Daisuke s’assoit à l’arrière de la voiture et demande à son chauffeur comment sa mission de filature s’est passée.
J’ai tué le chien, dit le chauffeur.
Quel chien ? demande Daisuke. Le chauffeur regarde Daisuke dans le rétroviseur. Il dit : le chien qui était avec l’homme que vous m’avez demandé de suivre.
Je ne t’ai pas demandé de tuer son chien, dit Daisuke. Je me suis dit que c’était la meilleure chose à faire, dit le chauffeur.
Daisuke donne plusieurs coups de pied dans le dossier du siège conducteur avant de se calmer.
Il dit : il t’a vu ?
Non, dit le chauffeur, il était en train de se baigner. Je n’ai rien trouvé sur lui. Il n’a fait que marcher dans la ville toute la journée. Je ne sais même pas s’il vit ici.
Daisuke a un mauvais pressentiment.
Le pressentiment que dans quelques jours Mista va se retrouver dans son salon pour venger son chien.
Il dit : tu n’aurais jamais dû faire ça.
Il croise ses avant-bras devant le cou du chauffeur pour l’étrangler contre l’appui-tête.Il se regarde dans le rétroviseur le temps que le chauffeur étouffe.
Il voit le visage qu’il a.
Le chien a ressuscité.
Notre mouvement principal sur internet ne devrait pas être recevoir mais aller vers. Exemple : ne recevez pas de newsletters, allez vers les sites.
Si vous n’avez pas le temps d’aller vers, il y a de grandes chances que vous soyez dans l’illusion de pouvoir recevoir.
J’ai croisé un couple en train de lire le menu sur la façade d’un restaurant et je me suis souvenu que c’était une activité à part entière des weekends de mon enfance : décider quoi manger en longeant les murs.
Maintenant qu’il y a les téléphones il n’y a plus besoin des murs.
Vous voyez comment Shane Hawkins joue de la batterie avec la mâchoire serrée et la tête rentrée dans les épaules ? À 16 ans j’avais la même colère mais nulle part où taper.
Tout est encore en moi.
Samedi prochain je suis invité à l’heure du goûter à la médiathèque de Bobigny pour une rencontre avec Lucie Rico intitulée Un soupçon d’irréel dans l’IRL.
Je parlerai de Casca où apparemment j’interroge la façon dont le marketing et la consommation de masse tentent d’apporter des réponses à nos désirs de quêtes et d’aventures et j’investis le gameplay du monde réel pour en faire, dans sa porosité avec le monde du jeu, un lieu d’expériences partagées et d’histoires collectives.
Bon en gros comme vous l’aurez compris je passerai une heure à expliquer que je ne fais pas ce qu’on dit que je fais.
Preuve sans doute que la littérature ce n’est pas si simple.
Random parmi les randoms.
Redonner sa place au web artisanal
On peut aussi considérer un site comme un espace qui évolue et se développe, pas comme une destination fixe, mais comme une partie d’un environnement partagé.
Il y a un autre monde mais il est à l’intérieur de celui-ci.
Les gens aiment trop les stats, ils aiment tout quantifier, ils aiment voir les chiffres augmenter, il doit y avoir la preuve que des personnes s’intéressent à ce qu’ils font, et la preuve c’est le chiffre. Tout doit devenir une donnée parce que c’est la donnée qui crée la valeur. C’est très difficile de s’extraire de cette logique, il faut vraiment avoir confiance en soi.
Il faut vraiment parvenir à comprendre ce qui a de la valeur.
Je n’ai pas besoin de savoir combien de personnes me lisent ici. Ce n’est pas l’enjeu.
Moi les seuls chiffres qui m’intéressent c’est les $ sur mon compte en banque. C’est les seuls qui m’assurent de pouvoir continuer à écrire.
J’ai été con de prendre un .com pour mon nom de domaine, le tarif a augmenté de quasiment 30 € cette année.
sometimes i picture waking up in a house [it feels very familar] in the countryside and sitting near a window.
Digital Echoes and Unquiet Minds
It was, quite literally, the dream of the nineties.
An Ode To The Game Boy Advance
Ce matin j’ai vécu une des situations les plus éprouvantes dans le dialogue humain. J’ai été témoin de toutes les pires utilisations du gaslight : arguments d’autorité, paternalisme, déformation des termes écrits, mensonges, mauvaise foi. Je ne suis pas fait pour ce genre d’échanges. Tout me crispe et m’énerve. J’ai envie de hurler : ouvrez les yeux, mais peut-être que c’est déjà trop demander.
Je réalise que je me retrouve souvent face à des personnes qui utilisent ces outils de communication. Je ne sais pas si c’est réellement fréquent, ou si c’est moi qui me mets à chaque fois involontairement dans la merde.
J’ai lu 50 pages de Mille plateaux, j’ai pas compris le délire. Une accumulation de concepts pas définis développés en roue libre totale. Un peu dépassé à l’idée que ce soit la bible d’autant de gens.
brief thoughts on soft life/alpha content
If you could push a button and have it, would you truly want this life?
J’ai relu ces deux derniers jours L’art et l’argent, dirigé par Cometti et Quintane. Je l’ai relu parce que cette semaine il y a eu des mouvements collectifs à Rennes et en France pour revendiquer plus de moyens financiers et de meilleures conditions de travail pour les artistes-auteurices et les structures culturelles.
J’ai enfin décidé de me syndiquer au STAA et d’arrêter d’endurer une situation qui n’est pas normale. Pour la première fois j’ai l’impression de pouvoir en discuter avec des personnes qui me comprennent et ne minimisent pas ce qui m’arrive.
J’espère pouvoir moi aussi donner du courage à d’autres personnes qui ne sont pas respectées dans leur travail.
On finit par oublier l’injustice de certaines situations.
Je veux être payé, et je serai payé.
S’il faut envoyer des courriers, j’enverrai des courriers. Il faut arrêter de faire comme si de rien n’était parce que c’est la honte. Je me fais honte à moi-même d’être aussi docile et d’avoir peur.
C’est l’heure d’avancer.
En ce moment je dérive et je le vois au travail où je prends du retard sur plein de documents importants parce que je n’arrive plus à y accorder l’attention nécessaire.
Je sais faire mais j’ai la flemme.
C’est terrible parce que je mets d’autres personnes dans la merde à cause de ce détachement, mais comme je vois bien que plus personne n’y accorde de l’importance, je n’arrive pas à en donner seul.
Le travail c’est forcément un regard porté par les autres sur soi, et par soi sur les autres. Dès qu’un des deux mouvements s’arrête, tout s’arrête.
Je ne veux pas devenir quelqu’un sur qui on ne peut pas compter.
J’ai peur d’être mon pire ennemi.
Ce qu’il y a de bien avec notre abominable époque, c’est qu’après des décennies à nous dire, mais comment les écrivains des années trente faisaient pour écrire comme si de rien n’était leur journal, sans trop refléter le gouffre vers lequel l’Histoire les amenait à sombrer ?, nous allons enfin le découvrir par nous-mêmes.
Links are powerful — that’s why Instagram and Twitter and Threads punish and limit them, and why Substack tries to take credit for them.
Quand j’ai commencé à jouer à Magic l’année dernière, je me demandais comment dépenser le moins possible.
Je n’avais à peu près aucune carte, si ce n’est quelques résidus inutilisables d’un deck préconstruit noir acheté au collège.
Déjà, il faut identifier le ou les formats auxquels jouent les personnes avec qui vous voulez jouer, et ceux qui vous plaisent. Par exemple moi mes deux formats préférés c’est le Commander et le Scellé.
Je n’aime pas tellement le Standard à cause de la meta temporaire et des doublons de cartes, qui sont un gouffre financier.
Pour le Commander, quoiqu’il arrive, je pense que le mieux est toujours de commencer par un deck préconstruit. Ceux qui existent vont de moyen à très fort sans changer aucune carte, dans une gamme de prix neuf autour de 50 €. On peut trouver de très bons decks d’occasion autour des 25 €. Les plus chers ne sont pas forcément les meilleurs.
A partir de là, vous pouvez ne plus dépenser un seul centime de votre vie et jouer à chaque fois ce deck avec vos amis, qui pourront sans doute vous prêter leurs decks de temps en temps pour varier.
Mais comme partout, si vous avez envie d’approfondir votre connaissance du jeu, il va falloir y passer du temps, et de l’argent.
Il y a une règle générale : quoiqu’il arrive, il vaut toujours mieux acheter ses cartes à l’unité. Le moindre booster ouvert est une mauvaise idée.
Mais parfois on aime ouvrir des boosters parce qu’on aime : le geste, et la surprise.
La vie ce n’est pas que des bonnes idées.
C’est pour ça que j’aime aussi le Scellé : j’ai ma dose d’ouvertures et de surprises, et je peux garder les cartes ouvertes pour mes decks Commander présents ou futurs.
Une chose que j’ai vite constatée, c’est qu’un deck Commander est une succession de petits ajustements visibles à force de jouer, et que pour trouver une forme temporaire qui nous convient vraiment, il faut accepter les erreurs. Et donc oui, fatalement, acheter des cartes qui ne trouveront pas leur place dans le deck. Du moins, pas pour le moment.
C’est ma façon de dépenser le moins possible, mais j’ai compris que cela ne voulait pas dire dépenser peu.
Je dirais que je dépense entre 35 et 150 € par mois dans Magic. C’est en gros ce que je ne dépense plus en livres depuis que j’ai mon abonnement à la bibliothèque. C’est une somme cohérente par rapport à mon budget mensuel, même si elle est plus élevée que celle que j’imaginais en débutant Magic. Mais je n’imaginais pas alors que j’allais autant aimer ce jeu.
Sinon on est allé dans l’après-midi chez Ohier avec Cécile, et il y avait sur la porte une affiche parce qu’ils recherchent un vendeur pour un CDD de 6 mois. Le poste est payé environ 1900 brut et peut évoluer en CDI. Les jours de travail ne sont pas clairement établis (mauvais signe), mais j’ai imaginé postuler.
J’ai imaginé cette vie-là.
je ne vois pas pourquoi je devrais être le seul à mal dormir la nuit,
je vais au travail pour bien faire mon travail et ça me semble déjà beaucoup.
J’ai repris le début de Miami = Paradis. J’ai l’impression que chaque livre est teinté d’une émotion contre laquelle je ne peux pas vraiment me battre.
Rivage c’était la curiosité, Casca l’enthousiasme, et Miami le désespoir.
Je n’avais jamais anticipé cette évolution au début du projet. Elle s’est faite malgré moi, en fonction des épreuves que je traversais. L’issue finale aurait pu être différente, je le sens, mais à l’heure qu’il est je ne peux pas l’écrire autrement.
J’aurai proposé des trajectoires.
C’est déjà bien.
Pour faire le clair sur mon imaginaire des petites communes, j’ai discuté un peu avec ma grand-mère de sa vie à Matignon quand ils y ont construit leur maison avec mon grand-père. Elle m’a dit que c’était en 1972.
De ce que j’en ai compris, la semaine était surtout occupée à travailler dans une coopérative agricole à La Bouillie, de faire quelques courses juste après dans le petit supermarché et à la boucherie, puis de rentrer. Ils n’avaient pas encore l’habitude de faire les courses une fois pour toute la semaine.
Elle m’a dit qu’il n’y avait pas non plus tellement l’habitude d’aller au bar avec des amis, et que c’était pour ainsi dire une activité réservée aux hommes.
Le weekend, elle restait à la maison, ou ils sortaient parfois en famille avec mon père et ma tante. J’ai compris qu’avant que les enfants naissent ils pouvaient aller au bal ou au cinéma, mais ensuite ils ont arrêté.
