi celui de la Région.
Il n’y a pas de regret de leur part, et j’irais même jusqu’à croire qu’il y a une forme de soulagement, à ne plus avoir à dépenser pour une structure supplémentaire. Cet argent récupéré ira on ne sait où, mais une chose est sûre, certainement pas dans un projet culturel.
Je rappelle qu’en étant à Rennes, on dépend de collectivités qui ont toutes des sensibilités de “gauche”. A Rennes, la municipalité est une majorité PS/EELV. Le libéralisme est devenu radicalement transpartisant. Proposer des événements gratuits est une anomalie, ne pas envisager de montage privé/public aussi, ou ne pas louer ses espaces comme un appartement sur AirBnb. Il n’y a pas besoin de décisions radicales pour condamner toute une branche, il suffit juste d’enfoncer un peu le clou de temps en temps.
L’élu à la Culture a une couverture de Télérama avec son portrait en face de son bureau. Je me suis dit qu’il fallait être particulièrement fier de soi pour avoir ce genre d’image sous les yeux toute la journée. Je ne sais pas si à sa place j’arriverais à la regarder.
Pour contourner le problème, je pense proposer l’intégralité de mes romans gratuitement par le biais de mon menu à droite. Je vais concevoir une page html pour chaque livre, avec un fichier PDF pour les télécharger. Je ne vais pas trop me faire chier avec les epub pour cette fois, vous ne m’en voudrez pas.
Quand je toucherai à nouveau mes droits d’auteur, je redirigerai vers les exemplaires à vendre en librairie. C’est un bon compromis je trouve : vous avez accès à une partie de mon travail sans payer, ce qui n’est pas grave puisque de toute façon je ne suis pas payé (rires), et moi mes livres circulent sous une certaine forme loin des logiques marchandes qui me desservent.
Je vais essayer de faire les choses bien pour que ce soit confortable à lire sur un écran, promis.
C’est complètement en dehors des limites des contrats, on est d’accord, mais je vais vous faire une confidence : on est déjà en dehors des contrats depuis 2022. Je ne le fais pas par vengeance, je cherche juste à avoir encore un peu mon mot à dire sur ce qui m’arrive.
Et si quelqu’un a la bonté d’âme de me verser 1000 € parce qu’il aime mon travail, je n’aurai même plus besoin de les réclamer à mon éditeur. Il y a toujours une solution : il suffit de demander.
Je ne suis pas obligé de subir toute ma vie.
La porte de sortie a la même forme que toutes les autres portes, et elle s’ouvre de la même manière.
I imagine my blog like a heartshaped locket necklace and my blog posts are in the locket.
Je suis triste que Togashi n’ait pas conclu Hunter x Hunter en 2013 au chapitre 339, qui était parfait pour s’en aller.
10 ans plus tard il est en burn out complet et s’est embourbé dans un arc sans fin qui ne trouvera à mon avis jamais de résolution, même si je souhaite le contraire. Je ne sais pas si cette prolongation était une décision personnelle ou de la Shueisha, mais c’était dans tous les cas une mauvaise décision.
Ici prochainement, 10 100 m2 de bureaux divisibles.
Left to itself, nature overflows any container, overthrows any restriction, and overreaches any boundary.
Av_a67 dit :
va dans une forêt ou un endroit où on t’entendra pas
repense très fort à tous les événements négatifs tu as vécu depuis que tu es petit
Tous les signes que je vais craquer sont là. Est-ce que je résiste pour me prouver quelque chose, ou pour prouver quelque chose aux autres, ou par principe, ou sans même y faire attention. On m’a transformé en adulte beaucoup trop tôt. La plupart de mes erreurs, personne n’a pris le temps de me les expliquer. Je voudrais partir, mais est-ce que ceux que je vais abandonner vont ressentir la même douleur que celle que j’ai ressentie le jour où on m’a abandonné ? Qu’est-ce qui me rend plus légitime à laisser les choses derrière moi ? Tout le monde est déjà parti. Il y a du mouvement partout sauf dans ma vie. Personne ne reviendra pour moi. Personne n’est jamais revenu.
Je me débarrasse des livres comme de vieux trucs inutiles.
Le voisin du dessous parle tout le temps et en espagnol. Normalement il n’y a pas de voisin en-dessous parce que j’ai déjà rencontré la propriétaire et que c’est une voisine. Mais même dans l’appartement d’une femme, tout ce qu’on entend, c’est la voix d’un mec.
Je suis triste de voir toustes mes amix étudiantes à qui je demande leurs projets pour le weekend ou leurs soirées me répondre qu’iels vont bosser. Il y a une époque où on pouvait encore croire au capitalisme, mais désormais on ne gagne plus rien à travailler en permanence. On pourrait jouer à la place, ou dormir, ou attendre. Je veux dire, on pourrait le faire ensemble, parce que moi je le fais déjà tout seul.
Je n’ai jamais cherché à optimiser mon temps, je ne ressens d’injonction à rien, et je n’ai plus la FOMO depuis que j’ai compris que toutes les soirées finissaient de la même manière (on dort).
L’homme qui parle en-dessous vient peut-être de la télé, ou de la radio, je ne sais pas finalement.
Peut-être que je devrais davantage chérir cet espace au lieu de me plaindre de toute la place qu’on ne me fait pas ailleurs.
La hype de la Switch 2 est retombée en deux jours.
Esprit co-living, idéal investisseurs.
La ville m’épuise. J’ai traversé une rue devant un SUV Mercedes noir avec deux gars à l’avant, et sur le trottoir un type avec une musculature de type Jojo courait torse nu avec sur son dos le sac Eastpack noir du collège.
Bel homme torse nu, à la fenêtre. Jeune et saine exposition de torse nu d’homme. Survivre dans la nature sauvage. La brutalité est sexy. Concept de force et de puissance. Torsu nu macho sexy. Bel homme torse nu corps musclé. Athlète musclé dans la forêt. Sport et fitness.
Je vis en ville parce que j’ai fait des études à l’université, mais je ne crois pas que ce soit un environnement pour moi. Je la vois comme un espace d’ambition et je n’ai pas cette ambition. Je n’ai pas grandi dans cette atmosphère. Maintenant je regarde les maisons dans la rue et je ne comprends pas ce que j’ai mal fait pour qu’elles me semblent si inaccessibles. Tout le monde avait une maison dans mon quartier, et on pouvait aller de l’une à l’autre en passant par l’entrée, le garage ou le jardin. Il n’y a plus que des façades au travers desquelles j’essaie de voir à défaut d’être invité. Et puis les appartements c’est clairement pas mon délire.
Dans l’ensemble le moral est bas à cause d’à peu près tout.
Quand j’ai des crises de larmes je comprends toutes les tensions de mon corps.
Mon deck Némata est tenu par un chouchou de Cécile.
I don’t think I can go back to living in a city at this point.
Dès que vous savez qui vous lit, le rêve est terminé.
Avec Valentin on s’est donné comme défi de faire chacun un deck Commander autour de 20€. On ne s’est pas encore affronté parce que toutes nos cartes ne sont pas arrivées, mais j’ai hâte de voir ce que ça va donner. Pour le RP, j’ai décidé de ne pas sleever mes cartes, ce qui est rare aujourd’hui. Il y a juste un élastique pour tenir le paquet ensemble.
Je me dis que c’est intéressant de sortir les cartes de leur valeur marchande en les dégradant par l’usage. Je comprends aussi qu’on puisse vouloir les garder intactes, ce que je fais d’ailleurs pour la plupart de mes decks, mais se souvenir parfois que le carton est une matière qui se détériore a du bon. On sanctuarise moins le jeu, et donc on se distingue du monde des adultes, qui veut que tout ce qui a de la valeur puisse se revendre au moins au même prix.
Certaines choses ne sont pas faites pour êtres revendues, comme notre corps par exemple. On le protège dans des vêtements en espérant qu’il conserve sa valeur, mais c’est peine perdue car très vite plus personne n’en veut sur le marché de l’occasion.
J’évite de parler de mes problèmes matériels ici car quand les autres le font j’ai remarqué qu’ils ne pouvaient pas s’empêcher d’être insultants.
But what if anything does this list say about who I am, where I came from and what shaped me?
La météo peut changer d’un coup et on s’en accomode.
J’ai imité tout le monde, maintenant il faut s’y retrouver.
La majorité des interprétations de paroles sur Genius sont de la paraphrase.
La marge rêve d’être au centre, ce qui rend caduc tout projet construit sur cette marge une fois qu’elle est mise au centre. Il faut sortir aussitôt qu’on est entré, mais c’est un sacrifice difficile de ne pas profiter de la lumière. Autrement dit : prenez l’argent et barrez-vous.
Je suis très soulagé d’apprendre qu’Eric Pessan a pu revendre après deux ans d’un long combat sa maison en périphérie de Nantes même si c’est évidemment toujours une déception quand on ne parvient pas à faire une belle plus-value sur son investissement immobilier. Je croise les doigts pour que sa nouvelle maison dans la Sarthe soit un meilleur placement, et lui souhaite une longue vie de propriétaire.
I’m happy to give myself away
I’m happy to fix what I can change
Quand j’entends les joueurs parler de ce que devient Magic, j’ai l’impression de m’entendre parler de ce que devient la littérature. Ils ont raison et moi aussi.
La sexualité est pour ainsi dire une donnée absente de mon imaginaire créatif. C’est un sujet qui ne m’intéresse pas et qui éveille une forme de gêne un peu enfantine : quelque chose dont il ne faut pas parler, qu’il ne faut pas montrer, et qui peut même prêter à rire comme je riais en cours d’SVT avec mes amis en voyant les illustrations projetées au tableau. Ce n’est même pas sale, juste un peu cringe.
Je vous épargne au moins ce moment de bravoure systématique dans les romans écrits par des mecs de la scène de cul mal écrite avec les mots bite, chatte et pénétrer.
A l’inverse le sexe est un sujet au centre de beaucoup de livres qui m’ont marqué. Je ne m’explique pas trop cette répulsion à l’imaginer mais cet intérêt à le voir.
En fait rien qu’à écrire ces quelques phrases un léger malaise s’installe. Il vaut mieux changer de sujet.
Il faut un certain culot, quand même, pour sortir, quand on est une star de cinoche, un bouquin dont le pitch est le suivant. Entrer en littérature avec un personnage aussi cynique, un tueur, aujourd’hui, c’est pas évident évident, vous osez un truc.
Raphaël Quenard, petit-fils de paysan tout autant que fils d’ingénieur et d’employée d’assurance, me fait l’effet quand il parle d’un imposteur dont tout le monde aime l’accent campagnard parce qu’il sort de la bouche d’un riche, ou plutôt, ce qui est pire, d’un faux pauvre.
Le fantasme de la classe moyenne c’est l’usurpation d’identité.
le monde de l’art est parfois l’endroit où les insurrections vont pour mourir. – Sophie Lewis, Pour en finir avec la famille (trad. N. Grunenwald).
On me dit des choses qui ne sont pas vraies plutôt que de ne rien me dire du tout. On me dit : tu auras des nouvelles en avril, et je n’ai pas de nouvelles en avril. On me dit : avant le mois de juin, et on est en juin. On me dit : tu toucheras ton argent en deux fois, mais je ne touche rien. On me dit qu’il y a des solutions, mais je ne vois pas le début d’une solution. Je vois juste que j’attends comme depuis trois ans, patient et naïf. Si on n’est pas capable de tenir les termes d’un contrat on ne fait pas de contrat.
Je vais acheter une PS5 pour passer mon été à jouer à la console et oublier le reste. C’est une stratégie d’enfant.
Si les gens aimaient mieux l’endroit où ils vivent peut-être qu’ils arrêteraient de prendre l’avion pour préférer être ailleurs.
Le mois maudit commence où je me lève chaque matin avec le visage en feu.
Un homme tue son voisin.
Même si je suis dans l’ensemble plutôt indifférent aux statistiques, je suis content de voir que mes decks Morska et Arthur ont dépassé chacun les 1000 vues sur Archidekt.
C’est une enquête difficile que de trouver d’où viennent toutes les douleurs de mon corps. C’est pourtant la seule trace fiable de mon passé.
Des fois j’ai l’impression qu’on me punit d’être anormal.
Quand il n’y avait plus personne autour de moi il y avait encore un peu de musique dans la pièce. J’ai longtemps cru que ces chansons me rappelaient des souvenirs heureux où mes parents vivaient encore ensemble avec moi. Mais en fait toutes ces chansons étaient rattachées à moi, et ils ne les entendaient pas.
Mon père m’a déjà giflé pour un mot qui ne lui convenait pas. Ma mère a passé mon adolescence à me hurler dessus pour des prétextes incompréhensibles. Ce sont des choses que je n’ai jamais osé dire, mais que maintenant je peux dire parce qu’elles sont vraies. J’ai subi de la violence quand j’étais enfant, comme beaucoup d’enfants je pense.
Je pense à tous les enfants.
J’ai été mis de côté, et mes parents me mettent encore de côté aujourd’hui parce qu’ils se sont habitués à ce que je vive à part. J’ai beaucoup plus de courage qu’eux de vouloir les mettre au centre de ma vie, et j’ai aussi beaucoup plus de pouvoir, parce que je peux décider d’arrêter mes efforts du jour au lendemain. Ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont d’avoir un fils comme moi parce qu’ils n’ont aucune idée de la souffrance que je traîne par leur faute.
Ils ne méritent pas une seule seconde du temps que je leur accorde. Peut-être qu’ils s’en rendront compte quand ils ne pourront plus en profiter, et qu’ils regretteront de ne pas avoir fait leur part de travail, de ne pas avoir pris les décisions pour me permettre d’aller mieux.
Maintenant je pense à moi enfant. Je n’ai plus aucune idée de qui j’étais. Tous mes souvenirs de cette époque ont disparu et j’essaie encore de comprendre pourquoi. Je vous écris tous les jours depuis la bouche de cet enfant-là aussi, qui cherche à exister. Peut-être que ce site est ma façon d’appeler à l’aide.
Mon coeur est un cadeau que je ne sais pas offrir.
Ce qui importe est la guérison recherchée, qui exige que l’on sache ce qui est arrivé, comment et avec qui. – Bruno Clavier, L’inceste ne fait pas de bruit.
Tout le monde finit par rejoindre Gallimard ou Le Seuil pour se faire racheter ou se faire publier. Ce sont les maison-mère de l’ambition éditoriale, les seules qui peuvent encore promettre quelque chose. Moi aussi je rêve qu’on vienne sauver mes livres, autant ceux qui existent que ceux qui pourraient exister.
La suite des articles de presse qui demandent à s’abonner ne valent en général pas le coup de s’abonner.
Hier j’ai pleuré après avoir fini le paragraphe du livre Du droit de déambuler avec écrit :
Pour avoir franchi la frontière de l’état civil à l’état de nature, la bête se trouverait condamnée par avance ; quand « la liberté de l’animal sauvage » ne serait « envisagée par le droit que par la faculté de la lui ôter », la reprise de liberté de l’animal domestique ou assimilé ne serait envisagée que par le devoir de l’en priver : se soumettre ou mourir, il n’y aurait pas d’autre choix pour ce dernier.
Je réfléchis encore à un endroit où vivre.
Après avoir lu que la romantasy était le dernier genre littéraire à la mode, j’ai imagine écrire un roman de romantasy.
I just wish I can accept myself more.
J’écoute Erika de Casier et je pense que le revival 90 dans la musique n’existe pas de la même façon en littérature. En 2025 les auteurices ont la nostalgie du XIXème siècle, donc il faudra attendre encore un siècle et demi avant que les formes de 1990 ne reviennent à la mode.
Depuis la fenêtre, dans l’ordre : des jardins, des maisons, la mer.
Des adolescents de moins de 15 ans acceptent de tuer pour de l’argent. Des photos et des films de la maison de la victime ont été retrouvés sur les téléphones portables des deux garçons.
Les libraires ont tendance à oublier que le livre est un produit comme un autre et se plaignent de couler parce que personne n’achète. Je vois des livres de poche qui sortent à plus de 10 € pour des rééditions. On fatigue aussi de ce commerce-là. C’est difficile de ne pas en vouloir à tout le monde dans cette chaîne de production. Pourquoi certains s’en sortiraient si personne ne s’en sort.
Quentin Leclerc Greatest Hits.
Le Tamagotchi est devenu un ange.
Je tombe sur un message de Jaworski, qui parle de sa fin de relation de travail avec Les moutons électriques, ses éditeurs. Il explique qu’il ne pouvait pas recevoir ses droits d’auteur sans accepter une campagne de financement lancée par eux, qui s’est avérée frauduleuse. Il n’a pas touché un seul euro sur les 116 000 récoltés. Il explique n’avoir pu récupérer qu’une partie de ses droits dérivés et qu’une procédure judiciaire est en cours.
Je ne sais pas comment les éditeurs font pour se mettre toujours dans une telle merde, mais leur capacité à entraîner tous les autres dans leur chute est à chaque fois exemplaire.
Jaworski conclut que même s’il est reconnaissant à ses éditeurs d’avoir lancé sa carrière, ces dernières années ont été particulièrement décevantes. C’est un sentiment partagé.
MSPAINT est un groupe qui pourrait faire de la vaporwave, mais il fait du rock.
Je me sens bien dehors et avec les animaux. Le reste est très périphérique. J’aime caresser les chiens et les chats, regarder un oiseau posé quelque part, un bourdon, essayer de construire une relation sincère qui ne passe pas par la parole.
Rêve : je suis en vie.
En ce moment il arrive que mon ordinateur freeze sans raison et que je sois obligé de le redémarrer à la dure. Tout à l’heure il n’affichait même plus le bureau. J’ai pensé : et si je perdais tout ? Je n’ai rien ressenti.
