Quand quelqu’un klaxonne dans la rue, je regarde toujours par la fenêtre, mais je ne vois jamais rien.
Cette édition pose les bases des frères Urza et Mishra. Ces derniers découvrirent lors de fouilles archéologiques destinées à parfaire leurs connaissances de l’ancien peuple Thran deux pierres de puissance (Mightstone et Weakstone). Ces pierres avaient le pouvoir d’ouvrir un portail vers le plan infernal de Phyrexia.
La barrière de la langue est une vraie limite pour développer la circulation entre les sites et les blogs. Je lis beaucoup d’anglophones, mais aucun ne lit le français. C’est une dynamique à sens unique.
Quand je marche dans la rue le soir, je regarde à l’intérieur des maisons, et j’imagine que toute cette vie est à moi.
L’homme pressé marche encore plus vite après qu’on lui a demandé s’il l’était.
Ce que vim change à l’écriture, c’est qu’on ne réfléchit plus avec ce que l’on voit, mais avec ce que l’on touche.
Adolescente, j’ai vécu quelques réveillons très désagréables. Je ne raffole pas de ce genre de festivité. – Pei-hsiu Chen, Somnolences (trad. I. Gros).
Safia Sofi reçoit un sms de Daisuke. Il a écrit : tu veux passer chez moi ce soir ? Safia Sofi écrit : tu fais une soirée ?
Daisuke ne répond pas tout de suite.
Safia Sofi est en train d’acheter des médicaments pour Gon. Il y a trois autres personnes devant elle dans la queue du guichet et chacune fait un truc différent pour s’occuper.
Chacune fait un truc pour oublier qu’elle est là.
La plupart de ces trucs impliquent un téléphone.
Safia Sofi regarde la vidéo 100 Jumeaux Identiques Se Battent pour 250 000$. Le contenu de la vidéo est fidèle à 98 % au titre parce qu’ils ne se battent pas réellement, ils s’affrontent plutôt dans différentes épreuves intellectuelles et physiques.
Safia Sofi pense à 50 personnes qui se battent à mort contre un double qu’elles aiment, puis contre 49 personnes qui ne leur ressemblent pas et qu’elles ne connaissent pas.
Elle se demande si c’est plus facile de tuer une personne qu’on aime ou 49 qu’on ne connaît pas.
Elle n’arrive pas à dire si la somme obtenue à la fin pèse vraiment dans la balance.
Une notification lui montre la réponse de Daisuke. Il a écrit : je pensais plus à truc tous les deux.
C’est aussi le moment où le pharmacien lui demande ce qu’il peut faire pour elle.
I think the only thing real life third spaces and blogs have in common is fulfilling the urge to sit in the presence of other people while not having to talk yourself; lurking, essentially.
Ce que j’avais résumé une fois en public par : j’aime bien qu’on me lise, mais pas qu’on m’en parle.
Cette librairie rennaise qui ouvre un rayon nommé Le Squat dédié à la culture punk mais ne s’était pas privée il y a quelques années de dénoncer publiquement les personnes qui volaient leurs livres et les empêchaient notamment de se verser des primes.
Pas besoin d’aller chercher très loin pour être témoin d’appropriation.
Pidi a hyper mal commencé l’année parce qu’elle a rayé une jante de l’Audi de Valouzz en récupérant ses courses au drive après avoir déposé son aîné à la crèche.
Elle est en panique totale parce que les jantes de Valouzz elles sont super belles, en mode carbone et tout. Chaque jante a coûté entre 1000 et 1200€.
Pidi pense quand même aux personnes qui n’ont pas de toit sur leur tête pour relativiser l’événement.
Après avoir regardé l’éraflure Valouzz dit : en vrai ça va. Il dit : 300 balles pour ça par contre ça fait vraiment mal. Il pointe du doigt une toute petite trace blanche sur la jante et il dit : 300 balles pour ça.
Deux jours plus tard, Dobby fait remarquer à Valouzz en arrivant à son barbecue que Pidi a rayé une autre jante de la même voiture.
Valouzz regarde la nouvelle trace blanche. Il a une théorie : une fois que t’accroches une jante, t’accroches toutes les jantes.
Il va chercher Pidi et lui montre la nouvelle jante rayée.
Valouzz, Dobby et tous les autres amis invités au barbecue rigolent parce que Pidi ne sait pas conduire.
Pidi ne rigole pas.
Pas loin de chez moi il y a un restaurant de mezzés qui me fait marrer à chaque fois que je passe devant parce qu’il a basé toute sa communication de vitrine sur la haine de l’autre restaurant de mezzés deux numéros plus loin.
Il y a un panneau énorme avec écrit : VRAIE CUISINE LIBANAISE TRADITIONNELLE FAITE MAISON ET SURTOUT RIEN D’AUTRE.
Et il y a un autre panneau plus petit à moitié caché avec écrit : LE PLUS ANCIEN RESTAURANT LIBANAIS DE RENNES DEPUIS PERSONNE 100 % LIBANAIS ICI VOUS MANGEZ UNIQUEMENT LIBANAIS VOUS NE MANGEZ NI SYRIEN NI ITALIEN NI GRECQUE NI EGYPTIEN.
Quand j’y repense, l’autre truc qui m’a gêné dans La mécanique du livre, c’est qu’on n’y voit presque pas les erreurs : quel délai n’a pas été respecté, quelle demande pas comprise, quel compromis pas maintenu, quels outils pas conservés, quelle collaborateurice fâchée, quels délais de paiement pas respectés, etc.
En fait toutes ces choses sur lesquelles on bute forcément et qui amènent à penser qu’on pourrait faire autrement.
it is tough being so fucking sad all the time, i wish i could turn it off.
Le portail se trouve à l’intérieur de nous. Oubliez l’extérieur.
J’ai remis un lien vers mon compte XMPP dans le menu à droite. C’était déjà le cas il y a quelques années mais à peu près personne ne l’avait utilisé pour me contacter.