En fait j’avais l’impression qu’il n’y avait malheureusement pas grand-chose d’autre que le travail, l’éducation et l’entretien de la maison. La vie a recommencé à la retraite.
Le modèle pavillonnaire existe depuis si longtemps. Plus les années passent et plus il existe. Je suis aussi le produit de toute cette mémoire-là, à laquelle il est parfois difficile de résister.
Je rêve de ce genre d’activités en France, même si c’est 375 $ les 4 heures…
Comme j’aimerais partir de Rennes, en ce moment je regarde les communes vers chez ma grand-mère, je fais des tours en voiture, je rôde, j’observe, et c’est vrai que c’est difficile de ne pas trouver ces espaces moroses.
Les lieux publics sont désertés et le désir concentré dans les intérieurs privés.
Toutes les activités et sociabilités sont portées vers l’été donc c’est comme si le reste du temps était abandonné.
Il y a tellement d’espace, mais tout cet espace est vide. Il y a tellement de gens absents. Il y a tellement à réparer. Je sais que c’est un regard facile que je porte, mais il vaut mieux commencer par ce qui est facile.
History, decks and strategies for formats from 1999 to 2016, written by 3-time World Champion Jason Klaczynski
Un site incroyable sur toutes les stratégies du TCG Pokémon depuis 1999, avec des screens des cartes, des jeux et des magazines de l’époque.
Automatisez toute la production
Tout le pouvoir au travail vivant
Tout le labeur au travail mort – A/traverso
I’ve noticed my own mother becoming more radical about food. We don’t have much contact for a truckload of reasons, but I notice it when we do have it. And it’s all the typical stuff you’d expect someone almost 60 to be like when they use Instagram, TikTok and Facebook.
La nourriture est un des trucs les plus irrationnels dans mon entourage, sur plusieurs générations. La seule chose qui ne vient jamais en tête : demander de l’aide à quelqu’un dont c’est le métier. Une croyance en remplace une autre.
I’m Afraid to Die, so I Made a Website
If you put a part of yourself out there, with a little bit of luck, you could live on forever.
Des fois je retourne dans des JouéClub, pour l’ambiance. C’est toujours un peu glauque, parce que quand j’étais enfant je ne voyais que les jouets, et maintenant je vois tout ce qu’il y a autour des jouets. Il m’arrive d’acheter encore là-bas, des Lego, des figurines, des peluches à offrir.
Je fais la même chose à Super U, à Leclerc, à Intersport, à Micromania et à la Fnac.
J’y vais pour me souvenir que j’étais heureux d’y aller, et que cette joie était sans doute un soulagement vu le peu de joie que je ressentais par ailleurs.
Prendre une photo de soi dans un miroir public.
La plupart des personnes que je pensais plus pauvres que moi sont en fait plus riches. Elles disent : c’est la galère, mais elles sont propriétaires.
Moi je dis jamais que c’est la galère, mais peut-être qu’en fait je peux.
Quelles sont les limites véritables ? C’est ça, la grande question. Quelles sont les nécessités véritables, qui imposent des limites à la liberté humaine ? Vous ne trouverez pas de plus grande question que celle-ci de nos jours. Je vous le promets. – Mark Fisher, Désirs postcapitalistes (trad. L. Morelle et J. Guazzini).
Le capital, toujours, doit — pour en revenir à Marcuse — doit empêcher que les gens ne prennent conscience du fait qu’ils pourraient vivre autrement et avoir un contrôle plus grand sur leur existence. Cela, il doit l’empêcher. Il faut qu’il le fasse, et il faut qu’il continue à le faire.
Je n’ai pas joué au 1, mais toutes les images que je vois de Death Stranding 2 me donnent envie de passer 60 heures dessus.
Encore faudrait-il que j’ai une PS5.
J’aime tous les albums ringards de ma génération. Tous les groupes un peu cheap qui passaient à la radio pour un ou deux singles, puis sont tombés dans un oubli relatif.
Je crois qu’ils m’ont été d’un très grand secours à certains moments de ma vie où je ne voulais pas parler.
En poésie on y est : les mêmes noms sont publiés partout, se retrouvent partout, sont invités partout, le cercle se ferme, il fallait intégrer la ronde avant. Le renouveau a duré le temps que les habitués se reconnaissent.
Bonne nouvelle : on peut aussi jouer à l’extérieur, mais ce ne sont pas les mêmes règles (il n’y a pas de règles).
Between concrete and code – By Jovana Mikicic
Mista passe les portes des urgences avec Pluton dans les bras.
Il dit : j’ai besoin d’aide.
Il y a déjà plein de personnes malades qui attendent assises contre le mur ou allongées sur des brancards. Certaines ont des couleurs qui ne sont pas bon signe.
Jaune est une couleur qui n’est pas bon signe.
Des médecins passent d’une pièce à l’autre en marchant. Mista en bloque un pour qu’il regarde Pluton. Il lui dit : mon chien va mal, il faut vraiment le soigner.
Le médecin regarde Pluton et tout le sang qu’il y a sur son ventre et sur le tee-shirt de Mista.
Il dit : il est déjà mort.
Vous devez le soigner, dit Mista.
Ouais, dit le médecin, mais vous comprenez quand je dis qu’il est mort ? Je comprends, dit Mista, mais vous devez faire quelque chose.
Il tend les bras pour forcer le médecin à prendre Pluton. Maintenant il y a plein de sang sur sa blouse aussi.
Le médecin est un peu saoulé à cause des normes d’hygiène. Il dit : je vais pas le ressusciter.
Si, dit Mista.
Il dit : c’est exactement ce que vous allez faire.
Je pense souvent à la course poursuite en voitures électriques dans Too Old to Die Young. Je me dis que c’est une scène dont la grammaire ne peut être que cinématographique. C’est du pur cinéma.
On accorde beaucoup d’importance à des livres qui n’en méritent pas beaucoup.
J’ai commandé Désirs postcapitalistes à la bibliothèque, il a mis 15 jours pour arriver, puis autant pour être mis en rayon, et le jour-même il a été emprunté par une personne et réservé par trois autres. Mon prochain créneau pour le réserver est début juin.
Il faut vraiment être patient et altruiste (je ne suis ni l’un ni l’autre).
Il y a tellement de métiers. J’ai vu une offre pour être vendeur en boulangerie à Fréhel et j’ai pensé : en vrai pourquoi pas.
J’ai vraiment envie de quitter la ville.
J’ai vraiment envie de trouver la solution.
On peut attendre toute sa vie sa vie.
How personal should a personal site be?
Maybe there’s value in being vulnerable on the web sometimes.
This blog is a place to get things out of my head. I write for myself. Putting it on display provides just enough social pressure to give it that much more care. But it’d be fine if it was read by no one.
Une semaine et demi sans sport, déjà l’impression d’être incapable.
Cette obsession capitaliste de toujours vouloir avoir accès à ses documents, mails, notes, depuis partout, sur chaque appareil. Résiliez vos abonnements à des services cloud, achetez une clé USB, puis perdez-la.
Substack c’est le nouveau truc dont plus personne ne peut se passer avant de finir par devoir s’en passer parce qu’on aura enfin percuté que les fachos aussi s’en servent ?
On vient de sortir son pied droit du piège à loup pour mettre avec plaisir le gauche dans l’autre qui attend un mètre plus loin.
Substack est aussi un réseau social, avec son algorithme, son système de statistiques et de commentaires. Rien n’a changé, car rien ne change. Vous postiez des photos, maintenant vous écrivez une newsletter.
Mista est en train de bricoler dans sa chambre quand il entend Casca crier depuis le rez-de-chaussée.
Comme la voix de Casca traverse deux étages elle est assez diffuse. C’est la même sensation qu’un spectre qui dirait des prophéties tout bas.
Il pourrait dire : le chaos arrive, ou : le monde est misérable, mais ces phrases auraient l’air d’un sifflement.
Mista descend les deux étages et voit une fumée noire qui s’est répandue sur le sol de la cuisine et du salon. Elle stagne comme les vapeurs d’un marécage.
Mista pense à la friteuse en train de brûler.
Mista, crie Casca.
Cette fois la voix de Casca est très nette parce qu’elle traverse juste la porte du garage.
Mista l’ouvre : la fumée noire se déverse du congélateur comme l’eau d’une baignoire qui déborde. Tout le sol est recouvert jusqu’aux genoux.
Mista dit : il y a un truc qui pourrit ? Rien ne pourrit à -18, dit Casca. C’est vrai, pense Mista.
Il se décide à ouvrir la porte du congélateur.
Une puanteur de cadavre s’en dégage, parce qu’il y a bien un truc qui pourrit.
Casca quitte le garage en courant.
Merde, dit Mista.
C’est le corps du roi.
Doge : l’efficacité, vraiment ?
L’essentiel n’est pas ce que ces outils vont ou peuvent produire, mais en réalité, l’important, c’est la fiction qu’ils déroulent.
À la rentrée j’avais envie de m’inscrire en Master Ergonomie, Psychologie des Facteurs Humains parce que c’est un domaine que j’ai découvert à force de travailler et qui m’intéresse.
Le problème c’est que je n’ai aucune formation en Psychologie et que je ne me vois pas commencer une Licence à 34 ans.
J’ai pu discuter au téléphone avec une responsable pédagogique pour savoir si j’avais des chances d’être reçu en Master grâce à mon expérience professionnelle, mais elle m’a fait comprendre qu’il n’y avait presque aucune chance.
J’ai bien senti que si elle parlait comme moi elle aurait dit que j’avais peut-être 1 % de chance maximum. Peut-être même moins, peut-être 0,7 %.
J’étais un peu déprimé et puis en même temps je comprenais bien que je demandais une sorte de passe-droit exceptionnel à partir de pas grand-chose.
J’ai arrêté très vite mes études pour travailler et depuis j’ai toujours eu la chance de trouver un emploi qui ne tienne pas compte de mes diplômes.
Il fallait bien qu’un jour cette lacune me rattrape.
La responsable pédagogique m’a dit de postuler quand même et c’est ce que je vais faire.
0,7 % c’est encore quelque chose.
Quand l’insomnie me réveille, je ne sais jamais si je dois commencer ma journée comme d’habitude, ou accomplir un rituel qui viendrait soulager le manque de sommeil, ou tenter de me rendormir, forçant à tout prix mon corps à croire qu’il se sent assez bien.
Je ne sais jamais si je dois tout de suite aller sur l’ordi, ou faire semblant d’avoir autre chose à faire.
J’aperçois une femme courir, sans doute en pleine miracle morning.
Là où je travaille je vois plus de gens courir que marcher. L’idée que le miracle du matin puisse s’étendre à l’après-midi, puis au soir, à la nuit.
Le rêve d’une vie miraculeuse.
Je fixais le plafond et je pensais aux étés passés à l’abattoir, le premier aux têtes, déversées par chariots entiers sur le tapis roulant, que je prenais par une oreille pour mieux trancher l’autre, puis le suivant se chargeait des joues, encore après de la langue, et à la fin de la ligne il ne restait plus qu’un peu de chair à décortiquer sur la carcasse.
On envoyait les oreilles dans des colis jusqu’en Chine, où ils les adoraient.
J’en ai déjà parlé ici, mais cette fois je me suis senti malade et nauséeux parce que j’étais enfin réveillé.
Je rêve d’un internet d’abord de contenus plutôt que de formes. C’est parce que tout le monde produit le même contenu que chacun se contente de la même forme que son voisin.