J’ai un peu de mal à imaginer ce que je pourrais dire sur ce site si ma trajectoire artistique était une réussite.
Je trouve que la contrainte de l’argent est la seule pertinente pour construire des decks de même niveau dans Magic, mais que tout le monde refuse de la prendre en compte. L’inégalité entre deux decks à 100 $ sera en général moins forte qu’entre deux decks de bracket 2, mais on préfère des contraintes abstraites à une contrainte concrète. On préfère ne pas admettre que le problème c’est toujours l’argent.
Je ne vois jamais d’animations pour limiter le temps passé sur son téléphone à destination des plus de 50 ans alors qu’ils sont incapables de ne pas se lever de table quand ils entendent une notification avec le volume réglé à 130 dB pour une mise à jour système qu’ils décalent depuis trois mois.
Je préfère que mon aigreur se retrouve ici plutôt qu’elle pourrisse en moi.
CEO of the free world now.
Il est clair que le milieu littéraire aime se sentir important, cultive le secret et vous fera payer de ne pas dire merci ou de ne pas être d’accord. La majorité vous ignore volontairement, ce qui provoque une espèce de décalage permanent entre ce dont on parle et ce qui existe. On a envie de dire aux prescripteurs : lisez les livres au lieu de passer à côté, mais le but premier des prescripteurs c’est justement de passer à côté.
Et puis finalement on vous lit mais vous êtes déjà mort.
Les gens sont toujours un peu tristes qu’on leur offre des livres parce qu’ils n’aiment pas lire. Ils préfèreraient une console mais ils n’osent pas le dire. En fait ils préfèreraient n’importe quel jouet.
Propreté, pureté : attention danger !
Pour ma part, j’expérimente, je pioche à gauche et prends à droite, et si je fais des erreurs, j’essaie de les repérer et si possible de les réparer !
Je n’utilise pas ce dont je souffre pour justifier mes erreurs. Les autres n’y sont pour rien.
On passe par tellement d’étapes avant de trouver la bonne idée. Malheureusement trop de personnes pensent que la bonne idée c’est une seule étape : la première. Je ne comprends pas pourquoi il y a autant d’angoisse à l’idée de revenir sur ce qu’on a déjà écrit. On dirait que les gens ont peur de se rendre compte qu’ils ont fait de la merde. Oui, c’est le but, car c’est de la merde.
Je vois des livres qui sortent qui sont littéralement des bouts d’expériences que je peux faire sur ce site. C’est toujours drôle de voir que la fin d’une idée chez quelqu’un est souvent le début de la même idée chez moi. Je ne le dis pas par prétention, j’essaie juste de comprendre pourquoi on voudrait s’arrêter avant même le début du jeu.
Un projet éditorial : une version française de l’Internet Phone Book.
Un conseiller régional à l’initiative des coupes budgétaires en Pays de la Loire prend la présidence de la Maison Julien Gracq, structure contrainte de licencier un salarié à cause desdites coupes. Un peu avant son élection le conseiller a dit : il va falloir identifier les leviers pour avoir une trajectoire financière solide.
C’est impossible de résister à un cynisme aussi frontal. Il n’y a aucun outil aimable pour s’opposer à ces personnes. Il faut réfléchir à de nouveaux outils insultants. Je rêve de stratagèmes sournois. Je rêve d’être dégueulasse.
Substack, ou le mirage de l’indépendance
En remplaçant un intermédiaire (média, réseau social) par un autre (Substack), on reste prisonnier d’une logique de plateforme, avec ses règles opaques et ses biais structurels.
Les gens ont un tel désir d’exister sur internet qu’ils semblent pris dans un piège infernal qui les ramène toujours à la case départ. Il n’y a qu’une seule façon de sortir du labyrinthe, mais personne ne veut la voir. Quelqu’un a peint de fausses portes sur les murs vers lesquelles tout le monde se précipite. Ils font semblant de les ouvrir et font semblant de passer de l’autre côté. Ils sont rassurés de constater que tout est comme à l’intérieur. C’est un soulagement quand rien ne change.
Gardez en tête qu’une maison indépendante n’est pas forcément plus vertueuse. Il y a toujours de bonnes raisons de ne pas considérer les auteurices, et un catalogue apparemment sans fin de justifications.
Ma tondeuse est tombée en panne alors que j’en étais à la moitié de mon crâne.
Raphaël Quenard : Un premier roman déroutant et nul.
Un couple de tueurs : Viktor et Rolf Spicebomb.
Hier soir j’ai relu les premières pages de La Presqu’île à Cécile pour nous aider à dormir, et après qu’elle se soit endormie j’ai été à la page “Du même auteur” me remémorer les dates de publication de ses autres livres. Il a publié le premier, Au château d’Argol, en 1938, et moi Saccage en 2016. J’ai remarqué que si je calculais 9 années de plus, qui est là où j’en suis aujourd’hui, Gracq n’avait écrit aucun de ses grands livres : Le Rivage des Syrtes arrive en 1951, soit 13 ans plus tard ; Un balcon en forêt en 1958, soit 20 ans plus tard ; La Presqu’île en 1970, soit 32 ans plus tard. Si je calque ma propre temporalité sur cette chronologie, mon prochain bon livre arrivera en 2029, à 38 ans, le suivant en 2036, à 45 ans, et le dernier en 2048, à 57 ans. Ce sont des délais absurdes et réalistes. C’est vrai que pour contrer le sentiment d’urgence, il vaut mieux prendre son temps. Quitte à disparaître 6 mois plus tard, autant disparaître pour 10 ans. Je peux tenter de jouer ce jeu-là.
Dans ce contexte de surproduction systémique, le livre est prisonnier d’une économie de l’offre dont il est moins le produit (un bien culturel) que le support publicitaire (un décor jetable). – Jeanne Guien, Le consumérisme à travers ses objets.
J’ai perdu la plupart de mon enthousiasme, au travail, dans la vie, dans mes projets d’écriture. J’en suis à un point où je ne comprends même plus pourquoi des personnes cherchent encore à être publiées : le lectorat est quasiment inexistant, on ne gagne pas d’argent, on attend un miracle qui ne viendra jamais, et on arrive à peine à être considéré par les autres professions de la chaîne. J’y croyais il y a dix ans mais rien n’a tenu. Tant mieux si vous y croyez encore, je vous envie. Au travail je m’ennuie, les autres associations sont dans le déni de la fin à venir, et chaque matin je résiste comme je peux à l’envie de dire au revoir. J’essaie de trouver des solutions qui n’arrivent pas parce que ce n’est pas mon problème. Je voudrais faire autre chose mais on m’a mis dans la tête tellement de merdes qui me paralysent. J’écris les trucs les plus plats du monde parce que je vis dans une déprime commune. Je n’ai même plus le désir de tendre vers la différence. Je voudrais trouver une place qui me convienne et y vivre heureux jusqu’à la fin. Je recommencerai à réfléchir aux phrases quand j’aurai des raisons intimes d’y réfléchir. J’ai dit à ma psy que je ne cherchais pas à soulager ma souffrance pour moi mais pour tous les enfants qui ont souffert dans la même solitude. Quand elle me demande ce que je voudrais faire à ce moment-là si tout m’était possible je dis : pardonner, puis je lui dis : je ne le pense pas. Je lui dis : pourquoi je pardonnerais ?
Moi, qui m’a pardonné ?
Peut-être n’ai-je pas été assez reconnaissant.
Même les meilleurs livres disparaissent.
Comment je gère mon budget et mes habitudes lorsque tout change. Ma routine sportive et mes objectifs de vie. Je vais avoir un déplacement familial dans quelques jours. Le drive fait partie de nos astuces pour s’organiser. Il est 11h15, on a rangé les courses, je bois mon petit café. On se fait un deuxième dîner un peu sur le pouce. La composition est assez simple, assez clean. J’ai été embarquée dans une histoire de coloration de cheveux. J’ai super faim en rentrant du tennis. On est sur un espace de coworking de qualité encore une fois. Didier a pu récupérer de l’argent qui est tombé de son ancienne entreprise. La dernière fois que j’étais venue j’avais goûté leur mocktail. Enormément de choses changent après 10 000€.
Une fois de plus,
j’essaie d’éprouver de la
tendresse pour ce que
je n’arrive pas encore
à formuler clairement. – Gabriel Gauthier, La Vallée du Test.
Je sais que beaucoup de voisins avaient peur de lui, mais moi sa présence me rassurait. Je l’apercevais parfois après minuit marcher près de la chapelle. Je me disais qu’il veillait sur nous. Les gens par ici ne croient plus tellement aux anges. Ils y croient forcément encore moins depuis le drame. Je ne vais pas prier à leur place, mais j’ai remarqué que plus personne ici ne regardait le ciel. Je ne sais pas comment ils pourront trouver le repos. Même s’il était coupable je pourrais lui pardonner. Les vrais démons cachent leurs yeux alors que les siens étaient grands ouverts. Je sais reconnaître une personne honnête. J’ai compris beaucoup de choses dans la parole de Dieu. Je préfère que les voisins ne sachent pas ce que j’ai dit. Je ne veux pas que des rumeurs circulent sur moi.
Le mystère c’est pas pourquoi on arrête, c’est pourquoi on continue.
Quand tout le monde en est sauf toi.
It’s summer 1987, you’re driving in Miami.
On ne voit que les Z du Tamagotchi quand il dort.
Comment retrouver la foi ?
My dad picked me up from school and took me and my sister to burger king on the way home. I remember clearly being in the backseat with the window down and hand out the window and this song blaring on the radio.
Nelly Furtado a commencé par chanter dans la forêt avant de le faire sur une piste d’hélicoptère à son nom en haut d’un gratte-ciel.
While I can return to the location referred to as “home”, I cannot remake the person I was.
If nothing is curated, how do we find things?
Think of how much time it takes to stay on top of things.
C’est en faisant des pompes que j’ai compris que tous les sols ne renvoyaient pas la même énergie.
Je suis le seul à faire un lien entre Ryu/Tom Cruise et Ken/Brad Pitt ?
Aurélie m’a offert un Tamagochi dont je dois m’occuper si je ne veux pas qu’il meure.
So they gave it up, said “it’s all too much
I can’t take it if this is how it feels”
Got to pay the piper, hire another writer
To tell you what is real
J’ai postulé pour un emploi en bibliothèque à Lamballe, et je n’ai même pas été retenu aux entretiens. C’est marrant quand on y pense, d’avoir passé sept ans à défendre plutôt bien un des genres les plus ignorés en France dans une bibliothèque associative, et de ne même pas retenir l’attention de l’équipe de recrutement d’une bibliothèque municipale. Je comprends que sans concours je ne serai sans doute pris nulle part. Il faut toujours prouver sa compétence, mais je le savais déjà. J’avais l’orgueil de croire ma chance plus grande que celle des autres. J’accepte aussi qu’il n’y aura pas de livres dans ma vie professionnelle future. Je n’ai aucune idée de ce qu’il y aura, j’espère juste assez d’argent pour vivre. J’espère juste de quoi occuper mon temps.
Il y a des moments dans la vie où on se trouve moins bon. Je suis dans un de ces moments.
Je perds parfois de vue que si je n’y crois plus, personne ne le fera à ma place. Je commence à comprendre maintenant que je n’aurai jamais le public que j’espère parce que rien ne me permet d’y accéder, ni dans ce que je crée, ni dans la façon dont je suis défendu. Mais je suis le seul qui peut y croire. Tout dépend de moi au départ et de mes choix. Je peux croire à quelque chose de plus grand que moi qui me porte vers le futur, ou je peux croire à cette émotion infime que j’aimerais vous aider à voir. Je sais très bien pourquoi j’ai commencé à écrire au départ : pour rien.
Faites que ce rien me porte pour toujours.
The magical ball of string leading you through the internet’s labyrinth
La récompense de l’explorateur est la vision des possibilités du lendemain.
L’Arcom m’a envoyé un mail parce que j’ai téléchargé Love Lies Bleeding. Je ne pensais pas que ça m’arriverait un jour. Comme il m’a écrit 15 jours après le téléchargement et qu’entre-temps j’ai téléchargé Crimes of the Future, c’est pas impossible qu’on me retombe dessus avec des conséquences plus graves dans les prochains jours. Vous retiendrez que je serai tombé aux yeux de la loi pour Kristen Stewart dans deux films moyens.
J’ai aussi une pensée émue pour La main verte de Tryo, premier mp3 téléchargé sur eMule il y a 20 ans.
Ceci n’est pas une gardening blog
A garden’s answer is forever Yes.
a catalogue of old msn display messages
I actually made a playlist on Spotify last year called “msn display messages while i cry in the family computer room” haha
We talked on AIM about tracks we found on Kazaa. We traded mix CDs and listened to them together when we hung out.
Je reste désespérément assis parce que je ne sais pas où aller.
Je m’adresse à tout le monde. Je suis assis dans le lit de mon enfance. J’y suis assis depuis toujours. Je parlais, maintenant je parle seul. Je ne vois plus ce qui passe à la télé. J’aimerais que vous soyez là avec moi, mais je ne sais pas à qui je pense. J’essaie de trouver comment dire à l’aide. J’écoute toujours le même album. Je voudrais envoyer des messages aux personnes qui ont arrêté de m’aimer. Je voudrais dire pardon avec les mots pour dire adieu. Je voudrais lire les historiques de toutes mes conversations. J’ai été pris dans un brouillard d’où je ne suis jamais sorti.
I sit in cars, in other people’s apartments, in gardens and the internet doesn’t exist.
J’ai créé un document avec les premiers fragments d’Autoportrait au tueur en série, que j’avais écrits il y a 3 ans. Je ne sais pas pourquoi je me sens porté vers ces textes en ce moment. J’y pense souvent, comme d’un espace rassurant et interdit. Une histoire dégueulasse qui contiendrait toute ma vie. Quand je relis ces quelques morceaux je me sens chez moi, et en même temps je ne souhaite à personne d’y mettre les pieds. C’est ma ville souterraine.
Je crois que me lancer sur un projet indépendant de Miami = Paradis m’aide aussi à me sortir de l’impasse. C’est un projet pour une autre vie.
Il y a vraiment par ici une obsession de la tonte, de la coupe et de la taille. Les voisins veulent abattre le cerisier dans leur jardin parce que les pies mangent les cerises avant eux. Ils avaient déjà abattu l’autre cerisier parce que les cerises tombées au sol tachaient leur entrée. Ce sont deux cerisiers que mon grand-père avait plantés, donc je suis triste pour les cerisiers et pour mon grand-père. J’ai mangé des cerises dans ces deux arbres, et elles sont délicieuses. Il n’y a presque plus un arbre dans toute la rue, que des arbustes à la con, toute une végétation imperméable.
Je ne comprends pas dans quel espace les gens veulent vivre, ni la satisfaction qu’ils trouvent à le détruire. Un cerisier vivant vaut toujours mieux qu’un cerisier mort, pourtant on lui préfère le mort. C’est une logique de guerre : à un être vivant on préfère toujours un être mort.
Les voisins ont planté plusieurs palmiers qui ne leur donnent rien sinon sans doute l’impression de vivre ailleurs.
J’ai repris les albums photo à l’étage et j’ai remarqué que je n’étais jamais vraiment seul, et que si j’aimais être ici c’est parce que j’y étais avec Daddy et Manou, Antoine, Astrid, Solveig et Frédérique. Il y a même une photo de moi à la plage, en train de creuser un trou avec ma pelle, et Manou a écrit : un peu seul… La preuve sans doute que ce n’était pas si fréquent.
J’ai remarqué aussi que presque tous les moments de joie étaient liés à des objets. Il y a plusieurs mentions de la Game Boy et de Pokémon, et une photo de moi à mes 10 ans qui montre la boîte de ma Game Boy Advance. Il y a un bout de carton sur lequel j’ai écrit : J’ai amener ma Game Boy, signer Quentin.
Je suis sorti faire une marche au soleil comme on les faisait souvent ensemble. J’ai pris mon goûter et j’ai fait une sieste. J’ai amené Manou au cimetière pour l’aider à arroser les fleurs, et elle m’a montré sous les halles du centre des photos de mon arrière-grand-mère, d’elle, de mon père et de ma tante à l’école.
Tout est inscrit dans le même espace collectif.
Mais tout le monde finit par partir.
“This could be your office,” the husband said to me, in a small room full of light. I want to hope, but I’ve learned to be wary of unbridled desire.
That is the magic day, the perfect day.
On finira par ne plus me voir.
Je n’ai pas très envie de faire comme si de rien n’était.
Les livres sont vraiment ringards : personne n’essaie de les pirater. L’exception culturelle s’est transformée en indifférence totale. Il n’y a plus que les mangas pour nous aider à croire qu’on a encore une place dans l’imaginaire des gens. A force de délaisser la fiction on a délaissé le public. Il ne sait même plus ce qu’il peut attendre des livres qui n’est pas ce qu’il trouve déjà à la télé. Pas besoin de lire, c’est trop chiant. C’est vrai. Des livres bien chiants écrits par des personnes qui le sont tout autant. Des livres bien soporifiques, bien superflus, bien communs. Des livres bien comme prévu.
Il faut se poser des questions, et écrire dans le sens du temps.
Tout le monde a appris le voyant de Rimbaud à l’école, mais tout le monde a oublié ce qu’il voulait dire.
Qu’est-ce qu’il voulait dire ?
Kristen Stewart dans Crimes of the Future a la même vibe fascinante que Jake Gyllenhaal dans Prisoners. Sa coupe de cheveux, sa diction, ses vêtements, sa posture, son maquillage, ses mimiques.
A part ça le film est nul.
C’est triste que mes journées ne me demandent aucun mouvement physique : rien à soulever, rien à tirer, rien à pousser, pas besoin de marcher, ni de sauter, ni de courir, ni de ramper. Je ne suis plus certain de vouloir de cette vie qui ne me demande que d’être assis.
