2021
Le discours sur les choses a fini par remplacer les choses.
J’arrive sur une île avec des gros arbres ronds qui me sourient.
Craterhoof Behemoth. Its footsteps of today are the lakes of tomorrow.
Petite âme, dit le colonel Payne, tes actes, tu ne les exécutes que parce qu’ils te procurent une satisfaction passagère. Tu ne veux pas affronter l’idée que tu n’as en fait aucun pouvoir. Car les hommes oublient leur impuissance quand ils s’agitent. Et c’est cela, la nature profonde de la vie.
Il dit : même les étoiles dans le ciel s’éteindront un jour. Jusqu’à quand la flamme dans ton coeur continuera-t-elle de brûler ? Je te promets d’être là le jour où elle s’éteindra !
J’ai rêvé que j’étais tabassé par un groupe de Youtubeurs parmi lesquels Cyprien et Squeezie. Ils allaient jusqu’à me casser une dent.
Un peu plus tard au même endroit, je demandais à Normanfaitdesvidéos de me parler franchement de lui.
C’est le premier rêve que je faisais depuis très longtemps.
J’avais oublié à quel point Super Mario Advance 4 était dur. Mais les musiques sont incroyables. Des fois je reste juste sur la map du Monde 3 sans rien faire avec le haut-parleur de ma GBA à fond. Et je pense à des histoires que je n’écrirai jamais.
Toujours pas d’espace dans ma tête pour créer.
De la lumière dans une chambre d’enfant à l’étage d’une maison.
Tout le trajet en voiture j’ai envie de dormir. J’écoute Grace dans l’ordre jusqu’à Lover, You Should’ve Come Over, que je mets ensuite en boucle. J’arrive dans mon appartement. Il fait 8 degrés. Cécile m’envoie des photos d’elle au Quai Branly. Je sors faire une course. Je marche pendant une heure. Mon genou gauche gèle parce que j’ai un grand trou dans mon jean. Cécile écrit : Acheté toi un froc ça caille. J’écoute des vieilles chansons de Deerhunter que j’écoutais quand j’étais tout seul à Rennes et que je faisais en sorte que tout le monde me déteste. Je regarde chez les gens et je m’imagine vivre chez eux. On perd ses parents quand on perd sa maison. J’achète deux cannettes de bière à un mendiant qui crève de froid. Je rentre pour regarder des vidéos sur YouTube en mangeant des chips. Je retrouve dans une boîte en forme de gros Lego rouge la cartouche de Pokémon Or HeartGold que je cherchais chez mon père. Je cuisine des pâtes au ketchup avec deux oeufs. Je survole pour la première fois le journal de Camille Ruiz. J’écoute sa musique, que je préfère parce qu’elle me rappelle celle de Grouper et de Sharon Van Etten. Je réécoute Give Out. Je cherche la meilleure façon de me mettre en scène sans avoir à mentir. Demain j’irai à Paris, et cette journée n’existera plus (que là).
Mont Couronné
Cette montagne sacrée est constamment couronnée de neige. Elle abrite un énorme labyrinthe.
Il y a ici des ruines anciennes appelées Colonnes Lances.
Mon rêve, c’est de quitter le monde du livre.
Parfois je me demande pourquoi mon imaginaire correspond si peu à ceux des autres personnes qui écrivent des livres ; et quand l’imaginaire pourrait être familier, ce sont les façons de le mettre en forme qui m’ennuient. Une double déception de ce que la personne raconte et de comment elle le raconte.
Je ne vis pas au bon endroit.
Vous me reconnaissez ?
C’est moi, Quentin.
La Californie du Nord est bien aussi, parce que toute l’année tu n’as pas à t’inquiéter de la neige, ou des ours. Les ours ne sont pas un problème tu vois. Tu peux t’inquiéter des pumas, mais je n’en ai jamais vu.
Ouais, je m’imagine souvent en train de me battre contre un puma.
Ah ouais ? Moi aussi. Je m’imagine en train de repousser un puma vers le bord d’une falaise. J’étais en train de sauver une petite fille de ce puma.
C’était génial.
Je rêve souvent éveillé. J’imagine des choses qui ne se sont pas réellement produites, en prétendant qu’elles se produisent.
Par exemple je fais semblant de parler à quelqu’un.
Je déteste quand tu apprécies vraiment quelqu’un, mais que l’autre s’en fout un peu.
Ouais. C’est nul.
-
Il y a quelqu’un ici avec qui je veux devenir ami.
Ah ouais ?
Ouais. Mais je ne pense pas qu’elle veuille.
Vraiment ? Est-ce que c’est euh… ta partenaire de jeu ?
Ouais.
Ouais ? Comment tu sais qu’elle ne veut pas ?
Simplement sa manière d’agir.
La vie peut être rude, mais la mienne ne le fut pas. J’ai eu une vie facile. C’est pourquoi je suis très sensible, je crois. Parce que j’ai eu une vie facile. Rien ne m’endurcit vraiment. Mais j’ai progressé. Certaines choses demandent plus d’entraînement que d’autres pour être bon.
-
Plus tard, tu te vois faire quoi ?
Toujours de la randonnée, jouer à SSB, et me faire des amis, j’espère.
Avec ce premier roman à part, porté par une écriture où le panache s’allie à la délicatesse, Laurine Thizy s’impose comme une découverte prometteuse.
points forts
Un livre sensible, féminin, qui peut être un « coup de coeur » de libraires.
Titres similaires : certains romans de Julia Kerninon, les premiers romans de Cécile Coulon, M.H.-Lafon, etc. GFK entre 4 et 15 000 exemplaires.
Comment faire pour tuer les haineux, juste en n’en parlant plus.
Je sais comment faire pour tuer les démons.
L’aura de Bryan Vega est d’un noir si profond et opaque que son corps a l’air en permanence enveloppé d’une couche de goudron.
La simplicité est une illusion. Toute relecture rend complexe.
Moins j’écris, moins j’ai envie d’écrire.
Poète clandestin et vandale, tranquille dans le système clandestin et vandale, avec les bourses clandestines et vandales, les résidences clandestines et vandales, les contrats clandestins et vandales, l’argent public clandestin et vandale, et les droits d’auteur clandestins et vandales.
POINTS FORTS
Le nouveau roman d’un auteur plus que prometteur après l’énorme succès public de FRANCIS RISSIN (5.000 ex en grand format + 15.000 ex en poche).
Une nouvelle démonstration de l’inventivité de Martin Mongin, qui n’a pas son pareil pour jouer avec le lecteur.
Un écrivain porté par les libraires qui n’ont eu de cesse de le défendre, de l’inviter, et le mettre en avant.
ED Dantes dit : Jai adore le français rissin jai vraiment envie de lire le nouveau
C’est hyper chiant d’être un gros nul. Les plus gros nuls c’est toujours ceux à deux doigts d’être bons. Je sais pas si c’est la déprime de décembre mais en ce moment j’ai vraiment envie de crever. Tout ce que je lis alimente cette envie.
Pourtant, j’ai toujours été inspiré par de très nobles sentiments.
Je suis Tom Holland. Je vais faire la virée shopping GQ.
On part en voyage sur notre fusée préférée.
Figurine Mtoys Tom Holland de la saison Back to School, 129 dollars.
Bon, la seule chose qui me fait peur, c’est que ce n’est pas une figurine Spider-Man, c’est moi. Ça veut dire que quelqu’un a installé une poupée de moi dans sa maison, et je n’aime pas ça.
Ça me fait peur qu’elle soit livrée avec tout un choix de mains différentes.
Parfois je suis jaloux car la figurine est mieux que moi.
Ma plus grande crainte, c’est de laisser la réalité prendre toute la place dans ma vie. L’imaginaire n’existe pas dans une tête sans espace.
Si j’aime mes invités, alors je ferai bien la cuisine.
Miami.
Une ville incroyable.
Certains disent : la plus belle ville du monde.
Je regarde une scène d’Arcane, et le déclic se fait.
J’aimerais devenir ce que je ne deviendrai jamais si je ne pense qu’à ça.
Chez Go Nuts, nous sommes convaincus que notre alimentation du quotidien doit être simple, naturelle et savoureuse. C’est avec ces idées fondatrices que nous concevons nos produits, 100% naturels et 0% cochonneries. Nos produits ne contiennent pas d’ingrédients artificiels, que de la vraie nourriture.
jenesuispasjolie dit : je suis née pour entreprendre.
Il faut faire l’effort d’être présent, sinon tout le monde vous oublie.
Les joies sont de courte durée.
THIRD WORLD MAGICKS by Mike Kleine
1 Hour of Berserk Music (Theme of Guts)
Pas facile d’être heureux quand on est malheureux.
Je me suis rendu compte que je m’empêchais de faire beaucoup de choses parce que j’avais peur de ne pas les faire bien dès le départ. C’est comme si je ressentais comme une honte le fait d’être débutant.
Alors qu’en fait, c’est quand on est débutant que les choses sont cool. Après on devient aigri et mou.
Des goélands crient autour des cheminées qui fument, et L’Océane quitte le port.
Je vous jure que j’essaie de faire les choses bien. Mais est-ce qu’essayer suffit ? Dans une chambre que j’ai eue quand j’étais adolescent j’imprimais des images trouvées sur Google pour cacher le papier-peint. J’avais une guitare pas terrible sur laquelle je jouais en boucle l’intro d’Otherside. Elle était bizarre cette maison. Je ne sais pas pourquoi on vivait dedans. Il y avait deux chaises longues vertes dans le salon. Le jardin prenait l’eau. Ma mère disait qu’elle allait faire des travaux mais les travaux n’ont jamais été faits. Je me souviens qu’un soir j’avais marché 20 minutes pour la retrouver à un bar. Il faisait nuit. Le lendemain j’avais cours. Elle avait l’air contente de me voir. Elle ne devait pas se rendre compte de ce qui se passait dans cette maison.
Dans la vie, il y a des occasions qu’on ne peut pas laisser passer.
L’avantage du sport, c’est que les progrès sont quantifiables. Il y a 3 mois, j’étais incapable de faire une seule pompe. Hier, j’ai pu faire 5 séries de 12. C’est mieux qu’avant. Il faudrait que les choses fonctionnent pareil avec l’écriture.
Parce qu’elle vous transmet plus que les oligo-éléments et les forces du volcan, l’eau de Volvic est une chance.
Depuis une semaine je veux écrire un chapitre, et je ne trouve pas le temps de le faire.
L’équivalent du tuto YouTube Comment dessiner un taco kawaii mais avec écrire un bon livre.
Je vous annonce que vous pouvez participer au tirage au sort de ces 200 000 euros.
Toutes les phrases valent le coup.
La littérature lasse comme le reste. Au 3ème roman on se demande déjà pourquoi vous n’en avez pas écrit qu’un seul. Bonne question à vrai dire : pourquoi je n’en ai pas écrit qu’un seul ?
Je peux écrire comme Proust si vous voulez. Proust est mort depuis longtemps, tout va bien. On veut jouer les nécromanciens. Le génie c’est le passé. Personne ne peut imaginer la langue des nouveaux génies.
On a honte du présent, comme à chaque fois qu’il y a eu du présent. On déteste ce qu’on a sous les yeux. Le passé c’est beau. Il y a des reflets magnifiques. C’est les os des cadavres qui brillent. Je peux faire de la poésie si vous voulez.
Je peux vous montrer des tonnes de trucs incroyables qui se vendraient très bien en librairie. C’est pas la fin du monde. Si vous êtes là c’est que vous y croyez. Dans Le Livre du Graal ils font des fautes de grammaire. C’est la littérature classique maintenant.
On donne 10 000 balles aux meilleurs livres.
À 14 ans je prenais des Lego en photo. J’y mettais tout mon sens esthétique. Je m’allongeais sur le sol pour faire du beau. La valeur réelle est dans mon imaginaire. Si je vous parle c’est pareil. Quand j’écris c’est pareil.
Le vrai plaisir, c’est moi qui parle et vous qui m’écoutez.
Quand vous me répondez, je suis déjà parti.
Je joue au foot contre un mur, et je suis plus heureux que vous.
Notre monde favorise les traits psychopathiques.
À 1 224 km/h, l’avion de chasse McDonnel Douglas Hornet de l’US Navy franchit le mur du son, créant dans son sillage un halo de condensation au large de Huntington Beach en Californie.
Pas là pour être aimé, seulement pour faire mon truc (et être aimé).
Même quand on ne veut pas faire de livre on finit par faire un livre. La haine de la littérature c’est la littérature. Personne n’est heureux parce que tout le monde fait semblant. On joue les dégoûtés de la nourriture qu’on enfile à grandes bouchées derrière un muret. Le problème c’est les autres parce que le problème c’est soi-même. Les paradoxes c’est la honte de la pensée. On peut tout dire en ne disant rien. Après qu’on s’est tu, c’est là qu’on se met à parler. Et on dit ce que tout le monde sait déjà : on veut faire comme les autres et être rassuré. On veut pleurer et qu’on nous dise qu’on a raison. On veut être le bébé. On veut un gros chèque ou des liasses de billets. On veut l’idée maximale de nous-même. On veut atteindre le paradis. Mais on n’a pas le début d’une qualité qui fait un ange.
Tim est assis tout seul à une table, au centre de la salle principale du MARS IS THE NEW SUN, un des quatre restaurants qu’il possède à Miami.
Il ne dit rien, il ne bouge pas.
Autour de lui, d’autres groupes de gens riches sont assis et boivent des cocktails dans des verres en forme de triangle.
Les plafonniers éclairent tout en bleu, et de petites lampes rondes et blanches sont posées au centre de chaque table. Des projecteurs de la même couleur balayent la pièce. Les gens autour ont l’air de figurants payés par Tim pour donner de l’ambiance au décor.
Ils sourient et ils parlent, mais ils n’existent pas.
Tim porte un bonnet noir et des lunettes de soleil avec des verres rouges. Il est habillé avec un manteau très épais en laine, et un pantalon large. Il regarde la scène face à lui.
Une danseuse est en train de faire sa chorégraphie.
Elle chante que la gloire est une mauvaise amante et qu’elle ne vous aimera jamais vraiment. Elle chante que le pire c’est quand elle se plante comme un poignard dans votre poitrine.
Il y une sorte d’alchimie entre Tim et la danseuse qui renforce l’impression d’isolement.
Leurs auras effacent toutes les autres.
À la fin, la danseuse retourne dans les loges et Tim sort dans la rue.
Il lève la tête vers le sommet des gratte-ciels et les antennes paraboliques. Un avion passe à basse altitude.
Tim marche sur le trottoir à côté des voitures de luxe qui roulent dans l’avenue. Il garde ses mains dans les poches. Il pense : Miami est le coeur du monde.
Il pense à un gigantesque cercueil en or qui lévite au milieu de la place centrale de la ville, et à des millions de personnes agenouillées dessous, les mains jointes en signe de prière.
Il pense : Miami est le paradis du prochain Roi.
MIAMI = PARADIS
Une quête en 3 volumes
LA RÉALITÉ DÉPEND DE QUI L’IMPOSE
ROSALÍA - LA FAMA ft. The Weeknd
Dans mon email de réponse, j’ai écrit : J’ai fait assez de compétitions de golf pendant mon adolescence pour savoir qu’on ne peut pas gagner à chaque fois.
Manière de dire : j’ai la haine, mais j’ai l’habitude d’avoir la haine.
J’écris Casca comme ça me vient. Je fournis trop d’efforts pour peu de résultats. Donc maintenant je vais fournir peu d’efforts et peut-être que j’aurai de gros résultats. En fait il faut essayer. Il faut tout essayer.
Il y a quand même quelque chose qui a changé avec Rivage. Pour mes romans précédents, je ne passais jamais une étape : les lectrices d’Instagram. Et là, cette fois, ça passe. Donc, j’ai réussi à avancer, ce livre touche plus de gens. Je pense que mon problème est : les gens ne connaissent pas mon livre, plutôt que : les gens n’aiment pas mon livre. Parce que tous les gens qui le connaissent l’aiment bien. Tout n’est pas perdu. Il y a du mieux.
Il faut y croire.
Les livres sont ennuyeux à lire. Pas de libre circulation. On est invité à suivre. Le chemin est tracé, unique. Tout différent le tableau : immédiat, total. – Henri Michaux, Passages.
J’ai fait trois rencontres en librairie. Il y avait trois personnes à chaque fois. Je me souviens avoir dit : ce n’est pas grave, j’ai l’habitude. Au fond de moi je pensais : c’est très grave et je suis triste.
J’aimerais avoir une langue singulière.
Sacha s’agenouille devant Papilusion.
Te fais pas de bile, dit-il. J’expliquerai aux autres Pokémon que tu as dû partir, et qui sait peut-être qu’un jour tu pourras revenir.
Papilusion est en larmes.
Sacha se redresse.
Il dit : au revoir Papilusion.
Papilusion s’envole dans le ciel et rejoint un Papilusion femelle. Il regarde Sacha, Ondine et Pierre. Ondine agite son bras. Au revoir et bon voyage, dit-elle. Je vous souhaite bonne chance à tous les deux, dit Pierre.
Sacha continue de fixer le sol.
Ses yeux sont cachés par l’ombre de sa casquette. Il pense à tous les bons moments qu’il a vécus avec Papilusion : la joie de l’avoir attrapé en Chenipan, quand il le portait sur son épaule, quand il a évolué en Chrysacier, quand il est sorti du cocon de Chrysacier, quand il s’est battu contre le Stari de Ondine, quand il esquivait les attaques et utilisait Poudre-Dodo.
Papilusion, dit Sacha tout bas.
Ils vont vite, dit Ondine, ils ne sont plus qu’un petit point dans le ciel.
Sacha relève la tête.
Fais attention à toi, dit-il. Bonne chance mon ami.
Papilusion se tourne et voit Sacha qui lui dit au revoir.
Au revoir, au revoir, dit Sacha, je ne t’oublierai jamais, merci pour tout, au revoir.
Papilusion est en larmes et s’envole dans le soleil couchant. Il rejoint tous les autres Papilusion qui l’attendaient.
Fais bon voyage, dit Sacha, sois prudent et prends bien soin de ta petite famille.
Sacha baisse son bras et souffle. Il a le regard triste. Il dit : sois heureux mon ami. Pierre pose sa main sur l’épaule de Sacha. Il dit : Sacha, tu es un garçon courageux et tu as du coeur. Et je pense que tous les Pokémon que tu élèves sont dotés des mêmes qualités.
C’est sympa de me dire ça, dit Sacha.
Pikachu, dit Pikachu.
Quel spectacle enchanteur, dit Ondine. Tu as raison, dit Sacha.
Le soleil se couche sur l’eau, et les Papilusions s’éloignent comme des étincelles dans le ciel orange et rouge.