Comme je pense que c’est une des seules alternatives viables aux services de messagerie instantanée actuels, je persévère.
Je me souviens quand j’avais 12 ans et qu’on était en 2003 et que j’étais au collège, j’étais un des premiers à avoir MSN. Au début tous mes contacts étaient des gens que j’avais rencontrés sur Internet. Et puis à force les gens du collège ont fini par s’y inscrire aussi.
J’avais dit à Anti il y a quelques mois que le plus important si on voulait nous parler, c’était juste que les autres sachent comment nous joindre.
Je me dis que peut-être il suffit que ce soit là pour qu’une personne l’utilise. Puis une deuxième personne, etc. Il faut laisser la porte ouverte. Qui sait qui pourrait entrer.
Trois fois que la batterie de ma voiture se vide depuis le début du mois de janvier parce que je ne l’utilise pas assez. Il n’y a pas de bon usage de la voiture, elle se détériore en permanence. Le nombre de kilomètres n’est pas le seul signe d’usure.
Les gens disent qu’ils n’utilisent pas leur voiture, mais en réalité ils l’utilisent tout le temps, sinon j’entendrais de gens autour de moi se plaindre que leur voiture ne marche pas parce qu’ils ne l’utilisent pas assez.
Les gens se plaignent souvent de leur voiture mais jamais pour cette raison.
Alors j’attends pour appeler l’assurance d’avoir un trajet suffisamment long à faire, ce qui peut prendre plusieurs jours, souvent plus d’une semaine. Je regarde ma voiture sur sa place de parking et je pense : quelle merde.
Dans l’avant-dernier épisode de la saison 7 de Mad Men, Don Draper donne sa voiture à un jeune homme croisé plus tôt dans un motel. Il attend sur un banc au soleil que le bus arrive.
Il y a une image de lui qui sourit.
design philosophy inspo: boomer websites
But I’m getting more interested in keeping a trail, showing a progress, a life work. This life work doesn’t care about engagement, reader time, bait titles, going viral, or what could be overwhelming to the viewer or too much to even digest. It’s just there, a rabbithole to be explored and not everything has to be discovered immediately.
Dans La mécanique du livre il est écrit à un moment qu’il y a une volonté de transparence, pourtant le premier chapitre sur les auteurices ne me semble pas particulièrement transparent.
On y parle beaucoup du travail d’amélioration fait auprès du texte avec l’aide de l’éditeurice, mais on n’y parle pas du tout d’argent. Pour moi, la seule vraie transparence, ce sont les chiffres.
Il n’est jamais dit combien les auteurices sont payées, quel est le montant de leur à-valoir, ni si les règlements sont faits dans les temps. Alors qu’on a la plupart de ces infos dans le chapitre sur la traduction. On ne sait pas non plus combien d’exemplaires sont vendus.
Ce sont les deux choses qui manquent de transparence dans l’édition : les ventes, et les rémunérations.
C’est sans doute qu’il y a des raisons de ne pas en parler.
Il faudrait que la chaîne du livre soutienne la situation des auteurices, leurs problèmes ne pourront se résoudre que toustes ensemble. Même si les choses semblent se dessiner autrement… je trouverais cool que la chaîne du livre se rassemble davantage. - La mécanique du livre.
Je continue mon exploration.
Je parlais la dernière fois des plugins qui ont l’air d’aller de soi pour les utilisateurs de vim, mais en fait je pourrais l’appliquer pour le reste des logiciels.
Si je voulais vraiment parler à une personnes qui débute, je lui dirais déjà que sa distribution ne permet pas de tout faire. Par exemple moi j’utilise Linux Mint, et il n’y a pas le même window manager sur cette distribution que sur Arch Linux. Donc quand on regarde certains tutos sur Youtube avec des fenêtres qui s’ouvrent dans tous les sens, il faut comprendre que notre ordinateur ne va pas se comporter de la même manière.
Maintenant je dirais de commencer par installer un autre terminal. Par exemple j’ai découvert kitty après avoir configuré tout le reste, et j’ai l’impression d’avoir fait le travail à l’envers.
Ensuite je dirais d’apprendre à utiliser les bases de kitty : les onglets, les fenêtres, naviguer de l’une à l’autre. On peut à peu près tout faire depuis kitty, et on peut le configurer assez simplement.
Ensuite je dirais d’installer un éditeur de texte. Moi j’utilise neovim, mais ça peut être autre chose. L’éditeur permettra de modifier tous les documents texte, qu’ils soient créatifs ou utilitaires.
Ensuite je dirais d’installer les plugins de vim qui facilitent son usage : l’arborescence avec NERDTree ou un équivalent, et l’explorateur de fichiers avec fzf ou un équivalent. fzf est tellement puissant qu’ensuite c’est difficile d’imaginer travailler sans.
Voilà et à partir de là on peut commencer à personnaliser les outils, ou en ajouter de nouveaux, comme par exemple newsboat pour les flux RSS, cmus pour la musique, ou mutt pour les emails.
Je m’efforce d’aller dans le sens de mon imagination.
C’est le seul endroit d’où un nouveau monde peut surgir.
J’ai reçu mon Thinkpad 480s mardi et depuis je passe mes journées dessus pour configurer Linux Mint. C’est en même temps exaltant et vertigineux quand on comprend tout ce qu’on peut personnaliser. C’est difficile aussi d’arrêter de penser avec la souris pour penser avec le clavier.
Rien que dans Vim, il y a tellement de plugins à découvrir et configurer, qui vont de soi pour la plupart des personnes que je vois l’utiliser, genre vim-airline ou fuzzy-finder, mais qui ne le sont pas du tout quand on débarque.
C’est l’architecture globale de son ordinateur, des documents et des façons d’écrire qui est à revoir.
J’essaie d’avancer en fonction de mes usages, pour trouver des réponses au cas par cas, mais parfois il faut aussi réfléchir hors de ses usages pour découvrir d’autres outils et façons de faire.