C’est aussi parce que tout le monde écrit les mêmes histoires que chacun aime autant que son livre ressemble à celui du voisin. La littérature est un travail de singularité, le livre un espace de conformisme.
Si un espace personnel est tellement important, c’est qu’il permet de montrer et valoriser des choses qui n’auraient leur place nulle part ailleurs.
Il faut travailler à ne pas faire comme les autres. Et alors peu à peu une maison apparaît.
Rien de pire que l’annonce du changement suivie d’aucun changement. Le changement ne se décrète pas, il advient. Autrement dit : n’annonce pas que tu vas changer, change.
Navi n’annonce jamais à Link qu’elle va le réveiller, elle le réveille. C’est à partir de là que son aventure peut commencer.
Je m’endors angoissé, puis l’angoisse me rattrape. Elle me rattrape même quand je m’endors serein.
Il vaut mieux avoir des loisirs si on ne veut pas tout le temps parler du travail.
On pouvait faire ce qu’on voulait avec internet, et on a rien fait du tout. On pouvait tout imaginer, et on a rien imaginé. D’autres ont fait et imaginé pour nous.
C’est comme l’espace libre dans la rue : si personne ne l’utilise, il se transforme en place de parking.
Il devient nécessaire d’enlever les voitures, et de les empêcher de revenir.
La plupart des jours je trouve ma vie insatisfaisante, mais sans réussir à débloquer ce qui pourrait la rendre satisfaisante.
Je me demande s’il y a un ordre pour devenir heureux. Il faudrait vraiment un mode d’emploi pour tout.
Check Out These Pictures Of Late ’90s And Early 2000s Gamers “Hanging Out And Goofing Off In Person”
J’ai créé un nouveau deck Commander : Armix, Filigree Trasher & Ich-Tekik, Salvage Splicer
Je voulais un deck avec une majorité d’artefacts et de créatures-artefacts, juste parce que j’aime bien leur vibe et le marron des cartes old frame.
Par exemple ma carte préférée c’est Ange de platine.
J’ai d’abord cherché un commandant avec cette contrainte, mais je n’ai rien trouvé qui m’intéressait vraiment.
Et puis j’ai pensé que je voulais aussi un deck Golgari parce que c’est une bicolorité que je n’ai pas encore. C’est comme ça que je suis tombé sur Armix, et comme il a Partner, j’ai cherché un commandant qui pouvait le compléter : Ich-Tekik.
Il y a plusieurs mécaniques inédites par rapport à mes autres decks : la récursion, la tribalité Golem, le sacrifice. C’est une V1 avec sans doute encore pas mal de choses à ajuster, mais il est fonctionnel et cohérent.
Pour le pimp j’essaie d’avoir un maximum de cartes de ce deck en old frame. J’aime bien le mélange du noir, du vert et du marron.
Je découvre d’ailleurs la MTG Old Frame, dont les membres ne peuvent jouer que des cartes old frame.
C’est un délire de riches que je comprends.
J’ai lu une grosse centaine de pages de La Grande Conspiration Affective, que j’ai trouvé par moment écrit un peu comme un cartel d’exposition ou un dossier de candidature.
Il y a des phrases de ce genre : la question écologique portait peut-être en son centre la solution à cette atrophie de la foi devenue maladie de l’âme, ou : l’aspect vengeur de mon sentiment de perte et le potentiel guérisseur de mon écologie vengeresse, ou : un véritable contresort capable de mettre un terme au monde phallique et autoritairement actif.
En gros il y a beaucoup trop d’adjectifs, d’adverbes et de périphrases, ce que je reproche aussi à la plupart des dossiers que je reçois.
Par moment il y a des phrases comme : C’est un chemin ardu, sans doute, mais il mène aux étoiles, mais elles sont malheureusement beaucoup plus rares.
Par rapport au sous-titre, je dirais que c’est un livre à 99 % théorique et à 1 % thriller. Donc à lire plutôt si vous aimez la théorie, et pas vraiment les thrillers.
Windows XP c’était quand même un sacré truc.
Quand je veux m’empêcher de pleurer j’appuie très fort sur mes yeux avec les paumes de mes mains.
C’est vraiment efficace sinon je ne le conseillerais pas.
D’ailleurs les autres savent très bien vous appuyer sur la bouche pour vous empêcher de parler.
Je pense aux personnes qui ne connaissent mon travail que par ce site, ou que par mes livres, ou par les deux, ou par aucun des deux.
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I see the personal website as being an antidote to the corporate, centralised web. Yeah, sure, it’s probably hosted on someone else’s computer – but it’s a piece of the web that belongs to you. If your host goes down, you can just move it somewhere else, because it’s just HTML.
Cliquez sur tous les liens en bas de l’article, et vous verrez à quoi pourrait ressembler le web qu’on mérite, comparé à celui qu’on subit.
Every site needs a Links Page / Why linking matter
Linking to other sites is an act of rebellion; but its also an act of meditation, and of ego death - linking to the work of others is a way of celebrating their achievements and by doing so, gaining dignity for yourself and your work. You deserve to be part of the web, not its final destination; and there is respect in knowing that.
Dès que je découvre le journal de quelqu’un j’ai envie de lui écrire : je suis comme toi.
Mais je suppose que si on m’écrivait la même chose je répondrais : tu ne me connais pas.
J’ai arrêté de toucher les autres parce que je ne m’en sentais plus digne. Je suis désolé de devoir faire la bise parce que je ne veux embrasser personne. Je préfère m’en tenir à une distance respectueuse qui veut dire : d’ici, je ne pourrai pas te faire de mal.
J’aurais aimé avoir cette sagesse plus jeune.
Je rêve souvent d’être accusé pendant un procès et même après m’être défendu de la meilleure des manières je souhaite qu’on me condamne.
J’en rêve, mais je n’y crois pas.
Je fais surtout des cauchemars parce que ma vie en est un.
C’est parce que personne ne s’en rend compte que c’en est un vrai.
First conversations
are ideal. You can
be anyone
for a few hours. – Tommy Pico, IRL.
Safia Sofi vient d’enfiler son manteau quand Daisuke lui demande : tu pars déjà ? Elle allume son téléphone et voit qu’il est presque cinq heures du matin.
Elle dit : il est presque cinq heures.
Daisuke dit : on est même pas allés dans la piscine.
Safia Sofi regarde derrière la baie-vitrée et voit des invités nus ou en caleçon qui sautent dans l’eau.
L’un d’entre eux fait une bombe.
Tu m’avais dit que c’était une soirée tous les deux, dit Safia Sofi. Ouais je sais, dit Daisuke, mais après je me suis dit que ça serait plus cool si c’était une vraie fête.
Plus cool pour qui ? demande Safia Sofi.
Je sais pas, dit Daisuke. C’était juste une idée. Safia Sofi dit : je ne connaissais personne. Ouais, dit Daisuke. Il regarde autour de lui et reconnaît une fille en train de danser au bord de la piscine. Il dit : t’avais pas déjà parlé à Hailey ?
Je ne vois pas de qui tu parles, dit Safia Sofi. La fille qui m’a ouvert m’a même dit que t’avais pitié de moi.
Et Taylor ? dit Daisuke. Elle est en cours avec nous, son mec fait du basket.
J’y vais, dit Safia Sofi.
Elle sort sans écouter ce que Daisuke lui dit d’autre et retrouve les rues calmes du lotissement.
Au volant d’une Tesla garée le long du trottoir elle reconnaît Sam en train de manger un sandwich triangle. Il baisse sa vitre à son passage et lui dit : elle était stylée cette soirée.
Safia Sofi continue sa route sans lui répondre.
Elle pense : vieux gars.
le silence le caillou la forêt
ce soir, je viens de découvrir que je peux aussi ressentir de la joie si je suis suffisamment triste pour cela.
Mon kiné est un type très rassurant. Quand il a commencé à m’accompagner il y a un an et demi, il m’a dit qu’il y aurait peut-être des douleurs qu’il ne pourrait pas régler.
Il se trouve que depuis il règle chacune de mes douleurs.
Quand je fais un exercice et que mon corps craque bizarrement, il me dit qu’il n’y a pas à m’inquiéter et je le crois. Il me dit : c’est les articulations.
Dès que j’ai mal il me dit d’arrêter parce que le but ce n’est pas d’avoir mal.
Quand un exercice ne marche pas ce n’est jamais de ma faute. Il trouve autre chose.
C’est un type très persévérant et en même temps très juste.
Je ne peux pas lister tout le mal qu’il m’a aidé à évacuer. Je ne peux pas lister tout ce que mon corps avait accumulé au fil du temps. J’avais tellement de misère en moi, tellement de tristesse.
C’est rassurant de savoir qu’il existe des personnes que l’on ne connaît pas mais qui peuvent nous aider pour de vrai.
Mon kiné est ce genre de personne.
Si j’étais tellement heureux enfant, pourquoi je suis le seul à ne pas m’en souvenir ? Et pourquoi tout mon corps a la mémoire du contraire ?
Est-ce qu’on m’aurait menti ?
The experienced gardener knows when to let nature work.
Web 2.0 failed. True online sharing died a long time ago. So start taking.
Il y avait un trou ici. Il a disparu.
C’est plus difficile de progresser quand on ne s’entraîne pas.
Il va falloir finir par lâcher prise.
Je m’endors assis et me réveille une heure plus tard.
Depuis combien de temps je n’ai pas vu le lecteur mp3 intégré dans mon navigateur. Avant il était quasiment partout. Je me souviens qu’il était blanc, avec un bouton play vert et un bouton pause orange. C’était bien plus fancy que celui d’aujourd’hui, noir et triste.
Yo La Tengo - Nothing But You And Me
Il y a 15 ans je faisais presque toute ma culture musicale en téléchargeant les mp3 que je trouvais sur les sites des personnes que je suivais.
Vous pouvez faire pareil ici en faisant un clic-droit sur le lecteur et en choisissant Enregistrer le fichier audio sous…
Je reviens aux basiques.
Je crois que c’est surtout YouTube qui a tué cette pratique parce que maintenant on s’est habitué à envoyer des liens vers des vidéos. C’était peut-être aussi un peu illégal, je ne sais plus.
On aimerait partager sans retenue mais une chanson pèse bien plus lourd qu’une image, qui pèse bien plus lourd que du texte, mais qui ensemble pèsent bien moins qu’une vidéo.
S’affranchir des grosses plateformes d’hébergement c’est aussi faire des choix.
Il n’y aura pas de chansons ici aussi souvent que du texte.
Mais de toute façon vous ne venez pas pour les chansons, n’est-ce pas ?
Mora ne voulait pas d’amis, mais elle n’avait rien contre avoir quelqu’un pour couvrir ses arrières.
Right now I feel like there is this experience of living, and I am not in it.
I think I miss this childhood thing of perceiving the public as a place to be and not just to pass through from point A to point B on the fastest way possible
Safia Sofi est assise dans un canapé en train d’écouter un type beaucoup plus âgé que tous les autres invités parler d’une fois où il aurait réussi à maîtriser la mâchoire d’un requin avec la force d’un seul biceps.
Elle se rend compte qu’à part elle il n’y a que des étudiants torse nu qui écoutent ce type. Ils l’écoutent comme les enfants de Père Castor écoutent Père Castor.
C’est-à-dire qu’ils sont assis en tailleur sur le sol et font des commentaires conclusifs pour s’assurer d’avoir tout bien compris.
Il y a une morale à chaque histoire.
Safia Sofi pense que ce type doit avoir presque 50 ans parce qu’il parle avec plein d’expressions qu’il imagine que les étudiants utilisent.
Des expressions comme pas vrai la team ou slay. Tout le monde rigole quand il les utilise, et lui aussi rigole, mais pas pour les mêmes raisons.