Malgré la séparation, cette amitié durera toujours. Sacha a aidé son Pokémon à grandir, et il n’est plus tout à fait le même lui non plus.
Il fait très beau et les rayons du soleil créent des éclats à la surface de l’eau. Sacha, Ondine et Pierre sont à Carmin sur Mer et marchent sur un pont.
Sacha continue sans relâche son voyage à la recherche des Pokémon.
Son rêve de devenir un Maître Pokémon lui paraît de plus en plus proche.
Il vient de vaincre le champion de Carmin sur Mer et de remporter un badge foudre.
Sacha tend le badge foudre vers le soleil avant de le regarder de plus près avec le sourire. Ondine et Pierre ont l’air aussi heureux que lui.
Ils voient un bateau de l’autre côté du pont qu’ils traversent.
Ce bateau va-t-il l’emporter vers une nouvelle victoire, ou vers une aventure pleine de dangers ?
Sacha, Ondine et Pierre sont sur une place au pied du bateau, avec plein d’autres gens qui discutent entre eux.
Pika, dit Pikachu. Il est magnifique, dit Ondine. Ce que j’aimerais traverser l’océan sur un bateau comme celui-ci, dit Sacha. Ouais, dit Pierre, tu imagines tous les Pokémon qu’on pourrait rencontrer pendant la traversée.
Ah ça serait génial, dit Ondine. Elle s’imagine en bikini en train de bronzer sur un transat sur la coursive du bateau. Elle dit : on prendrait le soleil sur le pont toute la journée. Je suis sûre que ça serait une croisière relaxante.
Arrête de rêver, dit Pierre, c’est beaucoup trop cher.
La remarque de Pierre met un gros coup au moral d’Ondine.
Sacha dit : ce que la réalité peut être cruelle parfois, c’est désespérant.
Il est temps de passer à autre chose.
J’en suis à 20 chapitres de Casca et la couronne.
Zouloux - ズルさん dit : Sachez que je ne vais pas bien en ce moment. Je vais faire une pause d’une durée indeterminée sur mon contenu en ligne à partir de ce soir. J’espère revenir vite, mais j’espère surtout être capable de revenir.
Les livres finissent par ne plus être lus.
ACTUAL CREME SCENE PHOTOS
They’re our friends, but we have to make sacrifices.
So, um, I feel tonight it is the night and I feel really weird… and stuff.
I feel like I want to kill somebody.
AMI prétend que les extraterrestres vont nous attaquer.
Si c’est ça la vie, vivement que les extraterrestres nous attaquent et détruisent complètement ce monde.
Mais rien ne vient.
J’aimais bien le début de 20th Century Boys, mais il faut reconnaître qu’à partir du tome 9 ça tire quand même un peu sur la corde.
Rappelez-vous qu’une recette n’est pas un style. Quand on a trouvé le bon goût, c’est facile de le reproduire. Ce qui est plus difficile, c’est de ne pas le reproduire. Le style, c’est quand on a compris l’envers de sa recette.
Or voici qu’un grondement terrible monta bientôt des abîmes ! Quand il eut cessé, ce fut une colonne de miasmes noirs qui s’éleva vers la surface et jaillit du trou en volutes épaisses, avec une violence telle qu’elle souleva tout un coin de la toiture ! Ensuite, elle monta droit dans le ciel où, à bonne hauteur, elle se fragmenta soudain en une centaine de rayons d’or qui s’éparpillèrent dans les huit directions ! – Shi Nai-an, Au bord de l’eau (trad. J. Dars).
Partagé en permanence entre l’abattement et l’espoir.
Plus la motiv de lire ni d’écrire. Je fais du sport et joue à MTG Arena. Ma cousine qui travaille dans une boutique spécialisée m’a offert des codes pour avoir des boosters gratuits. Je les ouvre et en plus des cartes je récupère des jetons qui me permettent de crafter d’autres cartes. J’ai trouvé la liste d’un deck monoblanc agressif qui se base sur le fait d’accumuler plein de petites créatures et d’en jouer au moins deux par tour. La carte la plus rare de mon deck s’appelle Havre sans visage et je la joue en quatre exemplaires. J’ai commandé pour 20 kg de poids et ça m’a coûté un peu moins de 100 €.
Le conflit d’intérêts est une situation tellement commune dans le milieu littéraire qu’elle fait désormais partie des pratiques. Même les plus petites maisons d’édition s’y mettent, et personne n’échappe au réseau (les Masters de Creative Writing servent essentiellement à fabriquer le sien).
C’est étrange quand on y pense, de voir à quel point la réception dépend de contingences extérieures, et en même temps pas étrange du tout. Les goûts sont dictés par des prescripteurs récurrents qui nous donnent l’impression d’un libre-arbitre que nous ne possédons plus depuis longtemps. C’est un genre de publicité subliminale.
C’est vrai qu’il y a un problème avec les livres, les librairies, les maisons d’édition, les diffuseurs, les festivals, les prix, les journalistes, tout en fait. C’est un problème qui dure depuis longtemps, et qui est devenu la norme. Le milieu du livre c’est beaucoup de potes pas vraiment potes. C’est du service rendu.
Si ce n’est pas vous qui jouez le jeu, c’est quelqu’un qui devra le jouer à votre place. Si vous n’avez pas d’amis, ce sont les autres qui feront tout le travail pour réussir à vous intégrer au groupe.
C’est très compliqué de vous intégrer, parce que personne ne voit qui vous êtes. Quand quelqu’un mentionne votre nom, les autres demandent : qui ? Ils essaient de remettre votre visage, mais rien ne vient.
Et ils ont raison au fond : vous n’êtes personne, vous passez complètement inaperçu.
Et ce que vous faites n’a aucune valeur.
tous les artistes ont un indexhibit codé avec le cul où ils montrent leur travail et les textes qu’on écrit sur eux
Kylian Mbappé dit : je suis heureux dans ma vie, je suis heureux sur le terrain, et ça se ressent dans mon football.
Placebo - Passive Aggressive (Official Audio)
You’ve never seen the lonely me at all
Comme je ne méritais sans doute pas un entretien avec Mathias Énard, France Culture m’a demandé d’enregistrer (gratos évidemment) un son d’une minute qu’ils ont passé à la fin de l’émission un peu en guise de consolation.
Ils ne m’ont pas demandé d’envoyer une transcription écrite du texte lu, et c’est là que les choses deviennent amusantes.
Là c’est le texte tel que je l’ai écrit :
salut
aujourd’hui j’aimerais vous dire
un truc vraiment sincère
du genre que
j’aurais aimé jouer
dans une sitcom des années 90
pour que tout le monde se souvienne de moi
avec nostalgie
ou que
j’aimerais écrire un livre
qui parlerait de mon enfance
et qui aurait comme titre
windows 99
ou que tous mes plus beaux souvenirs
sont dans pokémon argent
et dans GTA vice city
mais ce que j’aimerais surtout vous dire
ce que je crois avoir compris
en fait
après toutes ces années
c’est qu’il faut manger beaucoup
s’entraîner à fond
et dormir au moins 8 heures par nuit
si on veut vraiment prendre du muscle
Et là c’est leur transcription à partir de l’audio :
Aujourd’hui, j’aimerais vous dire un truc vraiment sincère. Du genre que j’aurais aimé jouer dans une sitcom des années 90’ pour que tout le monde se souvienne de moi avec nostalgie ! Ou que j’aimerais écrire un livre qui parlerait de mon enfance et qui aurait comme titre “Windows 99” ou que tous mes plus beaux souvenirs sont dans Pokémon Argent et dans GTA Vice city. Mais ce que j’aimerais surtout vous dire, ce que je crois avoir compris, en fait, après toutes ces années : c’est qu’il faut manger beaucoup, s’entraîner à fond et dormir au moins 8 heures par nuit, si on veut vraiment prendre du muscle !
Des fois, j’ai le sentiment d’être le type qui traîne dans les parages ; celui qui finit toujours à la 4ème place ; qu’on choisit en dernier au foot ; pas vraiment inconnu mais pas vraiment connu non plus ; qui remporte les prix à la con avec aucune dotation et aucune renommée, et qui reçoit ces-dits prix des mains de gens qui remportent les prix avec de la dotation et de la renommée ; qui récupère une asso en train de couler ; à qui il manque toujours ce qu’on appelle la réussite, ou la chance.
En fait des fois c’est difficile de faire comprendre aux autres que ça fait du mal d’être le second couteau, le truc qui passe après, la personne à qui on pense pas, la voix qu’on peut caler vite fait en fin d’émission après que tout le monde a eu le temps de bien parler.
Toute mon adolescence, j’ai été la personne qu’on oubliait d’inviter aux soirées.
Je joue le jeu parce que j’ai toujours l’espoir qu’on jour quelqu’un prenne son téléphone et m’appelle pour me dire : viens ce soir y a un truc super ça ferait plaisir que tu sois là.
Mais la vérité c’est que ça n’arrivera jamais.
Il n’y a pas de points d’exclamation dans mes phrases parce que je suis triste, et que je l’ai été toute ma vie.
Un jour j’ai été heureux.
C’est quand j’étais enfant, et que vous n’existiez pas.
Je regardais un live télévisé (1994) de Portishead et je me suis demandé : maintenant, quand on écoute Glory Box, à la radio ou dans n’importe quelle autre situation, on voit tous quel effet produit cette chanson, on le comprend immédiatement. Mais, quand le groupe a fini de la créer, le jour où cette chanson est devenue une chanson, est-ce que le groupe avait lui aussi compris quel effet aurait cette chanson sur les autres gens, sur nous, ou est-ce que l’effet produit sur les gens a finalement transformé la chanson initiale en ce qu’elle est aujourd’hui. Peut-être que la chanson Glory Box du début n’avait rien à voir avec ce qu’elle est devenue, et donc qu’au fond on crée toujours des objets dont le sens ne nous appartient pas (pire : est même déformé).
On dit que la durée de vie d’un livre en librairie est d’environ 3 mois. C’est un peu exagéré. Le mien est sorti le 2 septembre, et à peine 1 mois et demi après, je n’en entends déjà plus du tout parler.
En pleine campagne, elles attendent sur le bord de la route.
Le présent c’est un truc très simple : c’est comprendre que même si un type comme Elon Musk me met hors de moi, il existe.
La haine des gens ne doit pas s’accompagner d’une haine du présent. Sinon, il vaut mieux mourir, ou se faire cryogéniser.
Il y a des gens qui vivent des émotions très fortes sans aucun mot pour le dire. Alors, ils utilisent ce qu’ils trouvent à portée de main. Mais ça ne rend pas leurs émotions moins vraies. C’est comme les bébés. Ils savent dire que agagagaga ou blblblblb mais ils sont plus heureux que nous.
Il y a des gens qui ne saurons dire que c’est cool ou je t’aime toute leur vie, et pourtant à la fin ils auront été plus sincères dans leurs émotions que nous qui avons lu Proust quatre fois et Saint-Augustin dans le texte.
Il y a des gens qui pleurent parce que Valérie Damidot a redécoré leur maison, ou parce que Nagui leur annonce qu’ils ont gagné 20 000 €. Ils pleurent profondément, pour de vrai, parce qu’ils sont vraiment heureux. C’est totalement premier degré, mais c’est la réalité.
La décadence c’est les décadents.
Le passé est aussi flou et dangereux qu’un mirage.
Il n’y a jamais eu d’époque dorée.
GYAKUTENNO MÉGAMI
Cette fée se sert de son pouvoir mystique pour protéger les faibles et leur offrir un soutien spirituel.
C’est la musique que j’écoute qui guide les phrases que j’écris. Je peux rester parfois très longtemps sans écrire si je ne trouve pas la bonne chanson. Par exemple, Airport Antenatal Airplane de King Krule est une chanson qui m’aide beaucoup à déclencher l’imaginaire. Je m’y sens bien. Je peux créer. Après, j’ai souvent besoin d’autres chansons, mais c’est au moins un bon début.
JE MARCHE SUR LE FEU À 1000°C !!
CE LUCIAN 3 ÉTOILES EST ÉTONNANT !
Ketchup is coming, so why don’t you subscribe the channel?
Le monde est grand, tout le monde vit dedans, et personne n’est heureux.
Dans un entretien pour Ballast, Graciano dit qu’il ne lit pas de contemporains parce qu’il trouve ce qu’ils écrivent trop nul (en gros) ; à part Michon, Bergounioux et Quignard, qui ne sont plus contemporains depuis longtemps, parce qu’ils écrivent tous les trois dans la langue du monde d’avant.
À la fin, il dit aussi : On est dans un monde où tout flue, comme le dit Zygmunt Bauman. Soit ! Mais pour accompagner ces mouvements, il ne faut pas une novlangue de communicants — sinon on est foutus. Il faut une langue enracinée dans le monde physique, faite de noms de choses.
Je pense exactement l’inverse. Je pense que pour parler aux gens qui vivent avec nous, il faut utiliser la langue dans laquelle ils baignent, qui leur est naturelle. C’est celle-là, la langue enracinée dans le monde physique. Le reste, c’est du fantasme.
Par exemple, ce titre de la dernière vidéo de Valouzz : Je mange le Master Montagnard de BK dans mon Local Secret… (il est monstrueux !)
C’est une langue plus physique que 99% des livres qui s’écrivent actuellement et qui en fait ne parlent à personne. La langue de Valouzz parle à plusieurs millions de personnes.
C’est ça, le monde physique. C’est eux, les gens. Ils comprennent cette langue parce qu’ils la parlent tous les jours. Moi, j’essaie de m’en inspirer. Et je vais même vous confier un secret : je la trouve plus belle que celle de Graciano.
FIREYAROU
Créature malveillante entourée de flammes qui attaque ses ennemis avec des flammes intenses.
Je crois que vous êtes arrivés à un point où vous avez oublié pourquoi vous aimez lire des livres. Vous le faites par habitude. Vous ne savez plus ce qui vous donne du plaisir alors vous en voyez partout. Chaque texte c’est du plaisir parce que la littérature c’est du plaisir. Vous avez tué votre âme d’enfant et l’avez remplacée par une âme de connaisseur. Ce qui rend vraiment heureux dans la vie, c’est pas le goût du repas gastronomique, mais celui du premier bol de Frosties.
Cécile Coulon sponsorise les photos d’elle sur Instagram. Je me demande quel est son budget.
Hier soir, je suis allé acheter un livre dans une librairie. Je savais quel livre je voulais acheter, et je l’ai pris tout de suite. Il vient de paraître, mais il était rangé avec les livres du fonds, c’est-à-dire caché là où personne ne regarde. Ensuite j’ai continué de marcher dans la librairie, au cas où un autre livre m’intéresse auquel je n’avais pas pensé. Tout avait l’air fade. J’ai pensé : les imaginaires des gens de mon époque ne m’intéressent pas. C’est comme si je ne vivais pas dans le même présent (ce qui est le cas).
Donc j’ai payé et je suis sorti, un peu déçu.
Je me disais bien aussi, qu’on n’avait pas du tout la même idée de ce qu’est un roman monstrueux.
REFLET INFERNAL N°2
Monstre à plumes qui invoque des renforcements d’un miroir qu’il tient dans ses mains.
La poésie me gonfle.
Je fais toujours plus confiance à ceux qui parlent des livres après les avoir achetés qu’à ceux qui les reçoivent gratuitement.
Moi, les livres que je lis, je les paie.
Je regarde tous les vlogs d’emma chamberlain et je pense : c’est donc ça être riche. Elle a la vie que mènent tous les personnages de La Ferme des mastodontes, mais en vidéo on voit vraiment que c’est vrai.
Des livres pas trop mal écrits, qui disent des trucs pas trop cons, et qu’on oublie pas trop longtemps après.
It’s all flesh in my mind I can’t wait to describe All the dead that I’ve raised with the blood of your knife Heaven help me await all who give of their life Drink the blood of my wine
De toute évidence, jean-louis V, homme, 54130 France, 74 ans, né(e) le 29 octobre, lecteur inscrit le 28/08/2020, n’a rien compris à Rivage au rapport.
Ça faisait longtemps que j’avais pas lu un livre aussi mal édité que Spectres de ma vie. On dirait qu’il n’a pas été relu.
Introverted Japanese man.
Une lecture publique d’une heure dont le seul objectif serait de parler de mes strats préférées sur TFT.
Souvent, je vois les gens comme s’ils étaient figés et comme si une lueur interne émanait d’eux. Leur peau me paraît translucide et ils disposent de leur propre temps. Je me sens calme, détaché de ça, ça me réchauffe. Ça peut arriver à tout moment. Dans des situations très triviales, en ville. On se rend compte qu’on n’a pas en face de soi une personne unique, mais une sorte de flux ou de cascade. – John Foxx dans Mark Fisher, Spectres de ma vie (trad. J. Guazzini).
Je crois que je suis vraiment mal à l’aise à l’idée que la quantité de lecteurs des Relevés augmente. Je le sais, parce que j’en entends beaucoup parler par des voies détournées. On m’a dit que tu avais écrit. Apparemment tu aurais dit ça. C’est simple, j’ai l’impression que tout le monde s’est passé le mot. Ces derniers temps, j’y pense beaucoup. Je vois des mains sales qui touchent mon trésor et le déforment. Des mains et des visages avec des yeux de voyeurs, des yeux mauvais.
Des yeux de juges.
Pour la première fois en 9 ans, j’envisage de fermer mes Relevés, et de les continuer ailleurs. Donc si dans les prochains temps il n’y a plus rien à cette URL, vous saurez pourquoi.
C’est dommage, parce que jusque-là tout se passait très bien. Il suffit de pas grand-chose. En fait, il y a toujours des gens pour vous rappeler que vous n’êtes pas libres.
Je ne suis pas là pour faire scandale, mais pour vivre. Il faut que vous compreniez qu’il y a des choses que je ne peux dire nulle part ailleurs qu’ici. C’est mon espace. Donc c’est vous les intrus. C’est vous le problème. C’est votre cerveau.
Vous êtes en train de casser ma maison.
Vous ne voyez pas que je pleure ?
Barrez-vous.
Vous me faites peur.
Pas d’amis, pas de réseau, que mes livres.
Alec Berry - Eyes Shining Back
Pour les personnes qui avaient prévu de passer à la librairie La Manoeuvre (Paris 11) pour la rencontre autour de Rivage, je préfère vous prévenir que l’horaire de début a été avancé à 18 heures.
Je vois que les libraires sont très sensibles aux prouesses littéraires. Par exemple, une seule phrase étirée sur 200 pages, ça les impressionne beaucoup. Alors que 200 phrases sur une seule page, non.
Je les ai juste assommés, dit Upamecano, je n’aime pas tuer les animaux.
Kodak White.
Quand les voisins me réveillent à 4 heures du matin, je reste allongé dans le noir, je fixe ce que j’imagine être le plafond, et je pense à mon livre.