Où sont passés tous les mouvements ?
Pas grave si mon site n’est pas lisible sur téléphone : je n’écris pas pour les personnes qui lisent sur téléphone.
On burnout and vacation season
You have options including simply doing less at work. Put in 2/3 the work. Don’t take that promotion. Set hard boundaries and don’t break them. Leave that job. Tell that boss to go fuck himself.
Real resilience is a strategy, not a shield that turns you into something else. It’s a set of behaviors that help you to move away from the things that are damaging you.
I can’t count the number of conversations I’ve had with distracted people thanks to their “smart” things.
Je dirais que les gens sont très peu créatifs sur YouTube, et quand ils le sont c’est sans vraiment de talent. C’est un média moyen, avec quelques exceptions. Ce moyen est intéressant.
C’est plus facile de trouver les jeux que les boîtes des jeux.
J’ai regardé Love Lies Bleeding, dont les personnages sont cool, mais qui a un gros problème de rythme et d’intrigue. Des fois on aurait dit du Nicolas Winding Refn mais avec surtout les défauts.
Après être mort les orbites et la tête écrasées dans Game of Thrones, Pedro Pascal meurt tabassé à coup de fer 7 dans The Last of Us. C’est beaucoup pour un seul acteur.
Deux mois après les bonnes résolutions, tout le monde est déjà retourné sur Instagram et Twitter.
Working Through the Fear of Being Seen
You just have to be real.
Je pense aux personnes qui sont parties, et à celles qui restent.
L’espace est fait d’absences que nous ne parvenons plus à combler.
Mon grand-père est mort il y a plus de dix ans. Bien plus tard j’ai rêvé qu’il était toujours en vie et que je le retrouvais dans son potager. Je lui disais : tu as guéri finalement. Il allait bien et avait retrouvé son apparence normale. Il faisait tous ses gestes habituels. Il avait la voix que je lui connaissais. C’était un apaisement immense, d’être avec lui vivant. C’était un très beau rêve. J’y pense toujours comme d’un très beau rêve.
Je déteste quand des gens écrivent ou disent c’était doux pour parler d’un moment agréable, mais je suis incapable d’expliquer pourquoi. Je ne sais pas si je les déteste plus que ceux qui utilisent l’adjectif poétique.
Rien n’est doux, et rien n’est poétique.
Je viens de réaliser que le générique de Charmed était une reprise des Smiths.
Cela fait déjà une semaine que le groupe de recherche sur la civilisation Kusu est sur cette île. Nous avons décidé d’appeler Kusu G les êtres étranges qui vivent sur cette île. Ils utilisent le même langage que nous mais nous ne pouvons pas les comprendre.
J’ai vu sur un autre blog l’expression internet crush, pour qualifier les personnes sur les sites desquelles on aime passer du temps.
I am a Ship of Theseus; even the parts that feel familiar have long since been replaced.
Je me disais aussi que finalement chaque console vit selon la même logique de nouveauté que le livre. Quand je joue à la Game Boy Advance j’imagine vraiment que de nouveaux jeux pourraient continuer à sortir dessus, mais ce n’est pas le cas juste parce que Nintendo a décidé qu’elle n’en valait plus la peine financièrement. Elle passe de mode alors que sa technologie pourrait durer encore des dizaines d’années. Ce que je dis pour la Game Boy Advance vaut pour n’importe quelle console. On pourrait encore aujourd’hui produire des jeux pour la Super Nintendo. En fait, on devrait.
Un livre qui n’est pas une nouveauté d’un point de vue commercial en est toujours une pour des dizaines de milliers de personnes. Qu’on les abandonne parce que les six mois protocolaires sont passés est une faute grave. C’est une faute par rapport au temps et par rapport aux objets. Les libraires devraient réfléchir leurs tables dans ce sens, comme les développeurs devraient réfléchir leurs jeux selon toutes les consoles qui existent, et non les dernières qui se vendent.
Le temps du capitalisme est un temps fictif. C’est un temps qui n’a pas vraiment passé.
C’est un temps dont on veut vous faire croire qu’il a passé.
Blogroll.org is a living map pointing the way to solitary souls plunking away on their electronic scrolls amidst a vast sea of bits and bytes.
Je sais pas pourquoi je suis à ce point gavé par les IA au centre de toutes les conversations en ce moment, presque davantage que par les IA elles-mêmes. On a capté que c’était de la merde, dans à peu près tous les sens du terme, je crois qu’on peut passer à autre chose. Je n’ai toujours pas vu la moindre image Ghibli-like depuis que c’est devenu un sujet. Il y a des endroits où les choses sont visibles, et d’autres où elles ne le sont pas. Je ne suis pas dans le déni du monde autour de moi, mais je fais en sorte de ne pas lui donner plus d’attention que nécessaire (c’est-à-dire aucune).
J’y pense parce que le blog de Simon Willison est un de ceux dont je préfère l’apparence et l’architecture, mais à peu près rien de ce qu’il écrit en ce moment dessus ne m’intéresse.
Je me disais tout à l’heure en regardant la Switch posée à côté de mon bureau que ce n’était pas une si bonne console portable. Le seul jeu que j’ai adoré faire dessus c’est Tunic, mais je l’aurais autant apprécié sur PS Vita ou même Game Boy Advance. Octopath Traveler 2 était super aussi, mais même conclusion. La Switch n’a pas l’esprit d’une console portable, elle n’en a que l’apparence.
Franchement c’est un peu ma seule amie . Moi le petit joueur solitaire mais qui bizarrement adore le multi sur portable . Encore qu’il faut trouver et cela se fait rare de nos jours de se retrouver entres amis , ou se faire de nouveaux amis avec sa PS Vita dans les mains . Et deuxième raison , faut encore connaître quelqu’un qui sait jouer aussi et pas un mauvais perdant . Ce fut le cas avec le fils de mon ex , avec lequel nous avions joué à Killzone je crois en multi . Et donc il détèstait perdre . Et il dormait parfois en la faisant tomber par terre . ( Super sympa au passage cet idiot !!!!!! Rire !!!!!!! ) Mais effectivement il savait pas très bien jouer et il fut un idiot de l’avoir fait tomber par terre car c’était pas la sienne , non ce fut la mienne , et ne la voyant pas toujours revenir , j’ai vite repris la Slim de secours pour moi . Et j’ai récupéré ma PS Vita Legacy de force . Donc heureux de reprendre mes deux Vita . Vraiment un fan !!!!!! Mon ex n’avait pas mes loisirs donc Musique Rock , Arts Martiaux , l’humour etc …… Jusqu’à la PlayStation Vita qui est une de mes passions également . Raide dingue des jeux qu’ils soyent en multi en réseau en ligne ou en solo . Mais donc fatigué de toujours jouer en solo le sauveur du monde . ( Rire . ) Je voulais initier mon ex copine à la PlayStation Vita . Et donc …… ERREUR GRAVE !!!!!!!! ( Mort de rire . )
QUENTIN et ALIGATUEUR
Se battre, avancer avec son ami
Ce lien si puissant
Jamais ne sera coupé
Il appartient à l’éternité
En témoigne ce document
J’ai commencé cette partie de Pokémon HeartGold en avril 2010. Je la continue 15 ans plus tard.
Tout le monde part à l’aventure et devient peu à peu adulte.
Je ne m’éloigne que des personnes qui me font du mal. L’inverse marche aussi.
Il y a beaucoup de choses vécues, mais peu de choses réelles.
The ultimate twilight of creativity
Make a totally broken game.
Dans le premier chapitre de Le conflit n’est pas une agression, Sarah Schulman présente l’email comme un outil insatisfaisant pour résoudre un conflit, car il ne permet pas le dialogue :
Un seul sentiment peut être communiqué en lieu et place de la progression naturelle des sentiments inhérente à la communication verbale.
C’est marrant mais je ne partage pas du tout cette analyse. Dans mon expérience, parler m’a toujours desservi. Je me fais engloutir par des personnes qui occupent tout l’espace verbal, tiennent un discours paternalisant ou culpabilisant, me renvoient mes arguments sans les prendre en compte, la liste est longue.
Je ne pense pas être bon pour parler, et cette incapacité me dessert.
Aussi, parler ne laisse aucune trace, et pourtant dans un conflit il y a souvent besoin de traces.
Combien de fois que j’ai dû faire face à de la mauvaise foi, ou des fausses promesses, faciles à confronter quand elles ont été écrites, beaucoup plus difficiles à prouver quand elles n’ont été que dites.
Les emails génèrent de la frustration et de l’angoisse. On ne se voit pas, on ne s’affirme pas.
Chez moi ils génèrent de l’apaisement et de la stabilité : la certitude qu’ils seront lus, alors que je ne suis jamais certain d’être entendu. Ils me permettent de rendre concrètes des peines ou des revendications grâce à leur matérialité.
Je suis sincèrement convaincu que les conflits seraient bien plus vite réglés si on conservait leur archive depuis l’origine.
Les discussions de vive voix, qu’elles soient avec mes parents, mes amix ou mes relations de travail, se sont la plupart du temps révélées désastreuses : incompréhensions, pleurs, colère. Ce sont des émotions qui m’empêchent de réfléchir correctement, et donc d’aller vers une résolution. Je suis juste submergé, et il faut dire que mes interlocuteurices savent très bien en profiter, consciemment ou non.
Les emails et les SMS ne sont autres que ce que j’appelle des “modes réducteurs” qui favorisent la circulation des idées en les vidant de leur sens.
Enfin bref vous l’aurez compris : encore quelqu’un qui a cru bon de s’en prendre à des outils, sans réaliser à quel point ils peuvent être bénéfiques.
La parole n’est pas la solution miracle.
Ça se saurait, depuis le temps qu’on sait parler.
Cécile est partie à Montréal pour un mois et il fallait qu’on puisse continuer à se parler. Comme Signal ne fonctionnait pas sur CalyxOS, je l’ai fait installer Conversations et créer un compte XMPP, et tout marche niquel. Je peux à la fois lui écrire depuis Conversations quand je suis sur mon Pixel 4a, ou depuis Profanity quand je suis sur mon ordi, avec un cryptage OMEMO. Je pense qu’on en a eu pour 5 minutes à tout configurer. C’est un outil simple.
J’ai enfin regardé la saison 2 d’Arcane, qui a plein de bizarreries scénaristiques, et quelques facilités dramatiques (la mort de Jinx n’est tellement pas à la hauteur du personnage), mais qui essaie de tirer profit au maximum de l’animation. C’est une série qui se trouve quand elle n’essaie pas de faire du cinéma.
On ne m’a jamais invité à écrire où que ce soit. Je ne suis même pas certain qu’on me lise. Des fois j’ai l’impression de donner beaucoup plus pour la littérature qu’elle ne me donne. Souvent je me sens mis de côté, mais c’est ce que je ressens depuis qu’a 16 ans on a arrêté de m’inviter aux soirées.
But time takes away everything from us and all we have are memories until time takes ourselves away.
Je suis rentré à pied de la gare en espérant trouver sur le chemin quelques remarques sensibles sur les autres ou sur moi, mais je n’ai fait que croiser une succession d’hommes avec des canettes ou des bouteilles d’alcool à la main.
J’ai pensé que 95 % des emails que je reçois à partir des Relevés sont écrits par des hommes, et cette pensée m’a inquiété.
Je voulais m’inscrire dans un système de désirs où mon corps et mon visage appelleraient des regards. Mais je n’avais pas de désir pour le monde, et pas de désir pour la ville.
Je pensais à ma voisine dans le train qui se regardait maquillée dans son téléphone, et aux fonds d’écran de ses conversations, avec des palmiers ou des îles vues du ciel. Je me sentais vieux et triste. Je n’ai pas osé sortir ma Game Boy Color de peur qu’elle me trouve cringe.
Je ne voulais pas être le vieux gars cringe dans le train.
On n’est jamais tellement certain que quelqu’un nous lit, mais c’est d’y croire qui fait du bien.
Le premier geste, c’est l’adresse.
J’ai regardé comme à peu près tout le monde les 4 épisodes d’Adolescence.
J’ai pensé à ma propre famille et à l’étrangeté qui a fini par séparer tous ses membres.
L’adolescence est une période noire et profonde. J’ai été pris dedans. J’ai toujours eu le sentiment d’avoir grandi dans une chambre close : les sentiments que j’y développais étaient invisibles aux yeux des autres. Je pense que j’aurais pu devenir quelqu’un de néfaste car j’étais suffisamment méchant. Il n’y avait personne pour m’en libérer. Mes parents se sont effacés et m’ont rendu monstrueux. J’ai volé mes proches et on ne m’a pas demandé pourquoi. J’ai humilié mes proches et on ne m’a pas demandé pourquoi. J’ai trahi mes proches et on ne m’a pas demandé pourquoi.
Personne ne m’a consolé.
On s’est contenté de me pointer du doigt pour me rappeler mes crimes : tu as volé, tu as humilié, tu as trahi.
Je me sentais abandonné.
Ensuite je suis sorti de l’adolescence et j’ai amplifié ma violence. Il y a eu d’autres victimes mais mes parents étaient déjà partis depuis longtemps. Ils m’avaient oublié parce qu’ils avaient leur vie à vivre sans moi. Ils étaient dégoûtés que je sois bizarre et inapte. Ils m’ont fait une place minimale.
On a continué à me pointer du doigt, mais cette fois je l’avais mérité. Ce n’était plus qu’une histoire de famille.
Il n’y a pas d’énigme au départ. C’est le déni qui crée l’énigme. C’est l’abandon, le silence. L’énigme c’est toutes les couches pour camoufler des expressions simples : tu es normal, je t’aime, je te comprends.
Je suis avec toi.
Des phrases que je prêtais à mes figurines pour me convaincre qu’elles pouvaient exister, qu’elles pouvaient me changer.
Mais les deux phrases qui se sont le plus profondément ancrées en moi au fil des années sont je suis seul et je suis mauvais.
J’espère que vous comprendrez à quel point je dois lutter chaque jour pour me prouver le contraire.
N’abandonnez pas vos enfants, ce sont eux qui doivent vivre ensuite.
Sisyphus, but the boulder can’t roll downhill
It’s fucking insane when you think about it.
The Y2K Aesthetic: Conceptualizing The Future We Live In
“Blobby” looking cars, bold, elemental buildings and interior designs, and gadgets made to look like extra-terrestrial technology also had their moments during this period.
Daisuke s’assoit à l’arrière de la voiture et demande à son chauffeur comment sa mission de filature s’est passée.
J’ai tué le chien, dit le chauffeur.
Quel chien ? demande Daisuke. Le chauffeur regarde Daisuke dans le rétroviseur. Il dit : le chien qui était avec l’homme que vous m’avez demandé de suivre.
Je ne t’ai pas demandé de tuer son chien, dit Daisuke. Je me suis dit que c’était la meilleure chose à faire, dit le chauffeur.
Daisuke donne plusieurs coups de pied dans le dossier du siège conducteur avant de se calmer.
Il dit : il t’a vu ?
Non, dit le chauffeur, il était en train de se baigner. Je n’ai rien trouvé sur lui. Il n’a fait que marcher dans la ville toute la journée. Je ne sais même pas s’il vit ici.
Daisuke a un mauvais pressentiment.
Le pressentiment que dans quelques jours Mista va se retrouver dans son salon pour venger son chien.
Il dit : tu n’aurais jamais dû faire ça.
Il croise ses avant-bras devant le cou du chauffeur pour l’étrangler contre l’appui-tête.Il se regarde dans le rétroviseur le temps que le chauffeur étouffe.
Il voit le visage qu’il a.
Le chien a ressuscité.
Notre mouvement principal sur internet ne devrait pas être recevoir mais aller vers. Exemple : ne recevez pas de newsletters, allez vers les sites.
Si vous n’avez pas le temps d’aller vers, il y a de grandes chances que vous soyez dans l’illusion de pouvoir recevoir.
J’ai croisé un couple en train de lire le menu sur la façade d’un restaurant et je me suis souvenu que c’était une activité à part entière des weekends de mon enfance : décider quoi manger en longeant les murs.
Maintenant qu’il y a les téléphones il n’y a plus besoin des murs.
Vous voyez comment Shane Hawkins joue de la batterie avec la mâchoire serrée et la tête rentrée dans les épaules ? À 16 ans j’avais la même colère mais nulle part où taper.
Tout est encore en moi.
Samedi prochain je suis invité à l’heure du goûter à la médiathèque de Bobigny pour une rencontre avec Lucie Rico intitulée Un soupçon d’irréel dans l’IRL.
Je parlerai de Casca où apparemment j’interroge la façon dont le marketing et la consommation de masse tentent d’apporter des réponses à nos désirs de quêtes et d’aventures et j’investis le gameplay du monde réel pour en faire, dans sa porosité avec le monde du jeu, un lieu d’expériences partagées et d’histoires collectives.
Bon en gros comme vous l’aurez compris je passerai une heure à expliquer que je ne fais pas ce qu’on dit que je fais.
Preuve sans doute que la littérature ce n’est pas si simple.
Random parmi les randoms.
Redonner sa place au web artisanal
On peut aussi considérer un site comme un espace qui évolue et se développe, pas comme une destination fixe, mais comme une partie d’un environnement partagé.
Il y a un autre monde mais il est à l’intérieur de celui-ci.
Les gens aiment trop les stats, ils aiment tout quantifier, ils aiment voir les chiffres augmenter, il doit y avoir la preuve que des personnes s’intéressent à ce qu’ils font, et la preuve c’est le chiffre. Tout doit devenir une donnée parce que c’est la donnée qui crée la valeur. C’est très difficile de s’extraire de cette logique, il faut vraiment avoir confiance en soi.