Safia Sofi aperçoit Daisuke qui descend un escalier au fond et s’approche du groupe.
Daisuke voit Safia Sofi assise dans le canapé.
Les deux se regardent avec méfiance.
L’attention de Daisuke est détournée quand un étudiant lui demande qui est ce type. Il dit : il est vraiment bon délire.
C’est Sam, dit Daisuke. Un ami de mes parents.
Ça va Sam ? lui demande Daisuke. Tu profites bien de la soirée ? Ça va, dit Sam, comme tu vois. Il lève un verre en plastique en direction de Daisuke.
Barre-toi de chez moi, dit Daisuke.
Cool, dit Sam, je dérange personne tu vois. Les autres étudiants protestent aussi parce qu’ils commencent à s’attacher à ce type étrange et à ses histoires.
Daisuke dit : tu me déranges moi.
Safia Sofi voit dans le regard de Daisuke une forme de violence sordide.
Sam pose son verre sur la table basse. Il dit : désolé les gars, le patron a parlé. Il se lève et reboutonne sa veste.
Il pose une main sur l’épaule de Daisuke quand il le croise pour partir. Il lui dit : profite bien de tes amis. On se reverra.
La porte d’entrée claque et la soirée continue comme avant.
J’ai encore assez de force pour écrire un vrai bon livre, j’espère. Encore un peu de talent, je crois.
Safia Sofi sonne un peu en retard chez Daisuke avec des chips et du Sprite. Daisuke ne lui avait rien dit d’amener mais elle se sent toujours mal d’arriver les mains vides.
Elle entend du bruit à l’intérieur.
Une fille de sa promo dont elle a oublié le nom lui ouvre avec un verre en plastique dans la main et dit : salut Safia.
Safia Sofi déteste qu’on l’appelle juste Safia.
Elle dit : salut. Daisuke est là ? Ouais, dit la fille, mais je sais pas où.
Safia Sofi la suit jusque dans la cuisine et remarque des groupes de gens de l’université en train de parler dans chaque pièce. Des fois ils parlent avec un verre en plastique dans la main, et des fois une bouteille en verre. Il y a des filles en maillot de bain et des gars torse-nu.
La plupart des maillots de bain ont un motif de drapeau de pays.
Safia Sofi pense qu’elle n’a pas bien compris ce que Daisuke voulait dire quand il lui a proposé un truc tous les deux.
La fille lui demande si elle veut un truc à boire et Safia Sofi lui répond qu’elle a déjà ce qu’il faut en montrant sa bouteille de Sprite. La fille dit : c’est trop mignon que t’aies amené du Sprite.
Elle dit : t’es un peu spéciale non ?
Safia Sofi ne sait pas si c’est une vraie question.
Selena Gomez chante avec Gracie Abrams qu’il faut les appeler si jamais on se sépare.
Pourquoi t’es venue ? demande la fille. Daisuke m’a invitée, dit Safia Sofi. Daisuke ne veut plus te voir, dit la fille.
Elle dit : il a juste pitié de toi.
Elle quitte la cuisine vraiment énervée.
Safia Sofi se retrouve seule.
Elle ouvre son paquet de chips.
En ce moment je vois pas mal de personnes déplacer leurs données, notamment les mails, loin des entreprises propriétaires (= Gmail) vers d’autres plus vertueuses (= Protonmail).
Je trouve que le mail est un bon point d’entrée pour commencer à sortir des grosses infrastructures.
C’est plutôt facile à configurer et avec des interfaces accessibles en ligne comme Roundcube si on ne veut vraiment pas utiliser de logiciel de messagerie.
Je ne comprends toujours pas pourquoi on ne voudrait pas utiliser de logiciel de messagerie.
Moi par exemple je suis hébergé chez lautre.net, une association qui paie des serveurs indépendants dans un datacenter vers Paris grâce aux cotisations. C’est 23€ par an. En plus des mails il y a la plupart des autres services dont on a besoin en général, comme un espace d’hébergement pour ce site.
Donc oui des fois il y a des bugs temporaires, mon site n’est pas accessible, les emails pas envoyés ou pas reçus, et même si je rage sur le moment je me souviens aussi qu’il y a une matérialité derrière et des personnes pour s’en occuper.
Parce que moi aussi je travaille dans une association donc je visualise très bien c’est quoi le délire.
Comme vous avez votre asso de sport, ou culturelle, vous avez votre asso d’hébergement. Il y en a forcément au moins une dans votre région, et sinon dans la région voisine. C’est une façon de rendre ce domaine concret et de se rappeler qu’il y a des gens qui bossent autour de nous.
Quitte à bouger je me dis autant bouger dans ce sens.
La prochaine fois j’écrirai sur l’énigme des gens qui utilisent Wordpress juste pour publier du texte.
you might just have to be bored
people are hungry for content that contains the secret to not consuming content.
Si je personnalise autant mes logiciels c’est pour éviter de penser au fait que je n’ai rien à faire ni personne à voir. J’ai beaucoup de temps libre, mais plus beaucoup d’idées.
Je suis en train de relire Les éclats et j’ai remarqué que c’était un livre avec plein de phrases floues qui à la fin produisent un paragraphe cohérent. Chaque phrase prise seule est anodine, mais mises bout à bout elles mènent vers une forme de précision.
Moi je travaille un peu à l’inverse, à savoir qu’une phrase se doit d’être la plus précise possible. J’imagine mal écrire une phrase qui pourrait être enlevée, ou qui ne trouverait son sens que dans un ensemble plus grand.
J’essaie de faire en sorte de chacun de mes livres puisse s’en tenir à une phrase, qu’elle soit Ouais, dit Trish., ou Il n’y a pas d’espace à 100 % imperméable.
Chacune de ces phrases résume parfaitement ce que j’essaie de faire.
Je vois en permanence tout ce que j’écris.
Je n’imagine pas travailler autrement.
Les gens détestent qu’on vienne leur demander des comptes et qu’on les confronte sur des sujets qui les mettent en difficulté.
Tout le monde a honte de mal agir et que les autres le disent. Moi il y a plein de choses dont j’ai honte mais je préfère en parler que de les cacher sous le tapis.
Je n’ai pas la prétention de croire que tous mes choix sont les bons.
J’ai aussi fini par comprendre que plus je me taisais et plus je faisais du mal autour de moi. Il n’y a qu’en parlant qu’on peut être aidé.
J’enlève tellement de livres de ma bibliothèque que je ne me souviens même plus pourquoi je les ai achetés au départ.
D’ailleurs il me reste 4 exemplaires de Casca que je ne peux pas envoyer par La Poste parce qu’ils sont trop gros pour la boîte aux lettres, mais que je peux donner en direct à des personnes qui sont sur Rennes ou alentour.
Si vous en voulez un écrivez-moi, c’est quand même 23€ d’économisés.
J’ai toujours l’exemplaire dédicacé pour Guillaume que je dois déposer chez sa mère.
Je pense à la fois où Anti m’a prévenu avoir trouvé un exemplaire numéroté de Saccage chez un bouquiniste place St Anne. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui vivent à Rennes à qui j’ai donné un exemplaire numéroté de ce livre.
Leurs noms sont dans mon Death Note.
Tout à l’heure j’ai découvert que Lucie avait mis à jour son site et j’ai tout lu d’un coup.
Depuis qu’elle est partie je crois que je suis triste tous les jours que je vais au travail.
Ce ne sont pas forcément des choses auxquelles on pense quand on commence un travail, mais quand elles ne sont plus là on se rend compte que c’étaient les choses les plus importantes et qu’on avait de la motivation grâce à elles.
Maintenant je vois bien que je n’ai plus vraiment de motivation.
C’est aussi une des raisons de mon départ.
J’ai l’impression de toujours me lancer dans des projets pour le contenu, puis de rester pour les personnes. À la fin je ne pense plus du tout au contenu. À la fin je pense juste à toutes les personnes autour de moi.
J’ai passé toute mon enfance à jouer seul et je crois que ça ne m’intéresse plus.
Maintenant il faut commencer ce lundi.
Je me suis réveillé d’une sieste dans une pièce grise et froide. Dehors, il n’y avait plus de soleil. C’était le 21ème siècle.
J’écris pas toujours des trucs de dingue, mais au moins j’écris.
C’est vrai que j’ai remarqué que la plupart des téléphones des personnes avec qui je suis sonnent tout le temps pour rien.
Il y a quelques semaines j’ai décidé de désinstaller Magic Arena parce que j’ai réalisé que ce n’était pas comme ça que je voulais jouer à Magic.
C’est bête mais j’aime Magic parce que les cartes ont une matérialité avec laquelle je peux interagir. Le flux d’une partie est aussi beaucoup plus nuancé, heurté, au contraire d’une partie sur MtG Arena où tout est automatisé.
J’aime qu’il y ait des erreurs de jeu, faire défiler les cartes, toucher les sleeves, les glisser sur le tapis. J’aime piocher. J’aime quand quelqu’un pose une carte et qu’il y a comme un petit claquement. J’aime quand quelqu’un explique une carte avec des dizaines de mots parasites qui empêchent de comprendre clairement ce qu’elle fait.
MtG Arena me rendait impatient, distant, et je voulais que la partie aille vite parce que je suis impatient et qu’il n’y avait rien pour freiner cette impatience.
Je veux prendre le temps de profiter. J’ai oublié comment profiter. J’ai oublié tellement de choses, et tellement de gens.
Je veux mesurer le temps qui passe à la pile de cartes dans mon cimetière.
What we’re doing here is what I honestly think the Internet is made for.
C’est un des posts les plus émouvants que j’ai pu lire ces derniers temps.
Après avoir lu le chapitre sur les hauts fonctionnaires dans la La haine des fonctionnaires, j’ai pensé que leur présence au bureau de 7h à 23h témoignait d’un dysfonctionnement profond.
Je dirais que travailler autant en permanence est le symptôme d’un système malsain ou d’une incompétence évidente.
Il n’y a pas chaque jour des événements inédits face auxquels s’adapter. Le travail est fait de récurrences, et des outils conçus au fil du temps répondent à ces récurrences. C’est en général ce qu’on appelle la méthodologie.
Une bonne méthodologie permet de gagner du temps. Ce temps gagné offre du temps libre pour paresser, ou pour faire autre chose.
Un travail à flux tendu chaque jour est l’expression d’un chaos alimenté par le manque de méthodologie, ou par leur remise en cause permanente.
C’est le signe clair qu’il est urgent de tout revoir.
Alors pour que les gouvernements qui se succèdent depuis plus de 50 ans soient toujours alimentés par les mêmes problématiques de surcharge de travail, c’est qu’ils ne savent pas travailler. Ils ne savent pas identifier les problèmes, construire les outils pour les résoudre, puis les mobiliser pour avancer sans avoir à se demander comment avancer.
Ou alors, comme dans beaucoup de métiers à des postes haut placé, ils sont occupés à créer de nouveaux problèmes et à détruire les outils pour justifier leur présence.
Ce qui me terrifie, c’est qu’on en soit toujours à un tel point d’amateurisme.
On est censé savoir comment faire. On l’a sans doute déjà fait des milliers de fois.
Pourquoi est-ce qu’on vit en permanence avec l’impression que tout vient toujours d’être découvert pour la première fois.
Qui sabote la ligne ?
Quel intérêt trouvent-ils à la saboter ?
Qui peut les arrêter ?
Il y a des angoisses qui ne passent jamais.
I was not weird, I was right.
widening the spectrum of future possibilities
we have to develop empathy for our future selves.