Des fois il faut juste arrêter de faire comme d’habitude.
#VimConf2021: Writing, Editing and World Building at the speed of thought with Vim
Eight months of experimenting and constant refining later, I can confidently say that Vim/NeoVim + git in a terminal is the writing environment I’ve dreamt about all my writing life.
Unstable in general
Astrid m’a offert une version altérée de la carte Rêves du monde souterrain. La phrase d’ambiance est : Les rêves ne sont qu’une autre forme de tourment.
i just fucking want to see what i’m working on without a six step process, the way i could with frontpage or dreamweaver or microsoft expressions, twenty five fucking years ago.
Je capte l’idée, et en même temps je suis plutôt attaché à ne pouvoir publier qu’à partir d’un seul endroit, qui est mon ordinateur. Mon outil c’est l’ordinateur, pas le navigateur. Je pourrais me passer d’un navigateur, pas d’un ordinateur.
In this post I collected a lot of screenshots that refute the picture or “read only” web before or outside of social networks and hosting services.
A blog post is a search query. You write to find your tribe; you write so they will know what kind of fascinating things they should route to your inbox.
Samedi je me sentais surchargé et je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer en passant le balais. Je rêvais que tout s’arrête. Je ne voulais plus rien avoir à faire, et rien à penser non plus.
Aujourd’hui je fais de mon mieux.
journaux brésiliens – janvier 2025
à la fin de la journée, je me sens comme je me sentais en 2011, après des heures passées à la caisse du Franprix d’Aix-en-Provence, c’est-à-dire : inexistante. mais ça pourrait être pire. je pourrais me sentir mal.
It is only as I begin writing code that I begin to understand my problem.
A retrospective on a year without streaming music
Artists were better off when we were toting around iPods, Zunes, Dell Digital Jukeboxes and buying mp3s one at a time. I think we were too.
J’ai réduit les lignes pour qu’elles soient plus faciles à lire.
Si seulement je pouvais au moins acheter mes outils de travail avec l’argent de mon travail.
Je suis pourtant très rentable. Vous imaginez que quand j’ai acheté ce MacBook Air, je n’avais pas encore publié le moindre livre ?
Aujourd’hui on est graphiste et on se dit qu’une revue papier, influencé par ce qu’on consomme et ce qui nous excite depuis des années est le format idéal pour nous permettre de nous exprimer et mettre en avant les travaux de personnes qu’on kiff et dont on veut voir/lire la vision. – Artefact 1.
Genre là je viens à Paris avec un sac énorme j’ai toujours un deck dedans. C’est un peu comme Pokémon sur Gameboy, au lieu de la ceinture avec des pokeballs t’as ton sac avec un tas de cartes, tu le sors, tu joues, c’est un lien facile entre les gens.
Je vais a priori partir sur un ThinkPad T480s comme nouvel ordinateur portable, mais j’hésite encore entre le Hiby R4, le HIFI WALKER H2 et le Walkman Sony NW-A55 pour le baladeur mp3.
J’aime beaucoup les objets et j’y accorde une très grande importance. J’aime ce qu’ils représentent et ce qu’ils me permettent de faire. Ce sont des formes et des noms qui feront ensuite partie de ma vie pendant des années, donc autant bien les choisir.
Ils peuvent même me transformer.
Des fois je pense à ma chambre d’enfant, à toutes les figurines, les meubles, tous les objets qui m’entouraient et que je pouvais sentir avant de m’endormir, protégé, veillé, comme un prince dans son tombeau, éternel.
Pas besoin d’être quelque part si vous n’avez rien à y faire.
Comme une sorte de tendinite dans le coude, ou de courbature dans le triceps, ou de fatigue sous l’omoplate.
J’ai brick mon iPod Classic en essayant par tous les moyens d’installer Rockbox dessus. Je crois que c’est un des trucs qui me désespèrent le plus avec Apple, que tout soit aussi fragile dès qu’on sort des usages prévus.
Je ne veux pas utiliser iTunes, mais il n’est possible de synchroniser sa musique sur son iPod qu’en passant par là. Pour installer Rockbox, je devais formater mon iPod en FAT32, mais ce n’est possible qu’en passant par iTunes sur Windows. Les versions les plus récentes d’iTunes ne reconnaissent pas l’iPod et je suis obligé d’installer une version plus ancienne qui ne le reconnaît pas non plus mais à chaque fois pour une raison différente. À la fin j’ai le malheur de le débrancher en Disk Mode : cassé pour toujours.
Je découvre par la même occasion que le lecteur mp3 est désormais un luxe.
Ils ont même changé de nom.
Mon MacBook Air de 2015 qui redémarre tout seul pendant la nuit est un autre signe qu’il va bientôt falloir changer d’ordinateur. Est-ce que 10 ans c’est une bonne vie pour un ordinateur ?
Je suis fatigué que les objets fatiguent.
Safia Sofi espère que son frère se réveille ; Chloé Price arrête ses recherches ; Mista part sauver le roi ; Peter Fire disparaît.
Je clique toujours sur tous les liens que je vois.
Here’s the thing: When you write about yourself, your own experience, it can’t be fair.
So you have to build something. If you lose the structure you trusted, you have to construct something new.
so i’m angry about something i’ve known for a long time i can’t do anything about, the past.
The definitive guide for escaping social medial (and joining the indie web.)
Le guide est très simple d’usage et met en valeur des notions qui me semblent essentielles : une sélection personnelle prend plus de temps à construire que celle générée par les algorithmes ; il y aura de fait moins de contenus ; il faudra s’initier aux outils ; si vous créez, il y aura moins de visibilité (pour le moment).
better to part ways than be parted
was I ever really there for you
I guess that all things come to an end
La police vient vérifier que l’eau ne monte pas trop haut, alors qu’elle a déjà largement débordé.