Il faut vraiment parvenir à comprendre ce qui a de la valeur.
Je n’ai pas besoin de savoir combien de personnes me lisent ici. Ce n’est pas l’enjeu.
Moi les seuls chiffres qui m’intéressent c’est les $ sur mon compte en banque. C’est les seuls qui m’assurent de pouvoir continuer à écrire.
J’ai été con de prendre un .com pour mon nom de domaine, le tarif a augmenté de quasiment 30 € cette année.
sometimes i picture waking up in a house [it feels very familar] in the countryside and sitting near a window.
Digital Echoes and Unquiet Minds
It was, quite literally, the dream of the nineties.
An Ode To The Game Boy Advance
Ce matin j’ai vécu une des situations les plus éprouvantes dans le dialogue humain. J’ai été témoin de toutes les pires utilisations du gaslight : arguments d’autorité, paternalisme, déformation des termes écrits, mensonges, mauvaise foi. Je ne suis pas fait pour ce genre d’échanges. Tout me crispe et m’énerve. J’ai envie de hurler : ouvrez les yeux, mais peut-être que c’est déjà trop demander.
Je réalise que je me retrouve souvent face à des personnes qui utilisent ces outils de communication. Je ne sais pas si c’est réellement fréquent, ou si c’est moi qui me mets à chaque fois involontairement dans la merde.
J’ai lu 50 pages de Mille plateaux, j’ai pas compris le délire. Une accumulation de concepts pas définis développés en roue libre totale. Un peu dépassé à l’idée que ce soit la bible d’autant de gens.
brief thoughts on soft life/alpha content
If you could push a button and have it, would you truly want this life?
J’ai relu ces deux derniers jours L’art et l’argent, dirigé par Cometti et Quintane. Je l’ai relu parce que cette semaine il y a eu des mouvements collectifs à Rennes et en France pour revendiquer plus de moyens financiers et de meilleures conditions de travail pour les artistes-auteurices et les structures culturelles.
J’ai enfin décidé de me syndiquer au STAA et d’arrêter d’endurer une situation qui n’est pas normale. Pour la première fois j’ai l’impression de pouvoir en discuter avec des personnes qui me comprennent et ne minimisent pas ce qui m’arrive.
J’espère pouvoir moi aussi donner du courage à d’autres personnes qui ne sont pas respectées dans leur travail.
On finit par oublier l’injustice de certaines situations.
Je veux être payé, et je serai payé.
S’il faut envoyer des courriers, j’enverrai des courriers. Il faut arrêter de faire comme si de rien n’était parce que c’est la honte. Je me fais honte à moi-même d’être aussi docile et d’avoir peur.
C’est l’heure d’avancer.
En ce moment je dérive et je le vois au travail où je prends du retard sur plein de documents importants parce que je n’arrive plus à y accorder l’attention nécessaire.
Je sais faire mais j’ai la flemme.
C’est terrible parce que je mets d’autres personnes dans la merde à cause de ce détachement, mais comme je vois bien que plus personne n’y accorde de l’importance, je n’arrive pas à en donner seul.
Le travail c’est forcément un regard porté par les autres sur soi, et par soi sur les autres. Dès qu’un des deux mouvements s’arrête, tout s’arrête.
Je ne veux pas devenir quelqu’un sur qui on ne peut pas compter.
J’ai peur d’être mon pire ennemi.
Ce qu’il y a de bien avec notre abominable époque, c’est qu’après des décennies à nous dire, mais comment les écrivains des années trente faisaient pour écrire comme si de rien n’était leur journal, sans trop refléter le gouffre vers lequel l’Histoire les amenait à sombrer ?, nous allons enfin le découvrir par nous-mêmes.
Links are powerful — that’s why Instagram and Twitter and Threads punish and limit them, and why Substack tries to take credit for them.
Quand j’ai commencé à jouer à Magic l’année dernière, je me demandais comment dépenser le moins possible.
Je n’avais à peu près aucune carte, si ce n’est quelques résidus inutilisables d’un deck préconstruit noir acheté au collège.
Déjà, il faut identifier le ou les formats auxquels jouent les personnes avec qui vous voulez jouer, et ceux qui vous plaisent. Par exemple moi mes deux formats préférés c’est le Commander et le Scellé.
Je n’aime pas tellement le Standard à cause de la meta temporaire et des doublons de cartes, qui sont un gouffre financier.
Pour le Commander, quoiqu’il arrive, je pense que le mieux est toujours de commencer par un deck préconstruit. Ceux qui existent vont de moyen à très fort sans changer aucune carte, dans une gamme de prix neuf autour de 50 €. On peut trouver de très bons decks d’occasion autour des 25 €. Les plus chers ne sont pas forcément les meilleurs.
A partir de là, vous pouvez ne plus dépenser un seul centime de votre vie et jouer à chaque fois ce deck avec vos amis, qui pourront sans doute vous prêter leurs decks de temps en temps pour varier.
Mais comme partout, si vous avez envie d’approfondir votre connaissance du jeu, il va falloir y passer du temps, et de l’argent.
Il y a une règle générale : quoiqu’il arrive, il vaut toujours mieux acheter ses cartes à l’unité. Le moindre booster ouvert est une mauvaise idée.
Mais parfois on aime ouvrir des boosters parce qu’on aime : le geste, et la surprise.
La vie ce n’est pas que des bonnes idées.
C’est pour ça que j’aime aussi le Scellé : j’ai ma dose d’ouvertures et de surprises, et je peux garder les cartes ouvertes pour mes decks Commander présents ou futurs.
Une chose que j’ai vite constatée, c’est qu’un deck Commander est une succession de petits ajustements visibles à force de jouer, et que pour trouver une forme temporaire qui nous convient vraiment, il faut accepter les erreurs. Et donc oui, fatalement, acheter des cartes qui ne trouveront pas leur place dans le deck. Du moins, pas pour le moment.
C’est ma façon de dépenser le moins possible, mais j’ai compris que cela ne voulait pas dire dépenser peu.
Je dirais que je dépense entre 35 et 150 € par mois dans Magic. C’est en gros ce que je ne dépense plus en livres depuis que j’ai mon abonnement à la bibliothèque. C’est une somme cohérente par rapport à mon budget mensuel, même si elle est plus élevée que celle que j’imaginais en débutant Magic. Mais je n’imaginais pas alors que j’allais autant aimer ce jeu.
Sinon on est allé dans l’après-midi chez Ohier avec Cécile, et il y avait sur la porte une affiche parce qu’ils recherchent un vendeur pour un CDD de 6 mois. Le poste est payé environ 1900 brut et peut évoluer en CDI. Les jours de travail ne sont pas clairement établis (mauvais signe), mais j’ai imaginé postuler.
J’ai imaginé cette vie-là.
je ne vois pas pourquoi je devrais être le seul à mal dormir la nuit,
je vais au travail pour bien faire mon travail et ça me semble déjà beaucoup.
J’ai repris le début de Miami = Paradis. J’ai l’impression que chaque livre est teinté d’une émotion contre laquelle je ne peux pas vraiment me battre.
Rivage c’était la curiosité, Casca l’enthousiasme, et Miami le désespoir.
Je n’avais jamais anticipé cette évolution au début du projet. Elle s’est faite malgré moi, en fonction des épreuves que je traversais. L’issue finale aurait pu être différente, je le sens, mais à l’heure qu’il est je ne peux pas l’écrire autrement.
J’aurai proposé des trajectoires.
C’est déjà bien.
Pour faire le clair sur mon imaginaire des petites communes, j’ai discuté un peu avec ma grand-mère de sa vie à Matignon quand ils y ont construit leur maison avec mon grand-père. Elle m’a dit que c’était en 1972.
De ce que j’en ai compris, la semaine était surtout occupée à travailler dans une coopérative agricole à La Bouillie, de faire quelques courses juste après dans le petit supermarché et à la boucherie, puis de rentrer. Ils n’avaient pas encore l’habitude de faire les courses une fois pour toute la semaine.
Elle m’a dit qu’il n’y avait pas non plus tellement l’habitude d’aller au bar avec des amis, et que c’était pour ainsi dire une activité réservée aux hommes.
Le weekend, elle restait à la maison, ou ils sortaient parfois en famille avec mon père et ma tante. J’ai compris qu’avant que les enfants naissent ils pouvaient aller au bal ou au cinéma, mais ensuite ils ont arrêté.
En fait j’avais l’impression qu’il n’y avait malheureusement pas grand-chose d’autre que le travail, l’éducation et l’entretien de la maison. La vie a recommencé à la retraite.
Le modèle pavillonnaire existe depuis si longtemps. Plus les années passent et plus il existe. Je suis aussi le produit de toute cette mémoire-là, à laquelle il est parfois difficile de résister.
Je rêve de ce genre d’activités en France, même si c’est 375 $ les 4 heures…
Comme j’aimerais partir de Rennes, en ce moment je regarde les communes vers chez ma grand-mère, je fais des tours en voiture, je rôde, j’observe, et c’est vrai que c’est difficile de ne pas trouver ces espaces moroses.
Les lieux publics sont désertés et le désir concentré dans les intérieurs privés.
Toutes les activités et sociabilités sont portées vers l’été donc c’est comme si le reste du temps était abandonné.
Il y a tellement d’espace, mais tout cet espace est vide. Il y a tellement de gens absents. Il y a tellement à réparer. Je sais que c’est un regard facile que je porte, mais il vaut mieux commencer par ce qui est facile.
History, decks and strategies for formats from 1999 to 2016, written by 3-time World Champion Jason Klaczynski
Un site incroyable sur toutes les stratégies du TCG Pokémon depuis 1999, avec des screens des cartes, des jeux et des magazines de l’époque.
Automatisez toute la production
Tout le pouvoir au travail vivant
Tout le labeur au travail mort – A/traverso
I’ve noticed my own mother becoming more radical about food. We don’t have much contact for a truckload of reasons, but I notice it when we do have it. And it’s all the typical stuff you’d expect someone almost 60 to be like when they use Instagram, TikTok and Facebook.
La nourriture est un des trucs les plus irrationnels dans mon entourage, sur plusieurs générations. La seule chose qui ne vient jamais en tête : demander de l’aide à quelqu’un dont c’est le métier. Une croyance en remplace une autre.
I’m Afraid to Die, so I Made a Website
If you put a part of yourself out there, with a little bit of luck, you could live on forever.
Des fois je retourne dans des JouéClub, pour l’ambiance. C’est toujours un peu glauque, parce que quand j’étais enfant je ne voyais que les jouets, et maintenant je vois tout ce qu’il y a autour des jouets. Il m’arrive d’acheter encore là-bas, des Lego, des figurines, des peluches à offrir.
Je fais la même chose à Super U, à Leclerc, à Intersport, à Micromania et à la Fnac.
J’y vais pour me souvenir que j’étais heureux d’y aller, et que cette joie était sans doute un soulagement vu le peu de joie que je ressentais par ailleurs.
Prendre une photo de soi dans un miroir public.
La plupart des personnes que je pensais plus pauvres que moi sont en fait plus riches. Elles disent : c’est la galère, mais elles sont propriétaires.
Moi je dis jamais que c’est la galère, mais peut-être qu’en fait je peux.
Quelles sont les limites véritables ? C’est ça, la grande question. Quelles sont les nécessités véritables, qui imposent des limites à la liberté humaine ? Vous ne trouverez pas de plus grande question que celle-ci de nos jours. Je vous le promets. – Mark Fisher, Désirs postcapitalistes (trad. L. Morelle et J. Guazzini).
Le capital, toujours, doit — pour en revenir à Marcuse — doit empêcher que les gens ne prennent conscience du fait qu’ils pourraient vivre autrement et avoir un contrôle plus grand sur leur existence. Cela, il doit l’empêcher. Il faut qu’il le fasse, et il faut qu’il continue à le faire.
Je n’ai pas joué au 1, mais toutes les images que je vois de Death Stranding 2 me donnent envie de passer 60 heures dessus.
Encore faudrait-il que j’ai une PS5.
J’aime tous les albums ringards de ma génération. Tous les groupes un peu cheap qui passaient à la radio pour un ou deux singles, puis sont tombés dans un oubli relatif.
Je crois qu’ils m’ont été d’un très grand secours à certains moments de ma vie où je ne voulais pas parler.
En poésie on y est : les mêmes noms sont publiés partout, se retrouvent partout, sont invités partout, le cercle se ferme, il fallait intégrer la ronde avant. Le renouveau a duré le temps que les habitués se reconnaissent.
Bonne nouvelle : on peut aussi jouer à l’extérieur, mais ce ne sont pas les mêmes règles (il n’y a pas de règles).
Between concrete and code – By Jovana Mikicic
Mista passe les portes des urgences avec Pluton dans les bras.
Il dit : j’ai besoin d’aide.
Il y a déjà plein de personnes malades qui attendent assises contre le mur ou allongées sur des brancards. Certaines ont des couleurs qui ne sont pas bon signe.
Jaune est une couleur qui n’est pas bon signe.
Des médecins passent d’une pièce à l’autre en marchant. Mista en bloque un pour qu’il regarde Pluton. Il lui dit : mon chien va mal, il faut vraiment le soigner.
Le médecin regarde Pluton et tout le sang qu’il y a sur son ventre et sur le tee-shirt de Mista.
Il dit : il est déjà mort.
Vous devez le soigner, dit Mista.
Ouais, dit le médecin, mais vous comprenez quand je dis qu’il est mort ? Je comprends, dit Mista, mais vous devez faire quelque chose.
Il tend les bras pour forcer le médecin à prendre Pluton. Maintenant il y a plein de sang sur sa blouse aussi.
Le médecin est un peu saoulé à cause des normes d’hygiène. Il dit : je vais pas le ressusciter.
Si, dit Mista.
Il dit : c’est exactement ce que vous allez faire.
Je pense souvent à la course poursuite en voitures électriques dans Too Old to Die Young. Je me dis que c’est une scène dont la grammaire ne peut être que cinématographique. C’est du pur cinéma.
On accorde beaucoup d’importance à des livres qui n’en méritent pas beaucoup.
J’ai commandé Désirs postcapitalistes à la bibliothèque, il a mis 15 jours pour arriver, puis autant pour être mis en rayon, et le jour-même il a été emprunté par une personne et réservé par trois autres. Mon prochain créneau pour le réserver est début juin.
Il faut vraiment être patient et altruiste (je ne suis ni l’un ni l’autre).
Il y a tellement de métiers. J’ai vu une offre pour être vendeur en boulangerie à Fréhel et j’ai pensé : en vrai pourquoi pas.
J’ai vraiment envie de quitter la ville.
J’ai vraiment envie de trouver la solution.
On peut attendre toute sa vie sa vie.
How personal should a personal site be?
Maybe there’s value in being vulnerable on the web sometimes.
This blog is a place to get things out of my head. I write for myself. Putting it on display provides just enough social pressure to give it that much more care. But it’d be fine if it was read by no one.
Une semaine et demi sans sport, déjà l’impression d’être incapable.
Cette obsession capitaliste de toujours vouloir avoir accès à ses documents, mails, notes, depuis partout, sur chaque appareil. Résiliez vos abonnements à des services cloud, achetez une clé USB, puis perdez-la.
Substack c’est le nouveau truc dont plus personne ne peut se passer avant de finir par devoir s’en passer parce qu’on aura enfin percuté que les fachos aussi s’en servent ?
On vient de sortir son pied droit du piège à loup pour mettre avec plaisir le gauche dans l’autre qui attend un mètre plus loin.
Substack est aussi un réseau social, avec son algorithme, son système de statistiques et de commentaires. Rien n’a changé, car rien ne change. Vous postiez des photos, maintenant vous écrivez une newsletter.
Mista est en train de bricoler dans sa chambre quand il entend Casca crier depuis le rez-de-chaussée.
Comme la voix de Casca traverse deux étages elle est assez diffuse. C’est la même sensation qu’un spectre qui dirait des prophéties tout bas.
Il pourrait dire : le chaos arrive, ou : le monde est misérable, mais ces phrases auraient l’air d’un sifflement.
Mista descend les deux étages et voit une fumée noire qui s’est répandue sur le sol de la cuisine et du salon. Elle stagne comme les vapeurs d’un marécage.
Mista pense à la friteuse en train de brûler.
Mista, crie Casca.
Cette fois la voix de Casca est très nette parce qu’elle traverse juste la porte du garage.
Mista l’ouvre : la fumée noire se déverse du congélateur comme l’eau d’une baignoire qui déborde. Tout le sol est recouvert jusqu’aux genoux.
Mista dit : il y a un truc qui pourrit ? Rien ne pourrit à -18, dit Casca. C’est vrai, pense Mista.
Il se décide à ouvrir la porte du congélateur.
Une puanteur de cadavre s’en dégage, parce qu’il y a bien un truc qui pourrit.
Casca quitte le garage en courant.
Merde, dit Mista.
C’est le corps du roi.
Doge : l’efficacité, vraiment ?
L’essentiel n’est pas ce que ces outils vont ou peuvent produire, mais en réalité, l’important, c’est la fiction qu’ils déroulent.
À la rentrée j’avais envie de m’inscrire en Master Ergonomie, Psychologie des Facteurs Humains parce que c’est un domaine que j’ai découvert à force de travailler et qui m’intéresse.
Le problème c’est que je n’ai aucune formation en Psychologie et que je ne me vois pas commencer une Licence à 34 ans.
J’ai pu discuter au téléphone avec une responsable pédagogique pour savoir si j’avais des chances d’être reçu en Master grâce à mon expérience professionnelle, mais elle m’a fait comprendre qu’il n’y avait presque aucune chance.
J’ai bien senti que si elle parlait comme moi elle aurait dit que j’avais peut-être 1 % de chance maximum. Peut-être même moins, peut-être 0,7 %.