Quand quelqu’un klaxonne dans la rue, je regarde toujours par la fenêtre, mais je ne vois jamais rien.
Cette édition pose les bases des frères Urza et Mishra. Ces derniers découvrirent lors de fouilles archéologiques destinées à parfaire leurs connaissances de l’ancien peuple Thran deux pierres de puissance (Mightstone et Weakstone). Ces pierres avaient le pouvoir d’ouvrir un portail vers le plan infernal de Phyrexia.
La barrière de la langue est une vraie limite pour développer la circulation entre les sites et les blogs. Je lis beaucoup d’anglophones, mais aucun ne lit le français. C’est une dynamique à sens unique.
Quand je marche dans la rue le soir, je regarde à l’intérieur des maisons, et j’imagine que toute cette vie est à moi.
L’homme pressé marche encore plus vite après qu’on lui a demandé s’il l’était.
Ce que vim change à l’écriture, c’est qu’on ne réfléchit plus avec ce que l’on voit, mais avec ce que l’on touche.
Adolescente, j’ai vécu quelques réveillons très désagréables. Je ne raffole pas de ce genre de festivité. – Pei-hsiu Chen, Somnolences (trad. I. Gros).
Safia Sofi reçoit un sms de Daisuke. Il a écrit : tu veux passer chez moi ce soir ? Safia Sofi écrit : tu fais une soirée ?
Daisuke ne répond pas tout de suite.
Safia Sofi est en train d’acheter des médicaments pour Gon. Il y a trois autres personnes devant elle dans la queue du guichet et chacune fait un truc différent pour s’occuper.
Chacune fait un truc pour oublier qu’elle est là.
La plupart de ces trucs impliquent un téléphone.
Safia Sofi regarde la vidéo 100 Jumeaux Identiques Se Battent pour 250 000$. Le contenu de la vidéo est fidèle à 98 % au titre parce qu’ils ne se battent pas réellement, ils s’affrontent plutôt dans différentes épreuves intellectuelles et physiques.
Safia Sofi pense à 50 personnes qui se battent à mort contre un double qu’elles aiment, puis contre 49 personnes qui ne leur ressemblent pas et qu’elles ne connaissent pas.
Elle se demande si c’est plus facile de tuer une personne qu’on aime ou 49 qu’on ne connaît pas.
Elle n’arrive pas à dire si la somme obtenue à la fin pèse vraiment dans la balance.
Une notification lui montre la réponse de Daisuke. Il a écrit : je pensais plus à truc tous les deux.
C’est aussi le moment où le pharmacien lui demande ce qu’il peut faire pour elle.
I think the only thing real life third spaces and blogs have in common is fulfilling the urge to sit in the presence of other people while not having to talk yourself; lurking, essentially.
Ce que j’avais résumé une fois en public par : j’aime bien qu’on me lise, mais pas qu’on m’en parle.
Cette librairie rennaise qui ouvre un rayon nommé Le Squat dédié à la culture punk mais ne s’était pas privée il y a quelques années de dénoncer publiquement les personnes qui volaient leurs livres et les empêchaient notamment de se verser des primes.
Pas besoin d’aller chercher très loin pour être témoin d’appropriation.
Pidi a hyper mal commencé l’année parce qu’elle a rayé une jante de l’Audi de Valouzz en récupérant ses courses au drive après avoir déposé son aîné à la crèche.
Elle est en panique totale parce que les jantes de Valouzz sont super belles, en mode carbone et tout. Chaque jante a coûté entre 1000 et 1200€.
Pidi pense quand même aux personnes qui n’ont pas de toit sur leur tête pour relativiser l’événement.
Après avoir regardé l’éraflure Valouzz dit : en vrai ça va. Il dit : 300 balles pour ça par contre ça fait vraiment mal. Il pointe du doigt une toute petite trace blanche sur la jante et il dit : 300 balles pour ça.
Deux jours plus tard, Dobby fait remarquer à Valouzz en arrivant à son barbecue que Pidi a rayé une autre jante de la même voiture.
Valouzz regarde la nouvelle trace blanche. Il a une théorie : une fois que t’accroches une jante, t’accroches toutes les jantes.
Il va chercher Pidi et lui montre la nouvelle jante rayée.
Valouzz, Dobby et tous les autres amis invités au barbecue rigolent parce que Pidi ne sait pas conduire.
Pidi ne rigole pas.
Pas loin de chez moi il y a un restaurant de mezzés qui me fait marrer à chaque fois que je passe devant parce qu’il a basé toute sa communication de vitrine sur la haine de l’autre restaurant de mezzés deux numéros plus loin.
Il y a un panneau énorme avec écrit : VRAIE CUISINE LIBANAISE TRADITIONNELLE FAITE MAISON ET SURTOUT RIEN D’AUTRE.
Et il y a un autre panneau plus petit à moitié caché avec écrit : LE PLUS ANCIEN RESTAURANT LIBANAIS DE RENNES DEPUIS PERSONNE 100 % LIBANAIS ICI VOUS MANGEZ UNIQUEMENT LIBANAIS VOUS NE MANGEZ NI SYRIEN NI ITALIEN NI GRECQUE NI EGYPTIEN.
Quand j’y repense, l’autre truc qui m’a gêné dans La mécanique du livre, c’est qu’on n’y voit presque pas les erreurs : quel délai n’a pas été respecté, quelle demande pas comprise, quel compromis pas maintenu, quels outils pas conservés, quelle collaborateurice fâchée, quels délais de paiement pas respectés, etc.
En fait toutes ces choses sur lesquelles on bute forcément et qui amènent à penser qu’on pourrait faire autrement.
it is tough being so fucking sad all the time, i wish i could turn it off.
Le portail se trouve à l’intérieur de nous. Oubliez l’extérieur.
J’ai remis un lien vers mon compte XMPP dans le menu à droite. C’était déjà le cas il y a quelques années mais à peu près personne ne l’avait utilisé pour me contacter.
Comme je pense que c’est une des seules alternatives viables aux services de messagerie instantanée actuels, je persévère.
Je me souviens quand j’avais 12 ans et qu’on était en 2003 et que j’étais au collège, j’étais un des premiers à avoir MSN. Au début tous mes contacts étaient des gens que j’avais rencontrés sur Internet. Et puis à force les gens du collège ont fini par s’y inscrire aussi.
J’avais dit à Anti il y a quelques mois que le plus important si on voulait nous parler, c’était juste que les autres sachent comment nous joindre.
Je me dis que peut-être il suffit que ce soit là pour qu’une personne l’utilise. Puis une deuxième personne, etc. Il faut laisser la porte ouverte. Qui sait qui pourrait entrer.
Trois fois que la batterie de ma voiture se vide depuis le début du mois de janvier parce que je ne l’utilise pas assez. Il n’y a pas de bon usage de la voiture, elle se détériore en permanence. Le nombre de kilomètres n’est pas le seul signe d’usure.
Les gens disent qu’ils n’utilisent pas leur voiture, mais en réalité ils l’utilisent tout le temps, sinon j’entendrais de gens autour de moi se plaindre que leur voiture ne marche pas parce qu’ils ne l’utilisent pas assez.
Les gens se plaignent souvent de leur voiture mais jamais pour cette raison.
Alors j’attends pour appeler l’assurance d’avoir un trajet suffisamment long à faire, ce qui peut prendre plusieurs jours, souvent plus d’une semaine. Je regarde ma voiture sur sa place de parking et je pense : quelle merde.
Dans l’avant-dernier épisode de la saison 7 de Mad Men, Don Draper donne sa voiture à un jeune homme croisé plus tôt dans un motel. Il attend sur un banc au soleil que le bus arrive.
Il y a une image de lui qui sourit.
design philosophy inspo: boomer websites
But I’m getting more interested in keeping a trail, showing a progress, a life work. This life work doesn’t care about engagement, reader time, bait titles, going viral, or what could be overwhelming to the viewer or too much to even digest. It’s just there, a rabbithole to be explored and not everything has to be discovered immediately.
Dans La mécanique du livre il est écrit à un moment qu’il y a une volonté de transparence, pourtant le premier chapitre sur les auteurices ne me semble pas particulièrement transparent.
On y parle beaucoup du travail d’amélioration fait auprès du texte avec l’aide de l’éditeurice, mais on n’y parle pas du tout d’argent. Pour moi, la seule vraie transparence, ce sont les chiffres.
Il n’est jamais dit combien les auteurices sont payées, quel est le montant de leur à-valoir, ni si les règlements sont faits dans les temps. Alors qu’on a la plupart de ces infos dans le chapitre sur la traduction. On ne sait pas non plus combien d’exemplaires sont vendus.
Ce sont les deux choses qui manquent de transparence dans l’édition : les ventes, et les rémunérations.
C’est sans doute qu’il y a des raisons de ne pas en parler.
Il faudrait que la chaîne du livre soutienne la situation des auteurices, leurs problèmes ne pourront se résoudre que toustes ensemble. Même si les choses semblent se dessiner autrement… je trouverais cool que la chaîne du livre se rassemble davantage. - La mécanique du livre.
Je continue mon exploration.
Je parlais la dernière fois des plugins qui ont l’air d’aller de soi pour les utilisateurs de vim, mais en fait je pourrais l’appliquer pour le reste des logiciels.
Si je voulais vraiment parler à une personnes qui débute, je lui dirais déjà que sa distribution ne permet pas de tout faire. Par exemple moi j’utilise Linux Mint, et il n’y a pas le même window manager sur cette distribution que sur Arch Linux. Donc quand on regarde certains tutos sur Youtube avec des fenêtres qui s’ouvrent dans tous les sens, il faut comprendre que notre ordinateur ne va pas se comporter de la même manière.
Maintenant je dirais de commencer par installer un autre terminal. Par exemple j’ai découvert kitty après avoir configuré tout le reste, et j’ai l’impression d’avoir fait le travail à l’envers.
Ensuite je dirais d’apprendre à utiliser les bases de kitty : les onglets, les fenêtres, naviguer de l’une à l’autre. On peut à peu près tout faire depuis kitty, et on peut le configurer assez simplement.
Ensuite je dirais d’installer un éditeur de texte. Moi j’utilise neovim, mais ça peut être autre chose. L’éditeur permettra de modifier tous les documents texte, qu’ils soient créatifs ou utilitaires.
Ensuite je dirais d’installer les plugins de vim qui facilitent son usage : l’arborescence avec NERDTree ou un équivalent, et l’explorateur de fichiers avec fzf ou un équivalent. fzf est tellement puissant qu’ensuite c’est difficile d’imaginer travailler sans.
Voilà et à partir de là on peut commencer à personnaliser les outils, ou en ajouter de nouveaux, comme par exemple newsboat pour les flux RSS, cmus pour la musique, ou mutt pour les emails.
Je m’efforce d’aller dans le sens de mon imagination.
C’est le seul endroit d’où un nouveau monde peut surgir.
J’ai reçu mon Thinkpad 480s mardi et depuis je passe mes journées dessus pour configurer Linux Mint. C’est en même temps exaltant et vertigineux quand on comprend tout ce qu’on peut personnaliser. C’est difficile aussi d’arrêter de penser avec la souris pour penser avec le clavier.
Rien que dans Vim, il y a tellement de plugins à découvrir et configurer, qui vont de soi pour la plupart des personnes que je vois l’utiliser, genre vim-airline ou fuzzy-finder, mais qui ne le sont pas du tout quand on débarque.
C’est l’architecture globale de son ordinateur, des documents et des façons d’écrire qui est à revoir.
J’essaie d’avancer en fonction de mes usages, pour trouver des réponses au cas par cas, mais parfois il faut aussi réfléchir hors de ses usages pour découvrir d’autres outils et façons de faire.