Certains jours, j’ai le même code couleur vestimentaire que Waluigi.
Je vois plein de gens avoir peur de quitter Instagram ou Facebook, parce qu’ils craignent de ne pas retrouver ce qu’ils quittent, ou de perdre toutes les relations construites là-bas. Des fois, ils ont juste peur de perdre leur visibilité, parce qu’ils ont construit une partie de leur vie sur le fait d’être vus. Ils ont peur de perdre l’impression d’être connus.
Sans trop vouloir faire le malin, je n’ai jamais eu à me soucier de devoir quitter ce site où je m’exprime, ni les liens construits grâce à lui. Je sais qu’il durera plus que n’importe quel réseau social.
Pourtant c’est aussi un réseau social, car il est en ligne et me permet de communiquer avec les autres.
Moi ce que je regrette, c’est toutes les manières saines de communiquer qu’on a abandonnées. Je regrette les emails autrement que pour le travail, comme je regrette que plus personne n’utilise les logiciels de conversation instantanée, comme je regrette les forums, comme je regrette les blogs, et comme sans doute les générations avant moi regrettent d’autres façons de communiquer qui ne devaient rien à personne sinon à nos propres outils ou à des services publics.
Je regrette l’accessibilité des courriers par exemple. Je regrette que la moindre carte postale coûte 1,50€ à envoyer.
Je regrette qu’on soit loin les uns des autres.
Il n’y a rien à regretter d’un endroit malfaisant car conçu pour l’être. Tout ce que vous avez construit là-bas se faisait sous les yeux de cette malfaisance, avec l’aval de cette malfaisance. Bien sûr il est toujours possible de rire dans un espace hostile, mais il reste un espace hostile. Et vous pouvez avoir l’illusion que vous changerez cet espace par la seule force de votre rire, mais la réalité c’est surtout que vous devez fuir le plus vite possible pour vous mettre à l’abri.
Tous les réseaux sociaux que vous utilisez forcent les autres à les utiliser. Il n’y a pas d’endroit où tout le monde est, il y a juste des endroits et des effets d’attraction ou de rejet. Instagram et Facebook sont remplis de gens absents parce qu’ils sont ailleurs, et que plus personne ne prend la peine d’aller les visiter.
Ce que vous avez sur Instagram et Facebook, vous l’avez déjà partout ailleurs, vous l’aviez déjà il y a 20 ans, et en mieux, et sans mettre personne en danger.
Le moment de bascule actuel se fait vers le passé parce qu’on se rend compte qu’on avait déjà les outils, et qu’on savait déjà comment bien les utiliser. On s’est laissé dériver un certain temps, on s’est laissé tromper, malmener. Ce n’est pas un retour en arrière. C’est juste qu’il est temps de se mettre à l’abri, et d’avancer.
J’ai la flemme d’expliquer comment, mais je me suis retrouvé ce soir en train de lire toutes les archives de ma première boîte mail. Les plus anciens mails datent de 2007, quand j’avais 16 ans.
C’est assez éprouvant à lire parce que je n’étais pas un adolescent très malin, et en même temps des personnes que je ne connais pas m’écrivent quand même pour me dire qu’elles aiment bien ce que j’écris sur mon blog.
En fait je me trouve très naïf car j’essaie à tout prix de donner l’impression que je suis malin et intelligent. J’écris souvent des trucs vulgaires ou méchants.
J’échangeais avec des gens qui sont connus et millionnaires aujourd’hui, mais qui ne l’étaient pas à l’époque, comme Cyprien. On m’avait aussi demandé d’incarner un mec qui voulait garder son identité secrète après la parution de son livre chez M6 Editions, et depuis j’ai toujours eu l’impression d’avoir été le con d’un dîner de cons dans cette histoire, ou plutôt d’avoir été un enfant manipulé par des adultes. Je flirtais avec des filles dont j’ai tout oublié, qui s’appelaient Chloé, Justine, ou Angéline.
Axelle m’écrivait ça en mai 2008 :
Mais des fois j’ai envie de t’encourager. Te dire de continuer à écrire, parce que tu as du talent, et qu’en ne t’arrêtant jamais tu pourrais devenir génial. De continuer à rêver, à imaginer, parce que c’est pas incompatible avec le reste. Tu peux avoir une vie propre tout en t’imaginant, l’espace d’un instant être quelqu’un d’autre.
Je ne sais plus qui est Axelle.
Baptiste, un type qui me détestait autant que je le détestais, m’écrivait ça en juin 2008 :
Tu aimes te sentir « touchant » ?
Je ne m’en souvenais pas, mais ma tante Fabienne lisait aussi le blog que j’avais à l’époque. Elle m’écrivait ça le même mois :
Je me réjouis que tu trouves ton compte et du plaisir au contact “réel” avec les autres.
En octobre 2008, il y a les premiers messages échangés avec Valentine. Elle m’écrivait ça dans une police cursive :
N’empêche, mes jambes treeemblent encore d’avoir croisé un inconnu sur le quai de la gare.
L’inconnu c’est moi.
À partir de 2009, les choses deviennent beaucoup moins intéressantes. Il n’y a presque plus d’emails privés, intimes. La plupart sont en lien avec des projets, les autres avec des démarches administratives. En 2010, j’écrivais au disquaire de Saint-Brieuc pour qu’il m’embauche parce que je n’en pouvais plus de la prépa. Il ne m’a pas embauché et j’ai fini mon année.
En mai 2010 Camille m’a envoyé un .odt intitulé Quentin & Camille dans lequel elle a surligné en rouge toutes les choses qu’elle a faites avec moi. Dans ces choses il y a 9. Se regarder avec amour (tout le temps), 63. Toucher son coeur pour le sentir battre ou 37. Rester toutes les secondes possibles ensemble. Je n’ai jamais rien surligné en retour.
En 2011 il n’y a aucun message et à partir de 2012 vous connaissez ma vie.