Den dit : le passé est inscrit dans notre chair et détermine le chemin que nous emprunterons à l’avenir.
Palmyre et Maxim.
J’avoue que le moral en ce moment n’est pas au top.
Sam Delta se gare sur un parking devant un parc. Il sort de sa voiture et commence à marcher dans le parc. Il regarde ses pieds. Il parle tout bas. Au bout d’un moment, il s’assoit sur un banc en bois. Il a le buste penché en avant et il continue de regarder ses pieds.
Les gens qui passent devant lui ne voient pas son visage.
Une petite tache apparaît sur le cuir de sa chaussure droite, suivie d’une seconde. Deux autres apparaissent sur le cuir de sa chaussure gauche.
Sam Delta pleure.
Il pleure avec retenue pour ne pas que les gens le remarquent. Il dit : j’ai trahi mon meilleur ami. Il n’arrive pas à se reprendre. Il se frotte les yeux jusqu’à ce qu’ils soient irrités. Il sent sa mâchoire qui se crispe parce qu’il retient un cri.
Il dit : je n’ai plus de rêves.
Je n’ai plus de rêves, dit-il.
Les larmes coulent sous ses yeux et le long de ses joues ; les mêmes larmes que dans les dessins-animés, grosses d’eau.
Le parc se vide.
Les gens ne le croisent plus.
Il est seul.
Casca, Trish et Upamecano mangent dans la salle principale de l’auberge.
Upamecano leur explique comment la couronne est entrée en résonnance avec Casca. Il dit : depuis que Tim m’a réveillé et a soustrait la couronne à ma protection, elle cherche une nouvelle aura à laquelle se rattacher.
Pour faire simple, dit Upamecano, la couronne est entrée en résonnance avec ton aura.
Trish regarde Casca et dit : ah ben tu vois, je te l’avais dit que t’étais une élue. Elle regarde Upamecano et demande : c’est la première à qui ça arrive ?
Non, dit Upamecano, la couronne était déjà entrée en résonnance avec un homme, il y a environ deux ans. Et il lui est arrivé quoi ? demande Trish. Upamecano dit : il est mort.
Dans le tome 5 de Gunnm, Gally dit qu’elle est en train de lire un roman de Hans Henny Jahn. J’ai eu un mouvement de recul en lisant la bulle de dialogue.
Margaud Liseuse dit : il a un peu ce défaut des tomes 2, pour moi, quand c’est sur une trilogie, quand y a que 3 tomes.
Quand c’est une saga, c’est différent, dit-elle, les tomes 2 sont pas appréhendés pareil que quand c’est une trilogie.
Mais, elle l’a déjà répété très régulièrement, les tomes 2, en trilogie, pour elle, c’est quitte ou double.
C’est soit ils sont géniaux parce qu’ils sont limite presque indépendants du reste, ils apportent vraiment un truc genre woaw, supplémentaire et tout, hyper innovant.
Soit, il arrive des trucs aux persos, mais c’est lent à se mettre en place, à avancer, et on se retrouve stagnant ici, et y a des p’tites scénettes où ils font pas grand-chose, ils blablatent, ils montent des plans, des stratégies, des trucs.
Et puis t’es là : ouais.
Les gens préfèrent le geste à l’exemple. Après avoir écrit Speedboat avec Fabien, je pensais que les libraires seraient curieux de voir ce qui découlerait du geste. Mais en fait, pas vraiment.
Mon premier conseil : achetez-vous une vraie belle paire de souliers en cuir.
Je lis un autre article à propos de mon livre, dont je ne comprends pas la moitié des idées. À la fin, je suis juste déçu qu’il ne parle jamais de Rivage, Copperfield, Mista, de Peter Fire ou des soeurs Braska. Je suis le plus ingrat des auteurs, jamais satisfait de ce qu’on peut dire de mon travail. Mais je ne peux cacher ma déception en voyant l’effort déployé pour extraire autant de complexités d’un livre dont j’aimerais un ressenti simple.
En fait, j’aimerais juste des articles qui disent : Copperfield est vraiment mon personnage préféré.
(Par ailleurs, Miami n’est pas Miami, et Rivage au rapport ne se passe pas dans un pays anglophone, mais dans un monde imaginaire.)
J’ai l’impression d’être une victime perpétuelle du paratexte de mon travail.
Ça y est, Rivage au rapport est sorti en librairie !
3 rencontres sont prévues pour le moment :
Le 7 septembre à 19h à la librairie L’impromptu, Paris 11ème
Le 22 septembre à 19h à la librairie La Manoeuvre, Paris 11ème
Le 24 septembre à 19h à la librairie Fracas, Lorient
Merci jeune homme, dit la dame au petit garçon qui lui garde la porte ouverte. Vous voulez plutôt dire espion-voleur-ninja-policier ? demande le garçon. Oui, dit la dame, c’est ce que je voulais dire.
J’avais jamais remarqué que le clip de Californication était un GTA-like.
Bon, sinon.
Je viens de lire une chronique sur mon bouquin qui fait d’énormes contre-sens. Si dans Rivage je donne vraiment l’impression que (je cite), « [les jeux vidéo] sont tout aussi superficiels, stupides, que ceux dont les adultes construisent leur semblant de réalité », c’est vraiment que j’ai tout râté.
Enfin, je veux dire, ce n’est même pas le propos.
C’est souvent le problème des gens qui écrivent des chroniques, ils pensent être des gros cerveaux cosmiques.
Autre contre-sens : le refus de prendre la réalité du récit au premier degré.
À la fin de la critique, c’est écrit par exemple que « [les flics] se perdent dans d’autres croyances : l’intuition d’auras colorées qui détermineraient les sentiments des personnages ». Mais ce ne sont pas des croyances, c’est la réalité ; et par ailleurs, ce ne sont pas les auras qui déterminent les sentiments des personnages, mais les sentiments des personnages qui déterminent leur aura.
Tout comme émettre l’idée que Myriad Pro est « le double-virtuel » de Miami (???). Typiquement, je ne vois pas ce que ça apporte à la compréhension de l’intrigue que d’aller chercher aussi loin, alors que je répète partout dans le livre que Myriad Pro est juste une ville de merde à cause de choix municipaux et d’une ambiance de merde. Et que comme toute ville de merde, elle vit dans l’ombre d’une ville géniale.
Myriad Pro c’est bien une vraie ville, pas une pseudo-ville.
En plus, il met toujours Rivage et Copperfield dans le même panier, alors que ce sont deux personnages aux points de vue complètement différents (et je pense que ça se comprend assez dans leurs trajectoires respectives).
Les gens veulent toujours voir plus loin, alors que souvent il suffit de bien comprendre ce qu’on voit déjà.
Enfin bref, y a plein d’autres trucs qui ne vont pas, mais je vais pas m’étendre, parce que soit j’ai vraiment pas bien écrit mon livre, soit il faut être un peu plus attentif quand on lit.
Peut-être que Rivage au rapport vaut davantage que deux paragraphes surplombants et quelques schémas récurrents plaqués coûte que coûte.
Ah si, dernière chose qui me vient.
La chronique donne en permanence l’impression que le livre est gonflé d’ironie, voire de cynisme, alors qu’en fait, tout le monde dans l’histoire est sincère, le narrateur comme les personnages.
Oui, c’est cette vision de mon livre qui me rend le plus triste, je crois.
Ma première question voudrait porter sur la genèse de votre puissant premier roman.
Je vois la littérature comme une pratique populaire qui se fait avec intelligence, quand elle est devenue une pratique bourgeoise qui se fait avec grossièreté.
Makaku dit : j’ai baigné dans ce nectar de putrescence distillé de la surface ! Et j’y ai survécu !
Dans le chapitre 007 de Gunnm, Gally dit qu’elle est devenue hunter-warrior pour trouver des clés au coeur du combat.
Difficile d’être déçu par ce roman crédible.
280721 : La quasi totalité des lectrices et lecteurs d’un livre le reçoivent désormais en SP ou via des épreuves ou des bonnes feuilles. Le livre est devenu le flyer publicitaire de lui-même.
Je suis aigri et jaloux parce que je trouve dégueulasse que tout le monde se foute de ce que je fais. Je ne sais pas comment les autres font pour passer au-dessus des échecs répétés. Peut-être que je le mérite parce que ce que j’écris est vraiment à chier et que je ne m’en rends pas compte.
Peut-être que la réalité est que je ne progresse pas, et que tout le monde l’a compris sauf moi.
Ce sont des super mauvais sentiments, mais depuis le début de mon adolescence je suis plein de mauvais sentiments.
Quand j’avais 14 ans et que je ratais un coup au golf, je hurlais et je lançais mon club devant moi. C’est mon père qui m’accompagnait sur le parcours et qui m’a appris à canaliser mon énergie.
Il me disait : concentre-toi sur le prochain coup. Si tu restes dans la colère du coup que tu viens de rater, tu es sûr de rater le suivant.
Et à la fin, disait-il, cette colère te fait rater le parcours entier, alors qu’au départ tu n’avais raté qu’un seul coup.
Donc je me suis entraîné à ne pas me laisser envahir par la colère. J’ai progressé autant en me calmant qu’en jouant. Au bout d’un moment, rater n’a plus été un obstacle.
C’est comme ça que je suis devenu bon au golf.
Je hais le milieu littéraire, parce que je ne comprends pas les règles de son jeu.
J’ai beau faire de mon mieux, me calmer, passer au livre suivant, travailler, à chaque fois c’est la même merde. Même si je m’entraîne, j’échoue. J’échoue parce que les règles changent tout le temps.
Et moi, j’ai besoin de comprendre d’où vient le problème, parce que sinon je ne peux pas me calmer.
J’aimerais que ma persévérance paie.
En ce moment, je fais des exercices tous les jours, pour être fatigué, dormir tôt, et traverser comme je peux cette période de merde, où je donne le meilleur de moi pour finir dernier.
LE LIVRE DE LA LOI
Sacrifiez 1 monstre “Invokhé” : Invoquez Spécialement 1 monstre “Invokhé” depuis votre Extra Deck d’un Attribut d’origine différent de celui du monstre. (Cette invocation Spéciale est traitée comme une invocation Fusion.) Vous ne pouvez activer qu’1 “Le Livre de la Loi” par tour.
Casca et la couronne va tellement être un bon livre. Je ne me pose plus les mêmes questions. Je déroule.
Le roi des ventes.
C’est toujours quand on dit qu’on arrête de faire quelque chose qu’on continue à le faire.
Des fois j’imagine des gens qui voient Rivage en librairie et qui pensent : ce mec est vraiment un con. Souvent c’est ce qui empêche les gens de lire vos livres. Ils vous détestent.
Je suis en train de relire Golden Wind. C’est marrant de voir le style d’Araki évoluer d’un chapitre à l’autre. Au début, c’est comme s’il n’avait pas vraiment en tête ses personnages, et qu’il les précisait au fur et à mesure. Il se laisse de l’espace pour améliorer à partir d’une base qui lui convient.
Des fois j’ai l’impression que ce que je cherche dans les livres n’est pas ce que les autres gens y cherchent. Du coup je ne comprends jamais de quoi ils parlent.
STORY TIME : LA PERTE DE NOTRE BÉBÉ
Je me prépare à sortir de ma cachette, mais je sens une odeur de weed, c’est Astro-Richelieu qui arrive, suivi de ses pages. Il avance au rythme de son hoover, qui donne l’impression qu’il lévite au-dessus du sol. – Théo Robine-Langlois, Le Gabion.
CHEVALIER NOBLE INFÂME DE LAUNDSALLYN NOIR
Vous pouvez envoyer 1 Monstre Normal LUMIÈRE face recto que vous contrôlez au Cimetière : Invoquez Spécialement cette carte depuis votre main ou Cimetière. Vous pouvez Sacrifier 1 monstre “Chevalier Noble” : ajoutez 1 carte “Armes Nobles” depuis votre Deck à votre main. Vous ne pouvez utiliser cet effet de “Chevalier Noble Infâme de Laundsallyn Noir” qu’une fois par tour. Vous ne pouvez contrôler qu’1 “Chevalier Noble Infâme de Laudsallyn Noir”.
Parfois, les auteurs se laissent surprendre par le succès.
Comme Yann Quéfélec, qui en 1985 vend 1 332 000 exemplaires des Noces barbares, achète un bateau, un appartement, des bijoux pour sa femme, et se retrouve presque sans argent lorsqu’il voit arriver les impôts.
Il a gagné plus de 2 000 000 de francs, il en doit un peu plus d’1 200 000 au fisc.
Il est obligé de revendre le bateau.
À venir : rien.
But this is the system. The one everyone hates but does nothing about and won’t even acknowledge. Money and connections and media, they shut you out, choose their own (agents and editors are mostly linked by schools/sororities etc but definitely by class/ideology), and perpetuate all the same bullshit. And there’s no room for you.
LE LIVRE DE LA LUNE
Ciblez 1 monstre face recto sur le Terrain ; changez la cible en Position de Défense face verso.
J’ai pas mal écrit cet été, j’en suis content. Que ce soit ici, ou le début de Casca. Bientôt le travail va reprendre, et je vais avoir moins de temps dans mon cerveau. Mais je sais que tout va exister, ce qui suffit à me donner du courage.
À force de mettre dans mes livres ce que j’aime dans ma vie, je donne de la valeur à ma vie, parce que mes livres ont beaucoup de valeur à mes yeux.
Quand on est chez soi, on ne peut qu’être heureux.
JEANNE LA PALADINE, SEIGNEUR LUMIÈRE
Si cette carte attaque un monstre de votre adversaire, durant la Damage Step uniquement, elle gagne 300 ATK. Durant chacune de vos End Phases : envoyez les 2 cartes du dessus de votre Deck au Cimetière. Vous devez contrôler cette carte face recto pour activer et résoudre cet effet.
Dans sa préface aux Mamelles de Tirésias, Apollinaire écrit cette phrase qui m’a bien fait rire, en regard des goûts des lecteurs contemporains : J’aurais pu aussi écrire un drame d’idées et flatter le goût du public actuel qui aime se donner l’illusion de penser.
Ce livre est un kidnapping !
En fait, le problème, c’est que les causes de l’échec sont impalpables. Est-ce que c’est le roman que j’ai écrit qui est mauvais (mal écrit, pas compréhensible, etc.), ou mon image, ou la communication, ou l’envie de vendre des libraires (et en amont de conseil des diffuseurs). À combien de % c’est quoi. Genre 95% d’écriture et 5% du reste, ou l’inverse. Ou 25% de chaque. Je crois que personne peut dire. Ou plutôt : chacun mets les % où ça l’arrange, ce qui permet de noyer le poisson et d’oublier qu’au bout du compte, si tout le monde est responsable, personne ne l’est.
Irréalité raisonnable, nous t’aimons, nous t’aimons parce que tu cherches comme nous, ce qu’il y a de plus beau dans le siècle : le cadavre de l’enchanteur. – Guillaume Apollinaire, L’Enchanteur pourrissant.
Je vais vous raconter un de mes rêves de la nuit dernière.
Je suis dans le SUV d’un type qui me dit vaguement quelque chose. Je crois que c’est un SUV Volkswagen. On s’éloigne d’un groupe de trois femmes dont Cécile. Le type me parle et entre sur l’autoroute en sens inverse. Plutôt que de faire demi-tour, il décide de rouler à fond en marche arrière. Il roule hyper vite. On finit par sortir de l’autoroute pour arriver dans des chemins de campagne qui rappellent la Gironde. Le type roule toujours à fond. Je lui dis : tu sais je suis pas très à l’aise avec la vitesse. Il me dit : moi non plus. Il se gare devant une maison qui rappelle plutôt celles à côté de chez ma grand-mère. Il a l’air de connaître les lieux et en même temps non. On fait le tour de la maison et on arrive dans une sorte de potager recouvert par une pergola ajourée en bois. À droite sur le sol, il y a un corps animal en train de se décomposer. Des asticots blancs grouillent dessus. Je n’arrive pas à reconnaître l’animal. Avec le type on commence à travailler la terre et il veut recouvrir l’herbe du potager avec de la paille. Je lui demande s’il n’a pas plutôt une houe pour enlever l’herbe avant de mettre la paille. Il ne me répond pas. On travaille et le propriétaire de la maison finit par nous rejoindre. Il prend un outil. Il ne nous parle pas. Il a l’air d’un paysan. On continue de travailler et au bout d’un moment je vois la bête mangée par les asticots qui se lève lentement et qui marche à quatre pattes vers moi. Elle est aussi haute qu’un chien mais a plutôt le visage d’un chat mêlé à celui d’un humain, un peu comme certains monstres dans Berserk. Elle est vraiment démoniaque. Je veux la repousser du pied mais quand je la touche c’est comme s’il ne se passait rien. À force d’avancer, la bête finit par me coincer contre une des clôtures en bois qui délimitent le potager. Elle pose ses deux pattes avant sur mon torse et j’ai sa gueule à quelques centimètres de mon visage. Elle est horrible. J’essaie de la repousser mais elle pèse des tonnes. Les asticots continuent de la manger. Je crois qu’à ce moment-là elle me parle mais j’ai oublié ce qu’elle m’a dit. Le type du SUV et le paysan n’ont pas l’air inquiets et continuent de travailler comme si de rien n’était. Ensuite je crois que la bête s’en va mais comme je n’en suis pas sûr et que je ne veux pas inventer mon rêve, je m’arrête ici.
Quinn s’était toujours considéré comme un homme qui aimait être seul. Pendant les cinq dernières années, en fait, il avait activement cherché à s’isoler. Mais ce fut seulement au cours de sa vie dans l’allée qu’il commença à percevoir la vraie nature de la solitude. Il n’avait désormais rien ni personne sur qui retomber sauf lui-même. Or, s’il y eut une chose – parmi toutes celles qu’il découvrit en cette période – qu’il ne mit jamais en doute, ce fut bien celle-ci : il tombait. – Paul Auster, Cité de verre (trad. P. Furlan).
YAMI
Augmente l’ATK et la DEF de tous les monstres de Type Démon et Magicien de 200 points. Diminue aussi l’ATK et la DEF de tous les monstres de Type Elfe de 200 points.
Dans les romans de Ellis, Lin, Klein et Lerner (au moins), j’ai remarqué cette tournure récurrente, lors de certaines prises de parole des personnages : dit-il, à personne en particulier.
Autant je visualise parfaitement l’idée, autant j’ai l’impression que sa traduction et formulation française sonne toujours faux.
Lerner écrit les livres qui tombent pile dans mes deux travers : un peu bourgeois et un peu intello. C’est écrit dans cet américain traduit contemporain au-dessus de la moyenne, on se sent comme à la maison, et on lit 250 pages sans douleur.