J’étais un peu déprimé et puis en même temps je comprenais bien que je demandais une sorte de passe-droit exceptionnel à partir de pas grand-chose.
J’ai arrêté très vite mes études pour travailler et depuis j’ai toujours eu la chance de trouver un emploi qui ne tienne pas compte de mes diplômes.
Il fallait bien qu’un jour cette lacune me rattrape.
La responsable pédagogique m’a dit de postuler quand même et c’est ce que je vais faire.
0,7 % c’est encore quelque chose.
Quand l’insomnie me réveille, je ne sais jamais si je dois commencer ma journée comme d’habitude, ou accomplir un rituel qui viendrait soulager le manque de sommeil, ou tenter de me rendormir, forçant à tout prix mon corps à croire qu’il se sent assez bien.
Je ne sais jamais si je dois tout de suite aller sur l’ordi, ou faire semblant d’avoir autre chose à faire.
J’aperçois une femme courir, sans doute en pleine miracle morning.
Là où je travaille je vois plus de gens courir que marcher. L’idée que le miracle du matin puisse s’étendre à l’après-midi, puis au soir, à la nuit.
Le rêve d’une vie miraculeuse.
Je fixais le plafond et je pensais aux étés passés à l’abattoir, le premier aux têtes, déversées par chariots entiers sur le tapis roulant, que je prenais par une oreille pour mieux trancher l’autre, puis le suivant se chargeait des joues, encore après de la langue, et à la fin de la ligne il ne restait plus qu’un peu de chair à décortiquer sur la carcasse.
On envoyait les oreilles dans des colis jusqu’en Chine, où ils les adoraient.
J’en ai déjà parlé ici, mais cette fois je me suis senti malade et nauséeux parce que j’étais enfin réveillé.
Je rêve d’un internet d’abord de contenus plutôt que de formes. C’est parce que tout le monde produit le même contenu que chacun se contente de la même forme que son voisin.
C’est aussi parce que tout le monde écrit les mêmes histoires que chacun aime autant que son livre ressemble à celui du voisin. La littérature est un travail de singularité, le livre un espace de conformisme.
Si un espace personnel est tellement important, c’est qu’il permet de montrer et valoriser des choses qui n’auraient leur place nulle part ailleurs.
Il faut travailler à ne pas faire comme les autres. Et alors peu à peu une maison apparaît.
Rien de pire que l’annonce du changement suivie d’aucun changement. Le changement ne se décrète pas, il advient. Autrement dit : n’annonce pas que tu vas changer, change.
Navi n’annonce jamais à Link qu’elle va le réveiller, elle le réveille. C’est à partir de là que son aventure peut commencer.
Je m’endors angoissé, puis l’angoisse me rattrape. Elle me rattrape même quand je m’endors serein.
Il vaut mieux avoir des loisirs si on ne veut pas tout le temps parler du travail.
On pouvait faire ce qu’on voulait avec internet, et on a rien fait du tout. On pouvait tout imaginer, et on a rien imaginé. D’autres ont fait et imaginé pour nous.
C’est comme l’espace libre dans la rue : si personne ne l’utilise, il se transforme en place de parking.
Il devient nécessaire d’enlever les voitures, et de les empêcher de revenir.
La plupart des jours je trouve ma vie insatisfaisante, mais sans réussir à débloquer ce qui pourrait la rendre satisfaisante.
Je me demande s’il y a un ordre pour devenir heureux. Il faudrait vraiment un mode d’emploi pour tout.
Check Out These Pictures Of Late ’90s And Early 2000s Gamers “Hanging Out And Goofing Off In Person”
J’ai créé un nouveau deck Commander : Armix, Filigree Trasher & Ich-Tekik, Salvage Splicer
Je voulais un deck avec une majorité d’artefacts et de créatures-artefacts, juste parce que j’aime bien leur vibe et le marron des cartes old frame.
Par exemple ma carte préférée c’est Ange de platine.
J’ai d’abord cherché un commandant avec cette contrainte, mais je n’ai rien trouvé qui m’intéressait vraiment.
Et puis j’ai pensé que je voulais aussi un deck Golgari parce que c’est une bicolorité que je n’ai pas encore. C’est comme ça que je suis tombé sur Armix, et comme il a Partner, j’ai cherché un commandant qui pouvait le compléter : Ich-Tekik.
Il y a plusieurs mécaniques inédites par rapport à mes autres decks : la récursion, la tribalité Golem, le sacrifice. C’est une V1 avec sans doute encore pas mal de choses à ajuster, mais il est fonctionnel et cohérent.
Pour le pimp j’essaie d’avoir un maximum de cartes de ce deck en old frame. J’aime bien le mélange du noir, du vert et du marron.
Je découvre d’ailleurs la MTG Old Frame, dont les membres ne peuvent jouer que des cartes old frame.
C’est un délire de riches que je comprends.
J’ai lu une grosse centaine de pages de La Grande Conspiration Affective, que j’ai trouvé par moment écrit un peu comme un cartel d’exposition ou un dossier de candidature.
Il y a des phrases de ce genre : la question écologique portait peut-être en son centre la solution à cette atrophie de la foi devenue maladie de l’âme, ou : l’aspect vengeur de mon sentiment de perte et le potentiel guérisseur de mon écologie vengeresse, ou : un véritable contresort capable de mettre un terme au monde phallique et autoritairement actif.
En gros il y a beaucoup trop d’adjectifs, d’adverbes et de périphrases, ce que je reproche aussi à la plupart des dossiers que je reçois.
Par moment il y a des phrases comme : C’est un chemin ardu, sans doute, mais il mène aux étoiles, mais elles sont malheureusement beaucoup plus rares.
Par rapport au sous-titre, je dirais que c’est un livre à 99 % théorique et à 1 % thriller. Donc à lire plutôt si vous aimez la théorie, et pas vraiment les thrillers.
Windows XP c’était quand même un sacré truc.
Quand je veux m’empêcher de pleurer j’appuie très fort sur mes yeux avec les paumes de mes mains.
C’est vraiment efficace sinon je ne le conseillerais pas.
D’ailleurs les autres savent très bien vous appuyer sur la bouche pour vous empêcher de parler.
Je pense aux personnes qui ne connaissent mon travail que par ce site, ou que par mes livres, ou par les deux, ou par aucun des deux.
This page is under construction
I see the personal website as being an antidote to the corporate, centralised web. Yeah, sure, it’s probably hosted on someone else’s computer – but it’s a piece of the web that belongs to you. If your host goes down, you can just move it somewhere else, because it’s just HTML.
Cliquez sur tous les liens en bas de l’article, et vous verrez à quoi pourrait ressembler le web qu’on mérite, comparé à celui qu’on subit.
Every site needs a Links Page / Why linking matter
Linking to other sites is an act of rebellion; but its also an act of meditation, and of ego death - linking to the work of others is a way of celebrating their achievements and by doing so, gaining dignity for yourself and your work. You deserve to be part of the web, not its final destination; and there is respect in knowing that.
Dès que je découvre le journal de quelqu’un j’ai envie de lui écrire : je suis comme toi.
Mais je suppose que si on m’écrivait la même chose je répondrais : tu ne me connais pas.
J’ai arrêté de toucher les autres parce que je ne m’en sentais plus digne. Je suis désolé de devoir faire la bise parce que je ne veux embrasser personne. Je préfère m’en tenir à une distance respectueuse qui veut dire : d’ici, je ne pourrai pas te faire de mal.
J’aurais aimé avoir cette sagesse plus jeune.
Je rêve souvent d’être accusé pendant un procès et même après m’être défendu de la meilleure des manières je souhaite qu’on me condamne.
J’en rêve, mais je n’y crois pas.
Je fais surtout des cauchemars parce que ma vie en est un.
C’est parce que personne ne s’en rend compte que c’en est un vrai.
First conversations
are ideal. You can
be anyone
for a few hours. – Tommy Pico, IRL.
Safia Sofi vient d’enfiler son manteau quand Daisuke lui demande : tu pars déjà ? Elle allume son téléphone et voit qu’il est presque cinq heures du matin.
Elle dit : il est presque cinq heures.
Daisuke dit : on est même pas allés dans la piscine.
Safia Sofi regarde derrière la baie-vitrée et voit des invités nus ou en caleçon qui sautent dans l’eau.
L’un d’entre eux fait une bombe.
Tu m’avais dit que c’était une soirée tous les deux, dit Safia Sofi. Ouais je sais, dit Daisuke, mais après je me suis dit que ça serait plus cool si c’était une vraie fête.
Plus cool pour qui ? demande Safia Sofi.
Je sais pas, dit Daisuke. C’était juste une idée. Safia Sofi dit : je ne connaissais personne. Ouais, dit Daisuke. Il regarde autour de lui et reconnaît une fille en train de danser au bord de la piscine. Il dit : t’avais pas déjà parlé à Hailey ?
Je ne vois pas de qui tu parles, dit Safia Sofi. La fille qui m’a ouvert m’a même dit que t’avais pitié de moi.
Et Taylor ? dit Daisuke. Elle est en cours avec nous, son mec fait du basket.
J’y vais, dit Safia Sofi.
Elle sort sans écouter ce que Daisuke lui dit d’autre et retrouve les rues calmes du lotissement.
Au volant d’une Tesla garée le long du trottoir elle reconnaît Sam en train de manger un sandwich triangle. Il baisse sa vitre à son passage et lui dit : elle était stylée cette soirée.
Safia Sofi continue sa route sans lui répondre.
Elle pense : vieux gars.
le silence le caillou la forêt
ce soir, je viens de découvrir que je peux aussi ressentir de la joie si je suis suffisamment triste pour cela.
Mon kiné est un type très rassurant. Quand il a commencé à m’accompagner il y a un an et demi, il m’a dit qu’il y aurait peut-être des douleurs qu’il ne pourrait pas régler.
Il se trouve que depuis il règle chacune de mes douleurs.
Quand je fais un exercice et que mon corps craque bizarrement, il me dit qu’il n’y a pas à m’inquiéter et je le crois. Il me dit : c’est les articulations.
Dès que j’ai mal il me dit d’arrêter parce que le but ce n’est pas d’avoir mal.
Quand un exercice ne marche pas ce n’est jamais de ma faute. Il trouve autre chose.
C’est un type très persévérant et en même temps très juste.
Je ne peux pas lister tout le mal qu’il m’a aidé à évacuer. Je ne peux pas lister tout ce que mon corps avait accumulé au fil du temps. J’avais tellement de misère en moi, tellement de tristesse.
C’est rassurant de savoir qu’il existe des personnes que l’on ne connaît pas mais qui peuvent nous aider pour de vrai.
Mon kiné est ce genre de personne.
Si j’étais tellement heureux enfant, pourquoi je suis le seul à ne pas m’en souvenir ? Et pourquoi tout mon corps a la mémoire du contraire ?
Est-ce qu’on m’aurait menti ?
The experienced gardener knows when to let nature work.
Web 2.0 failed. True online sharing died a long time ago. So start taking.
Il y avait un trou ici. Il a disparu.
C’est plus difficile de progresser quand on ne s’entraîne pas.
Il va falloir finir par lâcher prise.
Je m’endors assis et me réveille une heure plus tard.
Depuis combien de temps je n’ai pas vu le lecteur mp3 intégré dans mon navigateur. Avant il était quasiment partout. Je me souviens qu’il était blanc, avec un bouton play vert et un bouton pause orange. C’était bien plus fancy que celui d’aujourd’hui, noir et triste.
Yo La Tengo - Nothing But You And Me
Il y a 15 ans je faisais presque toute ma culture musicale en téléchargeant les mp3 que je trouvais sur les sites des personnes que je suivais.
Vous pouvez faire pareil ici en faisant un clic-droit sur le lecteur et en choisissant Enregistrer le fichier audio sous…
Je reviens aux basiques.
Je crois que c’est surtout YouTube qui a tué cette pratique parce que maintenant on s’est habitué à envoyer des liens vers des vidéos. C’était peut-être aussi un peu illégal, je ne sais plus.
On aimerait partager sans retenue mais une chanson pèse bien plus lourd qu’une image, qui pèse bien plus lourd que du texte, mais qui ensemble pèsent bien moins qu’une vidéo.
S’affranchir des grosses plateformes d’hébergement c’est aussi faire des choix.
Il n’y aura pas de chansons ici aussi souvent que du texte.
Mais de toute façon vous ne venez pas pour les chansons, n’est-ce pas ?
Mora ne voulait pas d’amis, mais elle n’avait rien contre avoir quelqu’un pour couvrir ses arrières.
Right now I feel like there is this experience of living, and I am not in it.
I think I miss this childhood thing of perceiving the public as a place to be and not just to pass through from point A to point B on the fastest way possible
Safia Sofi est assise dans un canapé en train d’écouter un type beaucoup plus âgé que tous les autres invités parler d’une fois où il aurait réussi à maîtriser la mâchoire d’un requin avec la force d’un seul biceps.
Elle se rend compte qu’à part elle il n’y a que des étudiants torse nu qui écoutent ce type. Ils l’écoutent comme les enfants de Père Castor écoutent Père Castor.
C’est-à-dire qu’ils sont assis en tailleur sur le sol et font des commentaires conclusifs pour s’assurer d’avoir tout bien compris.
Il y a une morale à chaque histoire.
Safia Sofi pense que ce type doit avoir presque 50 ans parce qu’il parle avec plein d’expressions qu’il imagine que les étudiants utilisent.
Des expressions comme pas vrai la team ou slay. Tout le monde rigole quand il les utilise, et lui aussi rigole, mais pas pour les mêmes raisons.
Safia Sofi aperçoit Daisuke qui descend un escalier au fond et s’approche du groupe.
Daisuke voit Safia Sofi assise dans le canapé.
Les deux se regardent avec méfiance.
L’attention de Daisuke est détournée quand un étudiant lui demande qui est ce type. Il dit : il est vraiment bon délire.
C’est Sam, dit Daisuke. Un ami de mes parents.
Ça va Sam ? lui demande Daisuke. Tu profites bien de la soirée ? Ça va, dit Sam, comme tu vois. Il lève un verre en plastique en direction de Daisuke.
Barre-toi de chez moi, dit Daisuke.
Cool, dit Sam, je dérange personne tu vois. Les autres étudiants protestent aussi parce qu’ils commencent à s’attacher à ce type étrange et à ses histoires.
Daisuke dit : tu me déranges moi.
Safia Sofi voit dans le regard de Daisuke une forme de violence sordide.
Sam pose son verre sur la table basse. Il dit : désolé les gars, le patron a parlé. Il se lève et reboutonne sa veste.
Il pose une main sur l’épaule de Daisuke quand il le croise pour partir. Il lui dit : profite bien de tes amis. On se reverra.
La porte d’entrée claque et la soirée continue comme avant.
J’ai encore assez de force pour écrire un vrai bon livre, j’espère. Encore un peu de talent, je crois.
Safia Sofi sonne un peu en retard chez Daisuke avec des chips et du Sprite. Daisuke ne lui avait rien dit d’amener mais elle se sent toujours mal d’arriver les mains vides.
Elle entend du bruit à l’intérieur.
Une fille de sa promo dont elle a oublié le nom lui ouvre avec un verre en plastique dans la main et dit : salut Safia.
Safia Sofi déteste qu’on l’appelle juste Safia.
Elle dit : salut. Daisuke est là ? Ouais, dit la fille, mais je sais pas où.
Safia Sofi la suit jusque dans la cuisine et remarque des groupes de gens de l’université en train de parler dans chaque pièce. Des fois ils parlent avec un verre en plastique dans la main, et des fois une bouteille en verre. Il y a des filles en maillot de bain et des gars torse-nu.
La plupart des maillots de bain ont un motif de drapeau de pays.
Safia Sofi pense qu’elle n’a pas bien compris ce que Daisuke voulait dire quand il lui a proposé un truc tous les deux.
La fille lui demande si elle veut un truc à boire et Safia Sofi lui répond qu’elle a déjà ce qu’il faut en montrant sa bouteille de Sprite. La fille dit : c’est trop mignon que t’aies amené du Sprite.
Elle dit : t’es un peu spéciale non ?
Safia Sofi ne sait pas si c’est une vraie question.
Selena Gomez chante avec Gracie Abrams qu’il faut les appeler si jamais on se sépare.
Pourquoi t’es venue ? demande la fille. Daisuke m’a invitée, dit Safia Sofi. Daisuke ne veut plus te voir, dit la fille.
Elle dit : il a juste pitié de toi.
Elle quitte la cuisine vraiment énervée.
Safia Sofi se retrouve seule.
Elle ouvre son paquet de chips.
En ce moment je vois pas mal de personnes déplacer leurs données, notamment les mails, loin des entreprises propriétaires (= Gmail) vers d’autres plus vertueuses (= Protonmail).
Je trouve que le mail est un bon point d’entrée pour commencer à sortir des grosses infrastructures.
C’est plutôt facile à configurer et avec des interfaces accessibles en ligne comme Roundcube si on ne veut vraiment pas utiliser de logiciel de messagerie.
Je ne comprends toujours pas pourquoi on ne voudrait pas utiliser de logiciel de messagerie.
Moi par exemple je suis hébergé chez lautre.net, une association qui paie des serveurs indépendants dans un datacenter vers Paris grâce aux cotisations. C’est 23€ par an. En plus des mails il y a la plupart des autres services dont on a besoin en général, comme un espace d’hébergement pour ce site.
Donc oui des fois il y a des bugs temporaires, mon site n’est pas accessible, les emails pas envoyés ou pas reçus, et même si je rage sur le moment je me souviens aussi qu’il y a une matérialité derrière et des personnes pour s’en occuper.
Parce que moi aussi je travaille dans une association donc je visualise très bien c’est quoi le délire.