En fait j’arrive en septembre 2013 et je retrouve les emails que j’ai échangés avec une fille qui s’appelait Emma De Decker. C’est bizarre à dire, surtout parce qu’on s’écrivait quasiment tous les jours et qu’elle m’envoyait des photos des lieux où elle allait, mais je n’ai jamais su si elle existait vraiment.
Je lui envoyais des liens YouTube vers des chansons qui me faisaient penser à elle, mais tous les liens sont morts, alors je ne sais plus lesquelles.
J’ai retrouvé une photo d’elle qu’elle m’avait envoyée :
Vous voyez pourquoi je dis qu’on dirait qu’elle n’est pas vraie ?
Elle m’écrira une dernière fois en octobre 2014.
En 2013, à quelques mois d’écart, il y a aussi deux emails désagréables d’Enora et Valentine, qui regrettent notre amitié et ce que j’ai eu la bêtise d’en faire.
Dans l’ensemble, les derniers messages que je finis par échanger avec les autres sont tristes. Rien ne se finit bien. Je crois que c’est le problème de ma vie : comment communiquer avec les autres alors que je suis toujours tellement triste ?
Alors que je me sens toujours tellement seul.
Because for me the entire point of the web is to connect. It’s about personal expression, it’s about creativity, it’s about sharing openly. It’s about respecting others, it’s about listening, it’s about reflecting on what other people say.
Je ne sais pas pourquoi je me suis pris à regarder une interview d’Echenoz par Faerber à l’occasion de la parution de son dernier roman.
J’ai été frappé par deux choses : la paresse, et le déjà-vu.
L’interview aurait presque pu se réduire à des propositions mathématiques : chaque question convenue de Faerber amenait une réponse convenue d’Echenoz.
Une question sur le nom du personnage principal lead to une réponse sur l’annuaire et les sonorités. Une question sur le style lead to une réponse sur le cinéma, le montage, les personnages malmenés par un narrateur omniscient et les digressions. Une question sur les anti-héros lead to une réponse sur les échecs et les rebondissements. Une question sur les environnements et les paysages lead to la mélancolie des zones interstitielles et les voyages.
Toutes ces questions étaient déjà posées à Echenoz il y a 30 ans, et Echenoz y répondait déjà de la même façon à l’époque.
On peut en tirer deux conclusions : Faerber n’a pas fait évoluer son appareil critique et Echenoz n’a pas fait évoluer sa pratique romanesque.
En fait, les deux sont en train de jouer à un jeu.
Ils vous font croire que c’est nouveau, alors que c’est vieux.
Faerber revendique souvent de privilégier une littérature moderne, au contraire de celle des grands écrivains institués dont le système scolaire (par exemple) a du mal à sortir. Mais au fond lui aussi il aime bien son petit confort, il aime bien revenir aux contemporains canoniques, à ses petites marottes, ses questions préécrites à partir de lectures convenues.
Il faut toujours se méfier de ceux qui se prétendent modernes : ils sont souvent l’inverse.
J’ai passé trois heures à essayer de comprendre pourquoi les italiques ne s’affichaient pas dans ma mise en page. La solution : la police n’avait pas d’italiques.
Suddenly there’s all this text in my head, and I can barely write as fast as the sentences run down in my head.
Je ne comprends pas que les gens utilisent les applications de webmail. J’y suis confronté dans le cadre de la compatibilité Web et je ne veux pour rien au monde utiliser ces interfaces.
Sur mon premier ordinateur, j’écoutais toute ma musique à partir de la barre de démarrage Windows. J’avais un dossier à côté de l’horloge qui se déroulait en listes et je lançais Winamp à partir de là. Je n’utilisais pas la bibliothèque intégrée de Winamp pour organiser mes fichiers, juste pour écouter les chansons. La navigateur de fichiers est déjà une bibliothèque.
J’avais aussi installé un thème World of Warcraft qui remplaçait le thème XP de base.
J’ai ces souvenirs parce que je suis en train de remettre ma discothèque sur mon ordinateur pour la lire avec QuodLibet (Winamp ne marche pas sur Mac), et arrêter d’utiliser Spotify qui rame à mort et ne paie pas les artistes.
Vous aurez compris qu’en ce moment je suis plus dans la technique que dans l’artistique.
Je m’en suis d’ailleurs sorti avec les plugins de Vim. On peut en installer plein qui rendent tous les traitements de texte ringards.
J’ai même tenté une nouvelle fois d’ajouter un flux RSS au site, mais je crois que c’est une mission qui dépasse pour de bon mes compétences.
Peut-être que quand je n’aurai plus de travail je pourrai enfin m’engouffrer dans toutes ces projets merveilleux.
you have more pull than you realise
It was like each of us were buying billboards on a street we all walked through to talk to each other. That’s not communication.
Je suis en train de tester Vim. Pour le moment j’ai réussi à configurer le thème pour que le logiciel ressemble à un truc qui me plaît, mais je bloque sur les plugins (je ne crois pas avoir besoin de plugins), surtout pour avoir une mise en page Markdown qui respecte toutes les balises. Par exemple, j’ai les liens mais pas les citations.
Ce qui est génial c’est que je peux grosso-modo tout faire au clavier : manipuler le texte, puis ouvrir le terminal dans Vim, et faire tout ce que je fais d’habitude dans le terminal sans avoir à l’ouvrir à côté.
Ce qui est moins génial, c’est qu’il faut apprendre toute une nouvelle mécanique d’écriture. C’est moins génial jusqu’à ce que ça devienne génial, comme la plupart des nouvelles choses qui ne sont pas faciles.
J’écris ces paragraphes tout en faisant une insomnie à cause des voisines qui parlent trop fort jusque trop tard.