C’est typiquement le genre de livre à propos duquel on peut dire c’est malin. Mais il laisse quand même la sensation d’avoir lu du Saunders en moins bien.
J’ai entendu les exhortations habituelles à la pureté – il fallait penser le roman non comme une chance de devenir riche ou célèbre mais comme une façon de se mesurer, à sa façon, aux titans de la forme –, exhortations qui ne concernent guère les poètes, étant donné la marginalité économique de cet art – marginalité qui sera bientôt le lot de toute littérature. – Ben Lerner, 10:04 (trad. J. Alikavazovic).
MAGICIEN DU TEMPS
Une fois par tour : vous pouvez jouer à pile ou face. Si vous gagnez, détruisez tous les monstres contrôlés par votre adversaire. Si vous perdez, détruisez autant de monstres que vous contrôlez que possible, et si vous le faites, recevez des dommmages égaux à la moitié de la somme des ATK que ces monstres détruits avaient tant qu’ils étaient face recto sur le terrain.
JoJo’s Bizarre Adventure STONE OCEAN Official Trailer Netflix
Imaginez un texte pur et dur, céleste et tripant, terriblement affectif et outrageusement réel, brut et ciselé, immense et à hauteur d’homme.
Marie Darrieussecq arrive à mettre en regard dans le même livre ses insomnies et le génocide au Rwanda.
Upamecano leur demande si elles sont déjà entendu parler de l’aura.
Elles répondent que non.
Il leur explique la même chose que Rivage a expliquée à Copperfield, mais en plus condensé et pas avec les mêmes exemples.
Au bord des larmes, parce que j’étais confronté au fait que nous vivons dans un monde où la beauté est considérée comme un accomplissement, j’avais détourné le regard et je m’étais fait une promesse à moi-même : sois plus dur, fiche-toi de tout, sois cool.
DRAGON BLANC AUX YEUX BLEUS
Ce dragon légendaire est un puissant moteur de destruction. Rares sont ceux qui ont survécu à cette terrifiante créature quasiment invincible pour en parler.
Nouveau : 50 conseils d’Évelyne Dhéliat pour se sentir belle et épanouie.
Glamorama a plus de 20 ans, et pourtant il n’a pas vieilli. Quand je le lis, je me dis : on vit toujours dans le même monde. Ou plutôt : c’est ce monde-là dans lequel je vis.
En fait, c’est mon monde.
Un être humain contient toutes les forces et les puissances ; même la pierre philosophale est là en lui, la pierre philosophale qui transforme tous les métaux en or.
Quand je parle à quelqu’un d’un livre que j’ai aimé, je me contente de dire : il est très bien. C’est largement suffisant.
Sur l’écran de télévision, on voyait une image en direct de l’horizon filmé depuis la proue, et maintenant les gratte-ciel défilaient et puis le pont de Verrazano et puis le ciel s’était assombri et un monde s’était mis en place comme cela se produit toujours dans ces moments-là et puis j’avais rêvé de trucs dont je n’ai pas vraiment pu me souvenir par la suite […]
TORTUE CATAPULTE
Sacrifiez 1 monstre sur votre Terrain pour infliger à votre adversaire des Dommages Directs égaux à la moitié de l’attaque de ce monstre sacrifié.
Comme il faisait chaud, je me suis allongé directement sur les planches de la terrasse, et j’ai dormi face au soleil.
J’ai rêvé que mes deux pupilles étaient fendues dans la largeur.
Des nouvelles mordantes et mélancoliques qui révèlent dans une prose jubilatoire les trajectoires de personnages en quête d’eux-mêmes.
Une formule très sympathique : biodégradable jusqu’à 95%, au pH tout doux pour les cheveux et sans silicone pour un toucher naturel.
Quand je vois sur M6 des gens pleurer d’émotion parce que Stéphane Plaza leur a trouvé un appartement, moi aussi j’ai les larmes aux yeux. Parce que les gens ont l’air vraiment heureux.
Toucher une bouteille d’eau gazeuse dans le seau à champagne m’a ramené à ce qui est censé être la réalité, et boire un demi-milk-shake au chocolat a concrétisé le processus. – Bret Easton Ellis, Glamorama (trad. P. Guglielmina).
MONDE DES TOONS
Activez cette carte en payant 1000 LP.
Axel dit : I summon Dark Magician on the dancefloor!
Dans l’idée, Notre part de nuit de Mariana Enriquez est un livre qui a tout pour me plaire. Pourtant, quand je lis les premières pages, un ennui profond m’envahit.
De manière générale, je ne sais plus quoi lire. J’ai commandé quelques livres en début de semaine, un Apollinaire, un Ellis, un Auster et un Lerner, mais pas non plus avec un enthousiasme débordant. En me disant simplement que ça ferait l’affaire.
Il est vraiment temps que je passe à autre chose.
D’ailleurs, j’avance dans Casca et la couronne, qui est le nouveau titre pour Casca revient. J’aimerais travailler à un bon rythme dessus, pour ne pas le sortir trop longtemps après Rivage au rapport, et risquer que les gens aient oublié l’intrigue.
On verra bien.
À première vue, dit Maud Ventura, on pourrait se dire que c’est un livre vraiment très anti-féministe, et pas du tout 2021, et moi je pense que c’est plutôt l’inverse.
Maud Ventura est normalienne et diplômée d’HEC. Elle est aujourd’hui rédactrice en chef des podcasts dans un grand groupe de radios, NRJ.
C’est comme si on entrait dans quelque endroit ensoleillé, mais qu’on ait de la terre dans les yeux, à ne pouvoir qu’à peine les ouvrir. La pièce est claire, mais on n’en profite pas à cause de cet emplâtre ou des bêtes sauvages qui vous font fermer les yeux de façon à ce qu’on ne voie qu’elles.
JINZO
Les Cartes Piège, et leurs effets sur le Terrain, ne peuvent pas être activés. Annulez tous les effets de Piège sur le Terrain.
Je suis parti me promener à pied.
Sur le bas-côté de la route, il y avait un blaireau mort en train d’être mangé par des asticots. Il avait sans doute été renversé par une voiture.
Au retour, un pigeon était dans le même état, qui devait avoir subi le même sort.
Avant, quand je mangeais encore des animaux, je crois que je n’étais pas aussi triste de les voir morts. J’étais triste, mais pas aussi triste. Maintenant, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose d’injuste dans leur mort, que je ne ressentais pas avant.
Avant, je pense que je manquais d’empathie envers les animaux.
Je ne les voyais pas vraiment.
C’est une sensation, elle n’est pas quantifiable, et elle m’est propre. Je sais ce que je sens, mais je ne peux pas le transmettre avec des mots.
Dans le même temps, je me suis mis à ressentir beaucoup plus de colère envers les hommes, et donc envers moi.
J’ai commencé à me voir vraiment.
Et je n’ai pas aimé ce que j’ai vu.
Maintenant, je me vois dans la distance qui me sépare de tous les animaux morts autour de moi.
Un jour, j’ai enterré une taupe, et j’ai été heureux de l’avoir fait. J’ai ressenti de la tristesse, mais aussi de la joie, parce que j’avais l’impression que les choses étaient à leur place, et que je prenais cette taupe à la mesure de ce qu’elle était.
Une taupe.
Avant, je n’aurais jamais enterré cette taupe. Je l’aurais laissée là. Je ne l’aurais pas considérée. Je ne me serais sans doute même pas aperçu qu’elle existait.
Alors qu’il s’agit de gestes simples : voir, être vu.
Maintenant, je vois. Et bientôt, j’espère être vu.
Elles sont terribles, les embûches et les ruses du démon pour empêcher les âmes de se connaître et de trouver leurs bons chemins. – Thérèse d’Avila, Le Château intérieur (trad. C. Allaigre).
KURIBOH
Durant la Battle Phase de votre adversaire, vous pouvez défausser cette carte pour réduire à 0 les dommages de combat infligés à vos Life Points.
J’ai acheté une figurine articulée de Guido Mista. C’est le même principe qu’un pantin en bois, mais avec une âme.
Mista dégage une énergie que je ne retrouve chez personne d’autre. C’est comme si c’était mon âme soeur fictionnelle. Je pourrais le regarder des heures. Je le trouve parfait.
La Chanson de Roland dans la traduction de Boyer est vraiment géniale à lire. Par contre, tout le paratexte est dispensable (pour ne pas dire inutile).
Pas de maison dont les murs ne s’écroulent En plein midi ténèbres sont immenses Pas de clarté sinon le ciel fendu Et qui le voit de terreur s’épouvante Disent plusieurs : Oui c’est la fin des temps La fin du monde dont nous sommes témoins
OBELISK, LE TOURMENTEUR
La descente de cette puissante créature peut être annoncée par des vents brûlants et des terres dévastées. Et avec la venue de cette horreur, ceux qui auront survécu connaîtront la vraie signification du sommeil éternel.
Toutes mes cartes forment une sorte de bestiaire sur mesure.
Luigi Mantovani a écrit un livre sur le plat national de son pays, la pizza. Il s’intitule Poetic Pizza et parle des secrets et de la poésie de la vraie pizza italienne.
D’une part vient Chernubles de Muneigre Ses longs cheveux qui flottent jusqu’à terre De très gros poids par jeu aime porter Que ses mulets ne peuvent supporter Sur cette terre dit-on dont il est maître Soleil jamais ne luit ni blé ne pousse Ni pluie ne tombe et rosée ne tient pas Pas une pierre qui ne soit toute noire Disent certains c’est la maison des diables – Chanson de Roland (trad. F. Boyer).
SOLDAT GÉANT DE PIERRE
Guerrier géant en pierre. Un coup de poing de cette créature est capable de faire trembler la terre.
Dans Twilight, chapitre 1 : Fascination, Bella Swan utilise un MacBook noir 13” de 2006. À caractéristiques égales, il coûtait 100 € plus cher que le coloris blanc. C’était un super ordinateur, que je n’ai jamais eu. Je suis triste qu’il n’existe plus.
À la fin de mon adolescence, j’ai l’impression d’avoir coupé avec tout ce que j’aimais (le golf, les mangas, les cartes à jouer, les jeux vidéo, les LEGO) parce que je pensais qu’il n’y avait pas de place pour ce genre de choses dans la vie qui arrivait.
C’était une idée de merde. En fait, je me suis coupé de moi. Il faut tout reprendre.
Quand des personnes me parlent de la ville d’où elles viennent ou de celle où elles vont, je demande toujours si elles savent combien il y a d’habitants. Je ne sais pas ce que cette information m’apporte.
Ils s’assirent face à des centaines d’immeubles à quatre étages du même type, dont la perspective, dans presque toutes les directions, s’assombrissait de façon spectaculaire en créant l’illusion de l’arrondi de la Terre, jusqu’à se fondre, au loin, en texture. – Tao Lin, Taipei (trad. C. Recoursé).
TROU NOIR
Détruit tous les monstres sur le Terrain.
Il y a des scènes parfaites dans Chainsaw Man. Je rêve que Fujimoto écrive une histoire policière. Et l’animé va être incroyable. Rien que la bande-annonce me fait rêver.
Je t’envoie cette paire d’Adidas car je ne la mets plus du tout. C’était un cadeau de ma grand-mère qui est malheureusement décédée. Je ne voulais pas la mettre à la poubelle et je n’arrivais pas à la vendre, donc j’ai voulu la donner à quelqu’un qui saura s’en occuper. Elle me tenait à coeur, car c’est le seul souvenir que j’ai d’elle. C’est pour lui rendre hommage que j’ai décidé de la donner à toi, vu ton amour pour les paires de sneakers.
Makima et Subaru.
Oh, si nous considérions avec attention les choses de notre vie ! Chacun verrait par expérience le peu de cas qu’il convient de faire de ses plaisirs et de ses déplaisirs. – Thérèse d’Avila, Livre de la vie (trad. J. Canavaggio).
COPIECHAT
Si cette carte est invoquée : ciblez 1 monstre face recto contrôlé par votre adversaire ; l’ATK/DEF de cette carte deviennent égales à l’ATK/DEF d’origine du monstre.
Hier, j’étais chez mon père pour fêter mes 30 ans. J’ai fouillé dans de vieilles boîtes et j’ai retrouvé mes cartes Yu-Gi-Oh!
Je ne me souvenais pas que j’en avais autant. Je les ai triées et ai pris celles qui me parlaient le plus. Il y en a une petite dizaine.
Dans les jeux de cartes à collectionner, il y a ce qu’on appelle des fillers. En gros ce sont des cartes de merde, qui ne savent à rien d’autre qu’à mettre en valeur les bonnes cartes (bonne = rare, chère ou forte).
Dans un booster, il y a 95% de fillers et 5% de bonnes cartes.
C’est comme en littérature.
Ma grand-mère conserve un objet dans un petit pochon, mais elle ne sait pas si c’est du corail ou du plastique.
Un roman porté par une très belle langue qui m’a fait ressentir de multiples émotions.
Je suis allé voir Titane au cinéma de Dinan. Il y avait quatre adolescents deux rangs devant moi qui devaient s’attendre à voir autre chose.
La scène introductive est très belle. Il y a plusieurs scènes d’action qui ont l’air tirées d’un Tarantino.
J’aime bien comment Vincent Lindon est mis en scène. On dirait Mel Gibson dans Dragged Accross Concrete. C’est le genre de personnages auxquels je suis sensible. Il y a un truc similaire avec la lumière qui les rend attachants.
Sinon je ne sais pas trop. Je pense que c’est un film qui aurait pu être mieux, mais qui est déjà bien.
Sur le chemin du retour en voiture, le présentateur sur RTL2 a dit que le film avait reçu la Palme d’or.
Je n’ai rien pensé de spécial.
Un peu plus tard, la route était dégagée, le ciel au loin était bleu, orange et rose, Starlight passait à la radio, j’ai senti comme une secousse dans ma poitrine et j’ai eu envie de pleurer, mais je ne sais pas si c’était de tristesse ou de joie.
Je suis grandiloquent parce que j’ai vraiment foi en ce que je dis.
C’est marrant, mais le Jeanne d’Arc de Twain ressemble trait pour trait à toutes les exofictions de merde qu’on écrit de nos jours. En 200 ans, pas une trace de progression. On prime les vieilles recettes ; on vend les souvenirs d’un art.
Les mots sont pauvres : comment exprimer ce qu’on éprouve quand il ne reste plus rien au monde de ce qui était riche et beau ?
D’ailleurs, je trouve que All Might ressemble beaucoup à Viewtiful Joe.
J’aurai toujours l’impression d’aller contre mes erreurs du passé.
Je cherche les signes qui guident mon chemin. Je trouve des détails auxquels moi seul suis sensible. C’est ce qui me conforte dans ce que je fais. C’est ce qui me pousse à croire en mon travail. Tant que les signes sont là, je peux avancer. Je m’accroche à eux. En ce moment, c’est difficile, parce que je n’ai pas beaucoup d’espoir. Ce sont des signes qui ont la taille d’un caillou, ou d’un insecte, et que je garde dans mes poches pour ne pas que mon courage s’éteigne.
Il n’y a plus d’espoir pour la fiction.
Personne ne lit les livres que tout le monde écrit.
On remplit des salles de vieux, et on pense oeuvrer pour la littérature. Il y a quelque chose qui ne va pas. On ne devrait pas s’en féliciter. On devrait proposer autre chose. Je ne sais pas quoi. Ce n’est pas mon travail.
La question concernait surtout l’entretien privé que Jeanne avait eu avec le roi. Loiseleur avait révélé que le signe en question était une couronne qui prouvait la vérité de la mission de Jeanne. Le mystère demeure entier, cependant, même aujourd’hui, à propos de la nature de cette couronne. Il le demeurera sans doute jusqu’à la fin des temps.
Les six premiers tomes de My Hero Academia ne sont pas terribles, mais ils me donnent des idées. En parallèle, je lis La saga de Jeanne d’Arc, qui me laisse la même impression.
Upamecano est habillé d’une armure de chevalier en métal poli. Son heaume en pointe a deux fentes pour les yeux et des petits trous au niveau de la bouche.
Il porte son armure comme des vêtements normaux. Il peut même courir avec. Il a aussi une épée accrochée à sa ceinture, mais il ne s’en sert pas pour combattre. Il la garde juste pour avoir la panoplie complète.
Il dégage une profonde sympathie.
Il dit : mon armure me donne la force de croire en moi.
La voix d’Upamecano a l’air de venir de très loin.
Nimbé de cette lumière surnaturelle, le visage de Jeanne, paré jusqu’ici d’une beauté simplement humaine, se fit divin. Dans la gloire de cette apothéose, ses humbles vêtements de paysanne se transfigurèrent en une parure solaire telle qu’en revêtent les enfants du Seigneur que l’on voit se presser sur les gradins du Trône, dans nos rêves et nos imaginations. – Mark Twain, La saga de Jeanne d’Arc (trad. P. Ghirardi).
Le stand matérialise la nature profonde de chacun tout en révélant leur façon d’être.
Il est contrôlé par la force de la volonté. En temps normal, il se cache au fond du coeur, telle une vieille culotte oubliée.
Même si son existence est connue, il ne se dévoile jamais. C’est un accord tacite, on n’en parle pas.
Même au sein de sa propre famille que l’on côtoie tous les jours.
Y compris devant les êtres qui nous sont chers.
Mais quelques fois, le coeur peut changer. Il peut être fatigué, en raison du pouvoir du stand, ou à cause de la vieillesse.
Lorsqu’on pose le pied sur une mauvaise pente, alors cette chose tapie au fond de soi peut jaillir, telle la lave d’un volcan. Car le stand est une manifestation d’énergie.
Et à ce moment-là, malgré tous les efforts, il devient impossible de l’arrêter.
On ne peut pas le contrôler non plus.
Inéluctablement, il suit son propre chemin.
(En train d’être pas connu.)
Des pluies de larmes tombent du ciel.
Casca dit : je vois le monde pour la première fois.
Une lumière d’or éclaire son visage.
Elle s’élève.
Tout s’ouvre.
Casca veut parler.
Les mots n’ont plus de sens.
MIAMI = PARADIS
MON GENRE DE DÉLIRE
BMW 850 CSI MES NOUVELLES NIKE Nike Air Max 90 Ultra 2.0 Courir sous la pluie Écrire des Short Message System qui sont des poèmes camouflés – Guillaume Dorvillé, Chrome.
Amixem est allé aux Émirats arabes unis pour tester UberHÉLICOPTÈRE.
Ce n’est pas une vidéo sponsorisée.
Nathix14 dit : Alors je vois plein de débat et de gens qui s’indigne car Amixem présente Dubaï comme magnifique mais cette vidéo est du contenu détente et Maxime ne fait pas de politique, rien ni personne n’est parfait mais si on ne cherche que le mauvais coté on n’en verra pas le bon.