Des fois il faut juste arrêter de faire comme d’habitude.
#VimConf2021: Writing, Editing and World Building at the speed of thought with Vim
Eight months of experimenting and constant refining later, I can confidently say that Vim/NeoVim + git in a terminal is the writing environment I’ve dreamt about all my writing life.
Unstable in general
Astrid m’a offert une version altérée de la carte Rêves du monde souterrain. La phrase d’ambiance est : Les rêves ne sont qu’une autre forme de tourment.
i just fucking want to see what i’m working on without a six step process, the way i could with frontpage or dreamweaver or microsoft expressions, twenty five fucking years ago.
Je capte l’idée, et en même temps je suis plutôt attaché à ne pouvoir publier qu’à partir d’un seul endroit, qui est mon ordinateur. Mon outil c’est l’ordinateur, pas le navigateur. Je pourrais me passer d’un navigateur, pas d’un ordinateur.
In this post I collected a lot of screenshots that refute the picture or “read only” web before or outside of social networks and hosting services.
A blog post is a search query. You write to find your tribe; you write so they will know what kind of fascinating things they should route to your inbox.
Samedi je me sentais surchargé et je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer en passant le balais. Je rêvais que tout s’arrête. Je ne voulais plus rien avoir à faire, et rien à penser non plus.
Aujourd’hui je fais de mon mieux.
journaux brésiliens – janvier 2025
à la fin de la journée, je me sens comme je me sentais en 2011, après des heures passées à la caisse du Franprix d’Aix-en-Provence, c’est-à-dire : inexistante. mais ça pourrait être pire. je pourrais me sentir mal.
It is only as I begin writing code that I begin to understand my problem.
A retrospective on a year without streaming music
Artists were better off when we were toting around iPods, Zunes, Dell Digital Jukeboxes and buying mp3s one at a time. I think we were too.
J’ai réduit les lignes pour qu’elles soient plus faciles à lire.
Si seulement je pouvais au moins acheter mes outils de travail avec l’argent de mon travail.
Je suis pourtant très rentable. Vous imaginez que quand j’ai acheté ce MacBook Air, je n’avais pas encore publié le moindre livre ?
Aujourd’hui on est graphiste et on se dit qu’une revue papier, influencé par ce qu’on consomme et ce qui nous excite depuis des années est le format idéal pour nous permettre de nous exprimer et mettre en avant les travaux de personnes qu’on kiff et dont on veut voir/lire la vision. – Artefact 1.
Genre là je viens à Paris avec un sac énorme j’ai toujours un deck dedans. C’est un peu comme Pokémon sur Gameboy, au lieu de la ceinture avec des pokeballs t’as ton sac avec un tas de cartes, tu le sors, tu joues, c’est un lien facile entre les gens.
Je vais a priori partir sur un ThinkPad T480s comme nouvel ordinateur portable, mais j’hésite encore entre le Hiby R4, le HIFI WALKER H2 et le Walkman Sony NW-A55 pour le baladeur mp3.
J’aime beaucoup les objets et j’y accorde une très grande importance. J’aime ce qu’ils représentent et ce qu’ils me permettent de faire. Ce sont des formes et des noms qui feront ensuite partie de ma vie pendant des années, donc autant bien les choisir.
Ils peuvent même me transformer.
Des fois je pense à ma chambre d’enfant, à toutes les figurines, les meubles, tous les objets qui m’entouraient et que je pouvais sentir avant de m’endormir, protégé, veillé, comme un prince dans son tombeau, éternel.
Pas besoin d’être quelque part si vous n’avez rien à y faire.
Comme une sorte de tendinite dans le coude, ou de courbature dans le triceps, ou de fatigue sous l’omoplate.
J’ai brick mon iPod Classic en essayant par tous les moyens d’installer Rockbox dessus. Je crois que c’est un des trucs qui me désespèrent le plus avec Apple, que tout soit aussi fragile dès qu’on sort des usages prévus.
Je ne veux pas utiliser iTunes, mais il n’est possible de synchroniser sa musique sur son iPod qu’en passant par là. Pour installer Rockbox, je devais formater mon iPod en FAT32, mais ce n’est possible qu’en passant par iTunes sur Windows. Les versions les plus récentes d’iTunes ne reconnaissent pas l’iPod et je suis obligé d’installer une version plus ancienne qui ne le reconnaît pas non plus mais à chaque fois pour une raison différente. À la fin j’ai le malheur de le débrancher en Disk Mode : cassé pour toujours.
Je découvre par la même occasion que le lecteur mp3 est désormais un luxe.
Ils ont même changé de nom.
Mon MacBook Air de 2015 qui redémarre tout seul pendant la nuit est un autre signe qu’il va bientôt falloir changer d’ordinateur. Est-ce que 10 ans c’est une bonne vie pour un ordinateur ?
Je suis fatigué que les objets fatiguent.
Safia Sofi espère que son frère se réveille ; Chloé Price arrête ses recherches ; Mista part sauver le roi ; Peter Fire disparaît.
Je clique toujours sur tous les liens que je vois.
Here’s the thing: When you write about yourself, your own experience, it can’t be fair.
So you have to build something. If you lose the structure you trusted, you have to construct something new.
so i’m angry about something i’ve known for a long time i can’t do anything about, the past.
The definitive guide for escaping social medial (and joining the indie web.)
Le guide est très simple d’usage et met en valeur des notions qui me semblent essentielles : une sélection personnelle prend plus de temps à construire que celle générée par les algorithmes ; il y aura de fait moins de contenus ; il faudra s’initier aux outils ; si vous créez, il y aura moins de visibilité (pour le moment).
better to part ways than be parted
was I ever really there for you
I guess that all things come to an end
La police vient vérifier que l’eau ne monte pas trop haut, alors qu’elle a déjà largement débordé.
Certains jours, j’ai le même code couleur vestimentaire que Waluigi.
Je vois plein de gens avoir peur de quitter Instagram ou Facebook, parce qu’ils craignent de ne pas retrouver ce qu’ils quittent, ou de perdre toutes les relations construites là-bas. Des fois, ils ont juste peur de perdre leur visibilité, parce qu’ils ont construit une partie de leur vie sur le fait d’être vus. Ils ont peur de perdre l’impression d’être connus.
Sans trop vouloir faire le malin, je n’ai jamais eu à me soucier de devoir quitter ce site où je m’exprime, ni les liens construits grâce à lui. Je sais qu’il durera plus que n’importe quel réseau social.
Pourtant c’est aussi un réseau social, car il est en ligne et me permet de communiquer avec les autres.
Moi ce que je regrette, c’est toutes les manières saines de communiquer qu’on a abandonnées. Je regrette les emails autrement que pour le travail, comme je regrette que plus personne n’utilise les logiciels de conversation instantanée, comme je regrette les forums, comme je regrette les blogs, et comme sans doute les générations avant moi regrettent d’autres façons de communiquer qui ne devaient rien à personne sinon à nos propres outils ou à des services publics.
Je regrette l’accessibilité des courriers par exemple. Je regrette que la moindre carte postale coûte 1,50€ à envoyer.
Je regrette qu’on soit loin les uns des autres.
Il n’y a rien à regretter d’un endroit malfaisant car conçu pour l’être. Tout ce que vous avez construit là-bas se faisait sous les yeux de cette malfaisance, avec l’aval de cette malfaisance. Bien sûr il est toujours possible de rire dans un espace hostile, mais il reste un espace hostile. Et vous pouvez avoir l’illusion que vous changerez cet espace par la seule force de votre rire, mais la réalité c’est surtout que vous devez fuir le plus vite possible pour vous mettre à l’abri.
Tous les réseaux sociaux que vous utilisez forcent les autres à les utiliser. Il n’y a pas d’endroit où tout le monde est, il y a juste des endroits et des effets d’attraction ou de rejet. Instagram et Facebook sont remplis de gens absents parce qu’ils sont ailleurs, et que plus personne ne prend la peine d’aller les visiter.
Ce que vous avez sur Instagram et Facebook, vous l’avez déjà partout ailleurs, vous l’aviez déjà il y a 20 ans, et en mieux, et sans mettre personne en danger.
Le moment de bascule actuel se fait vers le passé parce qu’on se rend compte qu’on avait déjà les outils, et qu’on savait déjà comment bien les utiliser. On s’est laissé dériver un certain temps, on s’est laissé tromper, malmener. Ce n’est pas un retour en arrière. C’est juste qu’il est temps de se mettre à l’abri, et d’avancer.
J’ai la flemme d’expliquer comment, mais je me suis retrouvé ce soir en train de lire toutes les archives de ma première boîte mail. Les plus anciens mails datent de 2007, quand j’avais 16 ans.
C’est assez éprouvant à lire parce que je n’étais pas un adolescent très malin, et en même temps des personnes que je ne connais pas m’écrivent quand même pour me dire qu’elles aiment bien ce que j’écris sur mon blog.
En fait je me trouve très naïf car j’essaie à tout prix de donner l’impression que je suis malin et intelligent. J’écris souvent des trucs vulgaires ou méchants.
J’échangeais avec des gens qui sont connus et millionnaires aujourd’hui, mais qui ne l’étaient pas à l’époque, comme Cyprien. On m’avait aussi demandé d’incarner un mec qui voulait garder son identité secrète après la parution de son livre chez M6 Editions, et depuis j’ai toujours eu l’impression d’avoir été le con d’un dîner de cons dans cette histoire, ou plutôt d’avoir été un enfant manipulé par des adultes. Je flirtais avec des filles dont j’ai tout oublié, qui s’appelaient Chloé, Justine, ou Angéline.
Axelle m’écrivait ça en mai 2008 :
Mais des fois j’ai envie de t’encourager. Te dire de continuer à écrire, parce que tu as du talent, et qu’en ne t’arrêtant jamais tu pourrais devenir génial. De continuer à rêver, à imaginer, parce que c’est pas incompatible avec le reste. Tu peux avoir une vie propre tout en t’imaginant, l’espace d’un instant être quelqu’un d’autre.
Je ne sais plus qui est Axelle.
Baptiste, un type qui me détestait autant que je le détestais, m’écrivait ça en juin 2008 :
Tu aimes te sentir « touchant » ?
Je ne m’en souvenais pas, mais ma tante Fabienne lisait aussi le blog que j’avais à l’époque. Elle m’écrivait ça le même mois :
Je me réjouis que tu trouves ton compte et du plaisir au contact “réel” avec les autres.
En octobre 2008, il y a les premiers messages échangés avec Valentine. Elle m’écrivait ça dans une police cursive :
N’empêche, mes jambes treeemblent encore d’avoir croisé un inconnu sur le quai de la gare.
L’inconnu c’est moi.
À partir de 2009, les choses deviennent beaucoup moins intéressantes. Il n’y a presque plus d’emails privés, intimes. La plupart sont en lien avec des projets, les autres avec des démarches administratives. En 2010, j’écrivais au disquaire de Saint-Brieuc pour qu’il m’embauche parce que je n’en pouvais plus de la prépa. Il ne m’a pas embauché et j’ai fini mon année.
En mai 2010 Camille m’a envoyé un .odt intitulé Quentin & Camille dans lequel elle a surligné en rouge toutes les choses qu’elle a faites avec moi. Dans ces choses il y a 9. Se regarder avec amour (tout le temps), 63. Toucher son coeur pour le sentir battre ou 37. Rester toutes les secondes possibles ensemble. Je n’ai jamais rien surligné en retour.
En 2011 il n’y a aucun message et à partir de 2012 vous connaissez ma vie.