Comme vous avez votre asso de sport, ou culturelle, vous avez votre asso d’hébergement. Il y en a forcément au moins une dans votre région, et sinon dans la région voisine. C’est une façon de rendre ce domaine concret et de se rappeler qu’il y a des gens qui bossent autour de nous.
Quitte à bouger je me dis autant bouger dans ce sens.
La prochaine fois j’écrirai sur l’énigme des gens qui utilisent Wordpress juste pour publier du texte.
you might just have to be bored
people are hungry for content that contains the secret to not consuming content.
Si je personnalise autant mes logiciels c’est pour éviter de penser au fait que je n’ai rien à faire ni personne à voir. J’ai beaucoup de temps libre, mais plus beaucoup d’idées.
Je suis en train de relire Les éclats et j’ai remarqué que c’était un livre avec plein de phrases floues qui à la fin produisent un paragraphe cohérent. Chaque phrase prise seule est anodine, mais mises bout à bout elles mènent vers une forme de précision.
Moi je travaille un peu à l’inverse, à savoir qu’une phrase se doit d’être la plus précise possible. J’imagine mal écrire une phrase qui pourrait être enlevée, ou qui ne trouverait son sens que dans un ensemble plus grand.
J’essaie de faire en sorte de chacun de mes livres puisse s’en tenir à une phrase, qu’elle soit Ouais, dit Trish., ou Il n’y a pas d’espace à 100 % imperméable.
Chacune de ces phrases résume parfaitement ce que j’essaie de faire.
Je vois en permanence tout ce que j’écris.
Je n’imagine pas travailler autrement.
Les gens détestent qu’on vienne leur demander des comptes et qu’on les confronte sur des sujets qui les mettent en difficulté.
Tout le monde a honte de mal agir et que les autres le disent. Moi il y a plein de choses dont j’ai honte mais je préfère en parler que de les cacher sous le tapis.
Je n’ai pas la prétention de croire que tous mes choix sont les bons.
J’ai aussi fini par comprendre que plus je me taisais et plus je faisais du mal autour de moi. Il n’y a qu’en parlant qu’on peut être aidé.
J’enlève tellement de livres de ma bibliothèque que je ne me souviens même plus pourquoi je les ai achetés au départ.
D’ailleurs il me reste 4 exemplaires de Casca que je ne peux pas envoyer par La Poste parce qu’ils sont trop gros pour la boîte aux lettres, mais que je peux donner en direct à des personnes qui sont sur Rennes ou alentour.
Si vous en voulez un écrivez-moi, c’est quand même 23€ d’économisés.
J’ai toujours l’exemplaire dédicacé pour Guillaume que je dois déposer chez sa mère.
Je pense à la fois où Anti m’a prévenu avoir trouvé un exemplaire numéroté de Saccage chez un bouquiniste place St Anne. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui vivent à Rennes à qui j’ai donné un exemplaire numéroté de ce livre.
Leurs noms sont dans mon Death Note.
Tout à l’heure j’ai découvert que Lucie avait mis à jour son site et j’ai tout lu d’un coup.
Depuis qu’elle est partie je crois que je suis triste tous les jours que je vais au travail.
Ce ne sont pas forcément des choses auxquelles on pense quand on commence un travail, mais quand elles ne sont plus là on se rend compte que c’étaient les choses les plus importantes et qu’on avait de la motivation grâce à elles.
Maintenant je vois bien que je n’ai plus vraiment de motivation.
C’est aussi une des raisons de mon départ.
J’ai l’impression de toujours me lancer dans des projets pour le contenu, puis de rester pour les personnes. À la fin je ne pense plus du tout au contenu. À la fin je pense juste à toutes les personnes autour de moi.
J’ai passé toute mon enfance à jouer seul et je crois que ça ne m’intéresse plus.
Maintenant il faut commencer ce lundi.
Je me suis réveillé d’une sieste dans une pièce grise et froide. Dehors, il n’y avait plus de soleil. C’était le 21ème siècle.
J’écris pas toujours des trucs de dingue, mais au moins j’écris.
C’est vrai que j’ai remarqué que la plupart des téléphones des personnes avec qui je suis sonnent tout le temps pour rien.
Il y a quelques semaines j’ai décidé de désinstaller Magic Arena parce que j’ai réalisé que ce n’était pas comme ça que je voulais jouer à Magic.
C’est bête mais j’aime Magic parce que les cartes ont une matérialité avec laquelle je peux interagir. Le flux d’une partie est aussi beaucoup plus nuancé, heurté, au contraire d’une partie sur MtG Arena où tout est automatisé.
J’aime qu’il y ait des erreurs de jeu, faire défiler les cartes, toucher les sleeves, les glisser sur le tapis. J’aime piocher. J’aime quand quelqu’un pose une carte et qu’il y a comme un petit claquement. J’aime quand quelqu’un explique une carte avec des dizaines de mots parasites qui empêchent de comprendre clairement ce qu’elle fait.
MtG Arena me rendait impatient, distant, et je voulais que la partie aille vite parce que je suis impatient et qu’il n’y avait rien pour freiner cette impatience.
Je veux prendre le temps de profiter. J’ai oublié comment profiter. J’ai oublié tellement de choses, et tellement de gens.
Je veux mesurer le temps qui passe à la pile de cartes dans mon cimetière.
What we’re doing here is what I honestly think the Internet is made for.
C’est un des posts les plus émouvants que j’ai pu lire ces derniers temps.
Après avoir lu le chapitre sur les hauts fonctionnaires dans la La haine des fonctionnaires, j’ai pensé que leur présence au bureau de 7h à 23h témoignait d’un dysfonctionnement profond.
Je dirais que travailler autant en permanence est le symptôme d’un système malsain ou d’une incompétence évidente.
Il n’y a pas chaque jour des événements inédits face auxquels s’adapter. Le travail est fait de récurrences, et des outils conçus au fil du temps répondent à ces récurrences. C’est en général ce qu’on appelle la méthodologie.
Une bonne méthodologie permet de gagner du temps. Ce temps gagné offre du temps libre pour paresser, ou pour faire autre chose.
Un travail à flux tendu chaque jour est l’expression d’un chaos alimenté par le manque de méthodologie, ou par leur remise en cause permanente.
C’est le signe clair qu’il est urgent de tout revoir.
Alors pour que les gouvernements qui se succèdent depuis plus de 50 ans soient toujours alimentés par les mêmes problématiques de surcharge de travail, c’est qu’ils ne savent pas travailler. Ils ne savent pas identifier les problèmes, construire les outils pour les résoudre, puis les mobiliser pour avancer sans avoir à se demander comment avancer.
Ou alors, comme dans beaucoup de métiers à des postes haut placé, ils sont occupés à créer de nouveaux problèmes et à détruire les outils pour justifier leur présence.
Ce qui me terrifie, c’est qu’on en soit toujours à un tel point d’amateurisme.
On est censé savoir comment faire. On l’a sans doute déjà fait des milliers de fois.
Pourquoi est-ce qu’on vit en permanence avec l’impression que tout vient toujours d’être découvert pour la première fois.
Qui sabote la ligne ?
Quel intérêt trouvent-ils à la saboter ?
Qui peut les arrêter ?
Il y a des angoisses qui ne passent jamais.
I was not weird, I was right.
widening the spectrum of future possibilities
we have to develop empathy for our future selves.
Quand quelqu’un klaxonne dans la rue, je regarde toujours par la fenêtre, mais je ne vois jamais rien.
Cette édition pose les bases des frères Urza et Mishra. Ces derniers découvrirent lors de fouilles archéologiques destinées à parfaire leurs connaissances de l’ancien peuple Thran deux pierres de puissance (Mightstone et Weakstone). Ces pierres avaient le pouvoir d’ouvrir un portail vers le plan infernal de Phyrexia.
La barrière de la langue est une vraie limite pour développer la circulation entre les sites et les blogs. Je lis beaucoup d’anglophones, mais aucun ne lit le français. C’est une dynamique à sens unique.
Quand je marche dans la rue le soir, je regarde à l’intérieur des maisons, et j’imagine que toute cette vie est à moi.
L’homme pressé marche encore plus vite après qu’on lui a demandé s’il l’était.
Ce que vim change à l’écriture, c’est qu’on ne réfléchit plus avec ce que l’on voit, mais avec ce que l’on touche.
Adolescente, j’ai vécu quelques réveillons très désagréables. Je ne raffole pas de ce genre de festivité. – Pei-hsiu Chen, Somnolences (trad. I. Gros).
Safia Sofi reçoit un sms de Daisuke. Il a écrit : tu veux passer chez moi ce soir ? Safia Sofi écrit : tu fais une soirée ?
Daisuke ne répond pas tout de suite.
Safia Sofi est en train d’acheter des médicaments pour Gon. Il y a trois autres personnes devant elle dans la queue du guichet et chacune fait un truc différent pour s’occuper.
Chacune fait un truc pour oublier qu’elle est là.
La plupart de ces trucs impliquent un téléphone.
Safia Sofi regarde la vidéo 100 Jumeaux Identiques Se Battent pour 250 000$. Le contenu de la vidéo est fidèle à 98 % au titre parce qu’ils ne se battent pas réellement, ils s’affrontent plutôt dans différentes épreuves intellectuelles et physiques.
Safia Sofi pense à 50 personnes qui se battent à mort contre un double qu’elles aiment, puis contre 49 personnes qui ne leur ressemblent pas et qu’elles ne connaissent pas.
Elle se demande si c’est plus facile de tuer une personne qu’on aime ou 49 qu’on ne connaît pas.
Elle n’arrive pas à dire si la somme obtenue à la fin pèse vraiment dans la balance.
Une notification lui montre la réponse de Daisuke. Il a écrit : je pensais plus à truc tous les deux.
C’est aussi le moment où le pharmacien lui demande ce qu’il peut faire pour elle.
I think the only thing real life third spaces and blogs have in common is fulfilling the urge to sit in the presence of other people while not having to talk yourself; lurking, essentially.
Ce que j’avais résumé une fois en public par : j’aime bien qu’on me lise, mais pas qu’on m’en parle.
Cette librairie rennaise qui ouvre un rayon nommé Le Squat dédié à la culture punk mais ne s’était pas privée il y a quelques années de dénoncer publiquement les personnes qui volaient leurs livres et les empêchaient notamment de se verser des primes.
Pas besoin d’aller chercher très loin pour être témoin d’appropriation.
Pidi a hyper mal commencé l’année parce qu’elle a rayé une jante de l’Audi de Valouzz en récupérant ses courses au drive après avoir déposé son aîné à la crèche.
Elle est en panique totale parce que les jantes de Valouzz sont super belles, en mode carbone et tout. Chaque jante a coûté entre 1000 et 1200€.
Pidi pense quand même aux personnes qui n’ont pas de toit sur leur tête pour relativiser l’événement.
Après avoir regardé l’éraflure Valouzz dit : en vrai ça va. Il dit : 300 balles pour ça par contre ça fait vraiment mal. Il pointe du doigt une toute petite trace blanche sur la jante et il dit : 300 balles pour ça.
Deux jours plus tard, Dobby fait remarquer à Valouzz en arrivant à son barbecue que Pidi a rayé une autre jante de la même voiture.
Valouzz regarde la nouvelle trace blanche. Il a une théorie : une fois que t’accroches une jante, t’accroches toutes les jantes.
Il va chercher Pidi et lui montre la nouvelle jante rayée.
Valouzz, Dobby et tous les autres amis invités au barbecue rigolent parce que Pidi ne sait pas conduire.
Pidi ne rigole pas.
Pas loin de chez moi il y a un restaurant de mezzés qui me fait marrer à chaque fois que je passe devant parce qu’il a basé toute sa communication de vitrine sur la haine de l’autre restaurant de mezzés deux numéros plus loin.
Il y a un panneau énorme avec écrit : VRAIE CUISINE LIBANAISE TRADITIONNELLE FAITE MAISON ET SURTOUT RIEN D’AUTRE.
Et il y a un autre panneau plus petit à moitié caché avec écrit : LE PLUS ANCIEN RESTAURANT LIBANAIS DE RENNES DEPUIS PERSONNE 100 % LIBANAIS ICI VOUS MANGEZ UNIQUEMENT LIBANAIS VOUS NE MANGEZ NI SYRIEN NI ITALIEN NI GRECQUE NI EGYPTIEN.
Quand j’y repense, l’autre truc qui m’a gêné dans La mécanique du livre, c’est qu’on n’y voit presque pas les erreurs : quel délai n’a pas été respecté, quelle demande pas comprise, quel compromis pas maintenu, quels outils pas conservés, quelle collaborateurice fâchée, quels délais de paiement pas respectés, etc.
En fait toutes ces choses sur lesquelles on bute forcément et qui amènent à penser qu’on pourrait faire autrement.
it is tough being so fucking sad all the time, i wish i could turn it off.
Le portail se trouve à l’intérieur de nous. Oubliez l’extérieur.
J’ai remis un lien vers mon compte XMPP dans le menu à droite. C’était déjà le cas il y a quelques années mais à peu près personne ne l’avait utilisé pour me contacter.
Comme je pense que c’est une des seules alternatives viables aux services de messagerie instantanée actuels, je persévère.
Je me souviens quand j’avais 12 ans et qu’on était en 2003 et que j’étais au collège, j’étais un des premiers à avoir MSN. Au début tous mes contacts étaient des gens que j’avais rencontrés sur Internet. Et puis à force les gens du collège ont fini par s’y inscrire aussi.
J’avais dit à Anti il y a quelques mois que le plus important si on voulait nous parler, c’était juste que les autres sachent comment nous joindre.
Je me dis que peut-être il suffit que ce soit là pour qu’une personne l’utilise. Puis une deuxième personne, etc. Il faut laisser la porte ouverte. Qui sait qui pourrait entrer.
Trois fois que la batterie de ma voiture se vide depuis le début du mois de janvier parce que je ne l’utilise pas assez. Il n’y a pas de bon usage de la voiture, elle se détériore en permanence. Le nombre de kilomètres n’est pas le seul signe d’usure.
Les gens disent qu’ils n’utilisent pas leur voiture, mais en réalité ils l’utilisent tout le temps, sinon j’entendrais de gens autour de moi se plaindre que leur voiture ne marche pas parce qu’ils ne l’utilisent pas assez.
Les gens se plaignent souvent de leur voiture mais jamais pour cette raison.
Alors j’attends pour appeler l’assurance d’avoir un trajet suffisamment long à faire, ce qui peut prendre plusieurs jours, souvent plus d’une semaine. Je regarde ma voiture sur sa place de parking et je pense : quelle merde.
Dans l’avant-dernier épisode de la saison 7 de Mad Men, Don Draper donne sa voiture à un jeune homme croisé plus tôt dans un motel. Il attend sur un banc au soleil que le bus arrive.
Il y a une image de lui qui sourit.
design philosophy inspo: boomer websites
But I’m getting more interested in keeping a trail, showing a progress, a life work. This life work doesn’t care about engagement, reader time, bait titles, going viral, or what could be overwhelming to the viewer or too much to even digest. It’s just there, a rabbithole to be explored and not everything has to be discovered immediately.
Dans La mécanique du livre il est écrit à un moment qu’il y a une volonté de transparence, pourtant le premier chapitre sur les auteurices ne me semble pas particulièrement transparent.
On y parle beaucoup du travail d’amélioration fait auprès du texte avec l’aide de l’éditeurice, mais on n’y parle pas du tout d’argent. Pour moi, la seule vraie transparence, ce sont les chiffres.
Il n’est jamais dit combien les auteurices sont payées, quel est le montant de leur à-valoir, ni si les règlements sont faits dans les temps. Alors qu’on a la plupart de ces infos dans le chapitre sur la traduction. On ne sait pas non plus combien d’exemplaires sont vendus.
Ce sont les deux choses qui manquent de transparence dans l’édition : les ventes, et les rémunérations.
C’est sans doute qu’il y a des raisons de ne pas en parler.
Il faudrait que la chaîne du livre soutienne la situation des auteurices, leurs problèmes ne pourront se résoudre que toustes ensemble. Même si les choses semblent se dessiner autrement… je trouverais cool que la chaîne du livre se rassemble davantage. - La mécanique du livre.
Je continue mon exploration.
Je parlais la dernière fois des plugins qui ont l’air d’aller de soi pour les utilisateurs de vim, mais en fait je pourrais l’appliquer pour le reste des logiciels.
Si je voulais vraiment parler à une personnes qui débute, je lui dirais déjà que sa distribution ne permet pas de tout faire. Par exemple moi j’utilise Linux Mint, et il n’y a pas le même window manager sur cette distribution que sur Arch Linux. Donc quand on regarde certains tutos sur Youtube avec des fenêtres qui s’ouvrent dans tous les sens, il faut comprendre que notre ordinateur ne va pas se comporter de la même manière.
Maintenant je dirais de commencer par installer un autre terminal. Par exemple j’ai découvert kitty après avoir configuré tout le reste, et j’ai l’impression d’avoir fait le travail à l’envers.
Ensuite je dirais d’apprendre à utiliser les bases de kitty : les onglets, les fenêtres, naviguer de l’une à l’autre. On peut à peu près tout faire depuis kitty, et on peut le configurer assez simplement.
Ensuite je dirais d’installer un éditeur de texte. Moi j’utilise neovim, mais ça peut être autre chose. L’éditeur permettra de modifier tous les documents texte, qu’ils soient créatifs ou utilitaires.
Ensuite je dirais d’installer les plugins de vim qui facilitent son usage : l’arborescence avec NERDTree ou un équivalent, et l’explorateur de fichiers avec fzf ou un équivalent. fzf est tellement puissant qu’ensuite c’est difficile d’imaginer travailler sans.
Voilà et à partir de là on peut commencer à personnaliser les outils, ou en ajouter de nouveaux, comme par exemple newsboat pour les flux RSS, cmus pour la musique, ou mutt pour les emails.