Au fond de la pièce, deux immenses rideaux blancs cachent deux baies. Des LED jaunes sont allumées à leur pied. Juste à côté, de petits néons bleus prolongent la lumière jaune. Il y a quelques pétales de rose laissés sur le sol, sorte d’immense plaque de verre noir qui reflète les objets et les couleurs. Au centre de la pièce, un énorme pouf noir en simili-cuir.
Quand ce qui donnait du sens à votre vie pendant 10 ans d’un coup ne vous en donne plus, forcément, vous êtes un peu perdu.
On ne comprend jamais l’époque. C’est pour ça que tous les livres du contemporain ont l’air à côté de la plaque. On écrit dans une idée qu’on se fait du présent, et qui est en fait le passé lointain.
On a honte du présent.
On pense : c’est pas possible d’écrire des trucs comme ça.
Alors qu’en fait si, c’est possible.
C’est même précisément ça qu’il faut faire.
Le discours sur la littérature ne produit plus de sens.
Il dit : le Solitaire lève au ciel ses yeux mouillés de pleurs ; il change de couleur et de visage : quel éclat soudain l’environne ! Pleine de la Divinité, son âme s’élève jusqu’au séjour des Immortels : l’avenir se dévoile à ses regards, et sa pensée s’enfonce dans l’abîme des âges et du temps.
Quand même, quand on y pense, le nombre d’artistes qu’il y a. Toutes ces oeuvres. Tout cet art.
Sur la photo, il tend sa carte électorale, l’air grave. Il dit qu’il est anéanti parce que les gens ne sont pas allés voter. C’est pour ça qu’il a pris cette photo dans son bureau, la nuit. Il dit que voter c’est notre devoir, et qu’on ferait mieux de voter plutôt que de faire des barbecues et de regarder l’Euro de foot. Il dit que tout le monde est devenu égoïste. 208 j’aime, 85 commentaires et 21 partages.
À cette distance-là, il faut être capable de prendre ses responsabilités.
Avant-hier j’avais rendez-vous chez le kiné. Il m’a massé longtemps au niveau des cervicales. La douleur était tellement intense que je me suis demandé comment j’avais pu vivre avec pendant toutes ces années sans me douter de rien.
Au sein d’un dur rocher s’ouvre une grotte obscure creusée depuis plusieurs siècles ; des herbes, des arbustes en ferment l’entrée ; Ismen les écarte et se courbe pour pénétrer dans un étroit et ténébreux sentier : d’une main il sonde le passage, il présente l’autre au prince et l’invite à le suivre. – Le Tasse, La Jérusalem délivrée (trad. C.-F. Lebrun).
Who’s Who dégaîne la lame du fourreau de son katana.
En fait, c’est un poignard.
Il donne un premier coup en demi-cercle. L’onde de choc envoie une multitude d’éclats vers Jinbei, qui les contre avec une vibration circulaire projetée par son poing droit.
Who’s Who saute par-dessus Jinbei.
Il envoie une nouvelle onde de choc avec un coup du pied droit.
Jinbei la contre avec son bras droit.
Who’s Who revient sur le sol et change de forme. Il prend l’apparence d’un tigre à dents de sabre. La musculature de tout son corps triple de volume.
Il regarde Jinbei de haut.
Je ne sais pas comment écrire des scènes de combat, donc je fais des tests en prenant celles de One Piece comme exemples. C’est une bonne école.
Je ne sais pas vraiment qui est mon public. À chaque fois, j’ai l’impression que personne n’attend mes livres, qu’il y en a toujours des beaucoup mieux à lire avant. Si on ne devient pas une urgence, on ne devient rien du tout. Je n’ai pas envie d’être rien du tout.
Diplômé du master de création littéraire de l’université Paris-8, je suis également PDG de Microsoft.
Kingsley Coman dit qu’il est écolo parce que sa voiture de fonction est une Audi e-tron électrique. Le modèle sans option coûte 71 900 €.
Sananas lance sa marque de cosmétiques Otrera Beauty. Elle vend une palette de fards à paupières 49,90 €. Les perles qui sont dedans coûtent vraiment très cher. Pour être honnête, si elle avait voulu un vrai retour sur investissement, elle aurait dû la vendre à 140 €. Le fard Rosa fait référence à Rosa Parks, la femme Noire qui a refusé de laisser sa place à un Blanc dans un bus.
Il faut savoir rester stable. On ne peut rien construire dans la haine de soi.
Tout le monde rêve de vendre sa marchandise.
Chaque paradis est une voie égoïste vers le sublime.
La seule langue qui me semble encore vivante, c’est celle des gens qui font des vidéos sur YouTube.
Les mêmes sentiments depuis mes 16 ans. La même tristesse certains soirs. J’écrivais des emails sincères à des personnes qui ne pouvaient pas les comprendre. J’arrivais à me convaincre que je n’étais pas le problème. J’écoutais aux portes. J’imaginais une vie sans silence.
L’emoji flamme remplacera bientôt tous les mots.
Angel Olsen chante que parfois nos ennemis sont plus proches qu’on ne pense.
Voilà deux actions qu’on ne peut pas commettre à la légère : fuir et combattre. – Le Livre du Graal (trad. I. Freire-Nunes).
En regard de cette citation d’une autrice : Nous tombons parfois, / comme les feuilles / à l’automne, ses éditeurs écrivent : un sens de la métaphore et de la comparaison affirmé, une audace inégalée.
C’est parfois compliqué de ne pas avoir l’impression qu’on se fout de notre gueule.
J’ai sorti ma DS Lite et commencé une nouvelle partie de Final Fantasy Tactics A2: Grimoire of the Rift.
Le problème de Jules Verne, c’est qu’il a le goût de la science, et pas du sacré.
Ce qui donne la victoire à Arthur contre le roi Rion, c’est son esprit shonen.
Dieu dit, et Gabriel, déjà prêt à exécuter ses ordres, quitte sa substance invisible aux mortels, et revêt une forme humaine. Sur ses traits brille la majesté céleste. Il est dans cet âge qui sépare la jeunesse de l’enfance. Une douce auréole entoure sa blonde chevelure. À ses épaules sont attachées de blanches ailes aux pointes d’or. Avec ces ailes agiles, infatigables, il fend les nues et les vents, plane sur la terre et sur les mers. – Le Tasse, La Jérusalem délivrée (trad. M. V. Philipon de la Madelaine).
Benoit est passé à Rennes et m’a donné un exemplaire de Rivage au rapport. 2 jours plus tard, j’en recevais un carton entier.
Je vais en donner à ma famille, et aux personnes qui me l’ont déjà demandé. Si vous voulez que je vous en envoie un, il suffit de m’écrire.
J’ai passé tellement de temps à travailler ce texte sur ordinateur qu’il m’a semblé loin quand j’ai ouvert le livre. Le soir, j’en ai lu une bonne moitié. Une posture égocentrique au possible, mais qui confirme que j’approche l’écriture du livre que je cherche à lire, et que je suis content de moi.
L’aventure peut continuer.
Casca arrive.
Un monde nouveau, comme personne n’en a jamais vu.
Et c’est précisément au coeur des ténèbres que l’on peut trouver la véritable lumière.
Honnêtement avec la maturité certaines choses deviennent futiles. J’ai juste envie d’être heureux, de vivre ma vie et de l’apprécier.
Un texte très littéraire, écrit cette journaliste à propos d’un livre qui vient d’être primé.
De beaux paysages, bien cadrés, avec une belle lumière.
Sur sa page Facebook, ma soeur explique que la gratitude est le début de toute création et de toutes choses étonnantes dans la vie. Elle a décidé de changer le cours de sa vie. Elle va suivre un processus étape par étape. C’est un défi de 30 jours. C’est une sensation excitante. Ses amies la suivent à 200 %.
Je pense à Sam Delta.
Shogun raconte qu’il a été en prison & qu’à sa sortie personne l’a aidé.
Un artiste italien a vendu une sculpture invisible plus de 15 000 euros. L’oeuvre est destinée à remettre en question nos idées sur ce qui constitue le sens.
Maintenant, quand j’ouvre des romans, je ne sens plus d’énergie.
Tous ceux qui écrivent sont bloqués sur des questions secondaires. Ils sont à la recherche d’une solution (d’un miracle) pour eux, et ne cherchent plus à transmettre un message. Ils ont oublié qu’il y avait quelqu’un de l’autre côté de la porte. L’écriture se satisfait chaque jour davantage des postures égocentriques. C’est le piège auquel tout le monde cède.
Finalement, après toutes ces années, je ne pense pas avoir réussi à trouver dans la littérature ce que j’y cherchais. Là où elle en est dans le présent me semble largement insatisfaisant. Il n’y a pas d’environnement de création.
Il n’y a pas de joie.
Dans les prochains mois, je pense m’éloigner de la littérature, pour espérer aborder de nouveau l’écriture avec une vision naïve et enthousiaste qui me manque aujourd’hui.
C’est un souhait.
On peut devenir aigri, ou alors on peut faire autre chose.
Du golf, des LEGO, de la Switch, des trucs du genre.
Farnèse dit : la voie de la magie, c’est accepter l’existence des grandes énigmes et chercher la vérité au coeur du monde.
Prévoir un voyage en sous-marin avec Upamecano.
sonic.exe
Le spectacle de l’Enfer ramène ses voyeurs là-bas.
Dans un salon la nuit. Il y a des planches de lambris blanc sur tous les murs. Il n’y a pas de volets. Derrière les carreaux des fenêtres, tout est noir. Une seule lampe halogène éclaire la pièce. La moquette est grise. Une poupée à taille humaine avec une perruque blonde chante que c’est fantastique.
J’ai acheté une cartouche de Majora’s Mask dans une brocante. Elle est étrange. Quelqu’un a écrit MAJORA dessus au feutre noir à la place du dessin habituel de la cartouche. Ce jeu appartenait à un enfant qui s’appelait Ben. Apparemment il est mort noyé. Le jeu est terrifiant. Une statue de Link me suit partout. Je n’aime pas son visage.
Un épisode maudit de Bob l’Éponge.
Poto Somo dit : This song is giving me early 2000 alternative nostalgia.
black dog dit : Stereophonics - Dakota
Tenma dit : je vais construire un robot à ton image pour que tu puisses revivre et ne plus jamais mourir.
Astroboy dit : cela fait à peine trois jours que j’ai mis les pieds au Mexique et je me fais déjà attaquer sans raison par des robots.
Je fais des placements de produits dans mes livres.
On va unboxer cet item de fou sur la chaîne : Supreme x The North Face, la coach jacket, le coloris black, taille medium. J’espère que ça va m’aller. Quel item de malade. Je suis trop content.
C’est quoi ce truc ? demande Trish.
Je sais pas, dit Casca, c’était au fond du sac.
Trish voit le sac Nike ouvert en grand sur le lit. Elle regarde les liasses de billets éparpillées à côté. Elle pense qu’il y en a au moins pour 500 000 $.
Elle demande : et ce fric, tu l’as eu où ?
C’était aussi dans le sac, dit Casca.
L’abondance de choix ne représente pas nécessairement une opportunité pour le consommateur, mais plutôt un inconvénient, et je vais vous expliquer pourquoi.
Le fait qu’il y ait beaucoup de nouveautés est un frein et pour le consommateur et pour la maison d’édition.
Même si ça en a pas l’air, c’est un frein quand même.
Je suis trop chaud, je suis bouillant les gars, on va cliquer ça à la vitesse de la lumière. J’ai mis mon petit crewneck The North Face pour nous porter chance.
Car ce Jésus-christ était en plus une espèce de magicien, de noir magicien, dont la caractéristique majeure a toujours été le syndrome de lâcheté. – Antonin Artaud, L’Histoire vraie de Jésus-christ.
Hyakkimaru dit : les esprits défunts n’ont pas de forme à eux. Pour se déplacer, ils s’accrochent au premier objet qu’ils rencontrent : une sandale, un chien ou encore un tas de détritus.
Tu finiras par trouver l’endroit qui sera fait pour toi. Le monde est vaste, sois sûr que l’endroit où tu pourras vivre heureux existe quelque part.
Une éditrice dit qu’elle publie des textes narratifs (parce qu’elle aime qu’on lui raconte des histoires), ancrés dans l’époque, et avec toujours une grande attention à l’écriture, à une vraie voix, cette petite musique qui fait un auteur authentique.
La vidéo dans laquelle elle dit cette phrase a 21 vues.
Y aura-t-il oui ou non dans les 10 prochains boosters un Dracaufeu ou un Metamorph VMAX shiny ? Est-ce que Metamorph shiny VMAX va enfin tomber, après 800, 900 boosters ? Cette carte qui vaut 40 € sur Ebay et qui ne veut pas tomber.
14 % de oui et 86 % de non.
Allez let’s go.
J’ai perdu l’habitude d’éteindre mon ordinateur.
Je viens de me rendre compte que la plupart des livres dont je parle, je ne les ai jamais lus. Alors que tous les livres que j’ai lus, je n’en parle jamais.
Dinos dit : y a des moments où j’écrivais, c’était un peu cheesy.
Nintendo a fait de moi un personnage Pokémon malfaisant et occulte. Nintendo m’a volé mon identité en utilisant mon nom et mon image signature.
Ma traduction du Mont Arafat, le deuxième roman de Mike Kleine, est disponible depuis cette semaine en librairie. Le livre coûte 18 € et est publié aux éditions de l’Ogre.
C’est une traduction sur laquelle j’ai été aidé par mes éditeurs et Pauline. Je préfère le dire parce que tout seul j’y serai jamais arrivé.
Je vous conseille de lire ce roman parce qu’il est excellent ; c’est sans doute un des meilleurs que j’ai pu lire ces dernières années. C’est un voyage qui fait du bien.
Vous me direz ce que vous en avez pensé.
Il y a des versions alternatives de tous mes textes sur YouTube, écrits par des femmes de moins de 20 ans. Certaines ont des posters de Gon et Kirua accrochés aux murs. Elles ont plus de succès que moi.
VIRI’S FUNERAL dit : je ne sais pas si elle se rend compte du talent qu’elle a… je l’estime tellement et c’est grâce à elle que je me suis remise à écrire
Aldo Geovanny dit : Ce texte me rend nostalgique de souvenirs que je n’ai même pas.
TankerT dit : Cette fille écrit des textes alternatifs de tous mes auteurs préférés des années 2010
Est-ce qu’on peut avancer dans l’ombre, et pourtant recevoir un peu de lumière ? Est-ce qu’on doit forcément se donner à voir ?
La plupart des sites bien sont inconnus et isolés parce qu’on passe notre temps à lire des cons sur Twitter, Instagram et Facebook.
Le libraire est aussi auteur et publie ses livres dans une maison d’édition dans laquelle l’éditeur lui-même publie parfois ses propres textes. Le libraire aussi auteur a l’idée d’organiser une rencontre dans un lieu culturel parisien, dont il sera médiateur, et où il invitera son éditeur à venir parler de sa maison d’édition (dans laquelle tous deux sont publiés). En autre invitée de la même rencontre, une autrice qui est également éditrice, et qui est publiée dans cette même maison. À la fin, nous avons deux éditeurs et un libraire, qui parlent tous les trois dans un lieu culturel parisien de la même maison d’édition dans laquelle ils publient comme auteurs.
C’est ce qu’on appelle l’édition alternative.
Kentaro Miura est mort. Pour la première fois, je me sens vraiment affecté par le décès d’un artiste.
Je me demande dans quelle mesure la multiplication des discours sur les choses ne nuit pas à l’expérience des choses elles-mêmes. À force d’entendre les gens parler des romans et de la poésie, je n’ai plus du tout envie d’en lire.
Plus j’ai le nez dessus, plus j’éprouve du dégoût.
Pour bousculer la poésie, le mieux c’est de ne rien changer : accompagner la lecture d’une musique de violoncelle, et l’organiser dans une salle de spectacle normale. Ensuite il suffit de dire : c’est le renouveau de la poésie, et tout le monde y croit.
Moi j’écris dans le chat de mes parties de Teamfight Tactics. Les autres joueurs m’insultent ou me mute. Je les comprends ; c’est hyper chiant les gens qui se prennent pour des artistes.
slowpress, le site d’une humaine
souvent je me dis que je suis contente de le faire, mais j’arrive pas trop à savoir pourquoi.
Je me sens nul.
Je regarde le FC Silmi pour oublier.
L’échec à venir est encore plus douloureux que l’échec présent. On le subit longtemps, et on ne peut pas l’éviter. Il faut aussitôt désengager tout l’investissement fourni, faire comme si de rien n’était. Il faut passer dans la ville comme un étranger, et s’en aller vers un autre endroit où personne ne va (pour pleurer).
C’est toujours les mêmes qui parlent, mais on les voit partout.
En même temps je suis fier de ce que j’écris, et j’aimerais que ça me suffise, mais au fond ça ne suffit pas. J’ai beau me répéter : ça suffit, ça ne suffit pas.
Sometimes I see planes, but I think of you and I stare, sweeping through the night sky
J’aimerais ne pas avoir de rancoeur (mais j’en ai).
Même les auteurs sont carriéristes. Ils se placent, entretiennent leurs réseaux. Ils s’entraident, se refilent des opportunités. Ils sont carriéristes dans la pauvreté. Ils sont édités par des éditeurs qui eux-mêmes connaissent d’autres éditeurs (souvent du même groupe éditorial) ; ils se servent la soupe à une autre échelle. Au début, on veut absolument se persuader du contraire, que le climat est sain, mais en fait c’est la réalité. C’est écrit dans Livres Hebdo. La littérature est une foule de faux modestes, émus dès qu’une relation au deuxième degré écrit à leur propos quelque chose d’apparemment désintéressé. C’est un service rendu. Comme ils pourraient se refiler des plans de tomates. Dans les deux cas, il vaut mieux connaître les bons producteurs.
L’honnêteté est le rêve des artistes qui se flattent.
Les phénomènes disparaissent aussitôt aperçus.
On voudrait tous tellement être des génies.
babababa
MIAMI = PARADIS
Texas chante qu’il peut dire ce qu’il veut mais que ça ne la fera pas changer d’avis ; elle ressentira toujours la même chose pour lui.
C’est dans les pubs Nutella que les gens ont l’air les plus heureux.
Natalie Imbruglia chante qu’elle n’y croit plus ; elle a froid et se sent mal, allongée nue sur le sol. Elle chante que les illusions ne deviennent jamais réelles.
J’ai 14 ans. Je vais à une soirée. Au bout d’un moment, il y a Crush de Jennifer Paige à la radio. Je pense que je plais à une fille qui ressemble un peu à Vanessa Carlton. En fait, ce n’est pas le cas. À la fin de la soirée, je rentre chez moi à pied et j’écoute The Scientist. J’ai l’impression que cette chanson parle exactement de la tristesse que je ressens. Je pense que je ne plairai jamais à personne.