En fait j’arrive en septembre 2013 et je retrouve les emails que j’ai échangés avec une fille qui s’appelait Emma De Decker. C’est bizarre à dire, surtout parce qu’on s’écrivait quasiment tous les jours et qu’elle m’envoyait des photos des lieux où elle allait, mais je n’ai jamais su si elle existait vraiment.
Je lui envoyais des liens YouTube vers des chansons qui me faisaient penser à elle, mais tous les liens sont morts, alors je ne sais plus lesquelles.
J’ai retrouvé une photo d’elle qu’elle m’avait envoyée :
Vous voyez pourquoi je dis qu’on dirait qu’elle n’est pas vraie ?
Elle m’écrira une dernière fois en octobre 2014.
En 2013, à quelques mois d’écart, il y a aussi deux emails désagréables d’Enora et Valentine, qui regrettent notre amitié et ce que j’ai eu la bêtise d’en faire.
Dans l’ensemble, les derniers messages que je finis par échanger avec les autres sont tristes. Rien ne se finit bien. Je crois que c’est le problème de ma vie : comment communiquer avec les autres alors que je suis toujours tellement triste ?
Alors que je me sens toujours tellement seul.
Because for me the entire point of the web is to connect. It’s about personal expression, it’s about creativity, it’s about sharing openly. It’s about respecting others, it’s about listening, it’s about reflecting on what other people say.
Je ne sais pas pourquoi je me suis pris à regarder une interview d’Echenoz par Faerber à l’occasion de la parution de son dernier roman.
J’ai été frappé par deux choses : la paresse, et le déjà-vu.
L’interview aurait presque pu se réduire à des propositions mathématiques : chaque question convenue de Faerber amenait une réponse convenue d’Echenoz.
Une question sur le nom du personnage principal lead to une réponse sur l’annuaire et les sonorités. Une question sur le style lead to une réponse sur le cinéma, le montage, les personnages malmenés par un narrateur omniscient et les digressions. Une question sur les anti-héros lead to une réponse sur les échecs et les rebondissements. Une question sur les environnements et les paysages lead to la mélancolie des zones interstitielles et les voyages.
Toutes ces questions étaient déjà posées à Echenoz il y a 30 ans, et Echenoz y répondait déjà de la même façon à l’époque.
On peut en tirer deux conclusions : Faerber n’a pas fait évoluer son appareil critique et Echenoz n’a pas fait évoluer sa pratique romanesque.
En fait, les deux sont en train de jouer à un jeu.
Ils vous font croire que c’est nouveau, alors que c’est vieux.
Faerber revendique souvent de privilégier une littérature moderne, au contraire de celle des grands écrivains institués dont le système scolaire (par exemple) a du mal à sortir. Mais au fond lui aussi il aime bien son petit confort, il aime bien revenir aux contemporains canoniques, à ses petites marottes, ses questions préécrites à partir de lectures convenues.
Il faut toujours se méfier de ceux qui se prétendent modernes : ils sont souvent l’inverse.
J’ai passé trois heures à essayer de comprendre pourquoi les italiques ne s’affichaient pas dans ma mise en page. La solution : la police n’avait pas d’italiques.
Suddenly there’s all this text in my head, and I can barely write as fast as the sentences run down in my head.
Je ne comprends pas que les gens utilisent les applications de webmail. J’y suis confronté dans le cadre de la compatibilité Web et je ne veux pour rien au monde utiliser ces interfaces.
Sur mon premier ordinateur, j’écoutais toute ma musique à partir de la barre de démarrage Windows. J’avais un dossier à côté de l’horloge qui se déroulait en listes et je lançais Winamp à partir de là. Je n’utilisais pas la bibliothèque intégrée de Winamp pour organiser mes fichiers, juste pour écouter les chansons. La navigateur de fichiers est déjà une bibliothèque.
J’avais aussi installé un thème World of Warcraft qui remplaçait le thème XP de base.
J’ai ces souvenirs parce que je suis en train de remettre ma discothèque sur mon ordinateur pour la lire avec QuodLibet (Winamp ne marche pas sur Mac), et arrêter d’utiliser Spotify qui rame à mort et ne paie pas les artistes.
Vous aurez compris qu’en ce moment je suis plus dans la technique que dans l’artistique.
Je m’en suis d’ailleurs sorti avec les plugins de Vim. On peut en installer plein qui rendent tous les traitements de texte ringards.
J’ai même tenté une nouvelle fois d’ajouter un flux RSS au site, mais je crois que c’est une mission qui dépasse pour de bon mes compétences.
Peut-être que quand je n’aurai plus de travail je pourrai enfin m’engouffrer dans toutes ces projets merveilleux.
you have more pull than you realise
It was like each of us were buying billboards on a street we all walked through to talk to each other. That’s not communication.
Je suis en train de tester Vim. Pour le moment j’ai réussi à configurer le thème pour que le logiciel ressemble à un truc qui me plaît, mais je bloque sur les plugins (je ne crois pas avoir besoin de plugins), surtout pour avoir une mise en page Markdown qui respecte toutes les balises. Par exemple, j’ai les liens mais pas les citations.
Ce qui est génial c’est que je peux grosso-modo tout faire au clavier : manipuler le texte, puis ouvrir le terminal dans Vim, et faire tout ce que je fais d’habitude dans le terminal sans avoir à l’ouvrir à côté.
Ce qui est moins génial, c’est qu’il faut apprendre toute une nouvelle mécanique d’écriture. C’est moins génial jusqu’à ce que ça devienne génial, comme la plupart des nouvelles choses qui ne sont pas faciles.
J’écris ces paragraphes tout en faisant une insomnie à cause des voisines qui parlent trop fort jusque trop tard.
Toujours pas compris comment on pouvait écrire et publier un livre ou plus d’un livre par an. Enfin si j’ai compris : on gratte le fond de son talent et on tente de résister à l’oubli.
a decade in reflection: the childhood hobby that brought me joy
Re: loneliness and meaningful work
Je réponds à tous les emails mais je ne réponds pas à tous les messages ni à tous les appels. Des fois je ne réponds pas pendant des jours, et des fois je ne réponds plus jamais.
But can’t the work at least be exciting? Can’t we go to sleep excited for the next problem, the next big idea?
In any working life, there will inevitably arise both the need and the desire to quit, not just once but several times. And as stressful as it’s likely to be, it’s usually also a moment that brings a great deal of relief and welcome change.
Dans le premier épisode de la deuxième saison de Severance, Mark S. revient au bureau comme d’habitude, mais tous ses collègues ont été remplacés par d’autres collègues, et personne ne veut lui dire où ses anciens collègues sont passés.
La pièce est exactement la même, mais l’ambiance a changé, et toutes leurs conversations sont weird, parce que ce n’est pas le mobilier qui fait la pièce.
Dans une autre scène, Dylan empêche Irvin de quitter l’entreprise. Il lui dit qu’il ne veut pas qu’il parte. Il lui dit : je vais être triste, et je vais être moins productif, alors que je suis vraiment bon à ce que je fais ici, peu importe ce que c’est. Et tu es une des raisons qui font que je suis vraiment bon à ce que je fais. Alors s’il te plaît, ne pars pas.
Là où je veux en venir : j’ai pris la décision de quitter mon emploi à la Maison de la Poésie cet été.
Je n’ai rien prévu pour après, je n’ai aucune idée d’où aller, mais je sens juste que c’est le bon moment pour partir.
Je me plains mais tout le monde éprouve la même honte.
J’ai regardé la vidéo d’un apprenti horloger de 17 ans puis celle d’une influenceuse qui n’a pas réussi à vendre son vin blanc en canette. L’un m’a ému dans sa passion (je vis la même), l’autre m’a peiné dans son échec (je vis le même).
Je tape un fou rire à chaque nouvelle expérimentation de François Bon sur Midjourney. Vous avez vu son image de Proust en pull devant un ordi ? Incroyable. Celles de Balzac dans l’imprimerie qui imprime des livres Balzac sont pas mal aussi. Il est pied au plancher à 350 km/h dans la vallée de l’étrange avec sa Daytona SP3 et son V12 Atmos.
Moins nos livres se vendent et plus on rêve qu’ils soient gratuits.
Moins je rêve et plus je vis.
Je voudrais trouver quelqu’un avec qui discuter des choses intimes.
Quelqu’un qui saurait comment utiliser MSN pour m’envoyer ses chansons préférées. Quelqu’un qui attendrait le soir que je me connecte. Quelqu’un qui m’aurait croisé en ville et aurait fait semblant de ne pas me connaître pour préserver mes secrets. Quelqu’un à aimer en silence.
J’ai toujours vécu dans l’ombre des autres. Je n’ai parlé qu’une seule fois en mon nom. Je n’écris pas de poésie. Je n’ai pas de fulgurances. Je n’ai aucun génie, ni aucune aura. Je ne dégage rien. J’attends que quelqu’un me sauve. Ma trajectoire est inexistante. Même le hasard m’angoisse. Je ne fais pas semblant. Je veux dire : j’existe pour de vrai. Je veux dire : j’aimerais que quelque chose m’arrive. Je veux dire : j’aimerais être touché par la grâce. Je veux dire : je suis courageux depuis très longtemps, mais j’ai peur. Je travaille tous les jours. J’ai deux métiers en même temps. Il y a un spectre qui dort sur mon dos, et c’est moi. Il y a un spectre qui gémit, et c’est moi. Il y a un corps qui ouvre les yeux. Il aimerait voir.
Et vous imaginez que même après toutes ces années je ne suis pas encore certain qu’écrire soit vraiment fait pour moi. Il y a moyen qu’à la fin j’en sois encore à me demander : et si en fait c’était autre chose ?
Mais il sera trop tard, et j’aurai à m’endormir sur cette question.
La plupart du temps je ne peux pas expliquer pourquoi un livre est bon ou mauvais, mais par contre je peux très facilement le voir. La plupart du temps je ne peux pas faire voir aux autres ce que je vois, donc personne ne me croit, et tout le monde me trouve injuste.
Alors qu’au contraire je suis très juste car j’ai de très bons yeux.
En vrai à la fin c’est soûlant de voir toujours les mêmes auteurices invitées partout. Vous voulez pas inviter d’autres gens ? Écouter d’autres voix, d’autres idées ? Le milieu culturel est capitaliste d’une force putain, c’est dingue. Faites de la place un peu. Arrêtez de toujours filer l’argent aux mêmes personnes. Moi aussi je bosse dur depuis longtemps hein. Tout le monde bosse dur depuis longtemps. On a le droit d’y croire, et on a le droit de profiter.
On a le droit à un minimum de considération.
Yet here I am empty
Watching the love of mine leave
Comme j’ai une rencontre avec Lucie Rico en avril, j’ai voulu lire GPS en entier parce que c’est important pour moi de savoir à partir de quoi on parle. Je préfère dire maintenant ce que j’en ai pensé parce qu’après que j’aurai rencontré Lucie Rico je suis sûr à 98 % que je vais la trouver sympa et que je n’aurai plus le courage d’être honnête.
Je pense que GPS aurait plutôt dû s’appeler Google Maps, parce que la narratrice utilise en fait Google Maps sur un téléphone, et pas juste un GPS. Au début je pensais que l’objet principal du livre serait une sorte de GPS Garmin à ventouser sur le pare-brise d’une voiture, mais en fait c’est une application.
Je sais qu’on dirait un détail mais en fait c’est quand même déterminant dans la plupart des scènes et dans la façon dont le livre est construit.
La narration est lente et ne peut s’empêcher des détours superflus quand l’intérêt s’emballe.