Je m’efforce d’aller dans le sens de mon imagination.
C’est le seul endroit d’où un nouveau monde peut surgir.
J’ai reçu mon Thinkpad 480s mardi et depuis je passe mes journées dessus pour configurer Linux Mint. C’est en même temps exaltant et vertigineux quand on comprend tout ce qu’on peut personnaliser. C’est difficile aussi d’arrêter de penser avec la souris pour penser avec le clavier.
Rien que dans Vim, il y a tellement de plugins à découvrir et configurer, qui vont de soi pour la plupart des personnes que je vois l’utiliser, genre vim-airline ou fuzzy-finder, mais qui ne le sont pas du tout quand on débarque.
C’est l’architecture globale de son ordinateur, des documents et des façons d’écrire qui est à revoir.
J’essaie d’avancer en fonction de mes usages, pour trouver des réponses au cas par cas, mais parfois il faut aussi réfléchir hors de ses usages pour découvrir d’autres outils et façons de faire.
Des fois il faut juste arrêter de faire comme d’habitude.
#VimConf2021: Writing, Editing and World Building at the speed of thought with Vim
Eight months of experimenting and constant refining later, I can confidently say that Vim/NeoVim + git in a terminal is the writing environment I’ve dreamt about all my writing life.
Unstable in general
Astrid m’a offert une version altérée de la carte Rêves du monde souterrain. La phrase d’ambiance est : Les rêves ne sont qu’une autre forme de tourment.
i just fucking want to see what i’m working on without a six step process, the way i could with frontpage or dreamweaver or microsoft expressions, twenty five fucking years ago.
Je capte l’idée, et en même temps je suis plutôt attaché à ne pouvoir publier qu’à partir d’un seul endroit, qui est mon ordinateur. Mon outil c’est l’ordinateur, pas le navigateur. Je pourrais me passer d’un navigateur, pas d’un ordinateur.
In this post I collected a lot of screenshots that refute the picture or “read only” web before or outside of social networks and hosting services.
A blog post is a search query. You write to find your tribe; you write so they will know what kind of fascinating things they should route to your inbox.
Samedi je me sentais surchargé et je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer en passant le balais. Je rêvais que tout s’arrête. Je ne voulais plus rien avoir à faire, et rien à penser non plus.
Aujourd’hui je fais de mon mieux.
journaux brésiliens – janvier 2025
à la fin de la journée, je me sens comme je me sentais en 2011, après des heures passées à la caisse du Franprix d’Aix-en-Provence, c’est-à-dire : inexistante. mais ça pourrait être pire. je pourrais me sentir mal.
It is only as I begin writing code that I begin to understand my problem.
A retrospective on a year without streaming music
Artists were better off when we were toting around iPods, Zunes, Dell Digital Jukeboxes and buying mp3s one at a time. I think we were too.
J’ai réduit les lignes pour qu’elles soient plus faciles à lire.
Si seulement je pouvais au moins acheter mes outils de travail avec l’argent de mon travail.
Je suis pourtant très rentable. Vous imaginez que quand j’ai acheté ce MacBook Air, je n’avais pas encore publié le moindre livre ?
Aujourd’hui on est graphiste et on se dit qu’une revue papier, influencé par ce qu’on consomme et ce qui nous excite depuis des années est le format idéal pour nous permettre de nous exprimer et mettre en avant les travaux de personnes qu’on kiff et dont on veut voir/lire la vision. – Artefact 1.
Genre là je viens à Paris avec un sac énorme j’ai toujours un deck dedans. C’est un peu comme Pokémon sur Gameboy, au lieu de la ceinture avec des pokeballs t’as ton sac avec un tas de cartes, tu le sors, tu joues, c’est un lien facile entre les gens.
Je vais a priori partir sur un ThinkPad T480s comme nouvel ordinateur portable, mais j’hésite encore entre le Hiby R4, le HIFI WALKER H2 et le Walkman Sony NW-A55 pour le baladeur mp3.
J’aime beaucoup les objets et j’y accorde une très grande importance. J’aime ce qu’ils représentent et ce qu’ils me permettent de faire. Ce sont des formes et des noms qui feront ensuite partie de ma vie pendant des années, donc autant bien les choisir.
Ils peuvent même me transformer.
Des fois je pense à ma chambre d’enfant, à toutes les figurines, les meubles, tous les objets qui m’entouraient et que je pouvais sentir avant de m’endormir, protégé, veillé, comme un prince dans son tombeau, éternel.
Pas besoin d’être quelque part si vous n’avez rien à y faire.
Comme une sorte de tendinite dans le coude, ou de courbature dans le triceps, ou de fatigue sous l’omoplate.
J’ai brick mon iPod Classic en essayant par tous les moyens d’installer Rockbox dessus. Je crois que c’est un des trucs qui me désespèrent le plus avec Apple, que tout soit aussi fragile dès qu’on sort des usages prévus.
Je ne veux pas utiliser iTunes, mais il n’est possible de synchroniser sa musique sur son iPod qu’en passant par là. Pour installer Rockbox, je devais formater mon iPod en FAT32, mais ce n’est possible qu’en passant par iTunes sur Windows. Les versions les plus récentes d’iTunes ne reconnaissent pas l’iPod et je suis obligé d’installer une version plus ancienne qui ne le reconnaît pas non plus mais à chaque fois pour une raison différente. À la fin j’ai le malheur de le débrancher en Disk Mode : cassé pour toujours.
Je découvre par la même occasion que le lecteur mp3 est désormais un luxe.
Ils ont même changé de nom.
Mon MacBook Air de 2015 qui redémarre tout seul pendant la nuit est un autre signe qu’il va bientôt falloir changer d’ordinateur. Est-ce que 10 ans c’est une bonne vie pour un ordinateur ?
Je suis fatigué que les objets fatiguent.
Safia Sofi espère que son frère se réveille ; Chloé Price arrête ses recherches ; Mista part sauver le roi ; Peter Fire disparaît.
Je clique toujours sur tous les liens que je vois.
Here’s the thing: When you write about yourself, your own experience, it can’t be fair.
So you have to build something. If you lose the structure you trusted, you have to construct something new.
so i’m angry about something i’ve known for a long time i can’t do anything about, the past.
The definitive guide for escaping social medial (and joining the indie web.)
Le guide est très simple d’usage et met en valeur des notions qui me semblent essentielles : une sélection personnelle prend plus de temps à construire que celle générée par les algorithmes ; il y aura de fait moins de contenus ; il faudra s’initier aux outils ; si vous créez, il y aura moins de visibilité (pour le moment).
better to part ways than be parted
was I ever really there for you
I guess that all things come to an end
La police vient vérifier que l’eau ne monte pas trop haut, alors qu’elle a déjà largement débordé.
Certains jours, j’ai le même code couleur vestimentaire que Waluigi.
Je vois plein de gens avoir peur de quitter Instagram ou Facebook, parce qu’ils craignent de ne pas retrouver ce qu’ils quittent, ou de perdre toutes les relations construites là-bas. Des fois, ils ont juste peur de perdre leur visibilité, parce qu’ils ont construit une partie de leur vie sur le fait d’être vus. Ils ont peur de perdre l’impression d’être connus.
Sans trop vouloir faire le malin, je n’ai jamais eu à me soucier de devoir quitter ce site où je m’exprime, ni les liens construits grâce à lui. Je sais qu’il durera plus que n’importe quel réseau social.
Pourtant c’est aussi un réseau social, car il est en ligne et me permet de communiquer avec les autres.
Moi ce que je regrette, c’est toutes les manières saines de communiquer qu’on a abandonnées. Je regrette les emails autrement que pour le travail, comme je regrette que plus personne n’utilise les logiciels de conversation instantanée, comme je regrette les forums, comme je regrette les blogs, et comme sans doute les générations avant moi regrettent d’autres façons de communiquer qui ne devaient rien à personne sinon à nos propres outils ou à des services publics.
Je regrette l’accessibilité des courriers par exemple. Je regrette que la moindre carte postale coûte 1,50€ à envoyer.
Je regrette qu’on soit loin les uns des autres.
Il n’y a rien à regretter d’un endroit malfaisant car conçu pour l’être. Tout ce que vous avez construit là-bas se faisait sous les yeux de cette malfaisance, avec l’aval de cette malfaisance. Bien sûr il est toujours possible de rire dans un espace hostile, mais il reste un espace hostile. Et vous pouvez avoir l’illusion que vous changerez cet espace par la seule force de votre rire, mais la réalité c’est surtout que vous devez fuir le plus vite possible pour vous mettre à l’abri.
Tous les réseaux sociaux que vous utilisez forcent les autres à les utiliser. Il n’y a pas d’endroit où tout le monde est, il y a juste des endroits et des effets d’attraction ou de rejet. Instagram et Facebook sont remplis de gens absents parce qu’ils sont ailleurs, et que plus personne ne prend la peine d’aller les visiter.
Ce que vous avez sur Instagram et Facebook, vous l’avez déjà partout ailleurs, vous l’aviez déjà il y a 20 ans, et en mieux, et sans mettre personne en danger.
Le moment de bascule actuel se fait vers le passé parce qu’on se rend compte qu’on avait déjà les outils, et qu’on savait déjà comment bien les utiliser. On s’est laissé dériver un certain temps, on s’est laissé tromper, malmener. Ce n’est pas un retour en arrière. C’est juste qu’il est temps de se mettre à l’abri, et d’avancer.
J’ai la flemme d’expliquer comment, mais je me suis retrouvé ce soir en train de lire toutes les archives de ma première boîte mail. Les plus anciens mails datent de 2007, quand j’avais 16 ans.
C’est assez éprouvant à lire parce que je n’étais pas un adolescent très malin, et en même temps des personnes que je ne connais pas m’écrivent quand même pour me dire qu’elles aiment bien ce que j’écris sur mon blog.
En fait je me trouve très naïf car j’essaie à tout prix de donner l’impression que je suis malin et intelligent. J’écris souvent des trucs vulgaires ou méchants.
J’échangeais avec des gens qui sont connus et millionnaires aujourd’hui, mais qui ne l’étaient pas à l’époque, comme Cyprien. On m’avait aussi demandé d’incarner un mec qui voulait garder son identité secrète après la parution de son livre chez M6 Editions, et depuis j’ai toujours eu l’impression d’avoir été le con d’un dîner de cons dans cette histoire, ou plutôt d’avoir été un enfant manipulé par des adultes. Je flirtais avec des filles dont j’ai tout oublié, qui s’appelaient Chloé, Justine, ou Angéline.
Axelle m’écrivait ça en mai 2008 :
Mais des fois j’ai envie de t’encourager. Te dire de continuer à écrire, parce que tu as du talent, et qu’en ne t’arrêtant jamais tu pourrais devenir génial. De continuer à rêver, à imaginer, parce que c’est pas incompatible avec le reste. Tu peux avoir une vie propre tout en t’imaginant, l’espace d’un instant être quelqu’un d’autre.
Je ne sais plus qui est Axelle.
Baptiste, un type qui me détestait autant que je le détestais, m’écrivait ça en juin 2008 :
Tu aimes te sentir « touchant » ?
Je ne m’en souvenais pas, mais ma tante Fabienne lisait aussi le blog que j’avais à l’époque. Elle m’écrivait ça le même mois :
Je me réjouis que tu trouves ton compte et du plaisir au contact “réel” avec les autres.
En octobre 2008, il y a les premiers messages échangés avec Valentine. Elle m’écrivait ça dans une police cursive :
N’empêche, mes jambes treeemblent encore d’avoir croisé un inconnu sur le quai de la gare.
L’inconnu c’est moi.
À partir de 2009, les choses deviennent beaucoup moins intéressantes. Il n’y a presque plus d’emails privés, intimes. La plupart sont en lien avec des projets, les autres avec des démarches administratives. En 2010, j’écrivais au disquaire de Saint-Brieuc pour qu’il m’embauche parce que je n’en pouvais plus de la prépa. Il ne m’a pas embauché et j’ai fini mon année.
En mai 2010 Camille m’a envoyé un .odt intitulé Quentin & Camille dans lequel elle a surligné en rouge toutes les choses qu’elle a faites avec moi. Dans ces choses il y a 9. Se regarder avec amour (tout le temps), 63. Toucher son coeur pour le sentir battre ou 37. Rester toutes les secondes possibles ensemble. Je n’ai jamais rien surligné en retour.
En 2011 il n’y a aucun message et à partir de 2012 vous connaissez ma vie.
En fait j’arrive en septembre 2013 et je retrouve les emails que j’ai échangés avec une fille qui s’appelait Emma De Decker. C’est bizarre à dire, surtout parce qu’on s’écrivait quasiment tous les jours et qu’elle m’envoyait des photos des lieux où elle allait, mais je n’ai jamais su si elle existait vraiment.
Je lui envoyais des liens YouTube vers des chansons qui me faisaient penser à elle, mais tous les liens sont morts, alors je ne sais plus lesquelles.
J’ai retrouvé une photo d’elle qu’elle m’avait envoyée :
Vous voyez pourquoi je dis qu’on dirait qu’elle n’est pas vraie ?
Elle m’écrira une dernière fois en octobre 2014.
En 2013, à quelques mois d’écart, il y a aussi deux emails désagréables d’Enora et Valentine, qui regrettent notre amitié et ce que j’ai eu la bêtise d’en faire.
Dans l’ensemble, les derniers messages que je finis par échanger avec les autres sont tristes. Rien ne se finit bien. Je crois que c’est le problème de ma vie : comment communiquer avec les autres alors que je suis toujours tellement triste ?
Alors que je me sens toujours tellement seul.
Because for me the entire point of the web is to connect. It’s about personal expression, it’s about creativity, it’s about sharing openly. It’s about respecting others, it’s about listening, it’s about reflecting on what other people say.
Je ne sais pas pourquoi je me suis pris à regarder une interview d’Echenoz par Faerber à l’occasion de la parution de son dernier roman.
J’ai été frappé par deux choses : la paresse, et le déjà-vu.
L’interview aurait presque pu se réduire à des propositions mathématiques : chaque question convenue de Faerber amenait une réponse convenue d’Echenoz.
Une question sur le nom du personnage principal lead to une réponse sur l’annuaire et les sonorités. Une question sur le style lead to une réponse sur le cinéma, le montage, les personnages malmenés par un narrateur omniscient et les digressions. Une question sur les anti-héros lead to une réponse sur les échecs et les rebondissements. Une question sur les environnements et les paysages lead to la mélancolie des zones interstitielles et les voyages.
Toutes ces questions étaient déjà posées à Echenoz il y a 30 ans, et Echenoz y répondait déjà de la même façon à l’époque.
On peut en tirer deux conclusions : Faerber n’a pas fait évoluer son appareil critique et Echenoz n’a pas fait évoluer sa pratique romanesque.
En fait, les deux sont en train de jouer à un jeu.
Ils vous font croire que c’est nouveau, alors que c’est vieux.
Faerber revendique souvent de privilégier une littérature moderne, au contraire de celle des grands écrivains institués dont le système scolaire (par exemple) a du mal à sortir. Mais au fond lui aussi il aime bien son petit confort, il aime bien revenir aux contemporains canoniques, à ses petites marottes, ses questions préécrites à partir de lectures convenues.
Il faut toujours se méfier de ceux qui se prétendent modernes : ils sont souvent l’inverse.
J’ai passé trois heures à essayer de comprendre pourquoi les italiques ne s’affichaient pas dans ma mise en page. La solution : la police n’avait pas d’italiques.
Suddenly there’s all this text in my head, and I can barely write as fast as the sentences run down in my head.
Je ne comprends pas que les gens utilisent les applications de webmail. J’y suis confronté dans le cadre de la compatibilité Web et je ne veux pour rien au monde utiliser ces interfaces.
Sur mon premier ordinateur, j’écoutais toute ma musique à partir de la barre de démarrage Windows. J’avais un dossier à côté de l’horloge qui se déroulait en listes et je lançais Winamp à partir de là. Je n’utilisais pas la bibliothèque intégrée de Winamp pour organiser mes fichiers, juste pour écouter les chansons. La navigateur de fichiers est déjà une bibliothèque.
J’avais aussi installé un thème World of Warcraft qui remplaçait le thème XP de base.
J’ai ces souvenirs parce que je suis en train de remettre ma discothèque sur mon ordinateur pour la lire avec QuodLibet (Winamp ne marche pas sur Mac), et arrêter d’utiliser Spotify qui rame à mort et ne paie pas les artistes.
Vous aurez compris qu’en ce moment je suis plus dans la technique que dans l’artistique.
Je m’en suis d’ailleurs sorti avec les plugins de Vim. On peut en installer plein qui rendent tous les traitements de texte ringards.
J’ai même tenté une nouvelle fois d’ajouter un flux RSS au site, mais je crois que c’est une mission qui dépasse pour de bon mes compétences.
Peut-être que quand je n’aurai plus de travail je pourrai enfin m’engouffrer dans toutes ces projets merveilleux.
you have more pull than you realise
It was like each of us were buying billboards on a street we all walked through to talk to each other. That’s not communication.
Je suis en train de tester Vim. Pour le moment j’ai réussi à configurer le thème pour que le logiciel ressemble à un truc qui me plaît, mais je bloque sur les plugins (je ne crois pas avoir besoin de plugins), surtout pour avoir une mise en page Markdown qui respecte toutes les balises. Par exemple, j’ai les liens mais pas les citations.
Ce qui est génial c’est que je peux grosso-modo tout faire au clavier : manipuler le texte, puis ouvrir le terminal dans Vim, et faire tout ce que je fais d’habitude dans le terminal sans avoir à l’ouvrir à côté.