Une jeune femme blonde fait une reprise de Fade Into You à la guitare. Elle a mis de la reverb sur sa voix. Elle porte un tee-shirt noir. Je la connais depuis que j’ai 17 ans. Je ne la connais plus maintenant. Je ne l’avais jamais entendue chanter. La vidéo a 668 vues.
Apo elle régale de fou en sah.
J’écris des poèmes sur Instagram qui participent au renouveau de la poésie contemporaine.
Le bitume des routes se dégrade vite. Les communes n’ont plus les moyens de l’entretenir.
Après l’explosion, Tetsuo rejoint Akira sur un morceau d’immeuble qui flotte dans le canal. Il lui sourit. Un rayon de soleil de la même surface que le morceau d’immeuble les illumine, et ils s’évaporent dans la lumière.
J’éprouve autant de déception à ne pas vendre mes livres qu’un boulanger en éprouverait à ne pas vendre ses baguettes. Plus j’avance dans la création, et plus ce sentiment s’accroît. Placer mon travail au-dessus des impératifs commerciaux est une posture élitiste qui ne me convient plus.
Il faut apprendre à mieux créer pour être mieux vendu.
Des fois j’imagine un monde où tous les champs seraient remplacés par des pelouses tondues. Ça serait un monde bizarre mais confortable.
Je lis les premières pages des livres à paraître et ressens : l’ennui.
Faye dit : you told me once, to forget the past, cause it doesn’t matter
Les 4 étapes pour accéder à la liberté financière et vivre enfin sa vie.
Très beau texte sur ce que c’est d’aimer, au fond. C’est un livre dur qui ne met aucun voile sur la réalité et c’est peut-être pour ça que c’est aussi fort. On ne nous ment pas. C’est une oeuvre engagée, courageuse, qui n’hésite pas à planter les dents et les ongles. Engagé, osé, malicieux, une délicieuse prouesse. En moins de 50 pages, il dit le désir, l’attente, la fièvre, l’hésitation, les corps et la peine. De ces romans qui, doucement, de manière pernicieuse et maligne, chamboule la corde sensible. C’est doux et ça retourne le coeur tout à la fois. C’est beau. Lisez ce bouquin !
Une magnifique photo de missiles dans le ciel avant qu’ils ne tuent.
La mystique et les démons.
La littérature à sujet.
Tous les livres publiés en même temps abordent les mêmes sujets. C’est ce qu’on appelle l’époque. Personne ne peut y échapper. L’originalité, c’est la norme.
Imaginer des trajectoires hors de la morale.
J’ai acheté un radio-réveil Thomson CR62 d’occasion sur Internet, pour remplacer mon iPhone. J’adore ce qu’il dégage. Je pense que j’avais oublié le plaisir esthétique que me procurent certains objets à force de les avoir remplacés par d’autres objets sans âme (comme l’iPhone).
Je l’ai allumé hier soir pour paramétrer l’heure et les réveils. Il y avait un concert de Francis Cabrel retransmis sur RTL2. Je suis resté à l’écouter pendant quelques chansons. Ça m’a rappelé mes parents.
La fin de Monster est bizarre ; elle se concentre un peu trop sur son objet, et aime bien tourner autour pour en parler. Ce qui la rend confuse et abrupte.
i’m trying to be better at being on the internet.
On mange BK au local.
Dans Berserk, Le cycle de L’Eclipse est suivi par celui des Enfants perdus. C’est une transition étrange, parce qu’on passe du cycle le plus éprouvant au plus anecdotique. Il y a une chute de tension énorme, et comme le besoin pour Miura de tout remettre à plat. Guts a perdu toute psychologie, et les monstres sont des enfants.
L’édition est un milieu bizarre.
Je fais tout comme si j’avais du succès, alors que je n’en ai pas.
Dans la vidéo Michou touche les seins de Kaatsup (Inoxtag est choqué), Michou ne touche pas vraiment les seins de Kaatsup. C’est une illusion d’optique.
J’ai enfin reçu mes New Balance 992. Elles sont exactement comme j’imaginais. C’est vrai qu’il suffit de les enfiler avec un jean pour avoir l’impression qu’on pourrait inventer l’iPod.
Mon modèle de narration actuel, c’est les résumés de spoilers One Piece sur Reddit. Là par exemple c’est le début du chapitre 1012.
In the cover, Kid is creating a metal bird while a family of little birds is making a nest on his head.
Chapter starts with the Red Scabbards on the 3rd floor, they are running to help Momonosuke. Izou asks Kiku whether her arm is OK. Kiku replies that for a samurai this wound just feels like an itch. Then she mentions that her heart also itched a bit the day Izou suddenly left Wanokuni. Izou apoligizes to Kiku for suddenly leaving her behind.
Je ne sais pas si ça marche dans ma tête parce que j’ai déjà les images du manga, ou s’il est vraiment possible de raconter une histoire comme ça.
La littérature française souffre d’un creux créatif évident, et même si les marges vous soutiennent le contraire, elles ont déjà regagné le centre.
Le pire, c’est que ceux qui pensent justement proposer une littérature à contre-courant sont pile dans ce qui est la norme.
C’est à force d’avoir lu ; ils ne peuvent plus faire autrement. On ne pourra écrire qu’en se détournant des modèles. Quand je dis aux gens que One Piece est le nouvel Odyssée, ils se marrent. C’est sans doute parce que ça les fait chier que ce soit vrai.
C’est un réflexe de défense.
Banana clip on my love for you
Il n’y a que le RnB qui pourra nous sauver de ce monde de merde.
Dans les livres, tout est toujours écrit trop petit et trop serré. Au bout d’un moment, on a la flemme de continuer. Un paradoxe : ce n’est pas une accumulation de phrases simples qui font un livre simple (ça en fait un livre chiant).
J’imagine les gens qui vont lire Rivage au rapport avec beaucoup de sérieux et écrire des articles du même tonneau.
I’m Luke Skywalkin’ on these haters
Le français est tellement lourd. Toutes les phrases ont l’air d’avancer à deux à l’heure. Moi je veux écrire un roman qui sonne comme un hit Spotify. Mais je ne trouve personne pour m’expliquer comment faire.
Inoxtag se tourne vers Michou. Il dit : si Dracaufeu shiny est vraiment dans ce booster, tu me suces dans les toilettes là-bas, je te le dis.
Michou dit : bah obligé.
Inoxtag dit : ah bah là, s’il y est, tu me suces, même s’il y est pas d’ailleurs.
Mon sentiment, c’est que je suis toujours à côté de la plaque. Je crois écrire des choses simples, mais en fait c’est des choses compliquées. Je ne sais pas comment atteindre ceux que j’aimerais atteindre. Je n’ai pas les outils, ni l’intelligence. J’ai les sensations, mais pas les mots pour les transmettre. Je parle aux bourgeois comme moi qui lisent pour de faux, alors que j’aimerais parler à l’ado que j’ai été et qui lisait pour de vrai.
Je n’ai aucune confiance en moi.
J’ai besoin de retrouver l’énergie vitale qui me donnera la force de me dépasser. En ce moment, je sens mon corps vide et vieux. J’ai des douleurs partout. Je ne pourrai jamais bien écrire si je ne sais pas bien vivre.
Il faut que je me sente fort.
(Des fois, j’aimerais n’avoir jamais été attiré par la littérature. Je me demande la vie que j’aurais eue. Je me demande si j’aurais été plus heureux.)
Je n’écris plus maintenant comme j’écrivais il y a 5 ans. Il suffit de cliquer sur le lien. Ça se voit tout de suite.
J’ai passé 10 ans à entretenir ma tête. Maintenant, je dois entretenir mon corps.
Maghla dit : moi ma vie parfaite rêvée, c’est du sport, du skincare, cuisiner des bons petits plats, live, travailler un max parce que j’adore travailler, me coucher tôt, lire.
Je ne pourrai jamais me pardonner pour ce que j’ai fait, je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça, Dieu aidez-moi !
Le plus gros problème d’Elliot Rodger est la solitude, et sa haine monstrueuse des femmes. Il dit : je ne comprends pas pourquoi vous les filles je vous dégoûte à ce point. Ça n’a pas de sens. Je fais tout ce que je peux pour que vous me trouviez attirant.
Elliot Rodger est un vrai mâle alpha.
C’est Saint Elliot, le suprême gentleman.
Interview croisée de Yuji Kaku (Hell’s Paradise) et Kentaro Miura (Berserk)
Si l’on n’essaye pas d’éclairer les lecteurs sur ce qui nous donne du plaisir, ça ne fonctionne pas.
Le fond de la piscine de la résidence Palador, située à Vila Velha, une ville brésilienne de l’État de l’Espirito Santo, s’est effondrée.
Sur les images des caméras de surveillance, la piscine de cette copropriété de luxe s’est totalement vidée de son eau.
Personne n’a été blessé.
90 appartements ont dû être vidés pour inspecter totalement le bâtiment.
zilan654 dit : quand tu utilise une éponge dans minecraft c’est aussi rapide
De nouveaux pouvoirs vont s’éveiller. C’est l’influence des deux artefacts libérés. Tous ceux qui ont une Apple Watch recevront une notification. Le message sera simple. Il n’y aura pas de doute. Il y aura un rôle à jouer. Les chemins mèneront tous vers la même arrivée.
Avant je dormais bien.
Griffith dit : tout homme imagine un jour sa vie, sa vie en tant que martyr, sacrifié sur l’hôtel du dieu rêve.
Le 9 février 2015. 7 mois ont passé depuis les événements de Myriad Pro.
Achetez des ordinateurs qui prennent de la place.
Ce que je cherche, ce sont des lecteurs ; des gens qui aiment mon travail et sont prêts à payer pour y accéder, pour me soutenir, et pour encourager la suite. Je rêve de vendre assez de livres pour écrire sans avoir à me soucier d’une date de rendu. J’aimerais avoir la confiance des gens dans mes capacités à faire quelque chose de bien. Je ne veux pas de prix, je ne veux pas d’articles dans la presse, je ne veux pas d’articles de blog, je ne veux pas de posts Facebook. Je veux parler avec des gens à qui mes livres parlent. C’est mon rêve.
Mais comme dirait Rivage : mon rêve, ce n’est pas forcément mon destin.
Je crois que j’ai pas lu un roman depuis janvier. Je le dis parce que ça ne m’est pas arrivé depuis 10 ans. J’aimerais que ça me manque, mais je crois que ce n’est pas le cas.
Même Florian Zeller se revendique d’Arthur Rimbaud.
La réalité des complotistes est bien plus amusante que la vraie réalité.
J’ai une passion récente complètement injustifiable pour les mobiles des années 2000. Par exemple, j’adore le Samsung SGH-E330. Le SGH-X450 est super beau aussi. À la fin du collège j’avais un SGH-X660, mais il a mal vieilli. C’est le gris qui fait toute la différence. Je garde les références dans ma tête, et je finirai bien par en trouver un dans un vide-grenier.
Au 3ème roman, tout le monde vous a oublié. C’est le moment d’aller jusqu’au bout de l’idée que vous vous faisiez de vous-même. C’est à partir de là qu’on voit ceux qui mentent. Si vous mentez, vous pouvez arrêter d’écrire, et partir faire autre chose. Moi je mens tout le temps, mais je fais semblant d’être sincère. C’est une exception. C’est moi qui invente toutes les règles. En fait je dis n’importe quoi.
Il croque dans un Big Mac fait maison. Il pense à un lac entre des montagnes, et à des Big Mac ailés qui s’envolent dans le ciel. Il y a la même musique que quand on arrive au paradis. Il dit : j’ai pas les mots. Franchement, dit-il, il est incroyable.
Une image du Big Mac McDo s’éloigne au loin et James Blunt chante au revoir mon amour.
Début 2021, Lil Nas X vend 666 paires de Nike Air Max 97 modifiées et appelées Satan Shoes. Elles sont décorées d’un pentagramme et d’un verset biblique sur la chute de Satan du ciel. Elles sont vendues au prix de 1 018 $. La semelle des chaussures contiendrait une goutte de sang humain.
David Juanes est un plombier de village, marié, avec 3 enfants. Il partage son contenu sur YouTube sous le pseudonyme de DJ PLOMBERIE. Sa plus grosse vidéo compte 900 000 vues, pour décoller du PVC. C’est énorme. Il a un atelier qui est en même temps son studio YouTube. Jusqu’à ses 10 000 abonnés, il a tourné toutes ses vidéos avec un iPhone 6. Sa vidéo sur les chasses d’eau étape par étape a fait 384 000 vues. Il fait les vidéos qu’il aurait aimé voir à ses débuts en plomberie. YouTube c’est super, mais il est vraiment plombier. Au jour d’aujourd’hui, il a des T-shirt et des vestes avec le logo de son entreprise, qui font plus professionnel quand il arrive chez les clients. Au début, les fournisseurs se moquaient de lui, mais ça fait partie du jeu. Il le savait. Il fait que du one-shot, c’est-à-dire une prise. Et s’il fait une bêtise, c’est son côté naturel, voilà. C’est comme ça dans la vraie vie. Il a toujours aimé les nouvelles technologies. Il est assez geek. Au début, sa femme pensait que YouTube ne servait à rien. Sa femme, c’était un hater. C’était un troll. Avec l’audience qu’il a, il gagne un peu d’argent grâce aux pubs. Il consacre 80 % de son temps à son métier, et 20 % à YouTube. Il aime la plomberie.
Dans la pizzeria du Comet Ping Pong, située à Washington, des enfants sont enlevés et abusés par des hommes politiques proches des Clinton. Dans des emails qui ont fuité en 2016, ils utilisent le mot pizza pour parler d’enfants. Joe Biden a d’ailleurs offert à Barack Obama un bracelet avec une petite pizza dessus. Le propriétaire du Comet Ping Pong s’appelle James Alefantis.
QAnon estime que les États-Unis sont sous la coupe d’un État profond composé de satanistes et de pédophiles. Les écoles servent à enlever les enfants aux parents pour les donner aux hommes au pouvoir dans cet autre État. Par exemple, la petite Mia a été enlevée pour échapper à ce réseau et la rendre à sa mère. Dans 5 à 10 ans, le contrôle de tous les adultes sera achevé.
La mère de Mia a alerté des dangers a plusieurs reprises sur son compte Facebook. Sur une photo de la Terre vue de l’espace, il est écrit : L’histoire n’est que mensonges, l’argent est un leurre, la dette est une illusion, les médias sont des manipulateurs, les gouvernements sont corrompus. Une autre photo montre un homme de dos qui a écrit sur son polo blanc : NE LAISSEZ PAS VOS ENFANTS SE FAIRE TESTER ET ENCORE MOINS VACCINER !! ECOUTEZ PLUS TOUS CES MEDIAS CORROMPUS, NE VIVEZ PLUS DANS LA PEUR OU VOUS PERDREZ VOTRE LIBERTÉ
Pour échapper au Nouvel Ordre Mondial (NOM) il faut s’informer par soi-même. La Matrice est le système et inversement.
Bill Gates est directement impliqué.
Griffith dit : et tous, nous disparaissons un jour, après avoir fini de gaspiller notre vie, sans savoir vraiment qui nous sommes.
À qui j’adresse mes livres ?
Scott Pantone porte un casque de moto noir et une combinaison rouge. Il ouvre le coffre de sa Mercedes et prend un Uzi. Il fait le tour du Daisuke et entre par la porte arrière. Il arrive dans les cuisines.
Je suis allé acheter de nouveaux tomes de Berserk. Pour la première fois, le libraire m’a reconnu. Il m’a offert un marque-page en métal avec la forme de l’épée de Guts. Il m’a dit : pour vous aider à terrasser les monstres des ténèbres.
La poésie n’est plus de la poésie, le roman n’est plus du roman, même quand c’est écrit roman policier ce n’est plus du roman policier, et idem pour la science-fiction. Quand vous lisez un livre, demandez-vous ce que vous êtes en train de faire.
Scott Pantone gare sa Mercedes Classe A dans le parking souterrain de l’hôtel Tropicana. Il prend un ascenceur et monte jusqu’à la salle de réception. Il a rendez-vous pour dîner avec un type qui l’a appelé dans la journée.
Le type a une mission pour lui.
Scott Pantone le retrouve à une table qu’il a réservée pour deux. Le type dit : asseyez-vous. Il a déjà lu le menu et l’a posé à côté de son assiette. Scott Pantone s’assoit et regarde la salle. Il n’y a pas beaucoup de monde ; la plupart des tables sont vides ; les serveurs attendent d’être appelés.
Scott Pantone et le type parlent de la mission.
Le type ne lui donne pas son nom.
Il lui dit : il y en a pour 500 000 $ de marchandise.
Scott Pantone accepte. Il dit : dans deux jours, rendez-vous à la même table. Il se lève. Vous ne restez pas manger ? demande le type. Non, dit Scott Pantone, la bouffe est dégueulasse.
Il sort du Tropicana et marche jusqu’à une autre rue un peu plus loin. Il s’arrête devant un petit camion qui vend des hot-dogs. Il en prend trois avec du ketchup et de la moutarde. Il donne un billet de 10 $ au vendeur.
Il s’assoit sur un banc dans un parc et mange ses trois hot-dogs. À la fin, il jette les emballages dans une poubelle à côté du banc. Il pense aux 500 000 $. Il pense : deux jours, c’est largement suffisant.
Il n’y a que deux postures valables : l’anonymat, ou la reconnaissance mondiale. Le milieu, c’est le vide.
Soigner son entrée, et sa sortie.
L’émancipation, au fond de la raquette de retournement
J’ai fêté pas mal d’anniversaires à Buffalo Grill, j’ai été habillé à la Halle O Chaussures, j’ai été élevé au rayon bande dessinée d’Auchan et aux DVD de Vidéo Futur.
Rivage au rapport paraîtra en librairie début septembre, mais des exemplaires seront imprimés courant mai.
Si vous voulez en recevoir un gratuitement en juin, écrivez-moi un email (il est en haut des Relevés) avec votre nom et votre adresse postale.
Finalement j’ai acheté une paire de New Balance 992 grey.
C’est à la fin de mes recherches que j’ai appris que c’était la paire préférée de Steve Jobs. Et c’est vrai qu’il la portait à chacune des keynotes Apple. Je m’en souvenais même plus.
J’ai fini par vivre en permanence dans la nostalgie du capitalisme.
Ce qui explique aussi mon attirance pour les téléphones de cette époque, comme le Nokia E72. J’adorerais avoir un E72. Je n’avais pas l’argent pour l’acheter quand il est sorti.
À l’époque dont je parle, je me projetais dans le futur et rêvais d’avoir un iPhone. Comme je rêvais d’avoir un Macbook, que j’ai finalement eu ; et aujourd’hui je voudrais un IBM du temps où je voulais le Macbook.