Par exemple, après que l’hypothèse que l’amie de la narratrice est morte se matérialise réellement, on doit s’enquiller un flashback sur la relation amoureuse entre la narratrice et son mec. Il y a au moins cinq ou six autres enchaînements du même genre.
Moi j’aime quand un livre avance, pas quand il recule.
Il y a plein de petits détails dissonants et peu intuitifs quant à la perception de Google Maps, et contradictoires dans la diégèse.
Un exemple : la narratrice dit que le problème du réchauffement climatique ne se pose pas sur Google Maps, ce qui est plutôt faux car on peut bien voir un paysage se dégrader grâce à la fonction Timelapse, que la narratrice utilise plus loin dans le livre. On pourrait dire qu’il lui vient une pensée fausse à partir d’une pratique consciente.
Un autre exemple : la narratrice explique que Google ne photographie pas les visages des gens (plutôt, ils sont floutés) et par extension applique une politique stricte sur la prise en photo de scènes de crimes ou de vols (soit les photos sont supprimées, soit remplacées par une surface grise). Pourtant, elle peut voir plusieurs photos liées à une scène de meurtre.
Je trouve aussi étrange que le livre se construise sur la crainte de la narratrice à sortir, alors que la scène d’ouverture se déroule en extérieur. N’aurait-il pas été plus logique qu’elle ne se sente pas de venir à la soirée de fiançailles, et de construire à partir de cette impossibilité initiale ?
Et puis surtout, toute l’intrigue repose sur un procédé qui disparaît comme par magie : un point de localisation que la narratrice surveille 85 % du temps avant d’apprendre que sa propriétaire (et amie) était morte depuis le début. Donc quoi, le point n’existait pas ? La narratrice hallucinait ? Elle s’est créée un monde fantasmatique ? OK.
Je préfère ne pas penser OK à la fin d’un livre.
Je préfère penser : oui.
On se voit donc en avril.
Il y a ce type en short qui éteint les flammes dans son jardin avec une carafe pleine de l’eau de sa piscine.
Leur dieu est un corps cloué à un arbre.
Social media has been worthless for years
I likewise refuse to do the publisher’s job for them. I already did my job, and I think that if an agent or publisher doesn’t want to do the work of selling my novel, they should reject me up front.
Je suis d’accord avec à peu près tout ce qui est dit dans ce post. Il n’y a pas de mal à parler de ce qui est produit, mais personne ne comprend plus qui doit le faire, ni où, ni comment.
Toutes les façons de communiquer me semblent inutiles dès qu’elles ne sont pas : parler à un être humain.
La communication sur les réseaux sociaux est véritablement de plus en plus inefficace, car les ratios sont ridicules, c’est impossible de savoir qui est touché, ni si cela sera régulier d’une fois sur l’autre.
Se reposer sur ces outils est un leurre profond qui détruit à petits feux quasiment toutes les initiatives. Celles qui subsistent produisent un effet d’élection qui dupe tout le monde.
Il faut juste les bons humains qui parlent de la bonne façon à d’autres humains.
Par exemple, la boutique où je joue à Magic organise une soirée Commander par mois. Le coût d’entrée est de 5 €, il y a 24 places. C’est toujours complet, et elle réussit à vendre toutes les places simplement en parlant aux personnes déjà présentes à la fin de chaque soirée. Si quelques places restent libres, les joueurs en parlent à leurs amis, ou la boutique en parle à ses clients. Je ne la vois jamais utiliser les réseaux sociaux, car elle n’en a pas besoin. Il y a une bonne synergie entre : 1) ce que la boutique propose 2) qui elle veut toucher 3) ce que les joueurs y trouvent 4) le prix 5) la récurrence 6) le lieu.
Et c’est grâce à ce fonctionnement qu’elle peut aussi remplir les avant-premières au moins à 80 % alors que le coût d’entrée est de 35 €, soit 7 fois plus cher.
Si maintenant je prends mes livres.
Ils sont vendus à une échelle nationale, dans des centaines de librairies différentes que je ne connais pas, à un prix que je n’ai pas fixé, avec des arguments de vente que je n’ai pas choisis, pour des lecteurs que je ne connais pas.
Et on voudrait que je fasse la communication d’un produit où tout est choisi à ma place sauf ce qu’il y a dedans.
Je touche 10 % des ventes pour écrire un livre. Si je dois communiquer dessus, donnez-moi 10 % de plus et je le ferai sans doute volontiers, mais avec mes outils, et mon approche.
Sur un livre de 20 € j’en touche 2, donc c’est presque sain que je ne veuille pas en faire plus qu’avoir déjà écrit tout le putain de livre pendant 3 ans. Je n’ai même pas envie d’y réfléchir : je n’en ai pas les moyens.
Si un jour j’écrivais un livre en me demandant pour qui je l’écris, où je veux le vendre, à quel prix, avec quels arguments, et à quelle fréquence, je pense que mon monde changerait.
Peut-être qu’il est temps que mon monde change.
I don’t know if I’m
Ever gonna stop
Reminding myself
Everything is lying
Le monsieur à côté de moi au passage piéton disait à voix haute que 99 % de la population mondiale n’irait pas au paradis. Il a dit que Moïse a écrit dans ses Commandements qu’il ne fallait pas mentir, et il a dit que 99 % de la population mondiale n’irait pas au paradis à cause du mensonge.
J’ai eu envie de pleurer parce que j’ai réalisé que moi non plus je n’irai pas au paradis à cause du mensonge.
Toujours pas compris pourquoi les auteurs français choisissent des pseudonymes aussi chiants que leur nom d’origine. Quitte à choisir pourquoi ne pas partir sur Séphiroth, Waluigi ou Optimus Prime ? Le catalogue est illimité. Vous pouvez vous appeler Doliprane 3000, Diabolo Kiwi ou Neo Cortex et vous préférez Jean-Michel Gentil, c’est dingue.
Et encore Jean-Michel Gentil c’est presque pas si mal.
Tout le monde se plaint de l’immédiateté, mais personne ne travaille vraiment à en sortir : quels outils, quelles stratégies ? On a capté depuis un bon moment que les choses ne fonctionnaient pas, maintenant il est peut-être temps de s’y mettre.
En écrivant ma pensée, elle m’échappe quelquefois ; mais cela me fait souvenir de ma faiblesse que j’oublie à toute heure, ce qui m’instruit autant que ma pensée oubliée, car je ne tiens qu’à connaître mon néant. – Pascal, Pensées.
Comme j’écris ici depuis 13 ans, je m’amuse à penser parfois que je suis peut-être une des choses les plus stables de la vie des personnes qui me lisent depuis le début.
C’est fou de faire la même chose pendant 13 ans, et en même temps pas du tout la même chose, et en même temps peut-être pas fou du tout.
Je reviens de chez ma grand-mère où je pouvais vivre dans le calme, et mon appartement est tellement plein du bruit des autres que je n’arrive plus à supporter. Je suis rentré et presque aussitôt j’ai pensé : je veux partir.
Je fais le puzzle 1 pièce Leroy Merlin pour savoir si je suis un robot et le résultat après l’avoir réussi est que je suis bloqué. Je ne sais même pas si je suis un robot et je ne peux donc pas non plus consulter leur offre de casques anti bruit.
Peut-être que je réussis trop bien le puzzle 1 pièce Leroy Merlin pour être humain.
J’aimerais faire un autre métier.
Safia Sofi ouvre la porte et marche dans l’entrée en faisant le moins de bruit possible. Toutes les pièces sont dans le noir relatif des grandes villes.
Elle passe devant la cuisine pour rejoindre sa chambre.
Tu étais où ? demande Leblanc.
Les lumières extérieures dessinent les contours de son visage et de son buste à table. Elle attend dans cette position depuis qu’elle a remarqué que Safia Sofi n’était pas dans sa chambre. En ville, dit Safia Sofi.
Leblanc dit : tu ne dois pas sortir sans me prévenir. Je ne risque rien, dit Safia Sofi. Ne sors plus sans me prévenir, dit Leblanc. Safia Sofi continue vers sa chambre sans lui répondre.
Leblanc dit : bonne nuit, et l’entend monter les escaliers sans dire bonne nuit.
Safia Sofi s’enferme dans sa chambre et s’allonge à la renverse sur son lit. Elle pense à son rendez-vous avec Daisuke et à l’inconnu qui est entré avec son chien dans la pizzeria. Elle se souvient avoir pensé en le voyant entrer que son aura ne ressemblait à aucune autre.
Elle se souvient aussi avoir pensé que le chien n’avait pas l’air d’un vrai chien.
À la fin elle se souvient surtout que sa pizza n’était pas géniale et qu’il y a presque un truc suspect au fait que Daisuke l’ait invitée à manger là.
Parce que Daisuke a clairement l’argent pour l’inviter dans une pizzeria où les pizzas sont au moins correctes.
Safia Sofi pense qu’une pizza correcte n’aurait pas coûté beaucoup plus cher que cette pizza nulle parce que le commerce de la pizza dans son ensemble se situe dans une fourchette qui va de 8 à 20 $, et qu’il y a comme une intention hostile volontaire de la part de Daisuke d’avoir choisi celle à 8 plutôt que celle à 20.
En fait Safia Sofi réalise que tous les éléments de cette soirée sont des anomalies et qu’une sorte de menace de mort s’est ancrée depuis dans son esprit.
Elle réalise qu’en disant je ne crains rien à Leblanc devant la cuisine tout à l’heure elle lui mentait mais qu’elle n’en était pas encore consciente.
Elle réalise que son corps tremble sur le lit.
Elle pense : je suis en danger.
L’adolescente dans la maison d’en face a un drapeau breton accroché sur un des murs de sa chambre. C’est compréhensible vu la zone géographique mais bizarre vu l’âge.
Anti m’a offert le Lego 71431 Ensemble d’extension bolide de Bowser, et Cécile le Lego 76996 Le robot gardien de Knuckles.
Il s’agit d’animer ce qui ne l’est pas.
Il faut deux mains pour bouger un bras.
Je pourrais écrire une nouvelle histoire avec les mêmes personnages.
Ton livre peut être coup de coeur d’une librairie et ne plus être vendu dans cette même librairie à peine un an plus tard. Pas besoin d’ennemis quand on a ce genre d’amis.
Ma grand-mère a une feuille intitulée ANNUAIRE AGRI-LOISIRS en WordArt arc-en-ciel avec des noms et des numéros écrits dessus. Si le nom et le numéro sont barrés, c’est que la personne est morte.
Un catcheur qui aurait comme nom Happiness Manager.
Le seul sens que je trouve à vivre, c’est celui que je trouve à écrire.
my computer is a home that my friends can visit
Je passe la plupart de mes soirées à regarder des gens qui chantent sur YouTube et à pleurer devant. Je suis pris par une émotion totale et permanente. Je ne comprends pas d’où viennent toute cette peine ni tout cet amour. Je crois que j’ai été privé très longtemps d’un pouvoir immense que je retrouve à force d’y croire. Je peux tout ressentir. Je peux tout voir. Je parle une langue de dieu. Je marche sur l’eau. Il me suffit d’une main pour tout saisir. J’ai visité le monde entier. Je reviens du futur. J’ai une épée pour trancher les démons. Mon trône est au fond d’une citadelle de glace. Les spectres m’aiment parce que je les écoute. Je ne suis pas là pour vous faire plaisir. Je ne suis pas là pour croiser les bras. Il y a un chemin mais je ne marche pas dessus ni n’attends à côté. N’essayez pas de me trouver. N’essayez pas de me parler. Il n’y a rien à voir. Je suis une voix dans votre tête. Je suis un ange. Je suis le chemin.
When you shine your light
I feel so good