Toujours pas compris comment on pouvait écrire et publier un livre ou plus d’un livre par an. Enfin si j’ai compris : on gratte le fond de son talent et on tente de résister à l’oubli.
a decade in reflection: the childhood hobby that brought me joy
Re: loneliness and meaningful work
Je réponds à tous les emails mais je ne réponds pas à tous les messages ni à tous les appels. Des fois je ne réponds pas pendant des jours, et des fois je ne réponds plus jamais.
But can’t the work at least be exciting? Can’t we go to sleep excited for the next problem, the next big idea?
In any working life, there will inevitably arise both the need and the desire to quit, not just once but several times. And as stressful as it’s likely to be, it’s usually also a moment that brings a great deal of relief and welcome change.
Dans le premier épisode de la deuxième saison de Severance, Mark S. revient au bureau comme d’habitude, mais tous ses collègues ont été remplacés par d’autres collègues, et personne ne veut lui dire où ses anciens collègues sont passés.
La pièce est exactement la même, mais l’ambiance a changé, et toutes leurs conversations sont weird, parce que ce n’est pas le mobilier qui fait la pièce.
Dans une autre scène, Dylan empêche Irvin de quitter l’entreprise. Il lui dit qu’il ne veut pas qu’il parte. Il lui dit : je vais être triste, et je vais être moins productif, alors que je suis vraiment bon à ce que je fais ici, peu importe ce que c’est. Et tu es une des raisons qui font que je suis vraiment bon à ce que je fais. Alors s’il te plaît, ne pars pas.
Là où je veux en venir : j’ai pris la décision de quitter mon emploi à la Maison de la Poésie cet été.
Je n’ai rien prévu pour après, je n’ai aucune idée d’où aller, mais je sens juste que c’est le bon moment pour partir.
Je me plains mais tout le monde éprouve la même honte.
J’ai regardé la vidéo d’un apprenti horloger de 17 ans puis celle d’une influenceuse qui n’a pas réussi à vendre son vin blanc en canette. L’un m’a ému dans sa passion (je vis la même), l’autre m’a peiné dans son échec (je vis le même).
Je tape un fou rire à chaque nouvelle expérimentation de François Bon sur Midjourney. Vous avez vu son image de Proust en pull devant un ordi ? Incroyable. Celles de Balzac dans l’imprimerie qui imprime des livres Balzac sont pas mal aussi. Il est pied au plancher à 350 km/h dans la vallée de l’étrange avec sa Daytona SP3 et son V12 Atmos.
Moins nos livres se vendent et plus on rêve qu’ils soient gratuits.
Moins je rêve et plus je vis.
Je voudrais trouver quelqu’un avec qui discuter des choses intimes.
Quelqu’un qui saurait comment utiliser MSN pour m’envoyer ses chansons préférées. Quelqu’un qui attendrait le soir que je me connecte. Quelqu’un qui m’aurait croisé en ville et aurait fait semblant de ne pas me connaître pour préserver mes secrets. Quelqu’un à aimer en silence.
J’ai toujours vécu dans l’ombre des autres. Je n’ai parlé qu’une seule fois en mon nom. Je n’écris pas de poésie. Je n’ai pas de fulgurances. Je n’ai aucun génie, ni aucune aura. Je ne dégage rien. J’attends que quelqu’un me sauve. Ma trajectoire est inexistante. Même le hasard m’angoisse. Je ne fais pas semblant. Je veux dire : j’existe pour de vrai. Je veux dire : j’aimerais que quelque chose m’arrive. Je veux dire : j’aimerais être touché par la grâce. Je veux dire : je suis courageux depuis très longtemps, mais j’ai peur. Je travaille tous les jours. J’ai deux métiers en même temps. Il y a un spectre qui dort sur mon dos, et c’est moi. Il y a un spectre qui gémit, et c’est moi. Il y a un corps qui ouvre les yeux. Il aimerait voir.
Et vous imaginez que même après toutes ces années je ne suis pas encore certain qu’écrire soit vraiment fait pour moi. Il y a moyen qu’à la fin j’en sois encore à me demander : et si en fait c’était autre chose ?
Mais il sera trop tard, et j’aurai à m’endormir sur cette question.
La plupart du temps je ne peux pas expliquer pourquoi un livre est bon ou mauvais, mais par contre je peux très facilement le voir. La plupart du temps je ne peux pas faire voir aux autres ce que je vois, donc personne ne me croit, et tout le monde me trouve injuste.
Alors qu’au contraire je suis très juste car j’ai de très bons yeux.
En vrai à la fin c’est soûlant de voir toujours les mêmes auteurices invitées partout. Vous voulez pas inviter d’autres gens ? Écouter d’autres voix, d’autres idées ? Le milieu culturel est capitaliste d’une force putain, c’est dingue. Faites de la place un peu. Arrêtez de toujours filer l’argent aux mêmes personnes. Moi aussi je bosse dur depuis longtemps hein. Tout le monde bosse dur depuis longtemps. On a le droit d’y croire, et on a le droit de profiter.
On a le droit à un minimum de considération.
Yet here I am empty
Watching the love of mine leave
Comme j’ai une rencontre avec Lucie Rico en avril, j’ai voulu lire GPS en entier parce que c’est important pour moi de savoir à partir de quoi on parle. Je préfère dire maintenant ce que j’en ai pensé parce qu’après que j’aurai rencontré Lucie Rico je suis sûr à 98 % que je vais la trouver sympa et que je n’aurai plus le courage d’être honnête.
Je pense que GPS aurait plutôt dû s’appeler Google Maps, parce que la narratrice utilise en fait Google Maps sur un téléphone, et pas juste un GPS. Au début je pensais que l’objet principal du livre serait une sorte de GPS Garmin à ventouser sur le pare-brise d’une voiture, mais en fait c’est une application.
Je sais qu’on dirait un détail mais en fait c’est quand même déterminant dans la plupart des scènes et dans la façon dont le livre est construit.
La narration est lente et ne peut s’empêcher des détours superflus quand l’intérêt s’emballe.