Il y a des objets qui ne m’ont jamais quitté, comme l’iPod Classic, qui est un objet génial. Je pense que c’est une invention parfaite, dans l’usage comme dans la fabrication.
Pour en revenir aux chaussures. La première vraie paire que j’ai eue, c’était une paire de Nike 2003 Air Max Total 365, en coloris gris et blanc. J’avais 12 ans. J’étais en 5ème ou en 4ème. C’est un modèle qui a très mal vieilli, mais à l’époque il a changé ma vie. C’est grâce à ces Nike que j’ai pu comprendre les autres collégiens de mon âge.
Ensuite j’ai continué à acheter des chaussures de marque, pour continuer à comprendre les gens. J’ai eu des Converse noires, des Converse beiges, des Nike Blazer Mid vertes, d’autres Nike noires beiges vraiment nazes, plusieurs paires d’Adidas Stan Smith, deux paires de New Balance, une qu’on m’a volée dans ma voiture et une de 420 (nazes aussi), et une paire de Doc Martens 1461, que je porte en ce moment.
Donc je ne peux pas faire comme si je ne vivais pas dans les marques.
J’ai vécu plus longtemps avec les marques que sans.
Quand j’avais 10 ans, mes parents se foutaient de ces marques. Ils m’habillaient chez Kiabi et Distri Center.
Maintenant, toute cette nostalgie de mon vécu entre 2000 et 2010, elle est en train d’influencer ce que j’écris. Ce que j’ai de plus intime. C’est pour ça que je n’ai pas très envie qu’on change de monde. J’ai passé ce cap où le passé prend plus d’importance que le futur. Quand on commence à entrer dans le déni des mauvais choix. Quand ce qui devrait nous raisonner ne nous raisonne plus.
Quand on réussit à se convaincre que le problème est la solution.
L’onglet des New Balance 530 argent et or est ouvert sur mon navigateur depuis plusieurs jours.
Dans les corrections de Rivage au rapport, mes éditeurs annotent souvent : passage un peu gratuit. Je vois ce qu’ils veulent dire, mais je ne peux pas m’empêcher de me poser la question de l’utilité dans un texte. De fait, dans une histoire, tout est gratuit. C’est simplement l’illusion d’utilité qui est plus ou moins bien rendue. Rien n’est essentiel. Un livre entier peut se réduire à une seule phrase. Un même livre peut être écrit des milliers de fois avec d’autres mots. L’objectif d’une intrigue passe par des détours gratuits. L’intrigue en elle-même est gratuite. La sensation de gratuité est plutôt créée par la frustration qu’elle provoque chez le lecteur ; elle rejoint la notion d’intérêt. Pour viser un but, il y a des étapes utiles, d’autres pas. Mais les étapes utiles sont souvent alimentées par celles qui ne le sont pas. L’utilité, ce n’est pas une question d’humain, mais une question de machine.
C’est beaucoup plus facile de construire une fusée dans un livre qu’en vrai.
La condescendance ne paie jamais.
Les gens qui écrivent sur vos livres espèrent un jour publier les leurs pour qu’à votre tour vous écriviez dessus.
Il n’y a plus de lecteurs, mais que des auteurs en puissance.
Ton coin de web t’attends : un article hyper simple mais cool (avec des bons exemples).
Je me réveille et vois sur le mur du salon un carré de soleil.
La plupart du temps ce ne sont pas mes idées qui sont mauvaises, mais mes angles. Quand j’ai une idée, elle reste très longtemps et je ne l’abandonne pas. Je tourne autour jusqu’à trouver la bonne porte. Parfois je mets plusieurs années pour trouver une seule porte. Je n’ai pas beaucoup d’idées. Si je ne leur faisais pas confiance, il ne me resterait pas grand chose. Une foule d’angles qui donnent sur le vide.
Aller vers des émotions simples ; s’éloigner de la littérature artificielle.
S’éloigner de la littérature tout court.
Comme dirait Wejdene : l’amour c’est compliqué, les sentiments sont profonds.
Parfois j’ai l’impression de ne pas chercher la même chose que les autres. Tout le monde a cette impression. L’envie d’être unique c’est l’envie d’être ensemble.
If this whole world were someone else’s dream Will I be different from now when I wake up someday
J’ai acheté un ensemble Adidas pour mieux me connaître. Dedans je deviens éternel. Si j’étais crucifié tout le monde en déchirerait des morceaux pour les garder chez soi. Ensuite ils seraient préservés dans des temples accessibles aux fidèles. Alors que ce sont les vêtements du démon fabriqués par des enfants morts et des fantômes. Partout les marchands vendent les mêmes panoplies de criminel. Quand on porte une casquette Adidas on entend les voix de tous les morts qui l’ont cousue. C’est très beau, comme une symphonie. C’est un monde de voix pures à peine nées. C’est le monde de l’innocence qui prend la forme des peaux de bête. Il y a des yeux dans les vêtements qui se transforment en bouche. En Enfer c’est Lacoste qui fait l’unanimité. Mais bientôt tout le monde là-bas voudra du Adidas, et Lacoste sera bradé moitié prix sur Vinted. Il suffit d’être patient.
(C’est Facebook qui a rendu tous les auteurs cons ou étaient-ils déjà tous cons avant Facebook ?)
Les sentiments sincères sont à l’opposé du lieu commun.
Quand les auteurs tombent dans le cliché, ils s’éloignent de la nature des émotions. On ne dit rien avec ce que tout le monde dit. Deux personnages qui s’aiment excluent tout discours sur leur amour ; il ne peut y avoir que l’acte dans son évidence.
Les enfant savent comment faire.
Il faut accepter que Nike possède une partie de notre humanité. Coca-Cola une autre. Avant je ne comprenais pas cela et je me cherchais dans des territoires qui ne m’ont jamais vu vivre. L’eau plate et les habits en toile appartiennent au Moyen Âge. Le Nouveau Monde nous attend. Il y a de la place pour tout le monde.
La vie y est obscène mais le sucre nous console.
Vraiment, c’est le Paradis.
Une seule question revient en permanence : suis-je mauvais, ou suis-je bon ?
Les fainéants cherchent des issues dans les fictions mièvres du futur, avec fusion du vivant et sauvetage à la pelle des animaux et des plantes dans des arches en plastique.
Les animaux ne veulent plus nous parler.
Ils nous haïssent du plus profond de leur être.
Désormais, c’est inscrit dans leurs gênes.
Ils vivent avec la honte commune de ne pas pouvoir nous détruire et portent la culpabilité de n’avoir pas sauvé la Terre. Ils prient pour qu’on parte tous sur Mars et qu’on meure asphyxiés.
Le monde dans lequel on vit me rend heureux parce que plus personne ne le supporte. C’est une réalité qui projette une souffrance aveuglante. C’est beau quand tout est dans un tel état. C’est l’écrasement face au vide et à l’inconnu. Je ne veux pas que tout disparaisse parce que je suis né là. C’est ma planète, la seule que j’aime.
Il faut beaucoup de temps pour accepter son égoïsme.
On devrait se sacrifier par respect.
Plus tard j’imagine que tout aura changé et que je serai devenu triste. Je vivrai dans ma mémoire au milieu de lotissements informes où j’ai éprouvé tous mes plus sincères sentiments.
Il y aura les gens que j’ai connus.
Tout le monde m’aimera même si j’ai fait des erreurs.
Je pourrai me coucher sur un lit où est déjà allongé mon frère, avec ses deux ailes d’anges et ses cheveux noirs. Il me serrera dans ses bras et autour de nous il y aura une maison.
Cette maison, c’est le Paradis.
Mon livre ne se lit pas à voix haute.
Hunter x Hunter est un modèle de gestion de personnages. Les intrigues se perdent parfois à force d’explications, notamment dans l’arc Greed Island, mais quand Togashi s’attarde sur ce qui fait la force de son histoire, tout resplendit. Le développement de l’arc Kimera Ants est incroyable en cela. Ce qui débute comme un battle royale des hommes contre les bêtes, finit au terme de chemins parallèles vers des échecs d’une même tristesse. Un ennemi tout puissant empoisonné alors qu’il a trouvé son nom et l’amour, un héros rongé et détruit par son désir de vengeance, et des personnages secondaires qui se partagent les miettes du témoignage et de la reconstruction. S’il n’y avait qu’un seul conseil pour lire Hunter x Hunter, c’est de s’attacher à tous ceux que l’on croise, car d’une façon ou d’une autre ils finissent par peupler votre coeur.
Je recherche plus que tout des sentiments purs dans une construction simple.
Quand je réfléchis au but de cette quête, c’est forcément la perfection.
Mais elle passe par des chemins que personne d’autre que soi ne veut emprunter.
À la fin, il y a le Paradis.
C’est là-bas que je veux mourir.
VOL.1 ◊ SEPTEMBRE 2021
RIVAGE AU RAPPORT
À Myriad Pro, l’inspecteur Rivage et son assistant Copperfield enquêtent sur un meurtre. Un chien cosmonaute part en mission sur Mars pour la première fois. Un adolescent est confronté à une épreuve terrible et doit choisir quel chemin suivre entre le Bien et le Mal.
Photo : Alexandre Texier
Je pense que mon obsession actuelle pour le manga ne tient pas tant à l’évidence des images, un mystère que j’aimerais forcément percer pour le roman (de faire image, ou autrement dit : que chaque phrase soit une évidence), qu’au montage et au séquençage des informations.
Là-dedans, il y a très peu de gras.
Tout est important, ou en tout cas on accorde de l’importance à tout. Même s’il y a redite, elle est singulière. On tolère les pires dérives narratives parce qu’on est pris par un flux d’enthousiasme ; qui s’épuise malgré tout quand la sauce se dilue trop, car comme partout il y a limite.
Cet élan sincère, cette force, je ne les retrouve plus nulle part ; une naïveté dans le récit qui ne veut pas dire naïveté dans la forme. Comme un enfant qui raconte une histoire à son ami en essayant de tout rendre éblouissant.
Je veux écrire un livre comme ça.
J’ai lu L’Entaille d’Antoine Maillard ; les dessins sont superbes mais l’histoire un peu chiante (et les dialogues).
J’écris en écoutant Jodeci pour m’inspirer de la même énergie pure que celle du RnB des années 90.
J’en chie sur ce livre comme j’en ai jamais chié sur aucun autre. En même temps, c’est sans doute ce que j’ai écrit de mieux jusque-là. Le travail paie, j’espère. On verra en septembre.
En fait je me dis que dans le milieu du livre on aime que les choses soient chiantes. Je ne saurais pas m’expliquer cette stagnation dans l’ennui. Les mots n’ont plus de sens. Il faut devenir des superstars et oublier la littérature.
Bientôt les portes de Myriad Pro vont s’ouvrir, avec tout un monde derrière.
Mars devient la planète ultime.
Le Soleil explosera plus tôt que prévu par Nostradamus.
Miami = Paradis
Il y a, dans la vie de chaque homme, des heures où, sortant de quelque lit caché, le cours de la destinée devient dans la conscience un élément palpable que l’on peut reconnaître. De telles heures, à condition que la vie intérieure de l’homme soit, pour ainsi dire, en harmonie avec les dieux les plus puissants, sont des heures d’indescriptible et vibrant bonheur. – John Cowper Powys, Rodmoor (trad. P. Reumaux).
Dans quel contexte de publication mes romans s’inscrivent. Car écrire est aussi une question de contexte, de milieu dans lequel évolue notre travail. Il y a encore cinq ans, j’éprouvais un certain enthousiasme à me dire que mon premier roman participerait de quelque chose (avec forcément un peu d’orgueil). Il n’a participé à rien. Aujourd’hui, je ne sais pas de quoi je souhaite faire partie. La plupart des librairies me dépriment par leur manque d’identité et de compréhension des oeuvres, je dois lire à tout casser quatre ou cinq de mes contemporains, et les médiateurs du livre utilisent à longueur de temps une telle profusion de banalités pour parler de littérature qu’ils finissent par me faire croire qu’elle ne vaut vraiment rien de plus que les lieux communs qu’ils utilisent pour la qualifier. Mon enthousiasme naïf de lecteur se déporte vers d’autres types de littérature, et pourtant j’écris des romans. C’est presque une tristesse de créer dans un environnement aussi fermé, aussi pauvre. Ceux qui soutiennent sa richesse défendent le plus souvent un pré-carré économique. Car il n’y a pas de vie, pas de moteur. Il y a tout juste l’idée qu’on peut s’en faire, de vagues souvenirs de ce qu’est le plaisir de lire. Les postures sont reines. Rien n’aspire à l’universalité. Un jour le doute sera trop fort et les choses ne mériteront même plus d’être faites.
La vie est une chose hideuse, et à l’arrière-plan, derrière ce que nous en savons, apparaissent les lueurs d’une vérité démoniaque qui nous la rendent mille fois plus hideuse. – H. P. Lovecraft, Arthur Jermyn (trad. N. Dehghani).
JE SUIS LE MAÎTRE DES FISSURES
Einstein a découvert la formule de la lumière, qui est E=MC2. Pour conclure cette formule, tout ce qu’on voit vient de la lumière. Ce qui compose la lumière englobe tout. La suite de la formule est L = 3.3. L = 3.3 donne e = MC2 qui est la formule de l’amour éternel.
Ma chaîne YouTube parle de Jésus, de Son pouvoir et de Son amour. Ma femme Doris et moi sommes mariés depuis 54 merveilleuses années. Nous aimons tous les deux notre Seigneur et nous Le chérissons chaque jour.
Il fait nuit. Un homme se cache derrière un arbre, à côté de la maison de ma mère. Je l’éclaire avec les phares de ma voiture mais il ne bouge pas et fait comme s’il n’avait pas été repéré. J’appelle la police. Un autre homme sort de derrière un buisson à côté de l’arbre. Lui et l’homme derrière l’arbre s’approchent de ma voiture. Ils sortent des pistolets et tirent sur les pneus et dans les vitres. Je m’enfuis. Plus tard, je parlerai de tout ce qui s’est passé à la télévision. Mon visage sera flouté. Les deux hommes ne seront jamais retrouvés.
La semaine dernière, je revenais du centre-ville en marchant le long d’une avenue pour appeler un taxi. Un homme très bien habillé dans un SUV noir se gare devant moi et me demande si je cherche un taxi. Je dis oui et il me demande où je vais. Je lui indique la direction et il me dit qu’il va dans la même. Il propose de me déposer. Je pense qu’il s’agit d’un chauffeur Uber et je monte en lui donnant un billet de 10 $. Un peu après, il me tend sa carte de visite et me demande d’essayer plusieurs paires de gants en cuir, ce que je fais. Quand j’étire les gants pour les enfiler, j’entends que sa respiration s’accélère. Je lui dis de me déposer à un pâté de maison de chez moi et je me cache dans un jardin pour le regarder partir, ce qu’il fait cinq minutes plus tard.
Lilibelle a été poignardée à l’abdomen à côté de son collège, par un groupe d’autres adolescents de son âge. Les adultes se demandent ce qui se passe dans notre société pour que les jeunes soient si violents. Dans l’ensemble, ils pensent qu’il manque de policiers.
Je me demande à quel Elo j’aurais croisé Nabokov sur chess.com.
Les nuages avancent en accéléré devant le soleil.
Bono marche tout seul au milieu d’une voie d’autoroute. Il porte des lunettes de soleil noires et une boucle en argent à chaque oreille. Un avion rase l’autoroute en plein vol mais Bono ne s’inquiète pas. Il fait super beau. La façon dont la lumière éclaire la peau de Bono le confirme.
À un moment Bono court après une voiture et lui jette des billets de banque.
Sa barbe n’est pas bien rasée et lui donne un charme caractéristique des années 2000.
Dans l’aéroport, il rattrape une femme et la prend par l’épaule. Elle n’a pas l’air de le connaître. Il n’y a pas beaucoup de gens à vouloir prendre l’avion. Bono s’amuse avec le tourniquet dans l’entrée. Il n’a pas l’air de vouloir voyager.
Il a juste l’air heureux de faire le con à l’aéroport.
C’est là que son groupe intervient et qu’ils se retrouvent tous à jouer de la musique dans un hangar vide. Bono bouge son pied de micro d’avant en arrière. The Edge porte le même bonnet que d’habitude.
Les positions de Bono pour chanter ne sont pas les plus adaptées mais rendent bien.
De retour dans l’aéroport, Bono essaie de voler la valise d’une femme. Les policiers n’interviennent pas.
Ensuite il marche dans la foule en regardant les gens avec un sourire qui ferait peur sur n’importe qui d’autre que Bono.
Son groupe le rejoint et tous les membres font passer leurs bagages dans le détecteur de métaux. Dans une des valises il y a un coeur qui bat. Bono fait des acrobaties sur les escalators.
À un moment c’est étrange parce que Bono est assis avec son groupe dans la salle d’attente, et là un autre Bono s’assoit à côté d’eux. Ce Bono n’est pas habillé pareil.
Un homme et une femme s’embrassent.
Le soleil cogne super dur.
Ils s’embrassent avec la langue.
Bono vole une pomme dans la main d’une inconnue et la mange en se couchant sur les tapis roulants. Il entre dans le détecteur de métaux.
L’homme et la femme continuent de s’embrasser avec passion.
L’équipe de l’aéroport a mis d’immenses tapis sur une piste d’atterrissage pour que le groupe soit plus à l’aise pour jouer. Bono lève les bras et un avion s’envole au-dessus d’eux. L’onde de choc du décollage ne les affecte pas tellement. Les tapis résistent bien. Ils doivent être fixés au sol.
Quand les membres du groupe marchent ensemble, on dirait qu’ils vont sauver la Terre d’une météorite en approche.
L’avion qui venait de décoller atterrit, puis il décolle encore une fois. Un autre avion décolle dix secondes plus tard. C’est un aéroport avec un trafic très dense.
Un autre avion atterrit.
Bono court au milieu de la piste d’envol.
Le couple s’embrasse.
Bono saute et lève les bras au ciel.
Je regarde un résumé du match Barcelone - PSG tout en écoutant Cayendo de Frank Ocean. À chaque fois que Mbappé marque un but, les paroles tristes parlent d’amour. Quand il y a une célébration de but, on dirait que les joueurs sont des fantômes.
Lovecraft est un auteur vraiment intéressant parce que toute sa mythologie concrète a très mal vieilli (rien de plus chiant que des monstres géants à tentacules ou des crabes spongieux), alors que sa mythologie parallèle est toujours aussi fascinante : Necronomicon, planètes éloignées, mines souterraines, parasites, forêts malfaisantes, etc.
Les pôles qui fondent vont bientôt nous révéler de nouvelles merveilles.
L’unique vérité absolue est celle du mouvement.