Ce qui est moins génial, c’est qu’il faut apprendre toute une nouvelle mécanique d’écriture. C’est moins génial jusqu’à ce que ça devienne génial, comme la plupart des nouvelles choses qui ne sont pas faciles.
J’écris ces paragraphes tout en faisant une insomnie à cause des voisines qui parlent trop fort jusque trop tard.
Toujours pas compris comment on pouvait écrire et publier un livre ou plus d’un livre par an. Enfin si j’ai compris : on gratte le fond de son talent et on tente de résister à l’oubli.
a decade in reflection: the childhood hobby that brought me joy
Re: loneliness and meaningful work
Je réponds à tous les emails mais je ne réponds pas à tous les messages ni à tous les appels. Des fois je ne réponds pas pendant des jours, et des fois je ne réponds plus jamais.
But can’t the work at least be exciting? Can’t we go to sleep excited for the next problem, the next big idea?
In any working life, there will inevitably arise both the need and the desire to quit, not just once but several times. And as stressful as it’s likely to be, it’s usually also a moment that brings a great deal of relief and welcome change.
Dans le premier épisode de la deuxième saison de Severance, Mark S. revient au bureau comme d’habitude, mais tous ses collègues ont été remplacés par d’autres collègues, et personne ne veut lui dire où ses anciens collègues sont passés.
La pièce est exactement la même, mais l’ambiance a changé, et toutes leurs conversations sont weird, parce que ce n’est pas le mobilier qui fait la pièce.
Dans une autre scène, Dylan empêche Irvin de quitter l’entreprise. Il lui dit qu’il ne veut pas qu’il parte. Il lui dit : je vais être triste, et je vais être moins productif, alors que je suis vraiment bon à ce que je fais ici, peu importe ce que c’est. Et tu es une des raisons qui font que je suis vraiment bon à ce que je fais. Alors s’il te plaît, ne pars pas.
Là où je veux en venir : j’ai pris la décision de quitter mon emploi à la Maison de la Poésie cet été.
Je n’ai rien prévu pour après, je n’ai aucune idée d’où aller, mais je sens juste que c’est le bon moment pour partir.
Je me plains mais tout le monde éprouve la même honte.
J’ai regardé la vidéo d’un apprenti horloger de 17 ans puis celle d’une influenceuse qui n’a pas réussi à vendre son vin blanc en canette. L’un m’a ému dans sa passion (je vis la même), l’autre m’a peiné dans son échec (je vis le même).
Je tape un fou rire à chaque nouvelle expérimentation de François Bon sur Midjourney. Vous avez vu son image de Proust en pull devant un ordi ? Incroyable. Celles de Balzac dans l’imprimerie qui imprime des livres Balzac sont pas mal aussi. Il est pied au plancher à 350 km/h dans la vallée de l’étrange avec sa Daytona SP3 et son V12 Atmos.
Moins nos livres se vendent et plus on rêve qu’ils soient gratuits.
Moins je rêve et plus je vis.
Je voudrais trouver quelqu’un avec qui discuter des choses intimes.
Quelqu’un qui saurait comment utiliser MSN pour m’envoyer ses chansons préférées. Quelqu’un qui attendrait le soir que je me connecte. Quelqu’un qui m’aurait croisé en ville et aurait fait semblant de ne pas me connaître pour préserver mes secrets. Quelqu’un à aimer en silence.
J’ai toujours vécu dans l’ombre des autres. Je n’ai parlé qu’une seule fois en mon nom. Je n’écris pas de poésie. Je n’ai pas de fulgurances. Je n’ai aucun génie, ni aucune aura. Je ne dégage rien. J’attends que quelqu’un me sauve. Ma trajectoire est inexistante. Même le hasard m’angoisse. Je ne fais pas semblant. Je veux dire : j’existe pour de vrai. Je veux dire : j’aimerais que quelque chose m’arrive. Je veux dire : j’aimerais être touché par la grâce. Je veux dire : je suis courageux depuis très longtemps, mais j’ai peur. Je travaille tous les jours. J’ai deux métiers en même temps. Il y a un spectre qui dort sur mon dos, et c’est moi. Il y a un spectre qui gémit, et c’est moi. Il y a un corps qui ouvre les yeux. Il aimerait voir.
Et vous imaginez que même après toutes ces années je ne suis pas encore certain qu’écrire soit vraiment fait pour moi. Il y a moyen qu’à la fin j’en sois encore à me demander : et si en fait c’était autre chose ?
Mais il sera trop tard, et j’aurai à m’endormir sur cette question.
La plupart du temps je ne peux pas expliquer pourquoi un livre est bon ou mauvais, mais par contre je peux très facilement le voir. La plupart du temps je ne peux pas faire voir aux autres ce que je vois, donc personne ne me croit, et tout le monde me trouve injuste.
Alors qu’au contraire je suis très juste car j’ai de très bons yeux.
En vrai à la fin c’est soûlant de voir toujours les mêmes auteurices invitées partout. Vous voulez pas inviter d’autres gens ? Écouter d’autres voix, d’autres idées ? Le milieu culturel est capitaliste d’une force putain, c’est dingue. Faites de la place un peu. Arrêtez de toujours filer l’argent aux mêmes personnes. Moi aussi je bosse dur depuis longtemps hein. Tout le monde bosse dur depuis longtemps. On a le droit d’y croire, et on a le droit de profiter.
On a le droit à un minimum de considération.
Yet here I am empty
Watching the love of mine leave
Comme j’ai une rencontre avec Lucie Rico en avril, j’ai voulu lire GPS en entier parce que c’est important pour moi de savoir à partir de quoi on parle. Je préfère dire maintenant ce que j’en ai pensé parce qu’après que j’aurai rencontré Lucie Rico je suis sûr à 98 % que je vais la trouver sympa et que je n’aurai plus le courage d’être honnête.
Je pense que GPS aurait plutôt dû s’appeler Google Maps, parce que la narratrice utilise en fait Google Maps sur un téléphone, et pas juste un GPS. Au début je pensais que l’objet principal du livre serait une sorte de GPS Garmin à ventouser sur le pare-brise d’une voiture, mais en fait c’est une application.
Je sais qu’on dirait un détail mais en fait c’est quand même déterminant dans la plupart des scènes et dans la façon dont le livre est construit.
La narration est lente et ne peut s’empêcher des détours superflus quand l’intérêt s’emballe.
Par exemple, après que l’hypothèse que l’amie de la narratrice est morte se matérialise réellement, on doit s’enquiller un flashback sur la relation amoureuse entre la narratrice et son mec. Il y a au moins cinq ou six autres enchaînements du même genre.
Moi j’aime quand un livre avance, pas quand il recule.
Il y a plein de petits détails dissonants et peu intuitifs quant à la perception de Google Maps, et contradictoires dans la diégèse.
Un exemple : la narratrice dit que le problème du réchauffement climatique ne se pose pas sur Google Maps, ce qui est plutôt faux car on peut bien voir un paysage se dégrader grâce à la fonction Timelapse, que la narratrice utilise plus loin dans le livre. On pourrait dire qu’il lui vient une pensée fausse à partir d’une pratique consciente.
Un autre exemple : la narratrice explique que Google ne photographie pas les visages des gens (plutôt, ils sont floutés) et par extension applique une politique stricte sur la prise en photo de scènes de crimes ou de vols (soit les photos sont supprimées, soit remplacées par une surface grise). Pourtant, elle peut voir plusieurs photos liées à une scène de meurtre.
Je trouve aussi étrange que le livre se construise sur la crainte de la narratrice à sortir, alors que la scène d’ouverture se déroule en extérieur. N’aurait-il pas été plus logique qu’elle ne se sente pas de venir à la soirée de fiançailles, et de construire à partir de cette impossibilité initiale ?
Et puis surtout, toute l’intrigue repose sur un procédé qui disparaît comme par magie : un point de localisation que la narratrice surveille 85 % du temps avant d’apprendre que sa propriétaire (et amie) était morte depuis le début. Donc quoi, le point n’existait pas ? La narratrice hallucinait ? Elle s’est créée un monde fantasmatique ? OK.
Je préfère ne pas penser OK à la fin d’un livre.
Je préfère penser : oui.
On se voit donc en avril.
Il y a ce type en short qui éteint les flammes dans son jardin avec une carafe pleine de l’eau de sa piscine.
Leur dieu est un corps cloué à un arbre.
Social media has been worthless for years
I likewise refuse to do the publisher’s job for them. I already did my job, and I think that if an agent or publisher doesn’t want to do the work of selling my novel, they should reject me up front.
Je suis d’accord avec à peu près tout ce qui est dit dans ce post. Il n’y a pas de mal à parler de ce qui est produit, mais personne ne comprend plus qui doit le faire, ni où, ni comment.
Toutes les façons de communiquer me semblent inutiles dès qu’elles ne sont pas : parler à un être humain.
La communication sur les réseaux sociaux est véritablement de plus en plus inefficace, car les ratios sont ridicules, c’est impossible de savoir qui est touché, ni si cela sera régulier d’une fois sur l’autre.
Se reposer sur ces outils est un leurre profond qui détruit à petits feux quasiment toutes les initiatives. Celles qui subsistent produisent un effet d’élection qui dupe tout le monde.
Il faut juste les bons humains qui parlent de la bonne façon à d’autres humains.
Par exemple, la boutique où je joue à Magic organise une soirée Commander par mois. Le coût d’entrée est de 5 €, il y a 24 places. C’est toujours complet, et elle réussit à vendre toutes les places simplement en parlant aux personnes déjà présentes à la fin de chaque soirée. Si quelques places restent libres, les joueurs en parlent à leurs amis, ou la boutique en parle à ses clients. Je ne la vois jamais utiliser les réseaux sociaux, car elle n’en a pas besoin. Il y a une bonne synergie entre : 1) ce que la boutique propose 2) qui elle veut toucher 3) ce que les joueurs y trouvent 4) le prix 5) la récurrence 6) le lieu.
Et c’est grâce à ce fonctionnement qu’elle peut aussi remplir les avant-premières au moins à 80 % alors que le coût d’entrée est de 35 €, soit 7 fois plus cher.
Si maintenant je prends mes livres.
Ils sont vendus à une échelle nationale, dans des centaines de librairies différentes que je ne connais pas, à un prix que je n’ai pas fixé, avec des arguments de vente que je n’ai pas choisis, pour des lecteurs que je ne connais pas.
Et on voudrait que je fasse la communication d’un produit où tout est choisi à ma place sauf ce qu’il y a dedans.
Je touche 10 % des ventes pour écrire un livre. Si je dois communiquer dessus, donnez-moi 10 % de plus et je le ferai sans doute volontiers, mais avec mes outils, et mon approche.
Sur un livre de 20 € j’en touche 2, donc c’est presque sain que je ne veuille pas en faire plus qu’avoir déjà écrit tout le putain de livre pendant 3 ans. Je n’ai même pas envie d’y réfléchir : je n’en ai pas les moyens.
Si un jour j’écrivais un livre en me demandant pour qui je l’écris, où je veux le vendre, à quel prix, avec quels arguments, et à quelle fréquence, je pense que mon monde changerait.
Peut-être qu’il est temps que mon monde change.
I don’t know if I’m
Ever gonna stop
Reminding myself
Everything is lying
Le monsieur à côté de moi au passage piéton disait à voix haute que 99 % de la population mondiale n’irait pas au paradis. Il a dit que Moïse a écrit dans ses Commandements qu’il ne fallait pas mentir, et il a dit que 99 % de la population mondiale n’irait pas au paradis à cause du mensonge.
J’ai eu envie de pleurer parce que j’ai réalisé que moi non plus je n’irai pas au paradis à cause du mensonge.
Toujours pas compris pourquoi les auteurs français choisissent des pseudonymes aussi chiants que leur nom d’origine. Quitte à choisir pourquoi ne pas partir sur Séphiroth, Waluigi ou Optimus Prime ? Le catalogue est illimité. Vous pouvez vous appeler Doliprane 3000, Diabolo Kiwi ou Neo Cortex et vous préférez Jean-Michel Gentil, c’est dingue.
Et encore Jean-Michel Gentil c’est presque pas si mal.
Tout le monde se plaint de l’immédiateté, mais personne ne travaille vraiment à en sortir : quels outils, quelles stratégies ? On a capté depuis un bon moment que les choses ne fonctionnaient pas, maintenant il est peut-être temps de s’y mettre.
En écrivant ma pensée, elle m’échappe quelquefois ; mais cela me fait souvenir de ma faiblesse que j’oublie à toute heure, ce qui m’instruit autant que ma pensée oubliée, car je ne tiens qu’à connaître mon néant. – Pascal, Pensées.
Comme j’écris ici depuis 13 ans, je m’amuse à penser parfois que je suis peut-être une des choses les plus stables de la vie des personnes qui me lisent depuis le début.
C’est fou de faire la même chose pendant 13 ans, et en même temps pas du tout la même chose, et en même temps peut-être pas fou du tout.
Je reviens de chez ma grand-mère où je pouvais vivre dans le calme, et mon appartement est tellement plein du bruit des autres que je n’arrive plus à supporter. Je suis rentré et presque aussitôt j’ai pensé : je veux partir.
Je fais le puzzle 1 pièce Leroy Merlin pour savoir si je suis un robot et le résultat après l’avoir réussi est que je suis bloqué. Je ne sais même pas si je suis un robot et je ne peux donc pas non plus consulter leur offre de casques anti bruit.
Peut-être que je réussis trop bien le puzzle 1 pièce Leroy Merlin pour être humain.
J’aimerais faire un autre métier.
Safia Sofi ouvre la porte et marche dans l’entrée en faisant le moins de bruit possible. Toutes les pièces sont dans le noir relatif des grandes villes.
Elle passe devant la cuisine pour rejoindre sa chambre.
Tu étais où ? demande Leblanc.
Les lumières extérieures dessinent les contours de son visage et de son buste à table. Elle attend dans cette position depuis qu’elle a remarqué que Safia Sofi n’était pas dans sa chambre. En ville, dit Safia Sofi.
Leblanc dit : tu ne dois pas sortir sans me prévenir. Je ne risque rien, dit Safia Sofi. Ne sors plus sans me prévenir, dit Leblanc. Safia Sofi continue vers sa chambre sans lui répondre.
Leblanc dit : bonne nuit, et l’entend monter les escaliers sans dire bonne nuit.
Safia Sofi s’enferme dans sa chambre et s’allonge à la renverse sur son lit. Elle pense à son rendez-vous avec Daisuke et à l’inconnu qui est entré avec son chien dans la pizzeria. Elle se souvient avoir pensé en le voyant entrer que son aura ne ressemblait à aucune autre.
Elle se souvient aussi avoir pensé que le chien n’avait pas l’air d’un vrai chien.
À la fin elle se souvient surtout que sa pizza n’était pas géniale et qu’il y a presque un truc suspect au fait que Daisuke l’ait invitée à manger là.
Parce que Daisuke a clairement l’argent pour l’inviter dans une pizzeria où les pizzas sont au moins correctes.
Safia Sofi pense qu’une pizza correcte n’aurait pas coûté beaucoup plus cher que cette pizza nulle parce que le commerce de la pizza dans son ensemble se situe dans une fourchette qui va de 8 à 20 $, et qu’il y a comme une intention hostile volontaire de la part de Daisuke d’avoir choisi celle à 8 plutôt que celle à 20.
En fait Safia Sofi réalise que tous les éléments de cette soirée sont des anomalies et qu’une sorte de menace de mort s’est ancrée depuis dans son esprit.
Elle réalise qu’en disant je ne crains rien à Leblanc devant la cuisine tout à l’heure elle lui mentait mais qu’elle n’en était pas encore consciente.
Elle réalise que son corps tremble sur le lit.
Elle pense : je suis en danger.
L’adolescente dans la maison d’en face a un drapeau breton accroché sur un des murs de sa chambre. C’est compréhensible vu la zone géographique mais bizarre vu l’âge.
Anti m’a offert le Lego 71431 Ensemble d’extension bolide de Bowser, et Cécile le Lego 76996 Le robot gardien de Knuckles.
Il s’agit d’animer ce qui ne l’est pas.
Il faut deux mains pour bouger un bras.
Je pourrais écrire une nouvelle histoire avec les mêmes personnages.
Ton livre peut être coup de coeur d’une librairie et ne plus être vendu dans cette même librairie à peine un an plus tard. Pas besoin d’ennemis quand on a ce genre d’amis.
Ma grand-mère a une feuille intitulée ANNUAIRE AGRI-LOISIRS en WordArt arc-en-ciel avec des noms et des numéros écrits dessus. Si le nom et le numéro sont barrés, c’est que la personne est morte.
Un catcheur qui aurait comme nom Happiness Manager.
Le seul sens que je trouve à vivre, c’est celui que je trouve à écrire.
my computer is a home that my friends can visit
Je passe la plupart de mes soirées à regarder des gens qui chantent sur YouTube et à pleurer devant. Je suis pris par une émotion totale et permanente. Je ne comprends pas d’où viennent toute cette peine ni tout cet amour. Je crois que j’ai été privé très longtemps d’un pouvoir immense que je retrouve à force d’y croire. Je peux tout ressentir. Je peux tout voir. Je parle une langue de dieu. Je marche sur l’eau. Il me suffit d’une main pour tout saisir. J’ai visité le monde entier. Je reviens du futur. J’ai une épée pour trancher les démons. Mon trône est au fond d’une citadelle de glace. Les spectres m’aiment parce que je les écoute. Je ne suis pas là pour vous faire plaisir. Je ne suis pas là pour croiser les bras. Il y a un chemin mais je ne marche pas dessus ni n’attends à côté. N’essayez pas de me trouver. N’essayez pas de me parler. Il n’y a rien à voir. Je suis une voix dans votre tête. Je suis un ange. Je suis le chemin.
When you shine your light
I feel so good