Par exemple, après que l’hypothèse que l’amie de la narratrice est morte se matérialise réellement, on doit s’enquiller un flashback sur la relation amoureuse entre la narratrice et son mec. Il y a au moins cinq ou six autres enchaînements du même genre.
Moi j’aime quand un livre avance, pas quand il recule.
Il y a plein de petits détails dissonants et peu intuitifs quant à la perception de Google Maps, et contradictoires dans la diégèse.
Un exemple : la narratrice dit que le problème du réchauffement climatique ne se pose pas sur Google Maps, ce qui est plutôt faux car on peut bien voir un paysage se dégrader grâce à la fonction Timelapse, que la narratrice utilise plus loin dans le livre. On pourrait dire qu’il lui vient une pensée fausse à partir d’une pratique consciente.
Un autre exemple : la narratrice explique que Google ne photographie pas les visages des gens (plutôt, ils sont floutés) et par extension applique une politique stricte sur la prise en photo de scènes de crimes ou de vols (soit les photos sont supprimées, soit remplacées par une surface grise). Pourtant, elle peut voir plusieurs photos liées à une scène de meurtre.
Je trouve aussi étrange que le livre se construise sur la crainte de la narratrice à sortir, alors que la scène d’ouverture se déroule en extérieur. N’aurait-il pas été plus logique qu’elle ne se sente pas de venir à la soirée de fiançailles, et de construire à partir de cette impossibilité initiale ?
Et puis surtout, toute l’intrigue repose sur un procédé qui disparaît comme par magie : un point de localisation que la narratrice surveille 85 % du temps avant d’apprendre que sa propriétaire (et amie) était morte depuis le début. Donc quoi, le point n’existait pas ? La narratrice hallucinait ? Elle s’est créée un monde fantasmatique ? OK.
Je préfère ne pas penser OK à la fin d’un livre.
Je préfère penser : oui.
On se voit donc en avril.
Il y a ce type en short qui éteint les flammes dans son jardin avec une carafe pleine de l’eau de sa piscine.
Leur dieu est un corps cloué à un arbre.
Social media has been worthless for years
I likewise refuse to do the publisher’s job for them. I already did my job, and I think that if an agent or publisher doesn’t want to do the work of selling my novel, they should reject me up front.
Je suis d’accord avec à peu près tout ce qui est dit dans ce post. Il n’y a pas de mal à parler de ce qui est produit, mais personne ne comprend plus qui doit le faire, ni où, ni comment.
Toutes les façons de communiquer me semblent inutiles dès qu’elles ne sont pas : parler à un être humain.
La communication sur les réseaux sociaux est véritablement de plus en plus inefficace, car les ratios sont ridicules, c’est impossible de savoir qui est touché, ni si cela sera régulier d’une fois sur l’autre.
Se reposer sur ces outils est un leurre profond qui détruit à petits feux quasiment toutes les initiatives. Celles qui subsistent produisent un effet d’élection qui dupe tout le monde.
Il faut juste les bons humains qui parlent de la bonne façon à d’autres humains.
Par exemple, la boutique où je joue à Magic organise une soirée Commander par mois. Le coût d’entrée est de 5 €, il y a 24 places. C’est toujours complet, et elle réussit à vendre toutes les places simplement en parlant aux personnes déjà présentes à la fin de chaque soirée. Si quelques places restent libres, les joueurs en parlent à leurs amis, ou la boutique en parle à ses clients. Je ne la vois jamais utiliser les réseaux sociaux, car elle n’en a pas besoin. Il y a une bonne synergie entre : 1) ce que la boutique propose 2) qui elle veut toucher 3) ce que les joueurs y trouvent 4) le prix 5) la récurrence 6) le lieu.
Et c’est grâce à ce fonctionnement qu’elle peut aussi remplir les avant-premières au moins à 80 % alors que le coût d’entrée est de 35 €, soit 7 fois plus cher.
Si maintenant je prends mes livres.
Ils sont vendus à une échelle nationale, dans des centaines de librairies différentes que je ne connais pas, à un prix que je n’ai pas fixé, avec des arguments de vente que je n’ai pas choisis, pour des lecteurs que je ne connais pas.
Et on voudrait que je fasse la communication d’un produit où tout est choisi à ma place sauf ce qu’il y a dedans.
Je touche 10 % des ventes pour écrire un livre. Si je dois communiquer dessus, donnez-moi 10 % de plus et je le ferai sans doute volontiers, mais avec mes outils, et mon approche.
Sur un livre de 20 € j’en touche 2, donc c’est presque sain que je ne veuille pas en faire plus qu’avoir déjà écrit tout le putain de livre pendant 3 ans. Je n’ai même pas envie d’y réfléchir : je n’en ai pas les moyens.
Si un jour j’écrivais un livre en me demandant pour qui je l’écris, où je veux le vendre, à quel prix, avec quels arguments, et à quelle fréquence, je pense que mon monde changerait.
Peut-être qu’il est temps que mon monde change.
I don’t know if I’m
Ever gonna stop
Reminding myself
Everything is lying
Le monsieur à côté de moi au passage piéton disait à voix haute que 99 % de la population mondiale n’irait pas au paradis. Il a dit que Moïse a écrit dans ses Commandements qu’il ne fallait pas mentir, et il a dit que 99 % de la population mondiale n’irait pas au paradis à cause du mensonge.
J’ai eu envie de pleurer parce que j’ai réalisé que moi non plus je n’irai pas au paradis à cause du mensonge.
Toujours pas compris pourquoi les auteurs français choisissent des pseudonymes aussi chiants que leur nom d’origine. Quitte à choisir pourquoi ne pas partir sur Séphiroth, Waluigi ou Optimus Prime ? Le catalogue est illimité. Vous pouvez vous appeler Doliprane 3000, Diabolo Kiwi ou Neo Cortex et vous préférez Jean-Michel Gentil, c’est dingue.
Et encore Jean-Michel Gentil c’est presque pas si mal.