J’ai le corps d’un vieillard.
Toutes les portes du Paradis sont fermées.
Sur Facebook, tous les poèmes de Cécile Coulon sont accompagnés d’une photo d’elle qui sourit ou qui a l’air inspirée, ou déprimée. Je me demande si à chaque fois qu’elle poste un nouveau poème elle réfléchit à quelle photo d’elle ira le mieux avec ; ou si elle réfléchit à quel poème ira le mieux avec sa photo. Je suis curieux de savoir dans quel sens la réflexion se fait, parce que je ne sais jamais si le plus important c’est la photo à regarder ou le poème à lire. Aucun des deux ne me paraît supplanter l’autre en qualité. La photo et le poème sont d’un niveau équivalent. Parfois j’ai l’impression que les commentaires des gens pourraient aussi bien qualifier le poème que la photo. Par exemple, Patrice Rollin, chauve à écharpe sur sa photo de profil, écrit : Quelle beauté, Dream catcher amoureux. Patrice a l’air plutôt touché par la photo, sur laquelle Cécile Coulon porte une casquette noire et tient la capuche de son sweat noir tout en souriant. Mais en même temps, Nathalie Laprévote, cheveux lisses et décor de Noël sur sa photo de profil, écrit : Fan absolue de votre limpidité d’écriture…. C’est mon idée de la perfection. Nathalie est bien là pour le poème parfait. Elle est là parce que des vers comme j’ai peur d’être agrippée par le coeur, de basculer dans un mirage / je cherche dans mes histoires ce qu’il faut de tendresse incarnent à ses yeux la perfection littéraire grâce à sa limpidité d’écriture. En fait, c’est comme si Cécile Coulon jouait sur les deux tableaux. Elle doit savoir que 50 % de son lectorat est composé de Patrice qui aiment sa beauté, et 50 % de Nathalie qui aiment la perfection de ses poèmes. C’est un habile calcul. Frédéric Bertrand, tronçonneuse posée à gauche d’un arbre abattu sur sa photo de profil, commente souvent les poèmes ou les photos de Cécile Coulon. Sous un autre poème, il a posté une photo de lui torse nu dans la neige devant un calvaire. Avec sa photo, il a écrit : plus beau je fond. Je donne entre 55 et 65 ans à Frédéric Bertrand. Cécile Coulon a aimé sa photo. Je ne sais pas si elle aime alimenter les malentendus, mais de l’extérieur je dirais qu’elle y arrive bien, car Frédéric Bertrand poste des conneries bizarres sous presque tous ses poèmes. Par exemple, sous un autre poème, il a écrit : tu es une forêt à toi toute seule. Sans doute que Frédéric Bertrand développe une espèce d’obsession à l’endroit de Cécile Coulon. Je ne sais pas si cette obsession tient de son attirance physique envers elle, ou de son attirance littéraire envers ses poèmes parfaits (dixit Nathalie Laprévote). Sous un autre poème encore, Frédéric Bertrand a écrit : Tu es un buldozer de douceur. Le cemet agrip de la poésie. Frédéric Bertrand est vraiment un drôle de type. Il vit en Auvergne. Il écrit aussi des poèmes, mais qui n’ont aucun succès. Sur certains de ses poèmes, il mentionne Cécile Coulon. Par exemple, il la mentionne dans le poème JE CRACHE A TON BONHEUR, dans lequel il écrit : Putain de sismographes ! Cécile Coulon n’a pas aimé son poème. Je la comprends. Tous les poèmes de Frédéric Bertrand sont à chier. En plus, il n’y a aucune photo pour compenser.
Le bien n’a pas de place dans la nature. – Mais qui est mon adversaire ? Je l’ai vu une fois. C’est tout ce que je sais de lui. Je ne connais pas ses intentions, ni la durée de son existence. Où sont les limites de son règne, où prend fin son pouvoir ? Est-ce qu’il habite dans mon ombre ? – Hans Henny Jahnn, Les Cahiers de Gustav Anias Horn (trad. H. et R. Radrizzani).
Derrière Saturne existe un trou noir de la même taille que la planète. C’est un accès direct au Purgatoire, et le seul passage encore ouvert. Il n’est peuplé que d’ombres. Tous les autres accès qui existaient sur Terre ont été fermés par l’Église. Le vaisseau qui y mène n’accepte que les amis les plus sincères du pilote. Tout le monde peut le devenir en dévoilant un coeur profondément bon. Le voyage prend toute une vie mais il rend immortel. Les anges naissent ainsi. Celui qui voit toutes choses veut atteindre ce trou noir pour corrompre le Paradis et transformer la réalité en néant.
Dans le langage tout est vrai.
Mars est notre nouvelle Terre.
Miami = Paradis
Les années que nous vivons en ce moment sont fascinantes. J’éprouve une joie profonde à voir le faux l’emporter sur le vrai. J’aime que des gens pensent la Terre plate, comme ils pensent que certaines maladies n’existent pas. J’aime qu’ils pensent que des sociétés secrètes nous gouvernent, et que certaines sont dirigées par des lézards avec une apparence d’humain. Toutes les brèches que cela crée dans nos imaginaires, c’est une richesse comme nous n’en trouvons plus depuis la préhistoire. La science ne triomphera jamais. La vérité non plus. Seuls les prophètes qui sauront s’emparer de la parole pourront inculquer de nouvelles religions aux cerveaux perdus. Il est temps de devenir Dieu. En 2014 se produisit un nouvel avènement.
Il est inutile d’écrire des projections du futur, car la planète sera bientôt retournée dans une autre dimension dont personne n’a idée. Là-bas les mots ne signifient plus rien. Les prophètes sont devenus des anges et parlent directement à travers les âmes. Ils vivent dans le vide spatial.
Il n’y a plus qu’une seule demeure.
Tout le reste ira au chaos.
Miami = Paradis
La femme d’affaires n’a pas menti : le mojito est excellent.
Ensuite Sonny et elle dansent une sorte de rumba qui incite au rapprochement physique. C’est un homme chauve qui chante, mais ce n’est pas Moby.
Quand ils sont tous les deux sur une terrasse en face du Rex Hotel, la femme d’affaires caresse la joue de Sonny et un peu après ils couchent ensemble dans une chambre avec un réveil numérique à écran rétro-éclairé.
Pendant qu’ils couchent ensemble ils ne parlent pas parce que ce n’est sans doute pas leur genre de truc au lit. La femme d’affaires pleure peut-être parce qu’elle jouit ou pour une autre raison inconnue.
Le lendemain matin, Sonny regarde l’océan Atlantique.
La femme d’affaires le rejoint sur la terrasse et dit : ma mère est morte du typhus en Afrique quand j’avais 16 ans.
Leur relation n’a aucun avenir, donc il n’y a pas de raisons de s’en faire.
Sonny rentre à Miami en hors-bord.
Il est tout seul.
Des parkings vides derrière du grillage.
Dans le salon d’une villa à 4 millions de dollars. Tous les murs ont été remplacés par des baies-vitrées. Sonny Crockett regarde l’océan Atlantique avec mélancolie. Il pense à la prochaine course en hors-bord qu’il fera avec son ami Ricardo Tubbs.
Plus tard, Sonny regarde la femme de son ennemi quitter le parking dans un SUV noir. Elle aussi le regarde, et il y a une certaine tension amoureuse.
Ricardo a un mauvais pressentiment donc il appelle sa petite amie. Elle a reçu un bouquet de roses jaune qu’il n’a pas envoyé. En plus du bouquet, il y a une note qui dit : Bonjour de tes amis du Sud. Elle regarde dehors mais elle ne voit rien parce qu’il fait nuit.
Ce bouquet est en même temps une menace et en même temps un très beau bouquet.
Dans une autre villa, au bord d’une piscine, Sonny propose à la femme de son ennemi qu’en échange de la cargaison de drogue que lui et Ricardo ont retrouvée, il puisse lui offrir un verre.
Sonny adore les mojitos.
La femme de son ennemi sait où en boire d’excellents.
Sonny conduit jusqu’à La Havane en hors-bord en écoutant Moby. Il enlève sa veste pour se mettre plus à l’aise. Il conduit son hors-bord comme sa Porsche.
Là, Sonny apprend que la femme de son ennemi n’est pas sa femme. C’est juste une femme d’affaires. Elle dit : je n’ai pas besoin d’un mari pour avoir une maison où vivre.
La tension amoureuse s’est transformée en tension sexuelle.
Le hors-bord de Sonny trace sur l’eau et fait des bonds.
Miami, restaurant indépendant et familial depuis 1986, à Saint-Paul-lès-Romans.
Nous sommes allés au Miami le 2 octobre avec ma fille de 7 ans. Salon très chargé, très décoré. C’est pas dérangeant du tout. On est dans l’ambiance. On a adoré. J’ai moins aimé la télé allumée sur des dessins animés.
Comme à chaque passage à Roman, nous nous arrêtons au Miami.
Un peu caché dans une zone industrielle quasi en face des meubles BITTOUN, on nous avait donné rendez-vous dans ce restaurant sympathique ayant un thème Tex Mex à la terrasse agréable.
Super accueil, service efficace, déco dans le thème, j’ai choisi un veggie fajitas et je n’ai pas été déçu pas la qualité des légumes.
Un plaisir de manger au Miami.
Depuis 1986 ce restaurant est pour moi le meilleur de la région Romanaise.
Avant-hier j’ai acheté 4 nouveaux tomes de Jojo, et 1 nouveau tome de Monster et 20th Century Boys. Dans la librairie, qui ne vend que des mangas et des figurines, je me suis soudain rendu compte que j’étais, de loin, le plus vieux.
Je regardais tous les adolescents et toutes les adolescentes autour de moi, qui achetaient des livres, qui en avaient les bras pleins, et devaient y mettre une bonne part de leur argent de poche. Et j’ai envié cet enthousiasme, cet appétit littéraire, des nouvelles générations, que les romans ne touchent plus.
Dans quelle autre librairie pourrait-on voir des moins de 20 ans faire la queue pour acheter des livres.
Car ils et elles ne venaient pas acheter un seul tome d’une série best-seller ; toutes et tous avaient dans les mains des choses différentes, des choses dont je n’avais d’ailleurs jamais entendu parler. J’étais entouré de spécialistes.
Je me suis demandé quels romans il faudrait écrire pour susciter dans leur imaginaire la même passion.
Je me suis demandé si c’était encore seulement possible.
Une librairie pleine de livres sans image où les adolescents et les adolescentes feraient la queue.
Pendant un moment, alors que j’étais toujours dans la file et que je regardais les deux adolescentes devant moi discuter, je me suis demandé si le roman n’était pas mort. Et si cette librairie n’était pas un vieux rêve impossible.
J’aimerais être le propriétaire d’une maison dans un lotissement à Cincinnati.
C’est incroyable de penser que dans ces lotissements il y a des trottoirs partout mais que personne ne marche dessus.
J’aime bien le fait qu’il n’y a jamais de clôtures devant les jardins, c’est plus accueillant.
Tout a l’air si propre, les pelouses sont parfaitement tondues, c’est comme dans un rêve. Parfois, il n’y a même pas de clôtures entre les jardins de deux maisons voisines. Les enfants peuvent passer de l’une à l’autre sans détour quand ils veulent jouer ensemble. Il y a des paniers de basket dans les allées de garage.
Je n’ai aucune idée du prix de ces maisons.
500 000 $ ? 1 000 000 $ ?
Détail rare, sous un petit chapiteau bleu, un ouvrier répare des câbles électriques défectueux.
J’ai tapé cincinnati suburb life dans le moteur de recherche de YouTube. Le premier résultat est une vidéo promotionnelle de Cincinnati Experience. Ils montrent un fleuve, un parc, une forêt, un château, une soucoupe volante et un golf.
Il y a des marchés de producteurs locaux, des toits-terrasses, des parcs, des pistes cyclables, des festivals de musique et une influence artistique internationale. Et puis du whisky artisanal, de la bière artisanale, et les glaces préférées d’Oprah Winfrey.
Il y a aussi de superbes panoramas.
C’est une ville immense avec une toute petite aire urbaine.
Tout le monde a l’air super heureux et on peut y faire les mêmes choses que je fais à Rennes. Je me demande quel genre de trajectoire de vie pourrait m’amener à Cincinnati. Je n’irai jamais à Cincinnati.
Une forêt de séquoias n’est pas invisible la nuit. La noirceur la couvre mais elle couvre la noirceur. S’ils avaient transformé Jeffers en un parking la mort aurait été éliminée et la naissance aussi. Les lumières brillent 24 heures par jour sur un parking. La vraie conservation est la tentative de l’artiste et du particulier pour que les choses restent vraies. Les arbres et les falaises à Big Sur respirent dans le noir. Jeffers connaissait la douleur de leur respiration et la douleur était la mort d’un nouveau né respirant. La mort n’est pas définitive. Seulement les parkings. – Jack Spicer, Langage (trad. E. Suchère).
Je retrouve des traces de Rivage dans mes Relevés dès fin 2016. Je cohabite avec ce personnage depuis très longtemps. Bientôt tout sera terminé.
Je ne peux pas laisser un chapitre qui m’inspire une mauvaise sensation. C’est pour ça que la réécriture prend autant de temps et d’énergie. Le pire, c’est le travail à moitié fait, la paresse. Le pire, c’est la fainéantise.
Dans la même journée, je suis passé du découragement total entraînant l’envie d’abandonner le livre, à l’impression d’avoir écrit les choses les plus sincères de toute ma vie.
La littérature n’a aucun poids. Elle existe à peine.
Une des choses les plus compliquées dans l’écriture d’un livre, c’est de réussir à maintenir en même temps une exigence presque maladive, obsessionnelle, et en même temps une distance proche du désintérêt ; ces deux postures dans le même mouvement, comme superposées.
Vraiment, Facebook vous a tous rendus crétins. Rarement vu pareil ramassis de pensées creuses et de postures de principe tenues par de soi-disant (très gros guillemets) artistes. Les gens se remercient même dans les commentaires quand ils voient leurs livres pris en photo. À ce stade ce n’est plus de la politesse mais presque de la mendicité.
Pour l’amour de Dieu, arrêtez de croire que parce que des gens vous lisent ce que vous dites est forcément intéressant.
Dans le grand bingo du fin connaisseur en littérature contemporaine, il y a une case Daimler s’en va de Frédéric Berthet et une case Les Saisons de Maurice Pons. Il faut cocher les deux au plus vite sinon tout le monde vous tombe dessus. Moi je l’ai fait il y a sept ans donc maintenant je suis tranquille, j’ai échappé au pire.
Le dimanche 23 décembre 2018 j’écrivais : 31 037 mots. Le 16 janvier 2021 j’écrivais : 62 303 mots. Aujourd’hui 26 janvier : 68 797. Deux ans et un mois, ça donne une idée du temps qui m’est nécessaire pour écrire 30 000 mots. Dix jours, une idée du temps nécessaire pour en écrire 6 000.
Mon clavier mécanique Varmilo est sans doute l’investissement récent dont je suis le plus content.
Je vous ai abandonnés, j’espère que vous ne m’en voulez pas trop. Mon livre me demande beaucoup de travail, et je veux vraiment qu’il soit le mieux possible. Je veux que quand il paraisse j’en sois fier. D’une certaine façon, j’aimerais qu’il me rende célèbre en vrai ou au moins dans ma tête. À la fin, j’aimerais que des millions de gens me lisent.
En ce moment mon livre ressemble à un puzzle dont toutes les pièces seraient au bon endroit mais pas tournées dans le bon sens.
J’ai certaines visions de Miami = Paradis que je n’écris pas encore.
Mémo : collège > lycée > université
J’écris comme un forcené plusieurs heures par jour, même si depuis que j’ai repris le travail je suis obligé de me concentrer très fort pour que mes idées ne partent pas le temps que je puisse leur trouver une place.
Je me faisais la réflexion ce midi qu’il y avait une très forte double tendance narrative dans l’extrême contemporain : soit des narrateurs-auteurs et revendiqués comme tels, soit des narrateurs personnages, intradiégétiques, qui portent une voix et font partie de l’intrigue.
Mais qui pense encore aux narrateurs extradiégétiques qui avancent en silence entre l’auteur et les personnages et construisent leur personnalité dans l’ombre. Est-ce qu’on ne vivrait pas une crise de cette narration-là.
En fait, les lecteurs veulent-ils encore douter des motivations exactes de la personne qui leur raconte une histoire ?
Calmez-vous, dit-il. Personne n’est obligé d’y aller. Pour que tout soit clair : le labyrinthe est célèbre pour ses pouvoirs magiques. D’aucuns disent qu’en trouver le centre nous permet de découvrir ce que l’on désire le plus au monde. D’autres prétendent que Dieu est assis après le dernier virage. Chaque individu doit le découvrir pour lui-même. Allez faire un tour du côté du concours de confitures si vous n’êtes pas tentés. – Amelia Gray, Cinquante façons de manger son amant (trad. N. Bru).
Je déteste quand la machine va plus lentement que mon cerveau. Elle me donne l’impression de réfléchir au ralenti.
Je suis incapable d’écrire un bon livre.
D’abord tout va bien et ensuite c’est la merde.
D’une certaine façon, ce que j’écris en ce moment est l’idée que je me fais de l’anti-littérature, ou d’une non-littérature (je ne sais pas quelle est la différence). Je vois mal comment les adjectifs habituels pour définir les livres pourraient convenir à Rivage au rapport. Forcément si dans la mesure où tout est récupéré, mais ça me semblerait exagéré. C’est une littérature dégueulasse qui évacue toute la poésie et ne garde rien à la place. C’est une littérature de faits qui n’est même pas un bon scénario.
Je crois que ce que j’aime le plus dans ce livre, c’est la sensation de me sentir à la maison ; comme une plongée à pic dans mon cerveau.
J’y ai tout mis et je n’ai pensé qu’à moi.
Nos traces se perdent. Et l’après est comme l’avant. Il ne reste pas de sentier visible. Avancer nous conduit tout autant dans l’incertitude que reculer. Les questions nous inondent, pareilles à de minuscules fragments d’une montagne gigantesque, couverte de poussière ; nous ne parvenons pas à en maîtriser la moindre parcelle. – Hans Henny Jahnn, Les Cahiers de Gustav Anias Horn (trad. H. et R. Radrizzani).
Nous qui devons fuir la vénalité et l’ostentation et pour qui le but de toutes choses est le salut et l’espérance de la vie éternelle, nous devons apprendre de la solitude le reste de la leçon qu’elle nous enseigne : c’est en elle que nous devons mettre en pratique notre but, c’est dans la solitude que nous devons vivre et dans la solitude que nous devons mourir. Tel est mon plus vif désir et, si Dieu me regarde avec bienveillance, telle est mon espérance.