Tout le monde se plaint de l’immédiateté, mais personne ne travaille vraiment à en sortir : quels outils, quelles stratégies ? On a capté depuis un bon moment que les choses ne fonctionnaient pas, maintenant il est peut-être temps de s’y mettre.
En écrivant ma pensée, elle m’échappe quelquefois ; mais cela me fait souvenir de ma faiblesse que j’oublie à toute heure, ce qui m’instruit autant que ma pensée oubliée, car je ne tiens qu’à connaître mon néant. – Pascal, Pensées.
Comme j’écris ici depuis 13 ans, je m’amuse à penser parfois que je suis peut-être une des choses les plus stables de la vie des personnes qui me lisent depuis le début.
C’est fou de faire la même chose pendant 13 ans, et en même temps pas du tout la même chose, et en même temps peut-être pas fou du tout.
Je reviens de chez ma grand-mère où je pouvais vivre dans le calme, et mon appartement est tellement plein du bruit des autres que je n’arrive plus à supporter. Je suis rentré et presque aussitôt j’ai pensé : je veux partir.
Je fais le puzzle 1 pièce Leroy Merlin pour savoir si je suis un robot et le résultat après l’avoir réussi est que je suis bloqué. Je ne sais même pas si je suis un robot et je ne peux donc pas non plus consulter leur offre de casques anti bruit.
Peut-être que je réussis trop bien le puzzle 1 pièce Leroy Merlin pour être humain.
J’aimerais faire un autre métier.
Safia Sofi ouvre la porte et marche dans l’entrée en faisant le moins de bruit possible. Toutes les pièces sont dans le noir relatif des grandes villes.
Elle passe devant la cuisine pour rejoindre sa chambre.
Tu étais où ? demande Leblanc.
Les lumières extérieures dessinent les contours de son visage et de son buste à table. Elle attend dans cette position depuis qu’elle a remarqué que Safia Sofi n’était pas dans sa chambre. En ville, dit Safia Sofi.
Leblanc dit : tu ne dois pas sortir sans me prévenir. Je ne risque rien, dit Safia Sofi. Ne sors plus sans me prévenir, dit Leblanc. Safia Sofi continue vers sa chambre sans lui répondre.
Leblanc dit : bonne nuit, et l’entend monter les escaliers sans dire bonne nuit.
Safia Sofi s’enferme dans sa chambre et s’allonge à la renverse sur son lit. Elle pense à son rendez-vous avec Daisuke et à l’inconnu qui est entré avec son chien dans la pizzeria. Elle se souvient avoir pensé en le voyant entrer que son aura ne ressemblait à aucune autre.
Elle se souvient aussi avoir pensé que le chien n’avait pas l’air d’un vrai chien.
À la fin elle se souvient surtout que sa pizza n’était pas géniale et qu’il y a presque un truc suspect au fait que Daisuke l’ait invitée à manger là.
Parce que Daisuke a clairement l’argent pour l’inviter dans une pizzeria où les pizzas sont au moins correctes.
Safia Sofi pense qu’une pizza correcte n’aurait pas coûté beaucoup plus cher que cette pizza nulle parce que le commerce de la pizza dans son ensemble se situe dans une fourchette qui va de 8 à 20 $, et qu’il y a comme une intention hostile volontaire de la part de Daisuke d’avoir choisi celle à 8 plutôt que celle à 20.
En fait Safia Sofi réalise que tous les éléments de cette soirée sont des anomalies et qu’une sorte de menace de mort s’est ancrée depuis dans son esprit.
Elle réalise qu’en disant je ne crains rien à Leblanc devant la cuisine tout à l’heure elle lui mentait mais qu’elle n’en était pas encore consciente.
Elle réalise que son corps tremble sur le lit.
Elle pense : je suis en danger.
L’adolescente dans la maison d’en face a un drapeau breton accroché sur un des murs de sa chambre. C’est compréhensible vu la zone géographique mais bizarre vu l’âge.
Anti m’a offert le Lego 71431 Ensemble d’extension bolide de Bowser, et Cécile le Lego 76996 Le robot gardien de Knuckles.
Il s’agit d’animer ce qui ne l’est pas.
Il faut deux mains pour bouger un bras.
Je pourrais écrire une nouvelle histoire avec les mêmes personnages.
Ton livre peut être coup de coeur d’une librairie et ne plus être vendu dans cette même librairie à peine un an plus tard. Pas besoin d’ennemis quand on a ce genre d’amis.
Ma grand-mère a une feuille intitulée ANNUAIRE AGRI-LOISIRS en WordArt arc-en-ciel avec des noms et des numéros écrits dessus. Si le nom et le numéro sont barrés, c’est que la personne est morte.
Un catcheur qui aurait comme nom Happiness Manager.
Le seul sens que je trouve à vivre, c’est celui que je trouve à écrire.
my computer is a home that my friends can visit
Je passe la plupart de mes soirées à regarder des gens qui chantent sur YouTube et à pleurer devant. Je suis pris par une émotion totale et permanente. Je ne comprends pas d’où viennent toute cette peine ni tout cet amour. Je crois que j’ai été privé très longtemps d’un pouvoir immense que je retrouve à force d’y croire. Je peux tout ressentir. Je peux tout voir. Je parle une langue de dieu. Je marche sur l’eau. Il me suffit d’une main pour tout saisir. J’ai visité le monde entier. Je reviens du futur. J’ai une épée pour trancher les démons. Mon trône est au fond d’une citadelle de glace. Les spectres m’aiment parce que je les écoute. Je ne suis pas là pour vous faire plaisir. Je ne suis pas là pour croiser les bras. Il y a un chemin mais je ne marche pas dessus ni n’attends à côté. N’essayez pas de me trouver. N’essayez pas de me parler. Il n’y a rien à voir. Je suis une voix dans votre tête. Je suis un ange. Je suis le chemin.
When you shine your light
I feel so good